Jean Hérault de Gourville

Jean Hérault, baron de Gourville, né le à La Rochefoucauld et mort le à Paris, est un mémorialiste français.

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Biographie

D’abord valet de chambre de l’abbé Louis de La Rochefoucauld, il devient maître d’hôtel puis secrétaire de La Rochefoucauld, alors prince de Marcillac, agent de la Fronde où il joue un rôle très actif et mémorialiste. Il chercha à faire évader les princes lors de leur arrestation. Il organisa un enlèvement raté de Retz. À la fin de la Fronde, il organisa le rapt du directeur des postes et obtint une rançon de 40 000 livres. Puis il fut intendant de l’armée de Catalogne.

Fouquet lui fait obtenir la recette générale des tailles de Guyenne, source de sa fortune considérable. Il signe 13 traités entre 1657 et 1661. En 1660, il devient conseiller d’État et achète le château et seigneurie de Gourville pour la somme de 100 000 livres. Il prend le nom de cette terre. Ses activités de financier lui valent un procès à l’issue duquel il est condamné à être pendu. Il l'est en effigie place du Palais. Il part alors aux Pays-Bas et voyage beaucoup. En 1671, après avoir rendu de nombreux services à la couronne, en Espagne notamment, il obtient les lettres d’abolition de sa condamnation (y compris pécuniaire). Cette condamnation et la liberté qui lui a été laissée de s’y dérober peuvent s’expliquer, pense Daniel Dessert, comme un moyen d'éviter d’avoir à le faire témoigner au procès Fouquet. Gourville vient au secours de la famille de Fouquet pendant que celui-ci est détenu.

En 1669, il devient intendant de la maison de Condé. Très considéré, il est ami, presque sur un pied d’égalité, de Condé, de La Rochefoucauld, de Mme de Sévigné et de Boileau. Cas assez rare d’une ascension sociale à partir d’une origine très modeste.

Devenu impotent, il entreprend la rédaction de ses Mémoires le  ; ils furent publiés en 1724 (Mémoires de M. de Gourville, concernant les affaires ausquelles il a été employé par la Cour, depuis 1642 jusqu’en 1698, Paris, Estienne Ganeau, 1724)[1].

« Garantissez-moi de mes amis, écrivait Gourville proscrit et fugitif. Je saurai bien me défendre de mes ennemis ». (Sénac de Meilhan, 1736-1803, Considération sur l’esprit et les mœurs.) Saint Jérôme avait déjà écrit : « Il est moins malaisé de se garder d’un ennemi déclaré que d’endurer un ennemi caché sous un nom d’ami. » (Apologie contre Rufin, fin du livre second.)

Il est enterré à Saint-Sulpice.

Jugements sur Gourville

Daniel de Cosnac, qui a fait sa connaissance pendant l’Ormée, la Fronde bordelaise : « Gourville était homme capable de négocier, habile, fertile en expédients »[2]. Sainte-Beuve a dit de lui, dans ses Causeries du lundi, qu’il était « quelque chose comme le Gil Blas et le Figaro du XVIIe siècle »[1]. À sa mort Sévigné écrit : « Je suis fort touchée de la mort de Gourville, avec lequel j’avois renoué un commerce très-vif ; j’ajouterai que son bon esprit étoit si parfaitement revenu, que jamais lumière n’a tant brillé avant de s’éteindre. »

Iconographie

Le portrait de Gourville a été peint par Hyacinthe Rigaud en 1703 pour 300 livres[3]. Gérard Edelinck a gravé ce portrait en 1705.

Voir aussi le château de Saint-Maur, mis à disposition de Gourville par les Condé.

Notes et références

  1. Cardinal de Retz, Œuvres, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », , 1808 p. (ISBN 2-07-011028-1), note 1 de la p. 502 (p. 1449).
  2. Daniel de Cosnac, Mémoires, t. I, Paris, Jules Renouard, 1852, p. 82
  3. Roman, 1919, p. 101.

Annexes

Bibliographie

  • Alain Mazère, Gourville le magnifique, Le Croît vif, 2009, 360 p.

Sources

  • Notice sur Gourville, in Mémoires de J.H. de Gourville
  • Notice in Daniel Dessert, Argent, pouvoir et société au Grand Siècle, Paris, Fayard, 1984, p. 604.

Liens externes

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