Jacqueline de Decker

Jacqueline de Decker, née en Belgique le , morte le , est la fondatrice avec Mère Teresa d'une association de malades et de souffrants qui coopère avec les Missionnaires de la Charité.

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Biographie

Jacqueline de Decker est née le , issue d'une ancienne famille belge, dans une fratrie de neuf enfants[1]. Son père est un homme d'affaires aisé, possesseur de plantations au Brésil et en Indonésie[2].

Vocation missionnaire, Résistance belge, départ en Inde

À dix-sept ans, elle ressent la vocation de missionnaire[3]. Elle poursuit alors ses études supérieures à l'Université catholique de Louvain, où elle est diplômée en sociologie ; elle est également diplômée en soins infirmiers et en premiers secours. Elle devient infirmière et s'occupe des blessés à Anvers pendant la Seconde Guerre mondiale[4]. Elle participe à la Résistance belge, s'occupant des soldats britanniques évadés qui cherchent à retourner en Angleterre[5]. Elle est décorée pour cela.

Un prêtre Jésuite lui conseille d'aller en Inde[3] ; elle décide de partir pour Madras[6]. Pendant le voyage, elle apprend que le prêtre qui l'avait conseillée vient de mourir ; arrivée à destination avec peu d'argent et sans guide, elle s'habitue à vivre modestement, et adopte le sari traditionnel local[5]. Pendant deux ans, elle vit seule parmi les pauvres de Madras et s'efforce de soulager leur misère[7].

Rencontre avec Mère Teresa

Apprenant par un prêtre jésuite qu'une religieuse des sœurs de Lorette a tout quitté pour vivre parmi les pauvres en adoptant elle aussi le sari, Jacqueline de Decker part la retrouver[8]. Fin 1948, elle rencontre ainsi Mère Teresa. À l'époque, celle-ci apprend les rudiments des soins médicaux chez les Sœurs des Missions Médicales à Patna, dans l'État du Bihar. Les deux ont été attirées l'une à l'autre par une foi commune en Jésus Christ et le désir d'aider les pauvres.

Paralysie partielle, fondation des Coopérateurs souffrants

Souhaitant rejoindre l'ordre naissant de Mère Teresa, Jacqueline de Decker se heurte à de graves problèmes de santé qui l'en empêchent. Elle retourne en Belgique, et y apprend qu'elle a une maladie grave[9]. Elle y subit plusieurs interventions et quinze greffes pour éviter la paralysie totale. Elle reste cependant paralysée à 80 %[10], et écrit à son amie qu'elle ne pourra pas retourner en Inde. Elles débutent ainsi une longue correspondance. Après quelques années, Mère Teresa lui demande en 1952 de devenir son bras droit, c'est-à-dire d'être comme sa sœur spirituelle, en offrant ses souffrances à Dieu pour le succès de leur travail[11],[12],[13]. Elle lui écrit :

« En te liant spirituellement à nos efforts, tu participeras par l'offrande de tes souffrances et ta prière à notre travail dans les bidonvilles. Notre tâche est gigantesque et j'ai besoin de beaucoup d'ouvriers. Mais j'ai besoin aussi d'âmes comme la tienne qui souffrent et prient pour le succès de notre entreprise. Veux-tu accepter d'offrir tes souffrances à tes sœurs d'ici pour leur donner chaque jour la force d'accomplir leur œuvre de miséricorde[11] ? »

 Mère Teresa, Lettre, octobre 1952

Organisation et extension de l'œuvre

Jacqueline de Decker assume la tâche d'organiser et de promouvoir cet apostolat de la prière et de don de soi parmi les malades. À chaque personne qu'elle rencontre souffrant d'une maladie, elle donne l'objectif de soutenir par la prière une des Missionnaires de la Charité[12],[14]. Ainsi naît le parrainage de chaque religieux ou religieuse par une personne malade ou souffrante. Le , les 37 premières novices de Mère Teresa font leur profession religieuse, Jacqueline de Decker a trouvé autant de malades pour les prendre en charge. Lorsque les Missionnaires de la Charité sont plus de 2 000, les coopérateurs malades et souffrants augmentent de même[9]. Quand le Vatican reconnaît l'Association des coopérateurs, elle devient le lien international[14]. Depuis son lit, elle continue à fédérer des malades jusqu'au nombre de 5 000, sur plus de cinquante pays[15]. En 1979, elle accompagne Mère Teresa lorsque celle-ci reçoit le Prix Nobel[16],[17].

Étendant son œuvre à l'aide sociale auprès d'environ 2 000 prostituées, Jacqueline de Decker les visite dans un véhicule aménagé[9].

Pendant trente-cinq ans, elle dirige cette œuvre d'aide sociale et de parrainage, depuis son modeste appartement de la banlieue d'Anvers[11]. Le parrainage repose sur l'amitié et la prière.

Au début des années 1990, les coopérateurs malades et souffrants sont 6 000, mais traversent plus tard une « crise profonde » : Mère Teresa décide, peu avant de mourir en 1997, que cette association doit être transférée sous l'égide de sa congrégation des Missionnaires de la Charité ; cette décision autoritaire est diversement appréciée[18].

Jacqueline de Decker meurt le .

L'œuvre des coopérateurs souffrants

En , les coopérateurs malades et souffrants sont 3 000[19]. Ils sont désormais sous la responsabilité directe des Missionnaires de la Charité[18].

Notes et références

  1. (en) Kathryn Spink, « Mother Teresa’s “Spiritual Powerhouse” : Jacqueline de Decker and the Link for Sick and Suffering Co-Workers » (consulté le ).
  2. Navin Chawla, Mother Teresa, Sinclair-Stevenson, 1992, p. 104.
  3. Navin Chawla, Mother Teresa, Sinclair-Stevenson, 1992, p. 103.
  4. Kathryn Spink, The miracle of love: Mother Teresa of Calcutta, her Missionaries of Charity, and her co-workers, Harper and Row, 1981, p. 165.
  5. Cassati 2012, p. 85.
  6. Bulletin critique du livre français, Direction générale des relations culturelles et œuvres françaises à l'étranger, numéros 475 à 480, 1985, p. 1046.
  7. (en) Jean Shinoda Bolen, Close to the Bone: Life-Threatening Illness As a Soul Journey, Conari, 2007, p. 143.
  8. Cassati 2012, p. 85-86.
  9. Kathryn Spink, extraits d'une conférence à Coventry, 2002.
  10. Mère Teresa et José Luis González-Balado, Nous serons jugés sur l'amour, Mediaspaul Editions, 1987, p. 108, note 3.
  11. Site cursillos.ca, « Mère Teresa et sa demande de palancas ».
  12. Site Mother Teresa cause, (en) « Branches on the vine ; Co-Workers of Mother Teresa ».
  13. Cassati 2012, p. 86-89.
  14. Cassati 2012, p. 84.
  15. Cassati 2012, p. 89.
  16. Mère Teresa et José Luis González-Balado, Nous serons jugés sur l'amour, Mediaspaul Editions, 1987, p. 102, note 3.
  17. Eileen Egan, Such a vision of the street: Mother Teresa, the spirit and the work, Image Books, 1986, p. 368.
  18. La Libre Belgique, « Une goutte de délivrance dans un océan de souffrance », 17 octobre 2003.
  19. Éditions du Cerf, site officiel, page de présentation du livre De la souffrance à la joie , décembre 2010.

Bibliographie

  • De la souffrance à la joie : mère Teresa de Calcutta et ses Coopérateurs malades et affligés, présenté par Kathryn Spink, Paris, Cerf, 1985 (ISBN 2-204-02324-8) ; rééd. 1993, 2010 (ISBN 978-2-204-09338-5) ; traduit de Kathryn Spink, The miracle of love: Mother Teresa of Calcutta, her Missionaries of Charity, and her co-workers, Harper and Row, 1981.
  • Sandro Cassati, Mère Térésa, City Edition, , 224 p. (ISBN 978-2-8246-0143-4 et 2-8246-0143-4, lire en ligne), p. 84-89 [extraits en ligne].

Voir aussi

Articles connexes

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