Jean de Laborde

Jean de Laborde (comte Jean Joseph Jules Noël de Laborde), né le à Chantilly, mort le à Castillon-la-Bataille, est un amiral français, connu pour avoir ordonné le sabordage de la flotte française à Toulon le afin d'éviter qu'elle ne tombe aux mains des Allemands.

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Ne doit pas être confondu avec Jean de Laborde-Noguez.

Jean de Laborde
Jean Joseph Jules Noël de Laborde

Józef Unrug, Jean de Laborde, Eugeniusz Solski (1931).

Surnom comte Jean
Naissance
Chantilly (France)
Décès
Castillon-la-Bataille (France)
Origine France
Allégeance Troisième République
Vichy France
Grade Amiral
Années de service 18971944
Commandement Chef de l’aéronautique navale
Commandant du porte-avions Béarn
Commandant du secteur maritime de Toulon
Commandant en chef de la 2e escadre
Commandant en chef et préfet de la 4e région maritime (Bizerte)
Commandant en chef de la 2e escadre
Commandant en chef de l’escadre de l'Atlantique
Commandant en chef des Forces maritimes de l'Ouest « Amiral Ouest »
Commandant en chef des forces de haute-mer (FHM)[1]
Conflits Révolte des Boxers
Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Sabordage de la flotte française à Toulon
Distinctions Légion d'honneur
Médaille militaire
Croix de guerre 1914-1918
Croix de guerre 1939-1940
Mérite maritime
Médaille commémorative de la campagne de Chine 1900-1901
Médaille commémorative de la campagne du Maroc 1909
Médaille coloniale
Distinguished Service Medal
Ordre du Ouissam alaouite
Distinguished Service Cross
Nichan Iftikhar

Biographie

Sabordage de la flotte française à Toulon, 1942.

Formation

De Laborde entre à l'École navale en 1895. il en sort aspirant en 1897[1].

Première Guerre mondiale et avant

Enseigne de vaisseau, Jean de Laborde commence sa carrière en Extrême-Orient en 1897. En 1900, il participe à la campagne en Chine après la révolte des Boxers. Il est promu lieutenant de vaisseau en 1908, à son retour en France. Après deux ans passé au Maroc, il retourne en Chine à bord du croiseur cuirassé Dupleix. Il apprend à piloter les avions et obtient son brevet de pilote en 1914. Pendant la Première Guerre mondiale, il commande une escadrille et plus tard il est nommé commandant du centre d’aviation maritime de Dunkerque[1].

L'entre-deux-guerres

Pionnier de l'aéronautique navale, le capitaine de vaisseau de Laborde prend en 1925 le commandement du Béarn, premier porte-avions français. Il est alors chef de l’aéronautique navale. Promu contre-amiral en 1928, il commande le secteur maritime de Toulon et deux ans plus tard devient commandant en chef de la 2e escadre basée à Brest. Vice-amiral en 1932, il est préfet maritime de la 4e région maritime à Bizerte. En 1936, Laborde est commandant en chef de l’escadre de l'Atlantique puis membre du Conseil supérieur de la Marine de 1937 à 1939. Amiral en 1938, après avoir obtenu sa 5e étoile, il devient inspecteur général des forces maritimes, ainsi que membre de plusieurs commissions navales sous la Troisième République[1].

Seconde Guerre mondiale

En 1939-1940, Laborde commande les Forces de haute mer de la marine nationale basées à Brest et exerce la fonction d'« Amiral Ouest », sa marque de commandement hissée sur le cuirassé Strasbourg.

Après la défaite française de mai- et la création du régime de Vichy, l'amiral de Laborde soutient le nouveau régime et est nommé chef des Forces de haute mer (FHM) nouvellement créées, par Pétain, qui comptait sur l'antipathie de Laborde à l'égard de l'amiral Darlan pour pouvoir plus facilement avoir la mainmise sur la Marine. Cette antipathie venait du fait que Laborde, amiral « 5 étoiles » lui aussi, et plus ancien que Darlan, aurait dû être nommé chef d'état-major de la Marine. Hélas pour lui, il n'avait ni les relations, ni les appuis politiques de Darlan.

Très hostile aux Britanniques depuis l'attaque de Mers el-Kébir () ainsi qu'au général de Gaulle, Laborde élabore le projet de reprendre le Tchad, passé sous contrôle de la France libre. Quand les Alliés envahissent les colonies françaises d'Afrique du Nord lors de l'opération Torch, il suggère que la flotte française attaque les Alliés en représailles, proposition fortement rejetée par le ministre de la Marine de Vichy, le contre-amiral Auphan.

Le après l'invasion de la zone libre le par les troupes allemandes, et conformément aux ordres de l'amiral Darlan datant de juin 1940, l'amiral de Laborde ordonne le sabordage de la flotte française à Toulon pour empêcher les navires de tomber aux mains des Allemands. Pourtant Darlan, ministre de la Défense du gouvernement de Vichy, avait ordonné dès le à Laborde de rallier l'Afrique du Nord pour reprendre le combat aux côtés des Alliés. Darlan est désavoué par Pétain et Laborde refusa d’exécuter cet ordre, condamnant ainsi la flotte de Toulon à sa perte. Les Forces de haute mer sabordées à Toulon comprenaient 38 unités modernes, soit le quart de la flotte française en service à cette époque. Si le sabordage a permis à la flotte française de ne pas tomber aux mains des allemands, à flot, elle aurait pu apporter son précieux concours aux alliés.

Après-guerre et condamnation

À la Libération, lors de l’épuration, Laborde fut condamné à mort par la Haute Cour de justice pour trahison et pour avoir empêché le ralliement de la flotte de Toulon aux Alliés. Sa peine fut commuée en emprisonnement à perpétuité. Il sera gracié en par le président Vincent Auriol après six ans à la prison de Clairvaux[2]. Celui que dans la marine on surnommait le « comte Jean » meurt le à Castillon-la-Bataille en Gironde à l'âge de 98 ans et est inhumé dans le cimetière de Bielle dans les Pyrénées-Atlantiques, là où son aïeul Jean-Joseph de Laborde avait fait construire un château. Son épouse, née Rose Marie Saldo le , meurt le dans cette même commune à l'âge de 100 ans.

Grades

Décorations françaises

Déroulement de carrière

  • 1897 : en Chine, premier poste militaire
  •  : enseigne de vaisseau, campagne de Chine
  • 1908 : en France, lieutenant de vaisseau
  •  : en congé
  • 1909 : opérations sur les cotes du Maroc
  • 1911 : renvoyé en Extrême-Orient sur le Dupleix
  • 1911-14 : apprend à piloter et survole Saïgon
  • Première Guerre mondiale : conduit une escadrille ; dirige le centre d’aviation maritime de Dunkerque
  • 1925 : chef de l’aéronautique navale ; commande le Béarn, premier porte-avions français[1]
  •  : commandant du secteur maritime de Toulon (contre-amiral)
  •  : en congé
  • (effectif ) –  : commandant en chef de la 2e escadre
  • (effectif ) –  : commandant en chef et préfet de la 4e région maritime (Bizerte)
  • (effectif ) –  : commandant en chef de la 2e escadre puis, le , escadre de l'Atlantique
  •  : membre du Conseil supérieur de la Marine
  •  : inspecteur général des forces maritimes
  •  : inspecteur général permanent de l'hydrographie et président de la Commission permanente de contrôle et de révision du règlement d'armement, de la Commission supérieure des naufrages, du Comité hydrographique et vice-président de la Commission des phares
  •  : commandant en chef des Forces maritimes de l'Ouest « Amiral Ouest »
  •  : en résidence
  •  : placé dans la section de réserve et réactivé
  •  : commandant en chef des forces de haute-mer (armée de Vichy)
  •  : en permission
  •  : Placé dans la 2éme section des officiers généraux.

Poursuites

  •  : il est révoqué sans droit à pension à compter du
  •  : il est condamné à la peine de mort, à l' indignité nationale à vie et à la confiscation de ses biens. Sa peine de mort est commuée en 15 ans de détention à compter de l'incarcération de fait
  •  : il est rayé des matricules de la Légion d'honneur et de la Médaille militaire à compter du
  •  : il est amnistié en ce qui concerne l'arrêt du
  •  : annulation par le Conseil d'État de sa révocation sans droit à pension
  •  : Placé de nouveau en 2e section, à compter du

Notes et références

  1. Jean-Christophe Rouxel, « Ecole Navale / Espace tradition / Officiers célèbres : Jean de Laborde » [archive du ] (consulté le ).
  2. La suite des temps : (1939-1958) par le duc de Brissac, 1974.
  3. Henry Coston, L'Ordre de la Francisque et la révolution nationale, Paris, Déterna, coll. « Documents pour l'histoire », , 172 p. (ISBN 2-913044-47-6), p. 107.

Liens externes

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