Jean Hérold-Paquis

Jean Auguste Hérold, dit Hérold-Paquis, né à Arches (Vosges) le et fusillé au fort de Châtillon (dans l'actuelle commune de Fontenay-aux-Roses) le , est un journaliste radiophonique français, connu pour ses chroniques pro-allemandes sur Radio-Paris sous le régime de Vichy.

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Carrière

Orphelin dès sa jeunesse, Jean Hérold sort de l'école sans qualification[1]. Journaliste de droite, puis, rapidement, d'extrême droite, il commence à gagner quelque notoriété, après des débuts décevants, comme chroniqueur radiophonique dans le grand quotidien catholique Choisir. Il a été condamné pour diffamation, escroquerie et entretien de concubine au domicile conjugal[2].

En 1937, il devient célèbre en s'engageant dans la Bandera Jeanne d'Arc aux côtés des nationalistes pendant la guerre d'Espagne. D' à , il assure les émissions en langue française à Radio-Saragosse, dans le camp franquiste. Il fonde également l'Association des amis de Radio-Saragosse, qui compte jusqu'à 18 000 membres. En 1939, il a l'occasion de rencontrer le maréchal Pétain, nommé ambassadeur de France en Espagne, accrédité auprès du général Franco.

Après la défaite de 1940, il prétend avoir choisi la collaboration avec l'occupant par anglophobie, après l'attaque d'une escadre française par les Britanniques à Mers el-Kébir. Il fut un sympathisant pro-allemand et des idées du national-socialisme, membre du Parti populaire français de Jacques Doriot et du comité d'honneur, réuni lors de la création de la section française de la Waffen-SS.

Il s'est surtout fait connaître pendant l'Occupation, à partir du , avec sa chronique militaire de Radio-Paris, tenue après le journal de vingt heures, dans laquelle il acclamait les succès de l'Axe et ridiculisait l'action des Alliés, avec ce célèbre leitmotiv : « L'Angleterre, comme Carthage, sera détruite ! ». Il incarne, en résumé, l'état d'esprit du « Paris collaborationniste », très critique à l'égard du régime de Vichy, jugé « trop mou » dans sa politique de collaboration.

En , il fuit Paris et se réfugie en Allemagne. Il y poursuit ses chroniques à l'antenne de Radio Patrie, qui émettait depuis le territoire allemand, mais, selon Céline, ne vint jamais à Sigmaringen[3].

Quand l'Allemagne est envahie, il tente de fuir. Ayant cédé au frère du ministre Abel Bonnard sa place dans l'avion qui emmène Pierre Laval en Espagne[4], puis ayant pénétré en Suisse, il est livré à la France le et incarcéré à la prison de Fresnes. Il est jugé et condamné à mort le . L'accusation ne produit aucun témoin, se contentant de faire écouter à la cour les enregistrements des chroniques de l'accusé. Ce dernier se déclare heureux de la victoire alliée et affirme s'être trompé à l'époque des faits. Il est fusillé au fort de Châtillon le [5].

Dans Nord, Louis-Ferdinand Céline écrit : « Hérold Paqui (sic) allant au poteau, pleurait, dépité... "ils ont pas fusillé Céline !" ». L'adversaire de Hérold-Paquis, Pierre Dac, a voulu assister à son procès. Il a éprouvé un certain respect pour la cohérence de l'accusé, mais du dégoût devant l'ambiance de mise à mort : « un homme qui va recevoir douze balles dans la peau, ça ne me fait pas rire, et encore moins rigoler »[6].

Paquis écrivit en prison un livre de souvenirs, publié après sa mort sous le titre Des Illusions… Désillusions !, qui reste un témoignage sur l'atmosphère délétère des derniers jours de la collaboration parisienne.

Publications

  • Coups durs, reportage romancé, Nancy, Imprimerie Marie-Louis Albertus, [1931]
  • Paroles en l'air ? (Radio-journal de Paris), Paris, Les Documents contemporains, [1943] (brochure)
  • L'Angleterre comme Carthage, recueil éditorial du au , préface de Xavier de Magallon, Paris, Éditions du Centre d'études de l'Agence Inter-France, 1944.
  • Poèmes inédits, Paris, Cahiers de la Vérité, 1948.
  • Des Illusions... Désillusions ! Mémoires - , Paris, Bourgoin éditeur, 1948.
  • Mémoires, préface de Xavier de Magallon, Paris, Déterna, « Documents pour l'histoire », 2003 (comprend : L'Angleterre comme Carthage et Des illusions, désillusions : - ).
    • Voir aussi : Les Procès de la Radio (Paul Ferdonnet et Jean Hérold-Paquis), compte rendu sténographique, Paris, Albin Michel, 1947.

Notes et références

  1. Roger Maudhuy, Les Grands Procès de la Collaboration, Limoges, Lucien Souny, (ISBN 978-2-84886-228-6), p. 175.
  2. Maurice Garçon (dir.), Les Procès de la radio, Ferdonnet et Jean Hérold-Paquis, Paris, Albin Michel, , p. 140.
  3. voir lettre de Céline à Ralph Messac, in Ralph Messac, « Après la parution des mémoires de Jean Hérold-Paquis, Louis-Ferdinand Céline remue à son tour le “panier de crabes” de la collaboration » (le Populaire, 12 nov. 1948).
  4. Louis Saurel, « La Fin de Pierre Laval », L'Histoire pour tous, , p. 147.
  5. « Hérold Paquis et trois " Géorgiens " ont été fusillés ce matin », Le Monde.fr, (lire en ligne)
  6. Jean Lebrun, « La responsabilité de la radio : Jean Herold-Paquis, la voix de la collaboration », sur www.franceinter.fr,

Annexes

Bibliographie

  • Pascal Ory, Les Collaborateurs, 1940-1945, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Point Histoire » (no 43), (1re éd. 1977), VI-331 p. (ISBN 2-02-005427-2, présentation en ligne)
  • Roger Maudhuy, Les Grands Procès de la Collaboration, Lucien Souny, 2009, chapitre VII, p. 173-186.
  • Yves Pourcher, Le radio-traître. Jean Hérold-Paquis, la voix de la Collaboration, Alma éditeur, 2019, 459 p. (ISBN 978-2-36279-417-9)

Articles connexes

Liens externes

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