Klara et le Soleil

Klara et le Soleil (Klara and the Sun), paru en 2021, est le huitième roman de l'écrivain britannique Kazuo Ishiguro.

Klara et le Soleil
Auteur Kazuo Ishiguro
Pays Royaume-Uni
Genre Roman
Version originale
Langue Anglais
Titre Klara and the Sun
Éditeur Faber and Faber
Date de parution 2021
ISBN 978-0-571-36487-9
Version française
Traducteur Anne Rabinovitch
Éditeur Gallimard
Lieu de parution Paris
Date de parution juin 2021
Nombre de pages 386
ISBN 978-2-07-290-920-7

Trame narrative

La narration de ce roman d'anticipation dystopique est assurée par Klara, androïde à énergie solaire, de type B2 4ème série. L'action commence dans un magasin d'Amis Artificiels (AA), où il importe d'être bien exposé(e) par Gérante en vitrine pour attirer la clientèle et prendre le soleil. Outre les collègues B2 (Rosa, Rex, Kiku...), la concurrence est rude avec la nouvelle génération, des modèles B3, dotés d'une certaine olfaction, et le risque est fort de se retrouver en boîte dans la remise, loin du soleil, avant de disparaître.

Klara fait preuve de meilleures qualités d'observation et de compréhension. Dehors, chaque enfant est accompagné par son AA et/ou ses adultes. Mais les AA évitent de s'approcher de la vitrine, par gêne, et surtout par peur de se faire supplanter. Le Soleil est perçu comme une divinité généreuse qui « déverse son nutriment », quand il n'est pas gêné par tel grand immeuble en face, ou par la pollution de telle goudronneuse (de type machine Cootings).

Enfin, une jeune fille, Josie, 12 ans et demi, persuade sa mère d'acheter Klara. La suite de l'action, sur plusieurs mois, se déroule principalement à (proximité de) leur domicile, vaste maison contemporaine en zone anciennement agricole. L'état de santé de Josie est très instable, elle est obligée de suivre (parfois difficilement) des cours à distance (via des objets oblongs). Sa vie sociale se résume à une unique réunion interactive à domicile avec des jeunes de son âge. Le voisin, Rick (15 ans, inventeur de son propre système d'oiseaux-drones), y est le seul autre enfant « non relevé » ( plus ou moins déclassé) et discriminé. Les rares sorties sont l'excursion à Morgan Falls puis le voyage en ville chez l'Amie.

Que peut faire l'Amie Artificielle pour Josie ? Essayer de la "relever"", de la sauver.

Thématiques

Qu'est-ce que cet androïde ? C'est d'abord un produit manufacturé programmé, conscient de ses limites physiques : finitude, fragilité, vulnérabilité, obsolescence, perception fine (visuelle, sonore), absence de certaines sensations (goût, olfaction), vision limitée (nécessaire accommodation selon lumière, champ visuel en voiture, vitesse), proprioception restreinte (équilibre, oreille interne, déplacement en environnement nouveau, instable, imprévisible ou insécure (obstacles du monde réel, escalier, fossé, barrière, être vivant, circulation, foule), relative insensibilité (douleur, hostilité), nécessité de recharge d'énergie (ici solaire). C'est ensuite une intelligence artificielle : observation, décodage, compréhension, curiosité, cognition, enregistrement, apprentissage, imitation, réplication (postures, gestes, paroles, intonations...). C'est surtout un assistant personnel : disponibilité, attention, sollicitude (care), empathie (d'abord envers le Mendiant, les chauffeurs de taxi, etc.), discrétion, effacement, positivité, indulgence, évitement en milieu hostile, anxiété, planification. Cet agent virtuel n'est pas un robot domestique ni un animal de compagnie virtuel (façon tamagochi). Klara est capable d'établir durablement des relations bénéfiques, évidemment avec "son" humain, mais surtout avec une partie positive de son entourage : (Gérante,) Gouvernante Melania, la mère Chrissie Arthur, l'ex-mari Paul, le jeune voisin Rick, sa mère Helen, l'artiste Henri Capaldi. Elle est enfin capable d'intercession efficace auprès d'un être supérieur (Soleil). Elle respecte ainsi les trois lois de la robotique (1942, Isaac Asimov), et dispose de la quatrième (relative autonomie, planification). Elle gère peut-être moins bien sa solitude et son besoin de communiquer avec d'autres androïdes. Elle est enfin capable de sacrifice, puisqu'elle fournit la moitié d'un de ses "fluides précieux" pour détruire une goudronneuse, au risque de voir diminuer ses propres capacités.

Que sont ces êtres humains ? D'abord ce que peut en comprendre la narratrice, un objet programmé, aussi sophistiqué soit-il, généraliste, sans spécialisation médicale (comme dans Auprès de moi toujours), uniquement chargé d'accompagnement d'enfant ou adolescent. Josie souffre d'une maladie incapacitante non précisée, en tout cas différente de celle de sa sœur qui en est morte. Incapable de suivre une vie et une scolarité normales, généralement seule (mère au travail, ex-père au loin) ou avec sa gouvernante. Rick est le seul proche avec qui développer depuis longtemps affection, empathie, soutien, jeu, amitié, amour. Ils sont tous deux différents de toutes ses autres connaissances de leur âge. Ils ne sont pas "relevés", au sens de pas scolarisés normalement (pour des raisons de santé, de finances ou de sociabilité), ils méritent tous deux de s'inscrire en université, mais seule Josie dispose d'une AA.

Deux autres éléments sont pointés : les androïdes concurrencent, dans des emplois subalternes, dans une certaine mesure, les humains et sont donc stigmatisés et/ou repoussés (comme lors des scènes de restaurant et de théâtre). Au contraire, ou plutôt en parallèle, la mère de Josie et l'artiste Henri Capaldi souhaitent, si nécessaire, que Klara devienne Josie (dans l'enveloppe que l'artiste a créée pour pallier sa mort proche).

Bien que ne comprenant guère la pensée complexe des humains, le personnage de Klara, AA, Intelligence artificielle, relève de l'éthique de la sollicitude : la conscience ne serait plus ni l'exclusivité ni la priorité des êtres humains ?

Réception francophone

« Toute cette agitation humaine paraît se produire en arrière-plan. Ou comme reflétée par ces miroirs que Klara découvre dans la grange et qui, lorsque le soleil arrive, explosent ses rayons en des centaines d’éclats, les font tourner autour d’elle dans un jeu infini d’éparpillement des choses, entraînant le robot et le lecteur, son semblable, vers un autre monde. Ce monde dont Klara et le soleil invente à mesure une passionnante, inoubliable cartographie : la conscience humaine, telle que seuls les très grands romanciers peuvent la révéler à elle-même, comme inconnue. »[1],[2]

« Klara, sans avoir de cœur humain « spécial », « unique » et « authentique », va réussir pour finir à incarner, semble-t-il, une vérité humaine intéressante et difficile : celle de l’obsolescence des parents »[3]

Notes et références

  1. Florent Georgesco, « « Klara et le soleil » : Kazuo Ishiguro regarde la conscience en face », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  2. https://toutelaculture.com/livres/fictions/klara-et-le-soleil-de-kazuo-ishiguro-a-i-intelligence-artificielle/
  3. Claude Grimal, « La tristesse des robots », sur en-attendant-nadeau.fr, (consulté le ).

Articles connexes

Liens externes

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