Jacques de Saint-Georges

Jacques de Saint-Georges, né vers 1230 et mort le , est un architecte d'origine savoyarde. Au cours du XIIIe siècle, il se spécialise dans la construction de châteaux forts, principalement au service du comte de Savoie et de son allié le roi d'Angleterre. L'historien anglais Marc Morris (en) le considère comme « l'un des plus grands architectes du Moyen Âge européen »[1].

Jacques de Saint-Georges

La statue de Jacques de Saint-Georges au château de Beaumaris
Présentation
Naissance vers 1230
Saint-Prex
Décès
Mostyn
Nationalité Savoyard
Mouvement Architecture militaire médiévale
Œuvre
Réalisations Château d'Yverdon
Château de Chillon
Château de La Côte-Saint-André
Châtel-Argent
Château de Rhuddlan
Château de Flint
Château d'Aberystwyth
Château de Ruthin (en)
Château de Denbigh (en)
Château de Caernarfon
Château de Conwy
Château de Criccieth (en)
Château de Harlech
Château de Beaumaris
Entourage familial
Père Jean de Saint-Georges (dit « Maître Jean »)
Famille Gilles (Gilet) et Tassin de Saint-Georges

Il existe peu de preuves documentaires attestant de la jeunesse et de l'origine de Jacques. Cependant, nous disposons de preuves circonstancielles très solides que son lieu de naissance est Saint-Prex vers 1230. Nous savons avec certitude que son père était aussi un maçon architecte nommé Jean. Cette forte preuve liée à son père, notamment son année de décès et son style architectural, a permis de conclure que Jean était John Cotereel, le constructeur de Saint-Prex et de la cathédrale de Lausanne[2].

Il a été architecte et responsable de la construction des châteaux d'Édouard Ier au pays de Galles, édifices qui figurent sur la liste des sites reconnus par l'UNESCO, parmi lesquels Conwy, Harlech, Caernarfon ou Beaumaris[3].

Biographie

Famille, jeunesse et formation

Ni le lieu de naissance de Maître Jacques vers 1230, ni la date de son mariage avec une nommée Ambrosia[4], ne sont connus. La présence de Maître Jacques est attestée pour la première fois en 1260 ou 1261 au château d'Yverdon-les-Bains où son père, Maître Jean, était maître maçon et travaillait pour Pierre II de Savoie, selon l'historien A. J. Taylor (en)[5]. Le patronyme « de Saint-Georges-d'Espéranche » provient du fait qu'il a construit le château-palais de Philippe Ier de Savoie, successeur de Pierre II, dans cette commune d'Isère.

Début des ouvrages en Grande-Bretagne

Les murailles de Saillon, comparées à celles de Conwy.

Le , alors qu'il rentre de croisade, le roi Édouard Ier d'Angleterre rencontre probablement Maître Jacques à Saint-Georges d'Espéranche. En effet, le souverain s'y est rendu dans le but de recevoir l'hommage de son neveu Philippe Ier, conformément à un traité conclu précédemment et portant sur les droits de passage à travers les Alpes[6]. C'est l'historien A. J. Taylor qui, le premier, a découvert les origines savoyardes de Maître Jacques et ses liens avec Édouard Ier. Taylor a comparé les toilettes du château de la Bâtiaz à Martigny, les fenêtres du château de Chillon à Veytaux, ainsi que les murs du village de Saillon, par exemple, aux mêmes éléments architecturaux des édifices gallois[7].

Le château de Flint, comparé à celui d'Yverdon.

Les premières mentions de Maître Jacques dans les actes anglais datent d'. On y lit : « ad ordinandum opera castorum ibidem », c'est-à-dire que le maçon - au sens médiéval du terme - sera, selon Taylor, chargé de la conception, de la direction technique et de la gestion de la construction des châteaux. De plus, il y est évoqué comme voyageant au pays de Galles « visitandum castra de Flint et Rhuddlan »[8]. Il est maître maçon à Flint et à Rhuddlan entre 1278 et 1282. Le château de Flint est en tout point semblable à celui que maître Jacques avait construit auparavant à Yverdon-les-Bains[9]. Vers 1285, il est nommé « magister operacionum in Wallia », c'est-à-dire maître d'œuvre royal au pays de Galles, avec un salaire de 3 shillings par jour[10].

Fin de vie

Le , Maître Jacques est nommé constable du château de Harlech, succédant à Jean de Bonvillars, mort en . Il reste en place jusqu'au . Le dernier château gallois construit par le maître est celui de Beaumaris, dont les travaux débutent en 1295. Décrit par l'historien Marc Morris comme « le château le plus parfaitement conçu de Maître Jacques », Beaumaris est pourtant inachevé à la mort du maçon[11]. Jacques de Saint-Georges rejoint ensuite Édouard Ier en Écosse, probablement autour du . En , il est chargé de superviser les nouvelles défenses du château de Linlithgow. Il travaille également à Stirling durant le siège de 1304. Maître Jacques est mort le à Mostyn, au nord du pays de Galles. Il n'y a aucun document attestant que l'épouse de Maître Jacques, Ambrosia, ait reçu une pension après la disparition de son mari. Il est donc possible qu'elle ne lui ait pas survécu.

Œuvre

Jacques de Saint-Georges est connu pour les nombreux chantiers qu'il a menés sur les châteaux du comté de Savoie et de ses États vassaux de l'époque :

En Suisse
En Savoie et en Dauphiné
Au pays de Galles
En Écosse

Une partie de son œuvre au pays de Galles est inscrite au patrimoine mondial au titre des châteaux forts et enceintes du roi Édouard Ier dans l'ancienne principauté de Gwynedd[16]. La plus connue des innovations techniques apportées par Jacques est la généralisation de la tour-maîtresse circulaire, n'offrant aux assaillants aucun angle mort pour l'attaque[12].

Notes et références

Notes

  1. Sur ces trois premiers châteaux, Jacques travaille en tant que « maître maçon architecte » sous la conduite de son père Jean, puis, de plus en plus, tout seul[13].

Références

  1. (en) Morris, Marc, Castle., Londres, Windmills Books, , p. 120
  2. Taylor, A.J. (1985). Studies in Castles and Castle-Building. London: The Hambledon Press.23-24.
  3. (en) Roth, Leland M., Understanding Architecture : its Elements, History and Meaning., Bolder, Colorado, Westview Press, , p. 271
  4. Arnold Joseph Taylor, « La vie de Maître Jacques ou l'école d'architecture de Saint Georges », sur http://www.cmj-stgeorgesdesperanche.fr/, Saint-Georges-d'Espéranche (consulté le ).
  5. (en) Taylor, Arnold J., « Master James of St. Georges », English Historical Review, vol. 65, 1950, p. 433 - 457
  6. (en) Taylor, Arnold J., « The castle of Saint Georges D'Esperanche. », The Antiquaries Journal, vol. 33, 1953, p. 33 - 47
  7. (en) Morris, Marc, Castle., Londres, Windmill Books, , p. 105 - 112
  8. (en) Taylor, Arnold J., « Master James of St. Georges. », English Historical Review, vol. 65, 1950, p. 433 - 457
  9. (en) Dean, Robert J., Castles in Distant Lands, The Life and Times of Othon de Grandson., Willingdon, East Sussex, Lawden Haynes Publishing, , p. 27 - 32
  10. (en) Gravett, Christopher, The castles of King Edward I in Wales, 1277 - 1307., Botley (UK), Osprey Publishing, , p. 35 - 36
  11. (en) Morris, Marc, Castle., Londres, Windmill Books, , p. 104
  12. Nicolas Payraud 2009, § 2.2.3, « De nouvelles places-fortes (1250-1338) »
  13. Mesqui & de Raemy 2005, colonne 2, p. 276
  14. Anne-Marie Flambard Héricher et Jacques Le Maho, Château, ville et pouvoir au Moyen Âge : [table ronde tenue à l'Université de Caen Basse-Normandie, 10-11 octobre 2008], Caen, Publications du CRAHM, , 289 p. (ISBN 978-2-902685-83-7, lire en ligne), p. 181.
  15. « Un grand maître maçon : Jacques de Saint-Georges », sur http://www.lesamisdelagrandemaison.com, Les Amis de la Grande Maison, (consulté le ).
  16. « Châteaux forts et enceintes du roi Édouard Ier dans l'ancienne principauté de Gwynedd », sur http://whc.unesco.org, UNESCO, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • [Nicolas Payraud 2009] Nicolas Payraud, Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle : Thèse de doctorat d'Histoire, Lyon, Université Lumière Lyon-II, (lire en ligne).
  • [Mesqui & de Raemy 2005] Jean Mesqui et Daniel de Raemy, « Châteaux, donjons et grandes tours dans les États de Savoie (1230-1330). Un modèle : le château d'Yverdon. 1. Le Moyen Age : genèse et création ; 2. Époques moderne et contemporaine ; transformations, adaptations », Bulletin Monumental, t. 163, no 3, , p. 276-278 (ISSN 0007-473X, présentation en ligne) ;
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