Jean-Marie Geoffroy

Jean-Marie Joseph Geoffroy, dit simplement Geoffroy, né à Paris en 1813 et mort à Paris le , est un acteur français.

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Débuts

Le père de Geoffroy, qui était ouvrier bijoutier, tint à ce que son fils apprît ce métier, mais ce dernier, qui était bien plus intéressé par le théâtre, se fit engager, en dans une petite troupe ambulante contre la volonté de ses parents[1]. Il commença par jouer dans les environs de Paris, pour 50 fr. par mois[1]. Après une apparition au théâtre du Gymnase en , il n’y resta pas et repartit pour la province, pour aller jouer à Nancy où il rencontra Bouffé[1]. Revenu débuter au théâtre de la Gaîté, dans le rôle du pompier, de la Belle Écaillère de Lurieu[1]. N’ayant pas encore obtenu d’engagement, il repartit pour la province, Clermont, Reims, et passa même à l’étranger jusqu’en Italie, à Florence et à Naples[1]. En -43 il reparut à Rouen, jouant presque tous les rôles de Bouffé[1].

Théâtre du Gymnase

En , alors qu’il était âgé de plus de trente ans, il parvint enfin à obtenir un engagement au théâtre du Gymnase à Paris, où il allait rester 19 ans, et dont il devait bientôt devenir un des acteurs de premier plan de cette troupe[1].

Geoffroy était alors devenu un des plus solides soutiens du théâtre du Gymnase, surtout depuis les succès de Mercadet, du Voyage de monsieur Perrichon et de la Poudre aux yeux. En , le Gymnase proposa dans la même soirée Les Pattes de mouche de Victorien Sardou, et la reprise du succès vieux de deux ans, le Voyage de monsieur Perrichon, où Geoffroy tenait toujours le rôle principal. La direction estima bon de placer cette pièce en lever de rideau. Geoffroy se sentit froissé de ce traitement, et son caractère, autoritaire, grognon et peu sociable, fit le reste : pour une question d’amour-propre, il rompit son contrat avec le Gymnase.

Théâtre du Palais-Royal

Le théâtre du Palais-Royal fut ravi de récupérer ce comédien exceptionnel, d'autant plus que sa troupe avait été amputée par les décès de Sainville en , et de Grassot en . Geoffroy en devint rapidement le premier acteur, avec un salaire de 30 000 francs par an, ce qui était, à l’époque, très confortable, et correspondait au traitement d’un sénateur.

Si, à la ville, il était un ours, qui évitait le contact avec ses camarades, à la scène, en vrai professionnel, Geoffroy se transformait. Il devenait alors ce que son rôle lui disait d’être : un bourgeois fat et poltron, un père sentencieux ou un mari débonnaire et satisfait de lui-même. Il savait, avec beaucoup de finesse, donner vie aux personnages les plus grotesques. Henry Lyonnet a rapporté de lui :

« Il a un rire à lui, un rire sympathique qui se répand dans la salle. Les autres comiques tirent leurs effets du sérieux avec lequel ils débitent les bonnes ou mauvaises plaisanteries dont leurs rôles sont semés ; Geoffroy procède par le moyen contraire. »

À la différence de beaucoup d’acteurs tels que Grassot, Gil-Pérès ou Hyacinthe, il possédait un jeu franc, naturel, relativement sobre pour l’époque, tout comme celui de Lhéritier, avec qui il fut souvent associé.

Il savait également chanter agréablement, se présentait sur scène avec beaucoup d’aisance et avait la science des effets. Son jeu sûr et constant faisait dire de lui qu’il était aussi bon à la première représentation d’une pièce qu’à la centième.

Il sut surtout incarner avec beaucoup de bonheur le « bourgeois », dont l’archétype fut le personnage de Monsieur Prudhomme, créé par Henry Monnier.

Geoffroy fut l’interprète de nombreuses variations ultérieures autour de ce thème, créées à de multiples occasions par Balzac (Mercadet), Eugène Labiche (Perrichon, Célimare, etc.), Gondinet (Marjavel, Pontérisson), Meilhac et Halévy (le comte Escarbonnier).

Eugène Labiche lui bâtit des rôles sur mesure et reconnut plus tard tout ce qu’il lui devait. Le jour de son élection à l’Académie française, il lui écrivit : « On m'a donné un fauteuil, mais je t'en dois bien au moins un bras[1] ! »

Curieusement, une fois la rampe éteinte, le personnage bonhomme et sympathique, qui venait d’égayer le public avec tant de naturel, disparaissait. Il retrouvait alors le léger bégaiement dont il n’avait pu se défaire à la ville. Bourru et grognon, il se déshabillait en une minute et quittait le théâtre. Pour cette raison, il n’était guère apprécié de ses camarades de scène.

On se demanda souvent pourquoi Geoffroy, vu sa qualité d’acteur, ne postula jamais à la Comédie-Française. À cela, on émit plusieurs hypothèses, qui ont le mérite d’éclairer un peu plus le personnage :

  • tel Jules César, il préférait être le premier dans son village que le second à Rome ;
  • il aimait émailler son texte d’interjections variées, qui accroissaient son naturel, mais qui n’auraient pas été admises à la Comédie-Française ;
  • il se prétendait incapable de dire des vers.

À sa mort, d’une attaque de goutte dont il souffrait depuis longtemps, dans sa petite maison de Belleville, située fort à propos rue des Solitaires, et qu’il appelait son « palais de chaume », il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise[2], où son monument en marbre blanc est orné d’un buste et d’une guirlande où sont rappelées ses principales créations[1], et René Luguet prononça un discours au nom de la Société des acteurs.

Il avait été marié à Louisa Kersent, elle-même comédienne, qui débuta à Marseille, puis tint à partir de des rôles de soubrettes au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, qui mourut en , au moment où son mari connaissait de grands succès au théâtre du Palais-Royal, disparition qui peut expliquer en partie la misanthropie de Geoffroy.

Théâtre

Carrière au Théâtre du Gymnase

Quelques-uns des rôles qu’il tint au Théâtre du Gymnase :

Carrière au Théâtre du Palais-Royal

Quelques-uns des rôles qu’il tint au Théâtre du Palais-Royal :

Notes et références

  1. Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français, ceux d’hier : biographie, bibliographie, iconographie, t. 2. E-Z, Genève, Bibliothèque de la Revue universelle internationale illustrée, 717 p., 2 vol. : ill., portr. ; 29 cm (lire en ligne), p. 113-5.
  2. 56e division Jules Moiroux, Le Cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, , 390 p. (lire en ligne), p. 173.

Voir aussi

Bibliographie

  • Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français, ceux d’hier : biographie, bibliographie, iconographie, t. 2. E-Z, Genève, Bibliothèque de la Revue universelle internationale illustrée, 717 p., 2 vol. : ill., portr. ; 29 cm (lire en ligne), p. 113-5.

Liens externes

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