John Momis

John Momis, né le 3 mars 1942 à Salamaua dans le Territoire de Nouvelle-Guinée[1], est un homme d'État et diplomate papou-néo-guinéen, président de la Région autonome de Bougainville depuis . Il est « considéré comme l'un des pères fondateurs de la Papouasie-Nouvelle-Guinée »[2].

John Momis
Fonctions
Président de la région autonome de Bougainville
En fonction depuis le
(11 ans, 3 mois et 3 jours)
Élection 7 au 24 mai 2010
Réélection 11 au 25 mai 2015
Vice-président Patrick Nisira
Raymond Masono
Prédécesseur John Tanis
Successeur Ishmael Toroama
Gouverneur de Bougainville

(5 ans, 4 mois et 11 jours)
Prédécesseur aucun
Successeur aucun
Vice-premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée
mars –
(8 mois)
Monarque Élisabeth II
Premier ministre Michael Somare
Prédécesseur Paias Wingti
Successeur Julius Chan
Ambassadeur de Papouasie-Nouvelle-Guinée en République populaire de Chine
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Salamaua (Territoire de Nouvelle-Guinée)
Nationalité Papou-néo-guinéenne
Parti politique Nouveau parti de Bougainville
Conjoint Elizabeth Momis

Présidents de Bougainville

Biographie

Fils d'un chef héréditaire (munira) local, et né dans la colonie australienne de Nouvelle-Guinée, il effectue sa scolarité secondaire à l'école catholique de St. Brendan's à Yeppoon, en Australie. Il intègre le séminaire à Madang en 1963, et est ordonné prêtre catholique en 1970[1]. Il entre en politique au moment où la colonie se voit attribuer une autonomie partielle par l'Australie. Il est élu député à la toute première assemblée législative de Papouasie-Nouvelle-Guinée en 1972, et y représente Bougainville (alors appelée Salomon-nord). Il préside, de 1972 à 1975, le comité qui rédige la constitution du futur État papou-néo-guinéen. Il démissionne toutefois peu avant l'indépendance de la Papouasie-Nouvelle-Guinée en 1975, et fonde un mouvement sécessionniste à Bougainville : il proteste contre les dégradations environnementales provoquées par l'exploitation de la mine de cuivre à Panguna, ainsi que contre le peu de retombées économiques de cette exploitation pour la population locale. C'est la proclamation de l'éphémère « République des Salomon-nord » (-), État non-reconnu dont John Momis préside le conseil gouvernemental[1].

Bougainville ayant obtenu l'assurance d'une certaine autonomie, elle accepte son intégration dans la Papouasie-Nouvelle-Guinée. John Momis est élu député pour les Salomon-nord au Parlement national de Papouasie-Nouvelle-Guinée lors des élections législatives de 1977. Il co-fonde le Parti de l'alliance mélanésienne avec John Kaputin, et rejoint le gouvernement de coalition du premier ministre Michael Somare. Il est nommé ministre de la Décentralisation. À ce titre, il met en place le modèle de décentralisation du pays fondé sur sas structuration en provinces. En , il vote en faveur de la motion de censure qui destitue Somare et permet à Julius Chan de devenir premier ministre ; John Momis conserve le ministère de la Décentralisation dans ce nouveau gouvernement, jusqu'en 1982[1],[3].

Il est brièvement vice-premier ministre et ministre du Service public sous Michael Somare en 1985, puis vice-chef de l'opposition parlementaire de 1985 à 1988, et ministre des Affaires provinciales de 1988 à 1992 sous Rabbie Namaliu. En 1993, il est autorisé à démissionner de sa fonction de prêtre, et se marie. Il siège comme député sans discontinuer de 1977 à 2005, étant réélu en 1982, 1987, 1992, 1997 et 2002[1].

La guerre civile de Bougainville éclate en 1989. L'Armée révolutionnaire de Bougainville proclame l'indépendance de la province ; John Momis, cette fois, n'y est pas associé. La Papouasie-Nouvelle-Guinée y répond par la force des armes, et en imposant un blocus de l'île. En 1997, l'élection de Bill Skate à la tête de la Papouasie-Nouvelle-Guinée permet la tenue de discussions, avec la médiation de la Nouvelle-Zélande. L'Armée révolutionnaire accepte de se désarmer progressivement, et la Papouasie-Nouvelle-Guinée de retirer progressivement ses soldats de la province, tandis qu'est déployée une force de maintien de la paix australienne, néo-zélandaise et fidjienne. Un gouvernement provincial est établi, et John Momis en est nommé gouverneur en 1999 (tout en demeurant conjointement député au Parlement national). Un accord de paix est signé en 2001, aboutissant à la tenue d'élections en 2005 pour l'établissement d'une Chambre des représentants et d'une présidence de la nouvelle Région autonome de Bougainville. John Momis démissionne du Parlement national pour briguer la présidence de Bougainville, mais est battu par Joseph Kabui, ancien commandant de l'Armée révolutionnaire[4].

John Momis se met alors en retrait de la politique, et est nommé ambassadeur de Papouasie-Nouvelle-Guinée en République populaire de Chine, fonction qu'il exerce de 2006 à 2010. En 2010, il revient en Papouasie-Nouvelle-Guinée et se porte à nouveau candidat à l'élection présidentielle à Bougainville, en mai. Cette fois il est élu, et entre en fonction le . Il est réélu en pour un nouveau mandat de cinq ans. Autonomiste plutôt qu'indépendantiste, il a néanmoins pour tâche d'organiser le référendum d'indépendance de Bougainville, qui se déroule de novembre à , en application de l'accord de paix de 2001. Il est par ailleurs favorable à la réouverture de la vaste mine de cuivre très controversée à Panguna, fermée depuis l'éruption du conflit en 1989 ; il la considère comme essentielle à l'avenir économique du pays[5],[6].

En , John Momis se félicite du choix d'indépendance exprimé par la population de l'archipel lors du référendum : « Maintenant, nous nous sentons libérés, au moins psychologiquement »[7]. L'indépendance de Bougainville n'adviendra toutefois qu'à une date encore indéterminée, à l'issue de négociations avec le gouvernement national de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Au cours des mois précédant l'élection présidentielle bougainvillaise de 2020, Momis tente de faire amender la constitution afin de supprimer la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels afin de pouvoir se représenter, mettant en avant l'importance d'une continuité des interlocuteurs du gouvernement central après le référendum. Le projet est cependant rejeté par les membres de la Chambre des représentants, dont la majorité des deux tiers est nécessaire pour tout amendement de la constitution[8]. Le président sortant tente par la suite un recours auprès de la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée, arguant que cette limitation est une atteinte à ses droits civiques[9]. Il déclare néanmoins être tout à fait prêt à prendre sa retraite en cas de rejet de sa demande, ce que fait la cour le 30 mai en validant la décision du Parlement de Bougainville, mettant définitivement fin à la tentative de candidature de John Momis[10]. Le président sortant prononce son dernier discours devant le parlement le 11 juin, faisant le bilan de son action pour l'indépendance depuis les années '70 avant d'attribuer le succès du processus de paix à l'unité des Bougainvillois et d'encourager le gouvernement régional et celui national à continuer à travailler ensemble[11].

Références

  1. (en) Brij V. Lal et Kate Fortune (éds.), The Pacific Islands: an encyclopedia, Honolulu : University of Hawaii Press, 2000, (ISBN 0-8248-2265-X), p.296
  2. (en) "PNG leader apologises to Bougainville for bloody 1990s civil war", Australian Associated Press, 22 janvier 2014
  3. (en) Fiche biographique, Gouvernement de Bougainville
  4. (en) "President elected in Bougainville", BBC News, 6 juin 2005
  5. (en) "John Momis wins election for Bougainville president", The Australian, 12 juin 2015
  6. (en) "Bougainville's new president, Halfway to freedom", The Economist, 10 juin 2010
  7. « L'île de Bougainville va devenir un État indépendant », sur Le Huffington Post, (consulté le ).
  8. (en) « Bougainville MPs say no to third term for president », sur RNZ, (consulté le ).
  9. (en) « Bougainville to decide on State of Emergency today », sur RNZ, (consulté le ).
  10. (en) « Bougainville's Momis loses bid for another tilt at leadership », sur RNZ, (consulté le ).
  11. (en) « Bougainville's Momis bows out with 'sense of fulfilment' », sur RNZ, (consulté le ).
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