Jules-Antoine Taschereau

Jules-Antoine Taschereau (, Tours - , Paris) est un érudit et homme politique français.

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Biographie

Membre de la famille Taschereau, Jules-Antoine Taschereau est le fils d'Antoine Taschereau (1760-1817), avocat au parlement, lieutenant particulier au bailliage et présidial de Tours, qui, monarchiste, sera emprisonné sous la Révolution et devra sa survie à la chute de Robespierre, et de sa seconde épouse[1] Jeanne Philippine Sophie Cahouët[2].

Étudiant en droit à Paris, il collabora au Courrier français, à la Revue de Paris, et à La Revue française. Il s'était acquis une certaine réputation dans les milieux de l'édition, lorsque sa publication des Œuvres complètes de Molière (1823-1824), celle des Œuvres de Boufflers (1827), celle de la Correspondance littéraire de Grimm et de Diderot (1829-1830), et son Histoire de la vie et des ouvrages de Corneille (1829), lui valurent un rang distingué parmi les érudits. Ses relations avec Armand Carrel et les chefs du parti libéral arrivés au pouvoir en 1830, ne furent pas inutiles à sa fortune.

Secrétaire général de la préfecture de la Seine au lendemain de la révolution de juillet, puis maître des requêtes au conseil d'État, il se sépara du gouvernement en 1831, quitta ses fonctions administratives pour briguer, comme candidat indépendant, la députation dans le 4e collège d'Indre-et-Loire (Chinon), et échoua, le face à Piscatory et Lafond, médecin; il s'agissait de remplacer Amédée Girod de l'Ain, nommé pair de France. Taschereau se mêla alors, dans la presse, aux luttes de l'opposition libérale, tout en continuant ses travaux d'érudition. Il édita (1833-34) avec Louis Monmerqué, les Historiettes de Tallemant des Réaux, et fonda la Revue rétrospective, vaste recueil historique formé de mémoires et de documents inédits. Après avoir échoué une seconde fois, le , dans la même circonscription face à Piscatory, député sortant, et Ravez, il réussit à entrer à la Chambre, le , comme député du 3e collège d'Indre-et-Loire (Loches). Il vota généralement avec l'opposition modérée.

Caricature de Jules Taschereau par Honoré Daumier.

En 1842, il épouse en avril une irlandaise, fille d'un brasseur ruiné par le blocus continental, Henrietta Darley (Dublin, 1823-Paris, 1870) ; l'état de ses affaires ne lui permettant plus de payer le cens exigé par la loi électorale, il renonça à se représenter à l'élection de juillet. Il reprit alors sa plume de journaliste, écrivit dans le Siècle et dans l'Illustration, et mena de vives campagnes contre Émile de Girardin, protégé de Guizot. Après la Révolution française de 1848, Taschereau reprit la publication de sa Revue rétrospective. Il y fit paraître, sous le titre de Déclarations faites par *** devant le ministre de l'Intérieur, une sorte de dénonciation ou de rapport de police contre les sociétés secrètes, qui fit beaucoup de bruit et que l'on attribua à Auguste Blanqui; celui-ci protesta énergiquement et accusa de faux Taschereau, qui riposta par un procès en diffamation. Une enquête fut ouverte, qui n'aboutit à aucun résultat positif, l'original de la pièce n'ayant pu être produit.

Le , Taschereau fut élu, le 5e sur 8, par 47,310 voix, représentant d'Indre-et-Loire à l'Assemblée constituante. Il siégea à droite, et opina avec, les conservateurs, pour le rétablissement du cautionnement et de la contrainte par corps, pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière, contre l'abolition de la peine de mort, contre l'amendement Grévy, contre le droit au travail, pour l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac, pour la proposition Rateau, contre l'amnistie, pour l'interdiction des clubs, pour les crédits de l'expédition romaine.

Réélu, le , représentant du même département à l'Assemblée législative, il se rallia de plus en plus aux conservateurs, attaqua avec beaucoup de vivacité à plusieurs reprises le parti démocratique, opina pour la loi Falloux-Parieu sur l'enseignement, pour la loi sur le suffrage universel, et, bien qu'il eût soutenu naguère la candidature du général Cavaignac à la présidence de la République, adhéra pleinement à la politique de l'Élysée. Partisan du coup d'État du 2 décembre 1851, il fut nommé par Louis-Napoléon Bonaparte administrateur-adjoint à la Bibliothèque impériale, et chargé des catalogues (). En 1858, il succéda à Joseph Naudet comme administrateur général de la Bibliothèque impériale réorganisée. Il poursuivit la publication du Catalogue des imprimés et exerça ses fonctions jusqu'au , époque de sa mise à la retraite, sur sa demande. Il mourut le , des suites d'une attaque de paralysie.

Il est le père de Jules Antoine Charles Taschereau (1843-1918), receveur des finances, percepteur du 16e arrondissement de Paris[3] (marié en 1872 à Madeleine Bréguet[4] (1853-1877), fille de Louis Clément François Bréguet), et le beau-père de l'ingénieur Alfred Niaudet (1835-1883, frère de Sophie Berthelot).

Publications

  • Histoire de la vie et des ouvrages de Molière (1863)

Notes et références

  1. il avait était marié en premières noces à Mlle Loiseau, belle-sœur de Prudent-Jean Bruley et tante de la baronne Louis René Auvray
  2. mariée en premières noces à Louis Alexandre Henri Balavoine de Vaux
  3. « Cote LH/2570/54 », base Léonore, ministère français de la Culture
  4. A ne pas confondre avec sa nièce Madeleine Bréguet (1878-1900), fille d'Antoine Bréguet qui épousa Jacques Bizet (1872-1922), fils du compositeur Georges Bizet.

Sources

  • « Jules-Antoine Taschereau », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • Marie Galvez, Jules-Antoine Taschereau, « Un grand administrateur », 1858-1874, Revue de la BNF 2012/1 (n° 40), p. 50-55
  • Marie Galvez, La bibliothèque nationale sous l’administration de Jules-Antoine Taschereau (1858-1874) : Vers une réorganisation profonde et durable de l'établissement, Thèse, 2010
  • Marie de Séverac, "TASCHEREAU, Jules-Antoine", in: Isabelle Antonutti (dir.), Figures de bibliothécaires, Presses de l'Enssib, 2020

Lien externe

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