Jacques Foucherot

Jacques Foucherot, né le à Dijon et mort le à Tonnerre, est un architecte, ingénieur et archéologue français. Au service du comte de Choiseul-Gouffier, il fit plusieurs séjours en Grèce avec celui-ci ou avec Louis-François-Sébastien Fauvel.

Il fut ensuite ingénieur dans l'Yonne où il participa à la construction du canal de Bourgogne. Il a donné son nom à un type de maison éclusière, dit « type Foucherot ».

Biographie

Jacques Foucherot commença sa formation auprès de l'ingénieur de Bourgogne Pierre-Joseph Antoine. Avec celui-ci, il travailla sur un plan de Dijon publié en 1774[1].

En 1772, il entra à l'Académie royale d'architecture où il fut l'élève de Antoine-René Mauduit. En 1775, il obtint un prix d'émulation pour la décoration d'un poêle. La même année, il entra à l'École des ponts et chaussées où il obtint à nouveau des prix (1778, 1780, 1782 et 1784)[1].

En 1776-1777, il accompagna le comte de Choiseul-Gouffier lors de son Grand Tour en Orient. Foucherot fut chargé des relevés et dessins des monuments (Santorin, Naxos, Patmos, Telmessos, Stratonicée, Milas, Euromos, Halicarnasse et Éphèse)[2],[3]. De retour en France, il reprit ses études. Il repartit en Grèce en 1780, toujours pour Choiseul-Gouffier, pour compléter le Voyage pittoresque de la Grèce de ce dernier qui lui adjoignit le peintre Fauvel[2],[4].

L'itinéraire de Foucherot et Fauvel est connu grâce au journal de Foucherot. Ils quittèrent Paris le . Ils gagnèrent l'Italie par le Simplon. Par Milan et Padoue, ils arrivèrent à Venise en . Ils s'y embarquèrent pour les îles Ioniennes, qui appartenaient alors à la République de Venise. Ils en explorèrent les ruines antiques, but de leur mission. Après un incident avec des pirates, ils abordèrent à Prévéza (alors vénitienne) et visitèrent les ruines de Nicopolis le . Ils entrèrent ensuite dans l'Empire ottoman et gagnèrent le Péloponnèse par Arta, Missolonghi, Lépante et Patras[2],[5]. Ils seraient passés par Delphes. Ils ne purent explorer le sanctuaire[N 1] à cause de difficultés avec les autorités : ils auraient été emprisonnés temporairement[5].

Dans le nord de la péninsule, ils travaillèrent sur les ruines mycéniennes et sont considérés comme les premiers à avoir dessiné Mycènes, Tyrinthe ou Argos, mais aussi le temple de Némée. Ils parcoururent le sud du Péloponnèse, par Sparte et Navarin. Ils ne purent trouver le temple d'Apollon à Bassae et ne relevèrent rien à Olympie alors très enfouie[N 2],[2],[6]. Les sources divergent pour la fin de cette partie du voyage. Selon Ph.-E. Legrand (1897), ils seraient passés par Nauplie à la fin du mois de (selon une lettre du consul français dans cette ville), en route pour Corinthe et finalement Athènes qu'ils atteignirent le . Fauvel souffrait alors d'une fièvre[6]. Selon P. Pinon (2007), ils auraient été à Corinthe dès le et à Athènes le 21 du même mois. Le consul français Gaspari leur aurait obtenu une autorisation de visiter l'Acropole le [2].

À Athènes, Foucherot et Fauvel furent autorisés à pénétrer sur l'Acropole, alors forteresse militaire ottomane. Propylées, Parthénon et Érechthéion furent explorés pour vérifier ou corriger les travaux des voyageurs précédents[2],[7]. Ils poursuivirent leur œuvre à travers l'Attique, en relevant par exemple le plan d'Éleusis[7].

Ensuite, les sources divergent à nouveau. Selon Legrand, le , ils annoncèrent que leur travail était achevé et qu'ils repartaient en France. Ils s'embarquèrent bien au Pirée, mais visitèrent les îles Saroniques, l'isthme de Corinthe où ils repérèrent l'amorce du canal antique. Ils allèrent jusqu'à Épidaure. Ils remontèrent ensuite vers le nord lors d'une nouvelle excursion : Béotie et Thermopyles, jusqu'à Salonique puisque Fauvel a réalisé trois dessins de l'Arc de Galère[7]. Selon Pinon, en , le roi d'Angleterre George III, malgré l'état de guerre entre la France et la Grande-Bretagne leur permit de voyager sans crainte des navires britanniques. Ils embarquèrent donc pour Salonique le . Là, Foucherot dessina « l'ancienne métropole »[2].

Finalement, le 10 (Pinon) ou le 26 (Legrand) , Foucherot et Fauvel embarquèrent à Nauplie sur la frégate royale Sultane. Ce privilège leur avait été accordé en raison de leur « précieux travail » archéologique. Ils arrivèrent en France fin [2],[7].

De 1783 à 1793, Jacques Foucherot fut sous-ingénieur en poste à Melun. Cette année-là, il obtint d'être muté à Tonnerre pour retourner dans sa région natale[3]. En 1800, Jacques-Louis David lui commanda un projet pour une colonne à la gloire des armées françaises. À partir de 1808, il dirigea les travaux de la partie icaunaise du canal de Bourgogne. En 1809, il devint ingénieur de 2e classe, puis en 1812 de 1re classe, toujours à Tonnerre. En 1810-1811, il réalisa le pont-canal de Saint-Florentin et celui du Boutoir, ainsi que des écluses[8]. Il a donné son nom à un type de maison de garde d'écluse, le "type Foucherot"[9].

En 1787, il obtint un congé pour mettre en forme les dessins et cartes réalisés lors de ses voyages. Ceux-ci furent utilisés par Jean-Denis Barbié du Bocage pour son Atlas du Voyage du jeune Anacharsis en Grèce (Voyage du jeune Anacharsis en Grèce de l'abbé Barthélemy) et pour les cartes de Constantinople et du Bosphore publiées avec François Kauffer[3]. Lorsque Choiseul-Gouffier émigra en Russie en 1793, Jacques Foucherot conserva une partie de la collection de son ancien patron, qui lui devait encore des gages en 1800[8]. Le , il fut élu « membre associé non résidant » de l'Institut de France (classe d'architecture)[3]. Cependant, il prépara longuement son propre récit de voyage en Grèce, mais ne le publia jamais. La quasi-totalité de ses dessins personnels réalisés en Orient a été perdue[8].

Annexes

Bibliographie

  • (fr) Ph.-E. Legrand, « Biographie de Louis-François-Sébastien Fauvel, antiquaire et consul (1753-1838) », Revue archéologique, 3e série, no XXX, , p. 41-66 (lire en ligne, consulté le ).
  • (fr) Pierre Pinon, « Jacques Foucherot, un architecte et ingénieur en Orient », dans Odile Cavalier, Le Voyage de Grèce du comte de Choiseul-Gouffier, Le Pontet, A. Barthélemy, , 159 p. (ISBN 978-2-87923-246-1).

Notes

  1. Le sanctuaire était alors enfoui sous le village, déplacé par les archéologues français à la fin du XIXe siècle.
  2. Le site n'est réellement découvert que par l'expédition de Morée un demi-siècle plus tard.

Références

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