José Bidegain

José Bidegain, né le à Buenos Aires et mort le 4 à Pau, est un chef d'entreprise et syndicaliste patronal français[1]. Il est le père du scénariste et réalisateur Thomas Bidegain. Son père était Georges Bidegain, fondateur de l'entreprise Bidegain SA fondée en 1936 et de la marque Babybotte (fondée en 1949), emblématique du Béarn.

Biographie

Famille

D'origine souletine, José Bidegain est né le à Buenos Aires. Son père, Georges Bidegain, avait émigré en Amérique du Sud avant de revenir en France s'établir à Pau en pour créer une fabrique de chaussures, portant le nom de Beverly[2].

Chef d'entreprise et syndicalisme patronal au CJP

Lorsque José Bidegain prend la direction de cette entreprise familiale au début des années 1950, il l’accroît massivement, la faisant passer de 50 à 1000 employés en quinze ans[3].

Parallèlement à sa carrière de dirigeant, Bidegain va occuper des places de premiers plans dans les instances syndicales patronales. Alors qu'il est chez Beverly, il devient membre du Cercle des Jeunes Patrons (qui deviendra Centre des jeunes dirigeants d'entreprise ou CJD), un mouvement patronal fondé en par Jean Mersch, qui va rassembler jusqu’à 3300 chefs d'entreprise et cadres dirigeants[4]. Devenu directeur général adjoint de Beverly, José Bidegain préside de à le CJD[5]. En septembre , lors du congrès de la Baule, le CPJ change de nom et devient le Centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD)[6].

Fédération de la Chaussure

De à , il devient le délégué général de la Fédération nationale de l'industrie de la chaussure en France, une organisation rassemblant 600 entreprises du secteur et représentant 75000 salariés [3]. À ce titre, pendant les événements de Mai 68, il va apporter une aide logistique aux comités d'action[7]; et il interviendra pour mettre un terme au conflit de Romans-sur-Isère en août [8].

Un patron ouvert aux idées sociales

Industriel aux idées sociales avancées, « syndicaliste patronal », ainsi se définit-il, il siège à partir de et pendant deux ans au comité directeur du Conseil national du patronat français (CNPF). Mais il en est exclu en après avoir défendu une nouvelle conception du syndicalisme ouvrier dans l'entreprise[9].

CNDE

Après la crise de mai-juin 68, José Bidegain adopte une nouvelle stratégie de contournement du CNPF, jugé « trop sclérosé pour être régénéré » comme il s'en explique à ses amis du CJP[6]. Début juin 1968, il s'allie avec d’autres dirigeants et anciens du CJP, « et fonde le Centre national des dirigeants d’entreprises (CNDE), association patronale indépendante du CNPF et décidée à s’y substituer dans les meilleurs délais » [6] en adoptant une orientation politique plus réformiste. L'organisation échoue cependant à remplacer le CNPF.

Entreprise et Progrès

En 1969-1970, avec Antoine Riboud, patron de BSN (de à ), et François Dalle, PDG de l’Oréal (de à ), José Bidegain fonde l’association Entreprise et Progrès, un mouvement qui représente l’aile progressiste, mais minoritaire, du patronat français. Entreprise et Progrès est aussi le produit de la fusion entre le GEROP (Groupement d’étude et de réforme de l’organisation patronale) de François Dalle et feu le CNDE. François Dalle en est le premier président, et José Bidegain le délégué général, poste qu’il va occuper pendant huit ans[10],[2].

Rassemblant 120 entreprises représentant 500 000 salariés, Entreprise et Progrès va travailler pendant plusieurs années à l’élaboration de solutions qui permettent un accompagnement économique et social des progrès de l’entreprise. Cela va se traduire par un ensemble de propositions de réformes qui rendent compatibles la défense du pouvoir d’achat et des conditions de travail des salariés avancées par les syndicats, avec les exigences économiques des entreprises[11]. C’est, par exemple, la retraite progressive et personnalisée, le minimum annuel de ressources garanti, l’élargissement des tâches, la suppression du travail à la chaîne, l’introduction de l’information dans l’entreprise, etc[3].

Échanges et projets

Après l’échec de la Nouvelle société, politique voulue par Jacques Chaban-Delmas, Premier ministre de à , son chargé de mission Jacques Delors, qui fût l’un des artisans les plus inspirés d’un projet qui visait à répondre à la crise économique et sociale qu’avait traversé la France depuis Mai 68, va rompre avec la majorité pompidolienne pour se tourner vers le Parti socialiste auquel il adhère en . Delors fonde en 1973-1974 le club de réflexion politique Échanges et Projets, avec quelques industriels et financiers ouverts aux idées progressistes et sociales de la gauche : François Bloch-Lainé, François Dalle, René Lattès, Philippe Lagayette, Antoine Riboud et José Bidegain font partie de ce club qui comptera jusqu’à deux cents adhérents[12]. José Bidegain en prend la présidence en , lorsque Jacques Delors devient ministre de l'Économie[13]. Et il en restera président d’honneur pendant plusieurs années.

De à , il préside l'Association des Basques de Paris[14].

Entre et , José Bidegain fut directeur du département flaconnage au sein de la branche emballage de BSN-Gervais-Danone, puis directeur général adjoint de Saint-Gobain chargé de la politique sociale[15].

Décès

Il meurt d'un arrêt cardiaque le à Pau[16].

Parcours politique

Il est élu conseiller municipal de Pau de à au temps des mandatures de Louis Sallenave[17].

Un sportif émérite

José Bidegain, était également un sportif accompli. Outre le rugby qu'il a pratiqué au poste de deuxième ligne à l'ASOP (Amitié sportive ouvrière paloise), en devenant même président en 1956 et jusqu’en 1963, Bidegain était également un spéléologue émérite,[18].

Bidegain est volontaire à l'occasion de l'expédition du 14 août 1952 avec Haroun Tazieff au Gouffre de La Pierre Saint-Martin, durant laquelle Marcel Loubens fait une chute de 15 mètres au cours de sa remontée et trouve la mort dans la salle de La Verna[19]. Le gouffre et sa verticale de 320 mètres, la plus grande connue au monde à cette époque, restait très dangereux.

Cette opération de grande ampleur, relayée par la presse mondiale, est relatée par Tazieff dans son livre "Le gouffre de La Pierre Saint-Martin"[20]. Bidegain devient le héros de l'expédition.

Fondateur du FC Pau

José Bidegain crée le le Football-Club de Pau.

Président d'Action contre la faim

Il est président de l'organisation humanitaire Action contre la faim de 1991 jusqu'à sa mort. Il est nommé à ce titre en à la Commission nationale consultative des droits de l'homme[21].

Distinctions

Références

  1. « José Bidegain (1925-1999) », sur Data BNF (consulté le )
  2. « Décès de José Bidegain, industriel et président d'Action contre la faim. », Libération, (lire en ligne)
  3. José Bidegain interviewé par Jean-Louis Servan-Schreiber. Émission Questionnaire. Diffusion : TF1, 19 octobre 1976, 44 min 16 sec. Producteur : ORTF. Réalisateur : Jacques Cristobal
  4. CJD, « Centre des jeunes dirigeants d'entreprise. », sur syndicalisme.wikibis
  5. Le patronat - Jean Magniadas. Messidor/Éditions sociales. Janvier 1991, page 83.
  6. Le parti des patrons – Le CNPF (1946-1986) - Henri Weber, Le Seuil, octobre 1986, pp 173-174.
  7. Serge July, « La mort de Porthos (José Bidegain). », sur Libération,
  8. Romain Castellesi, « Le genre de la grève de Salamander en 1973 à Romans-sur-Isère (Drôme). », sur www.academia.edu
  9. Jacqueline Grapin, « Les premières assises du patronat français : une grand-messe de réconciliation », Le Monde, (lire en ligne)
  10. Gilles Richard (dir.) et Jacqueline Sainclivier (dir.), Les partis à l'épreuve de 68, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 282 p. (lire en ligne)
  11. José Bidegain, « Faire vite », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  12. Gilles Morin, « DELORS Jacques, Lucien, Jean. Pseudonyme : JACQUES, Le Maîtron »,
  13. Bernard Mazières, « Les 12 apôtres de Jacques Delors », L'Express, (lire en ligne)
  14. Frédéric Lemaitre, « José Bidegain », Le Monde, (lire en ligne)
  15. « José Bidegain, la mort d'un grand patron », La Croix, (lire en ligne)
  16. « José Bidegain, industriel français et président d' Action contre la faim », Le Monde, (lire en ligne)
  17. « Cannes : Thomas Bidegain, un accent basco-béarnais pour la palme d’or », La République des Pyrénées, (lire en ligne)
  18. « Le Football à Pau », La République des Pyrénées, (lire en ligne)
  19. « Après avoir risqué sa vie pendant 20h, Bidegain éclate en sanglots », sur Gallica, Paris-presse, L'Intransigeant, (consulté le )
  20. Haroun Tazieff, Le gouffre de La Pierre Saint-Martin, Grenoble, Arthaud, , 188 p. (ISBN 2-7003-0175-7, lire en ligne), p. 190
  21. « Arrêté du 5 décembre 1996 portant nomination à la Commission nationale consultative des droits de l'homme », sur Légifrance, (consulté le )
  22. « Légion d'honneur », Le Monde, (lire en ligne)
  23. « Georges Bidegain, Chevalier de l'Ordre du Mérite National » », La République des Pyrénées, (lire en ligne)

Liens externes

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