Kako (croiseur)

Le Kako (加古, Kako) est un croiseur lourd de la Marine impériale japonaise en service de 1926 à 1942. Second croiseur japonais construit postérieurement au traité de Washington de 1922, limitant les armements navals, il avait une artillerie principale de six canons de 200 mm, et un déplacement de 8 000 tonnes. Il est modernisé dans les années 1930 et il a connu une activité opérationnelle au début de la guerre du Pacifique, participant à la bataille de la mer de Corail () et à la bataille de l'île de Savo (). Il est torpillé et coulé en revenant à sa base, le lendemain par le sous-marin américain SS-44.

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Kako

Le Kako en 1926.
Type Croiseur lourd
Classe Furutaka
Histoire
A servi dans  Marine impériale japonaise
Constructeur Chantiers navals Kawasaki de Kobe
Commandé
Quille posée
Lancement
Armé
Statut Torpillé et coulé le
à proximité de Kavieng
par 2° 28′ S, 152° 11′ E
Équipage
Équipage 616
Caractéristiques techniques
Longueur 176,8 m
Maître-bau 15,8 m
Tirant d'eau 5,6 m
Déplacement 8 000 t (standard)
9 300 t (après modernisations)
Propulsion 12 chaudières Kampon
4 turbines Brown Curtis à engrenages
Puissance 105 000 ch
Vitesse 34½ nœuds
Caractéristiques militaires
Blindage Ceinture: 76 mm
pont: 36 mm
Armement initial :
6 canons simples de 200 mm
4 pièces simples de 76 mm (AA)
2 mitrailleuses bitubes de 13,2 mm (AA)
12 tubes lance-torpilles de 610 mm
final :
(3x2) canons de 203 mm
(4x1) canons de140 mm AA
(4x2) canons AA de 25 mm
(2x2) mitrailleuses Vickers x 13,2 mm (AA)
2 plates-formes orientables
de 4 tubes lance-torpilles (610 mm)
34mines
Rayon d'action 5 500 nautiques à 14 nœuds
Aéronefs 2 hydravions
Localisation
Coordonnées 2° 28′ 01″ sud, 152° 10′ 59″ est
Géolocalisation sur la carte : océan Pacifique
Kako

Conception et caractéristiques

Le Kako et son sister-ship, le Furutaka, ont été la première génération de croiseurs lourds à grande vitesse japonais, conçus pour contrer les scout cruisers (croiseurs d'éclairage) de l'U.S. Navy de la classe Omaha et les croiseurs lourds britanniques de la classe Hawkins. La Marine impériale japonaise était ainsi la première à mettre sur cale, avec la classe Furutaka, dès la fin de 1922, des croiseurs répondant aux stipulations du traité de Washington. Conçue par l'amiral Hiraga (en), reprenant des innovations du croiseur Yūbari , qu'il avait précédemment dessiné, elle incorporait un pont continu « ondulé », au franc-bord plus important à l'avant et moins important à l'arrière. L'armement principal était constitué de six canons de 200 mm 1GÔ (Mk I)[1], en pseudo-tourelles simples. L'artillerie secondaire comportait initialement quatre pièces simples de 76 mm. La ceinture blindée, inclinée et intérieure au bordé, avait 75 mm d'épaisseur. Le Kako a été doté , comme le Furutaka, et avant lui le Yūbari, de tubes lance-torpilles, capables de lancer les torpilles « Longues Lances » de 24 pouces (610 mm) de diamètre. Il s'agissait de tubes fixes dans la coque, en trois groupes de deux, de chaque bord. Les installations d'aviation ne comportaient pas de catapulte, mais une plate-forme sur la tourelle no 4. La propulsion, avec 12 chaudières Kampon (10 à mazout et 2 mixtes mazout-charbon) et 4 turbines à engrenages Brown Curtis développait environ 105 000 ch, pour une vitesse maximale prévue de 34,5 nœuds. Le déplacement prévu était de 7 100 tonnes.

Le Kako a été commandé aux Chantiers navals Kawasaki de Kobe en , mis sur cale le , lancé le . Son déplacement a atteint 8 000 tonnes, mais la vitesse maximale prévue a été atteinte[2]. Il a été armé le , et affecté à la 4e Division de Croiseurs, qui devait rassembler les croiseurs de la classe Furutaka.

Lorsque le traité naval de Londres de 1930 a figé la construction de croiseurs armés de canons d'un calibre compris entre 155 et 203 mm[3], la Marine impériale japonaise a entrepris un programme de modernisation de ses croiseurs « lourds ». Une première refonte de la classe Furutaka intervint dans les années 1930-1931. L'artillerie secondaire de 76,2 mm a été démontée et remplacée par 4 affûts simples de 120 mm[4], dont l'approvisionnement était opéré par des mécanismes électro-hydrauliques. Pour les installations d'aviation, la plate-forme sur la tourelle no 4 a été remplacée par une catapulte, et les installations, en matière de communication et de contrôle de tir, mises à niveau[5].

À la mise en service des croiseurs des classes Myōkō et Takao, la 4e Division est devenue la 5e puis la 6e Division.

Le Kako à la mer en 1940, portant trois tourelles doubles de 203 mm

Une modernisation plus poussée a eu lieu en 1936-1937, sur le Kako, un peu avant son sister-ship, le Furutaka. La principale modification a été de le doter de trois tourelles doubles, à la place des six tourelles simples de 200 mm 1 GÔ (Mark I), comme cela avait été fait dès la construction, pour la classe Aoba. Comme la production des canons de 203 mm, du modèle 2 GÔ (Mark II)[6], mis en place à partir de 1931 sur les croiseurs lourds japonais, ne permettait pas d'en équiper, comme prévu, la classe Furutaka, il fut décidé de réaléser au calibre de 203 mm des tubes de 200 mm qui avaient été remplacés en provenance des croiseurs Haguro et Ashigara de la classe Myōkō. Les nouvelles tourelles étaient du type E2, apparemment semblables aux tourelles E de la classe Takao, mais intérieurement très proches des tourelles de type C, installées sur la classe Aoba, avec une élévation maximale de 55°.

Pour la Défense Contre Avions rapprochée, quatre affûts doubles de canons antiaériens de 25 mm Type 96 automatiques[7], ont été installés, qui étaient dérivés de matériels Hotchkiss français et qui seront le principal matériel anti-aérien à courte portée de la Marine impériale japonaise.

Les six groupes de deux tubes lance-torpilles Long Lance fixes, installés sur le pont du milieu, dans la coque, ont été remplacés par deux plates-formes quadruples orientables installées sur le pont principal[8], malgré les réticences du vice-amiral Hiraga.

Les machines ont été modernisées, les douze chaudières dont deux mixtes mazout-charbon, ont été remplacées par dix chaudières toutes au mazout, et la puissance développée a déplacé 105 000 ch. Comme le déplacement a été accru de plus de 500 tonnes, pour éviter une augmentation du tirant d'eau, des bulges ont été installés qui ont amélioré la protection sous-marine.

Service

Au début de la guerre du Pacifique, les croiseurs des classes Furutaka et Aoba formaient la 6e Division de Croiseurs, aux ordres du contre-amiral Goto, qui avait sa marque sur l'Aoba. Ils ont participé en , à l'occupation de Guam, et à l'attaque de l'île de Wake. Fin , ils ont participé à la couverture de l'occupation de Rabaul en Nouvelle-Bretagne et Kavieng en Nouvelle-Irlande. En mars, ils couvrent les débarquements japonais, à Lae et Salamaua, sur la côte nord-est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, à Buka, et Kieta sur l'île de Bougainville et aux îlots Shortland, et en avril sur les îles de l'Amirauté.

À la bataille de la Mer de Corail

Le , la 6e Division de Croiseurs et le porte-avions Shōhō ont assuré, depuis un mouillage près de Buka, la couverture éloignée du débarquement japonais sur Tulagi. Le 4, ils ont rejoint, à Rabaul, la Force d'Attaque de Port-Moresby du contre-amiral Kajioka, mais la Task Force 17 du contre-amiral Fletcher ayant attaqué la Force d'Invasion de Tulagi du contre-amiral Shima, la 6e Division fit un raid vers Guadalcanal, puis revint aux îlots Shortland, où elle se ravitailla le 5 à un pétrolier. Le 6, elle y a été bombardée sans résultats par des Boeing B-17, puis elle a rejoint à la mer le Shōhō, en route vers Port-Moresby. Mais ce porte-avions léger avait été repéré par un avion américain, et le 7, en fin de matinée, les bombardiers embarqués des USS Lexington et Yorktown l'ont attaqué et coulé, à proximité de l'île de Misima, dans l'archipel des Louisiades, au large de l'extrémité sud-est de la Nouvelle-Guinée[9], contraignant le vice-amiral Inoue, commandant de la 4e Flotte, qui avait quitté son Q.G. de Truk pour Rabaul, à différer la progression des forces qui devaient attaquer Port-Moresby. Le vice-amiral Takagi, qui commandait la force de couverture éloignée, avec la 5e Division de Croiseurs, les Myōkō et Haguro, et la 5e Division de Porte-avions, les Shōkaku et Zuikaku, aux ordres du contre-amiral Hara, s'était aussi lancé dans une recherche des porte-avions américains, qui s'avéra difficile. Les indications, correctes, des hydravions de la 6e Division de Croiseurs ont été contredites par d'autres sources, de sorte que l'attaque de l'aviation embarquée japonaise, croyant avoir repéré un porte-avions, a seulement désemparé le pétrolier USS Neosho et coulé le destroyer USS Sims, qui se trouvaient à 350 nautiques dans le sud-est des porte-avions[9].

La suite de la bataille de la Mer de Corail a été une série d'engagements confus mais violents entre porte-avions, qui ont constitué une victoire tactique japonaise « aux points » : le grand porte avions américain USS Lexington a été coulé, et le USS Yorktown endommagé. Mais le Shokaku, très endommagé, et le Zuikaku qui a subi de lourdes pertes de pilotes[10], ont dû regagner Truk, accompagnés par le Furutaka et le Kinugasa, détachés de la 6e Division de Croiseurs, et ont été indisponibles pour la bataille suivante, celle de Midway. L'Aoba et le Kako ont escorté le repli des navires qui devaient aller attaquer Port-Moresby, et l'ajournement de cette attaque de Port-Moresby a constitué dès lors un succès stratégique américain, en éloignant la menace japonaise sur la liaison Hawaï-Australie.

La bataille de l'île de Savo

La route d'approche de l'escadre japonaise de Kavieng à l'île de Savo

À la suite de la bataille de Midway, à laquelle la 6e Division de Croiseurs n'a pas participé, une réorganisation est intervenue dans la Flotte japonaise à la mi-juillet, une 8e Flotte a été créée, basée à Rabaul, avec à sa tête le vice-amiral Mikawa, dont le Chōkai était le navire-amiral. La 6e Division de Croiseurs a été affectée fin juillet à la 8e Flotte.

L'amiral King, Commandant-en-Chef de la Flotte des États-Unis, obtint, de son côté, de mener une opération dans le secteur des îles Salomon, où la présence japonaise à Tulagi et à Guadalcanal, pouvait constituer une autre menace sur la ligne de communication Hawaï-Australie. Le , les U.S. Marines ont débarqué sur la côte nord de Guadalcanal et à Tulagi, où les combats ont été violents, sous la protection de l'USS Wasp pour Tulagi, des USS Enterprise et Saratoga, pour Guadalcanal[11].

Éclairé par les projecteurs des navires japonais, le croiser lourd américain USS Quincy est en train de couler

Aussitôt, le Chōkai, la 6e Division de Croiseurs, deux croiseurs légers (le Yūbari et le Tenryū), et trois destroyers ont quitté l'ancrage de Moewe, à côté de Kavieng, et ont fait escale à Rabaul, où le vice-amiral Mikawa a embarqué, avec son état-major. Les navires japonais ont contourné l'île de Bougainville, dans la journée du , avant d'embouquer à grande vitesse le “Slot”, c'est-à-dire le bras de mer entre les îles Salomon, au nord de Guadalcanal, pour être à proximité de l'ile de Savo, après minuit. Ils ont été repérés par un sous-marin américain et plusieurs avions, mais ces renseignements ne sont pas parvenus, ou n'ont pas été pris en considération à temps, et les navires japonais ont échappé à la surveillance des destroyers américains en piquet radar[12]. Faisant le tour de l'île de Savo par l'ouest, à 1 h 38, à la lumière de leurs fusées éclairantes, les croiseurs japonais ont torpillé et écrasé sous leur feu les croiseurs HMAS Canberra et l'USS Chicago, puis quelques minutes plus tard, en remettant le cap au nord, les USS Astoria, Quincy et Vincennes. Seul l'USS Chicago, l'avant emporté par une torpille du Kako, n'a pas été coulé, et les destroyers, le plus souvent gravement endommagés, n'ont pu que tenter de recueillir les survivants. Du côté japonais, le Chōkai a encaissé une dizaine d'impacts, le Kinugasa deux et l'Aoba un[13].

Craignant la riposte de l'aviation embarquée de l'U.S. Navy et ignorant que le contre amiral Fletcher avait retiré dès la veille ses porte-avions de la zone, le vice-amiral Mikawa, après en avoir délibéré avec son état-major, a repris, à 2 h 25 le chemin de ses bases, sans aller attaquer les transports américains qui se trouvaient au mouillage devant Tulagi ou devant la pointe Lunga à Guadalcanal. Sur la route du retour, le au matin, le Kako a été coulé, à proximité de Kavieng, par le sous-marin S-44 (en) , d'une salve de quatre torpilles dont trois ont fait but dans les machines[13],[14].

Bibliographie

  • (en) Eric LaCroix et Linton Wells II, Japanese Cruisers Of The Pacific War, Naval Institute Press, , 882 p. (ISBN 0-87021-311-3)
  • (en) H.T. Lenton, American battleships, carriers and cruisers, Londres, Macdonald&Co Publishers Ltd, coll. « Navies of the Second World War », (ISBN 0-356-01511-4)
  • (en) H.T. Lenton, British Cruisers, Macdonald & Co Publishers Ltd, coll. « Navies of the Second World War », (ISBN 0-356-04138-7)
  • (en) Donald Macintyre, Famous fighting ships, London New York, Hamlyn, , 160 p. (ISBN 978-0-600-35486-4, OCLC 941404025)
  • Antony Preston (trad. de l'anglais), Histoire des Croiseurs, Paris, Fernand Nathan éditeurs, , 191 p. (ISBN 2-09-292027-8)
  • Antony Preston (trad. de l'anglais), Histoire des porte-avions, Paris, Fernand Nathan Éditeurs, , 191 p. (ISBN 2-09-292040-5)
  • Antony Preston, Histoire des Destroyers, Paris, Fernand Nathan Éditeurs, (ISBN 2-09-292039-1)
  • (en) Shuppen Kyodo Sha, Navies of the Second World War Japanese battleships and cruisers, Macdonald & Co Publishers Ltd., (ISBN 978-0-356-01475-3)
  • Oliver Warner, Geoffrey Bennett, Donald G.F.W. Macintyre, Franck Uehling, Desmond Wettern, Antony Preston et Jacques Mordal (trad. de l'anglais), Histoire de la guerre sur mer : des premiers cuirassés aux sous-marins nucléaires, Bruxelles, Elsevier Sequoia, (ISBN 2-8003-0148-1)
  • (en) Anthony Watts, Japanese Warships of World War II, Ian Allen Ltd, (ISBN 0-7110-0215-0)
  • (en) M.J. Whitley, Cruisers Of World War Two : An International Encyclopedia, Brockhampton Press, , 288 p. (ISBN 1-86019-874-0)
  • (en) C. Vann Woodward, The battle for Leyte Gulf, New York, Ballantine Books,

Notes et références

Références

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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