Jules Jouy

Jules Théodore Louis Jouy, connu sous le nom de Jules Jouy, est un goguettier, poète et chansonnier montmartrois né à Paris le , ville où il est mort le .

Pour les articles homonymes, voir Jouy.

Biographie

Jules Jouy.

Les débuts

Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (avril 2017). 
Pour l'améliorer, ajoutez des références vérifiables [comment faire ?] ou le modèle {{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source.

Il est né du mariage le dans l'ancien 5e arrondissement de Paris de Jules Théodore Jouy et d'Anna Udoxie Mech[1].

Issu d'un milieu très modeste, Jules Jouy travaille comme garçon boucher après l'école primaire, tout en continuant à lire autant qu'il le peut, fréquentant les goguettes de son quartier et commençant à composer des chansons. Marqué par la Commune de Paris, il part pour l'armée à 20 ans dans le service auxiliaire en raison d'une malformation au bras droit.

À 21 ans, en 1876, il commence à publier dans Le Tintamarre journal de Léon Bienvenu, plus connu sous le sobriquet de Touchatout, des chansons et articles où percent déjà ses thèmes de prédilection : l'anticléricalisme, la république, l'injustice et le macabre, avec une véritable fascination pour la guillotine.

Il fréquente la célèbre goguette la Lice chansonnière, puis organise une goguette : Le Rire gaulois.

En septembre 1878, il collabore au journal Le Sans-culotte. Cet organe de presse fondé par le dessinateur Alfred Le Petit est républicain virulent, milite pour l'amnistie des communards et combat le cléricalisme.

Parallèlement à son activité de rédacteur dans Le Tintamarre et Le Sans-culotte, Jules Jouy écrit des chansons pour le café-concert.

Jules Jouy qui, après la boucherie, a exercé entre-temps plusieurs petits métiers est à l'époque peintre en porcelaine. Il développe alors une intense activité d'écrivain de chansons et finit par choisir d'en faire son métier. En dépit du succès de ses œuvres, il connaît des conditions de vie extrêmement précaires.

Carrière

Fin 1878, il fréquente le Cercle des Hydropathes animé par Émile Goudeau au quartier latin.

Devenu rédacteur en chef du journal des Hydropathes, Jules Jouy publie un règlement interne loufoque de ladite société :

Article 1er ; L'assemblée des Hydropathes se compose de la sonnette du Président.
Article 2 : La susdite sonnette est chargée de faire observer le présent article.

Après la disparition du groupe des Hydropathes en juillet 1880 il continue son activité de rédacteur dans différents journaux et écrit toujours de chansons.

En , il rejoint le groupe des Hirsutes[2] fondé par le pianiste et organiste Maurice Petit.

Avec l'illustre Sapeck, chef de file des Fumistes, il fonde en décembre 1881 L'Anti-concierge[3],[4], éphémère organe officiel de défense des locataires. Il en paraît seulement sept numéros. Le même mois, Jules Jouy commence une activité de chansonnier au cabaret du Chat Noir que vient de fonder Rodolphe Salis.

En avril 1882, il fonde Le Journal des merdeux[5] dont les textes et dessins sont consacrés à la merde.[6] Ce journal, dont il écrit les textes et dont les dessins sont de Eschbach, est aussitôt interdit au motif de son « caractère pornographique ».

En 1883, le succès vient pour lui avec la chanson Derrière l'omnibus[7], musique de Louis Raynal, chantée par Paulus grande vedette de l'époque. La même année, il fait la connaissance de Jules Vallès au Chat noir et ébauche une collaboration avec son journal Le Cri du peuple. Il rencontre aussi Aristide Bruant et écrit avec lui plusieurs chansons à succès.

En , Jules Jouy fonde le banquet-goguette La Soupe et le Bœuf qui se réunit au Cabaret des assassins.

Au début de 1884, il collabore au journal La Lanterne des curés qui est condamné pour « pornographie ».

Il publie, du au premier juin 1884 l'hebdomadaire Le Journal des assassins[8],[9].

En juin 1885, Jules Jouy préside une goguette : La Goguette moderne.

En décembre 1886, il reprend sa collaboration avec le journal Le Cri du peuple.

En 1887, il écrit La Veuve[10], poème sur la guillotine et la peine de mort. Il est dit avec un grand succès dans les cabarets montmartrois par Jules Jouy, Taillade et Mévisto.

Début 1888, il publie son premier recueil, intitulé Chansons de l'année[11]. Fin , il cesse sa collaboration au journal Le Cri du peuple et commence à écrire pour le journal Le Parti ouvrier.

Fin , il quitte Le Parti ouvrier et rejoint le journal Le Paris.

La même année, il publie son deuxième recueil, Chansons de bataille[12]. Son troisième paraît en 1890 La Chanson des joujoux[13], qui comprend vingt chansons pour enfants. En 1891 paraît son quatrième recueil, La Muse à bébé. Faussement adressé aux enfants, il s'adresse en fait aux adultes.

Son activité de goguettier se poursuit au cabaret du Chat noir : il préside le la première réunion de la Goguette du Chat Noir et participe à ses activités.

En 1894, il reprend la direction du cabaret Café des décadents, qui a succédé au Café des incohérents. Ce cabaret est assez rapidement fermé par ordre de la Préfecture de police.

Il collabore[Quand ?] au nouveau journal hebdomadaire Le Rire.

À la suite de sa brouille avec Rodolphe Salis[Quand ?], suivie d'un procès, il fonde le cabaret du Chien Noir en opposition au Chat Noir.

Dernières années

La tombe de Jules Jouy au cimetière du Père-Lachaise.

Les efforts surhumains qu'il a accomplis dans son combat contre le boulangisme achèvent de ruiner une santé déjà très altérée par l'abus du tabac et de l'absinthe. Ses troubles mentaux le rendant dangereux, ses amis sont amenés à le faire interner dans une clinique psychiatrique située 90 rue de Picpus à Paris, au mois de mai 1895. Victime d'une paralysie générale, il meurt fou à l'âge de 42 ans le à 10 h 40 du matin[14]. Trois jours plus tard l'ensemble des chansonniers montmartrois suivent son enterrement au cimetière du Père-Lachaise[15]. Sa sépulture, située dans la 53e division, dans lequel son corps a été transféré en mai 1898[16], est ornée d'un buste en bronze par Dalou[17].

Opinions politiques

D' à juin 1889, Jules Jouy écrit dans le journal Le Parti ouvrier deux cents articles, dont les trois quarts sont des attaques d'une violence extrême contre le général Boulanger, qu'il a baptisé l'infâme à barbe. Les boulangistes le baptisent le Poète chourineur car ses textes vont jusqu'à l'appel au meurtre.

Il ne semble pas que cette violence verbale et ces appels au meurtre relèvent uniquement de l'antiboulangisme de Jules Jouy. Ils paraissent relever de la forme de discours que Jules Jouy affectionne. En , dans la chanson Les Accaparés, il est également extrêmement violent et appelle la « bonne Gaule » au meurtre. Mais les personnes désignées ici comme nuisibles sont les Juifs qu'il faut bastonner, pendre et étrangler, et non pas le général Boulanger. Jules Jouy comme Adolphe Willette fait partie du courant antisémite qui existe à l'époque à Montmartre.

Pendant quatre ans, pendant la crise boulangiste, Jules Jouy parvient à publier chaque jour dans la presse une chanson d'actualité. Sa facilité et sa rapidité le font surnommer « la chanson faite homme ».

En 1893, il publie plusieurs chansons violemment antisémites dans La Libre Parole illustrée de Édouard Drumont.

Postérité

Jules Jouy a écrit des centaines de chansons de café-concert qui ont paru à la une de journaux socialement très engagés comme Le Cri du peuple, fondé par Jules Vallès, Le Parti ouvrier, Le Paris[18]... Ces chansons furent créées par les plus grandes vedettes de l'époque : Yvette Guilbert, Thérésa, Marguerite Dufay[19], Polin, Bonnaire, Marguerite Réjeane, Anna Judic, Félix Galipaux, Fragson, Paulus, Sulbac, Mévisto aîné, Kam-Hill, Coquelin cadet, Aristide Bruant,Théodore Botrel, etc., et dans les principales salles parisiennes : L'Eldorado, La Scala, Le Pavillon de l'horloge, Le XIXe siècle, Le Parisiana, La Gaîté, A Ba-Ta-Clan, Les Ambassadeurs, L'Européen, L'Eden-concert, L'Alcazar d'été.

En 1924, le poème de Jules Jouy La Veuve est, à la demande de Damia, mis en musique par Pierre Larrieu. Cette version chantée est créée et enregistrée par elle la même année.

Quelques chansons

Les musiques des chansons de Jules Jouy sont composées par des musiciens réputés, parmi lesquels on peut citer Gustave Goublier, Louis Ganne, Louis Raynal, Félix Chaudoir, Félicien Vargues, Eugène Poncin, Henri Chatau, Léopold Gangloff, Gaston Maquis, Ernest Gerny, Henri Albertini

  • 1883 : Derrière l'omnibus, musique de Louis Raynal, créée par Paulus.

En 1886 :

En 1887 :

En 1888 :

  • Louise Michel. Dédicace : À Louis Montégut.
  • La Terre[22], paroles et musique de Jules Jouy, créée par Thérésa.
  • Haut-le-cœur sur l'air de On les guillotinera de A. Potney. Dédicace : À Clovis Hugues.

En 1895 :

et

En 1924 :

  • La Veuve poème de Jules Jouy a été mis en musique par Pierre Larrieu, chanté et enregistré par Damia.

Notes et références

  1. acte reconstitué du 30/09/1843 (5e ancien), mariages de 1843, page 620/991, Archives Départementales de Paris
  2. http://siecle19.freeservers.com/Trezenik01.html
  3. http://www.persee.fr/doc/roman_0048-8593_1992_num_22_75_5999
  4. http://tybalt.pagesperso-orange.fr/LesRevues/pagesRevues/anticoncierge.htm
  5. Emile Goudeau Dix ans de bohème p. 514
  6. Le journal des merdeux sur Gallica.
  7. https://medihal.archives-ouvertes.fr/medihal-00576235
  8. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32799209j/date
  9. http://www.telerama.fr/livres/le-journal-des-assassins,n5384821.php
  10. « La veuve » était un des nombreux sobriquets donnés à la guillotine.
  11. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k625451
  12. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k625529
  13. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65664840
  14. Archives de Paris 12e, acte de décès no 1052, année 1897 (page 22/23)
  15. Registre journalier d'inhumation de Paris Père-Lachaise de 1897, en date du 20 mars (page 19/31)
  16. Registre journalier d'inhumation de Paris Père-Lachaise de 1898, en date du 21 mai (page 5/31)
  17. Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 437
  18. Source : Marc Robine, Anthologie de la chanson française – La tradition, préface de Michel Ragon. Éditions Albin Michel, 1994.
  19. Elle fut la compagne de Jules Jouy.
  20. http://raforum.info/spip.php?article900.
  21. Ce chant rend hommage aux 147 communards fusillés au Père Lachaise le 28 mai 1871.
  22. https://www.lacoccinelle.net/paroles-officielles/687975.html.
  23. « La grande berceuse : chanson », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le ).

Bibliographie

  • Marc Robine, Anthologie de la chanson française – La Tradition, préface de Michel Ragon. Éditions Albin Michel, 1994 (ISBN 2-226-07479-1).
  • Patrick Biau Jules Jouy le « Poète chourineur », préface de Serge Utgé-Royo, auto-édition, Paris 1997.
  • Gaetano Manfredonia, La Chanson anarchiste en France des origines à 1914 : Éduquer pour révolter, Éditions L'Harmattan, 1997 (ISBN 2-7384-6080-1)
  • Caroline Granier, « Nous sommes des briseurs de formules » : Les Écrivains anarchistes en France à la fin du dix-neuvième siècle, thèse de doctorat en lettres modernes sous la dir. de Claude Mouchard, université Paris-VIII, 2003, notice, publié en 2008 (ISBN 978-2-84505-065-5).

Liens externes

  • Portail de Paris
  • Portail des fêtes et des traditions
  • Portail de la musique
  • Portail de la poésie
  • Portail de l’anarchisme
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.