Louis II de Bourbon-Condé

Louis II de Bourbon-Condé dit le Grand Condé, connu d'abord sous le titre de duc d'Enghien, né le à Paris et mort le à Fontainebleau[1], est un prince du sang français. Général français pendant la guerre de Trente Ans, il fut l'un des meneurs de la Fronde des princes.

Pour les articles homonymes, voir Louis II et Louis de Bourbon.

Louis II de Bourbon-Condé
Le Grand Condé,
huile sur toile de Justus van Egmont, vers 1654-1658,
Chantilly, musée Condé.

Titre

Prince de Condé


(39 ans, 11 mois et 15 jours)

Prédécesseur Henri II de Bourbon-Condé
Successeur Henri-Jules de Bourbon-Condé
Biographie
Titulature Duc de Bourbon
Duc de Montmorency
Duc d'Enghien
Prince de Condé
Prince du sang
Duc de Bellegarde
Duc de Fronsac
Duc de Châteauroux
Comte de Sancerre
Comte de Charolais
Seigneur de Chantilly
Dynastie Maison de Condé
Distinctions Grand maître de France
Pair de France
Autres fonctions Lieutenant-général
Gouverneur du Berry
Surnom Le « Grand Condé »
Naissance
Paris, Royaume de France
Décès
Fontainebleau, Royaume de France
Père Henri II de Bourbon-Condé
Mère Charlotte-Marguerite de Montmorency
Conjoint Claire-Clémence de Maillé
Enfants Henri-Jules de Bourbon-Condé
Religion Catholicisme

Fils de Henri II de Bourbon-Condé et de Charlotte-Marguerite de Montmorency, il porte les titres de prince de Condé, duc de Bourbon, duc d'Enghien, duc de Montmorency, duc de Châteauroux, duc de Bellegarde, duc de Fronsac, gouverneur du Berry, comte de Sancerre (1646-1686), comte de Charolais (à partir de 1684), pair de France, premier prince du sang. Il est un cousin de Louis XIV — son grand-père paternel Henri Ier est cousin germain de Henri IV.

Biographie

Les débuts

Buste en bronze du Grand Condé par Antoine Coysevox, 1688, musée du Louvre.

Il poursuit ses études au collège des jésuites de Bourges. Il montre dans la carrière militaire un génie précoce. Après un apprentissage militaire au siège d’Arras, il reçoit en 1643, à l'âge de 21 ans, le commandement honorifique de l'armée de Picardie, sous les ordres de François de L'Hospital. Il s'agit de barrer la route à l'armée espagnole du roi Philippe IV sortie du comté de Flandre pour envahir la France. Le , cinq jours après la mort de Louis XIII, Enghien remporte héroïquement l'éclatante victoire de la bataille de Rocroi, brisant ainsi la réputation d'invincibilité des tercios espagnols, tandis que ce nouveau capitaine de guerre est promu à l’égal de César et Alexandre[2].

Enghien est ensuite envoyé sur le Rhin, aux côtés du vicomte de Turenne, où il bat les Allemands à la bataille de Fribourg. Il remporte avec Turenne la Bataille d'Alerheim en 1645 contre Franz von Mercy (guerre de Trente Ans). En 1646, il prend Dunkerque. Fin décembre 1646, à la mort de son père, il devient 4e prince de Condé.

Moins heureux en Catalogne, Condé ne peut conquérir Lérida ; mais il remporte bientôt après en comté d'Artois la victoire de Lens sur l'archiduc Léopold-Guillaume qui amène la paix avec le Saint-Empire romain germanique en 1648.

La Fronde

Pendant les troubles de la Fronde, il adopte une attitude ambiguë. Il défend d'abord le parti de la cour, la régence durant la minorité de Louis XIV étant assumée par sa mère Anne d'Autriche, secondée par le cardinal Mazarin, premier ministre, puis il prend parti contre Mazarin qu'il appelle « le faquin écarlate ». Son soutien à la reine mère Anne d'Autriche permet d'abord la signature de la paix de Rueil. Néanmoins, en 1649, par rivalité avec Mazarin qu'il considère comme un usurpateur étranger, il sympathise avec la cause de la Fronde. Remportant toutes les batailles entre 1643 à 1648, il réclame pour lui l’amirauté et pour ses amis tous les postes de responsabilité dans l’armée[2]. Le , lui, son frère le prince de Conti et son beau-frère le duc de Longueville sont jetés en prison par la reine-régente, qui veut refréner ses ambitions, où ils subissent une détention de treize mois.

Le , devant l'union des Frondes, Mazarin s'enfuit et libère les princes. Condé prend la tête de la Fronde des princes, malgré la majorité de son grand cousin, Louis XIV. Il négocie avec le roi Philippe IV d'Espagne et le Lord Protecteur anglais, Oliver Cromwell. Il lève des troupes, marche sur Paris. Contre lui, Louis XIV âgé de 14 ans réussit à gagner Turenne qui prend la tête des troupes royales et défait le prince à la bataille de Bléneau le , à Étampes en mai puis au faubourg Saint-Antoine à Paris. La duchesse de Montpensier, Anne-Marie-Louise d'Orléans (la Grande Mademoiselle), fait tirer les canons sur les troupes royales pour permettre à son cousin de se réfugier dans Paris.

Les guerres de Louis XIV

Condé gagne ensuite le Valenciennes, passe du côté espagnol et est défait par Turenne en août 1654 à la bataille du secours d'Arras, puis en 1658 à la bataille des Dunes. Le traité des Pyrénées de 1659 lui assure le pardon royal, proclamé à Aix-en-Provence, peu avant le mariage de Louis XIV et de l'infante Marie-Thérèse d'Autriche. La guerre s'étant rallumée entre la France et l'Espagne, Condé retrouve un commandement dans les armées du roi. Dans le contexte de la guerre de Dévolution, il prend le comté de Bourgogne (actuelle Franche-Comté) aux Habsbourg d'Espagne au terme d'une campagne de trois semaines en 1668.

Le , il reçoit durant trois jours Louis XIV alors âgé de 33 ans et les 3 000 membres de la Cour de Versailles dans son château de Chantilly : il fait donner une fête fastueuse et des banquets somptueux organisés par François Vatel pour se réconcilier avec le roi et obtenir sa grâce et ses faveurs, ce qu'il obtient, le roi ayant besoin de son soutien.

Il combat à nouveau aux côtés des armées royales de Turenne lors de la guerre de Hollande, en 1672 où il bat le prince d'Orange Guillaume à la bataille de Seneffe en 1674, puis passe en Alsace pour défendre cette province contre Raimondo Montecuccoli, généralissime des armées de l'empire germanique après la mort de Turenne en 1675. Le roi le reçoit en grande pompe à Versailles, en haut du grand escalier de marbre, au milieu de toute la cour. Condé, perclus de rhumatismes, a de la peine à monter et fait un peu attendre Louis XIV. Alors qu'il présente des excuses, le roi lui dit avec politesse : « Mon cousin, quand on est chargé de lauriers comme vous, on ne peut marcher que difficilement ».

Il finit sa vie dans son château de Chantilly, entouré de musiciens et de poètes, cultivant les lettres et conversant avec Racine et Boileau. Son fils Henri Jules de Bourbon lui succède comme 5e prince de Condé et 4e duc d'Enghien.

Toute sa vie, Louis de Condé a été l'âme du parti libertin. Voltaire lui reproche comme un signe de sénilité sa conversion au parti dévot les deux dernières années de sa vie[3]. En effet, signe non-équivoque de cette conversion, Jacques-Bénigne Bossuet prononce sur son cercueil une oraison funèbre  un chef-d'œuvre du genre (Oraison funèbre de très haut et très puissant prince Louis de Bourbon).

Famille

Ascendance

Château de Chantilly du prince Louis II de Bourbon-Condé.
Détail de la statue représentant le Grand Condé, par le sculpteur David d'Angers (1817). Exposé dans la Galerie David d'Angers, Angers.

Fils d'Henri II de Bourbon-Condé, prince du sang, et de Charlotte-Marguerite de Montmorency, baronne de Châteaubriant et de Derval, dont le roi de France Henri IV tombe amoureux et qui sera la marraine de Louis XIV.

Ses trois frères aînés étant morts en bas âge, Louis reçoit le titre de « duc d'Enghien ». Il fait de solides études chez les Jésuites, à Bourges, et à l'âge de 17 ans, gouverne le duché de Bourgogne pour son père. Il est élevé dans l'idée que le trône peut lui échoir si la branche aînée des Bourbon vient à manquer d'héritier[2], ce qui assure chez lui une grande fierté et une forte ambition (parfois à défaut de la fidélité).

Mariage et descendance

Pour des raisons politiques[4], il épouse le Claire-Clémence de Maillé, âgée de seulement 13 ans, fille d'Urbain de Maillé-Brézé (1597-1650) et de Nicole du Plessis de Richelieu[5]. Il en a trois enfants, dont deux meurent en bas âge :

Après avoir vainement cherché à faire annuler son mariage à la mort du cardinal de Richelieu, ne lui pardonnant pas d'avoir brisé son amour de jeunesse, Condé finit par faire enfermer sa femme à Châteauroux en 1671, sous le prétexte d'une liaison qu'elle aurait eue avec un page.

Filmographie

Source partielle

Notes et références

  1. ou 11 novembre, selon les sources
  2. Simone Bertière, Un cousin de Louis XIV, ardent et rebelle, mécène éclairé de Chantilly, Canal Académie, 5 février 2012
  3. Cf. Le Siècle de Louis XIV, conclusion du chap. XI.
  4. Le duc d'Enghien fut d'abord amoureux de Marthe Poussard dite mademoiselle du Vigean, qui entra dans les Carmélites puis désira se marier à l'amie de sa sœur, la Grande Mademoiselle mais son mariage fut arrangé par son père.
  5. (sœur du cardinal de Richelieu)

Annexes

Bibliographie

  • Louis de Bourbon prince de Condé, dans Charles Perrault, Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, chez Antoine Dezallier, 1697, tome 1, p. 23-24 (lire en ligne)
  • Henri Chérot, Trois éducations princières au XVIIe siècle: le Grand Condé, son fils, le duc d'Enghein, son petit-fils, le duc de Bourbon 1630-1684, d'après les documents originaux, Société de Saint-Augustin, Desclée, De Brouwer et Cie, 1896, 302 p, illustré de 30 gravures
  • Henri Malo, Le Grand Condé, Editions Albin Michel, 1937, 512 p.
  • Katia Béguin, Les princes de Condé. Rebelles, courtisans et mécènes dans la France du grand siècle, éd. Champ Vallon, Seyssel, 1999, 463 p.
  • Simone Bertière, Condé, le héros fourvoyé, Éditions de Fallois, 2011, 542 p.
  • Dominique Paladilhe, Le Grand Condé : Héros des armées de Louis XIV, Pygmalion, 2008 (ISBN 978-2756400082)
  • Joseph Louis Ripault-Desormeaux, Histoire de Louis de Bourbon, Paris 1766-1768, 4 volumes in-12.
  • Voltaire, Le siècle de Louis XIV (1751) (Wikisource)

Articles connexes

Liens externes


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