Ivan Rebroff

Hans Rolf Rippert dit Ivan Rebroff[1] est un chanteur allemand né le à Berlin-Spandau et mort le à Francfort-sur-le-Main[2]. D'origine russe selon ses dires[3],[4], il a mené une carrière internationale basée sur un répertoire très varié : chansons traditionnelles russes, mais aussi chants religieux classiques ou orthodoxes, chants de Noël, variété française ou allemande, opéra, opérettes, chansons folkloriques de nombreux pays et de multiples airs connus.

Ivan Rebroff
Ivan Rebroff en 2006
Informations générales
Nom de naissance Hans Rolf Rippert
Naissance
Berlin, Spandau (Allemagne)
Décès
Francfort (Allemagne)
Activité principale Chanteur
Genre musical Opéra, Musique sacrée, profane, classique, traditionnelle et de variétés
Années actives 1958- 2007
Labels Elisar Records

Il disposait d’un registre vocal remarquablement étendu (plus de quatre octaves), ce qui le fit entrer dans le Livre Guinness des records[5]. Il chantait aussi bien en allemand qu'en russe, en français, en anglais, en afrikaans, en italien et en hébreu (il parlait d'ailleurs couramment les quatre premières de ces langues ainsi que le grec).

Biographie

Jeunesse et études

Né à Berlin dans l'arrondissement de Spandau de Paul Rippert, né en 1897 à Liebenwerda dans le Brandebourg, et de Luise Fenske, née en 1896 à Bromberg, il est initié au violon et au chant sous l’impulsion de cette dernière, grande admiratrice de Fédor Chaliapine.

Adolescent, il est soprano soliste de l’un des plus anciens chœurs de garçons d’Allemagne, le Stadtsingechor (de) de l’institution August Hermann Francke dans la ville de Halle an der Saale (1945 - 1950)[6]. Pendant un court temps, il fait aussi partie de la Thomanerchor, le chœur de garçons de la Nikolaikircheéglise Saint Nicolas – de Leipzig sous la direction du maître de chœur, organiste et compositeur Günther Ramin[4].

Plus tard, il est soliste du chœur des Cosaques du Don dirigé par Serge Jaroff[7] et membre des ensembles des Cosaques de la mer Noire et de l'Oural fondés par Andrej Scholuch[8].

À partir de 1951 et jusqu’en 1959, ce colosse de 1,96 mètre et 115 kilos poursuit ses études de chant, clavier et violon à l’école supérieure de musique de Hambourg en bénéficiant d’une bourse Fulbright. Il obtient le premier prix du concours des écoles supérieures d’Allemagne fédérale en 1958.

Il est également premier prix du neuvième concours international de musique de l'ARD en 1960 à Munich, en interprétant, entre autres, Fühlt meine Seele l’un des trois Michelangelo Lieder (Lieder sur des poèmes de Michel-Ange) du compositeur Hugo Wolf[9].

Débuts

Ses débuts en musique classique ont lieu à l'opéra de Gelsenkirchen (1960-1963) et à celui de Francfort (1963-1969). Son premier rôle à l’opéra est celui de Don Basilio dans Le Barbier de Séville de Rossini. La soprano Inge Borkh, qui l'a connu durant son engagement à Francfort, estime qu'à cette époque, son talent était largement sous-estimé[10].

Un violon sur le toit

Ivan Rebroff explique son passage à la « musique légère » par un « accident » : jouant le rôle de Jupiter dans Orphée aux Enfers à l’opéra de Munich, il se rompt malencontreusement le tendon d'Achille sur scène. Obligé d’interrompre les représentations, il se consacre à l’enregistrement de son premier disque, incluant les chansons russes Plaine, ma plaine et La Légende des douze brigands. Cette seconde chanson passe à la radio Europe 1 et le standard téléphonique est submergé d’appels d’auditeurs voulant connaître le nom du chanteur. Arrivé à Paris à la suite de cela, il se voit offrir en 1968 le rôle du laitier Tevje dans la comédie musicale Un violon sur le toit, où il interprétait entre autres Ah ! Si j'étais riche. Les représentations débutent en au théâtre Marigny[11] avec pour partenaire principale Maria Murano qui interpréte Golde, sa femme. Il y en aura 653 à Paris, et, avec les tournées, 1 476 au total selon son imprésario. Ce rôle apporte à Ivan Rebroff la célébrité, tant en France[12] qu’en Allemagne, et est le point de départ de sa carrière internationale.

Carrière internationale

Ivan Rebroff lors d'un concert à l'abbaye de la Cambre en 2006.
Ivan Rebroff en 2006 (à la domra : Irina Kripakova).

Ivan Rebroff est particulièrement célèbre auprès du grand public, pour son interprétation de chansons folkloriques russes (Kalinka, Les Nuits de Moscou, Les Yeux noirs, Plaine, ma plaine, Les Bateliers de la Volga, Les Cloches du soir ; Katioucha, Souliko, Stenka Razin, Korobeïniki, Boublitchki, Sombre Nuit, Ah, les chemins..., Dans les rues de Saint-Pétersbourg, etc.). Sa reprise, en russe, de la chanson popularisée par Mary Hopkin Those Were the Days (à l’origine, une chanson russe), sous le titre Le Temps des fleurs, reprise également en français par Dalida, tient plusieurs semaines à la première place du hit-parade français en .

Au cours de sa carrière, il obtient 49 disques d'or décernés dans des pays des cinq continents et notamment dans presque tous les pays européens ainsi qu'un disque de platine pour dix millions de disques vendus depuis 1975[13].

Rebroff disait de lui qu'il était « international » (sa patrie c'était la Terre) et qu'avec son répertoire il essayait de faire la connexion entre l'Est et l'Ouest[réf. nécessaire]. L'ancien chancelier d'Allemagne fédérale, Helmut Schmidt lui remet d'ailleurs en 1985 la croix de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne en remerciement de sa contribution au rapprochement des peuples. Début 1989, il est l'un des premiers artistes d’Europe de l'Ouest à se produire en public en ex-URSS sur invitation de Mikhaïl Gorbatchev[14].

Du début de sa carrière jusqu'à l'an 2000, il a donné plus de 7 200 concerts en soliste devant plus de 5,8 millions de spectateurs, dont une période de deux ans, sept jours sur sept, sur les scènes françaises.

Il a également joué dans de nombreux opéras, opérettes et films (Le Barbier de Séville (Don Basilio), La Cenerentola (Alidoro)[15], Boris Godounov (Boris Godounov), Le Baron tzigane (Zsupan), Sang viennois, Le Chevalier à la rose (baron Ochs), L'Étudiant mendiant (Ollendorf), La Belle Hélène (Calchas), Orphée aux Enfers (Jupiter), La Bohème (Colline), La Chauve-Souris (Prince Orlofsky, sous la direction de Carlos Kleiber), Die Zauberflöte (Sarastro), Don Carlos (Philippe II), Faust (Méphistophélès), Ernani (Silva), Le Nez, Macbeth, etc.)

Décès

En pleine forme à 70 ans passés, il entame début 2004 une tournée en Australie et Nouvelle-Zélande chantant dans douze concerts en quatorze jours. Il continue jusqu'à sa mort à se produire régulièrement à travers l'Europe, principalement dans des églises, et à être invité fréquemment dans des émissions télévisuelles allemandes. Ivan Rebroff affirmait en effet son profond attachement à la foi chrétienne[réf. nécessaire].

Il était domicilié dans l'île grecque de Skópelos dont il était « citoyen d'honneur » depuis 1991 et où il possédait une villa dans laquelle il allait se reposer entre les tournées. Mais il possédait aussi plusieurs résidences en Allemagne, dont l'une notamment près de Francfort, ainsi que des pieds-à-terre dans différents pays (en Provence, dans les régions de Saint-Pétersbourg ou de Lisbonne). L'artiste était connu pour son amour des animaux : sa maison d'édition Lisa portait le nom de la petite chienne qu'il avait recueillie sur une plage grecque. Il avait également élevé des barzoïs (lévriers russes) sous affixe Vom Rebroff[16] et des leonberg.

Ivan Rebroff avait prévu d'effectuer une tournée de à juillet 2008 mais le chanteur est hospitalisé d'urgence à Vienne où il venait de donner un récital le à l'Église votive. Il meurt d'un arrêt cardiaque dans une clinique de Francfort (Allemagne) le à l'âge de 76 ans.

Selon sa dernière volonté, il est incinéré et ses cendres sont dispersées en mer Égée, non loin de l'île de Skopelos[17],[18].

Quelques jours après sa mort, Horst Rippert, le pilote de la Luftwaffe ayant déclaré en avoir abattu l'avion d'Antoine de Saint-Exupéry, a affirmé dans la presse allemande qu'il était son seul frère, espérant hériter[19].

Œuvre

Discographie

  • Chants folkloriques de la Vieille Russie (1968)
  • Chants folkloriques de la Vielle Russie Volume II (1968)
  • Au son des balalaïkas (1969)
  • Un violon sur le toit (1969)
  • Veillée de Noël (1970)
  • L'Homme qui vient de la nuit (BO du film) (1970)
  • Sing vir ons (1971)
  • La Chauve-souris de Johann Strauss (1976) sous la direction de Carlos Kleiber
  • Ave Maria (1979)
  • Katharina und Potemkin (1980)
  • Ivan Rebroff à Moscou (1997)
  • Glasnost Perestroïka (1999)
  • Noël russe (1999)
  • Et de nombreuses compilations…

Filmographie

  • L'Homme qui venait du Cher (1969) (TV)
  • L'Homme qui vient de la nuit (1970)
  • La Dernière Valse (1973) (TV)
  • La Belle Hélène (1974)
  • Le Baron Tzigane (1975)
  • L'Étudiant mendiant (1981) (TV)

Vidéographie

  • Live in concert (1982)

Distinctions

  • 2007 : doctorat honoris causa de l'International Writers & Artists Association (IWA, USA) ainsi que le diplôme d'honneur du Comité roumain de l'Académie européenne des arts.

Avis

« Une légende vivante. Quiconque l'a entendu un jour ne peut être que rempli de respect en découvrant quelle sonorité harmonieuse peut avoir une voix humaine. »

 Evening Standard[source insuffisante]

Notes et références

  1. Matthias Bardong (dir.), Das Lexikon des deutschen Schlagers, tome 2, Schott, Mainz, 1993, p. 264–265 (ISBN 3-7957-8208-2).
  2. https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2008/02/28/01011-20080228FILWWW00623-ivan-rebroff-est-mort.php
  3. (de) Jürgen Ruf, « Mitteldeutsche Zeitung “Der Mann mit der russischen Pelzmütze wird 75” », mz-web.de, 25 juillet 2006.
  4. (de) « Ivan Rebroff – Meine russische Seele – Das große Starporträt »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur rd-presse.de, livret du CD paru en juillet 2006.
  5. (en) The Guinness Book of Records 1993.
  6. (de) « Berühmte Schüler: Rippert, Hans »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur Franckensche Stiftungen de Halle.
  7. (de) « Biographie d'Ivan Rebroff »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur ivan-rebroff.de
  8. (de) « Historique du chœur des cosaques de l'Oural »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur ural-kosaken-chor.com
  9. (de) « Abendzeitung, München, 22 septembre 1960 »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur br-online.de : « Obwohl die Goldmedaille für die Sänger beim 9. Internationalen Musikwettbewerb nach Deutschland fiel, wurde sie für eine östliche Stimme vergeben: Iwan Rebroff, der sich am Kammermusikabend als betont sensibler Liedersänger dreier Michelangelo-Lieder von Hugo Wolf legitimierte, ist ein Heldenbariton mit schönem Material, dessen Wirkung in den lyrischen Piano-Momenten wie in den Forte-Ausbrüchen gleich eindrucksvoll sind. »
  10. (de) Inge Borkh, Ich komm vom Theater nicht los… : Erinnerungen und Einsichten, Stuttgart, 2002, page 135 (ISBN 3-8311-3660-2).
  11. Jean Dutourd, Sept saisons, Flammarion 1972, page 373.
  12. « Hier soir, au théâtre Marigny, après la générale du Violon sur le toit, personne n'en doutait plus : Paris tient enfin sa première vraie grande comédie musicale. On sait aussi désormais qu'Ivan Rebroff n'est pas qu'une sorte de phénomène vocal, une sorte d’Yma Sumac barbu, mais un authentique comédien. » France-Soir, 8 novembre 1969.
  13. (de) « Ivan Rebroff ist tot »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur Süddeutsche Zeitung, .
  14. (ru)« Articles de presse russes (1988-1989) »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur vostokinform.ru.
  15. « C'est à l'opéra, il y a de cela plusieurs années, que j'ai fait la connaissance d'Ivan Rebroff ; on donnait à Francfort La Cenerentola de Rossini et il y chantait Alidoro. Ou plutôt, il était Alidoro… » Témoignage du producteur Hans-R Stracke sur la pochette du 33 tours In diesen heiligen Hallen,LP n° 31734-1, Elisar Records, 1984.
  16. « Cyrill vom Rebroff » sur theborzoifiles.net.
  17. (de) « Aktuelle News »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur rohstoffe.ad-hoc-news.de, .
  18. « Irma Weber dispersant les cendres d'Ivan Rebroff en mer Égée », photo Peter Bischoff, gettyimages.no, 23 juin 2008.
  19. (de) « Heimlicher Bruder will Millionen-Vermögen », Das Bild, 2 mars 2008.

Liens externes

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