Jan Matthijs

Jan Matthijs (né vers 1500 à Haarlem à Münster) est un boulanger et prédicateur évangélique anabaptiste néerlandais. Son charisme aussi bien que ses visions sur l'imminence de la parousie lui permirent d’entraîner à sa suite la population de Münster. Mais les troubles qu'il avait soulevés firent bientôt de lui la cible des princes-archevêques rhénans : convaincu de son invincibilité, il marcha au-devant des forces ennemies et fut mis en pièces. Son ministère fut aussitôt repris par l'un de ses apôtres, Jean de Leyde.

Biographie

Jan Matthijs est né vers 1500 à Haarlem aux Pays-Bas et exerçait le métier de boulanger [1]. Converti à l'anabaptisme, il se distingua bientôt par son extrémisme.

Ministère

Melchior Hoffman, un charismatique précheur anabaptiste, se fit du jeune artisan un ardent partisan, capable par exemple de provoquer des émeutes dans les messes et processions catholiques. En 1528, Matthijs fut condamné à avoir la langue transpercée pour une prétendue offense au Corpus Christi. Mais lorsqu'en , il vit que les prophéties de Hofmann ne se réalisaient pas, il le déclara apostat. Matthijs quitta la ville, préchant et baptisant de Brielle à Rotterdam. À Amsterdam, il prit la direction spirituelle de ceux qui se dénommaient eux-mêmes Melchiorites en référence à la doctrine spirituelle de Melchior Hoffmann, et n'eut de cesse que d'appeler à la fondation d'une théocratie dans ce port de mer. Il répudia sa femme, et se mit en ménage avec une jeune fille qu'il déroba à ses parents, et qu'il présenta comme sa « sœur spirituelle » : c'est l'amorce de la polygynie que Matthijs devait par la suite instituer en loi à Münster. Matthijs s'éloigna peu à peu du pacifisme et de la théologie de la non-violence de Melchior Hoffmann et en vint à se convaincre qu'il est permis de résister à l’oppression. Les précheurs qu'il avait formés (et qu'il appelait « apôtres ») : David Joris, Jean de Leyde, etc. rencontraient un succès particulier à Münster.

Le théocrate de Münster

Le siège de Münster : premier assaut mené par l'archevêque déchu Franz von Waldeck à la Pentecôte 1534, par Erhard Schön.

En Matthijs envoya un certain Jean de Leyde, « apôtre » qu'il avait lui-même baptisé en , vers l'opulente cité de Münster. Le (mais selon certaines sources dès la mi-février même), il lui emboîta le pas et proclama Münster « Jérusalem céleste ». Bien que le nouveau conseil des échevins soit favorable aux idées des anabaptistes, l'arrivée de Matthijs déchaîna le jour même une controverse des Images en ville. Toutes les églises et monastères furent dévastés afin d’expurger les traces du passé mensonger. Le prédicateur annonça son « Programme apocalyptique » :

  1. Il faut anéantir les incroyants en vue de la parousie,
  2. Le Christ instituera une théocratie terrestre,
  3. Les « émissaires apostoliques » sont invincibles et doivent annoncer l'imminence du Royaume.

Le , Matthijs enjoignit aux habitants de Münster de venir se faire baptiser ; celui qui entendait s'y refuser devait quitter la ville avant minuit. On ordonna de brûler tous les livres à l'exception des bibles. Matthijs déclara la communauté des biens et la polygynie (une forme de polygamie).

Entre temps, l’évêque de Münster Franz von Waldeck avait fait arrêter Bernd Rothmann le et entreprit d'assiéger la ville dont il avait été chassé.

Au contraire de son ancien pasteur Hoffmann, qui s'en remettait aux prophéties des jeunes de la communauté et à l'Écriture Sainte, Matthijs prétendait bénéficier d'un commerce direct avec Dieu, par des visions et des apparitions. Matthijs fut un orateur suffisamment charismatique pour imposer ses vues à la population, jouant tantôt de la menace et du pardon. Il oscillait entre l'extase et la mélancolie : le jour de Pâques, le , dans un prêche sur la Place du Marché, il se présenta comme le Nouveau Gédéon, faisant écho par allusion à l’Ancien Testament, à une déclaration qu’il avait faite précédemment à Amsterdam : à savoir, qu'il était le nouvel Hénoch, le second témoin de l’Apocalypse. Après une ultime vision du jugement dernier, Matthijs monta à cheval, accompagné de quelques fidèles, et sortit sans armes de la ville pour réclamer la reddition des assiégeants. Il fut immédiatement jeté à bas et mis en pièce par des lansquenets qui eurent tôt fait de se disputer sa dépouille. Lorsque enfin il se retirèrent, des anabaptistes vinrent religieusement récupérer avec un panier les restes démembrés de leur prophète, mais ils ne purent empêcher que sa tête, plantée au bout d'une pique, demeure exposée comme un avertissement face aux portes.

La ville de Münster ne se rendit que le . Lors du dernier assaut, tous les anabaptistes qu'on put saisir furent passés par le fil de l'épée, et le carnage ne s'interrompit qu'au bout de deux jours.

Quant aux prêcheurs hétérodoxes Jean de Leyde, Bernd Krechting et Bernd Knipperdolling, ils furent torturés et mis à mort en public le .

Notes et références

  1. Hans-Jurgen Goertz, The Anabaptists, Routledge, USA, 2013, p. 30

Bibliographie

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