Irina Slavina (journaliste)

Irina Viatcheslavovna Mourakhtaïeva (en russe : Ирина Вячеславовна Мурахтаева), née Kolebanova le à Gorki (URSS) et morte le à Nijni Novgorod (Russie), publiant sous le nom d'Irina Slavina, est une journaliste russe.

Pour les articles homonymes, voir Irina Slavina.

Biographie

Carrière

En 2015, Irina Slavina fonde le média en ligne indépendant Koza.Press, qui couvre l'actualité de l'oblast de Nijni Novgorod[1],[2].

Selon Current Time TV (en), un tribunal de Nijni Novgorod condamne Irina Slavina en à une amende de 20 000 roubles, la déclarant coupable d'avoir organisé une marche non déclarée à la mémoire de Boris Nemtsov.

En , une plaque commémorative à la mémoire de Joseph Staline est dévoilée dans la ville de Chakhounia  pour le 140e anniversaire de sa naissance. Irina Slavina suggère sur Facebook de renommer Chakhounia, en supprimant les premières lettres de son nom pour en faire un mot grossier (en russe)[3],[1],[4],[5],[6]. En , le centre "E" du ministère de l'Intérieur de Russie ouvre une enquête pour manque de respect envers les autorités et la société (partie 3 de l'article 20. 1 du Code administratif)[7]. À l'automne 2019, le tribunal de Nijni Novgorod lui inflige une amende de 70 000 roubles. Selon le fondateur de l'organisation de défense des droits de l'homme Agora (en), Pavel Tchikov, Irina Slavina a été condamnée à la plus forte amende prévue dans ce cas d'infraction. Des collègues et des connaissances de la journaliste suggèrent que cela a été fait dans le but de faire fermer le journal d'opposition dont elle est éditrice.

En , elle est accusée de diffuser délibérément des informations fausses sur l'épidémie de COVID-19[8] : elle a annoncé que l'un des responsables de l'Académie de sambo de la ville de Kstovo avait contracté le SARS-CoV-2 et, de retour d'Europe, avait été en contact avec des dizaines de personnes, dont des visiteurs de l'académie.

En , Irina Slavina est condamnée à une amende pour avoir publié des informations sur le forum Free People[9].

Mort

Véhicules d'urgence près du siège de la police de Nijni-Novgorod

Irina Slavina meurt le en s'immolant par le feu devant le quartier général de la Préfecture de police de Nijni Novgorod (devant la station de métro Gorkovskaïa)[1],[10],[11],[12].

Elle avait subi le matin même une perquisition dans une enquête visant l’opposition à Vladimir Poutine[13]. Quelques heures avant sa mort elle avait posté sur son compte Facebook « Je vous demande de rendre la Fédération de Russie responsable de ma mort »[11].

Réactions

Un rassemblement à sa mémoire est organisé le jour de son suicide le [14].

Son suicide, ou sacrifice[1], attire l'attention de la presse russe et internationale. Des observateurs notent que la persécution des journalistes indépendants en Russie est associée au désir des autorités de se protéger de la critique[15],[16].

L'opposant au régime Alexei Navalny déclare : « Une affaire pénale contre Slavina a été fabriquée. Hier, son domicile a été perquisitionné, les portes ont été fracturées et les ordinateurs confisqués... Ils l'ont absolument poussée au suicide »[17].

Le , le Comité d'enquête russe décide de ne pas ouvrir d'enquête pour incitation au suicide, jugeant que Slavina souffrait apparemment d'un « trouble mixte de la personnalité » et que son acte était « rationnel » et dicté par une « volonté consciente » de mettre fin à ses jours[18].

Références

  1. « « Le pire serait qu’elle soit morte pour rien » : Irina Slavina, le « sacrifice » d’une femme derrière les flammes », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  2. (ru) Александр Седов, « Нижегородцы покажут власти «Козу» », sur pravdapfo.ru, (consulté le )
  3. Cela donnerait le mot « connerie », khouïnia, mais en russe ce mot grossier est dérivé d'un mot extrêmement vulgaire désignant le sexe masculin.
  4. (ru) « Вот такая Шахунья. Журналистку могут оштрафовать за каламбур », sur Радио Свобода (consulté le )
  5. (ru) « Журналистка поменяла буквы в названии Шахуньи. Ее оштрафовали за неуважение к власти », sur BBC News Русская служба, (consulté le )
  6. Фонтанка
  7. (ru) Сергей Поляков, « Нижегородская журналистка написала пост о Сталине и стала фигурантом дела о неуважении к власти », sur pravdapfo.ru, (consulté le )
  8. (ru) Роман Рыскаль, Андрей Репин, « Редактора Koza.press могут оштрафовать за публикацию о COVID-19 », Коммерсантъ,
  9. (ru) « Самосожжение нижегородской журналистки у здания МВД », sur Медиазона (consulté le )
  10. « Главный редактор нижегородского издания KozaPress Ирина Славина подожгла себя у здания МВД », Meduza (consulté le )
  11. « La rédactrice en chef d’un média russe meurt après s’être immolée par le feu », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  12. (en-GB) Reuters, « Russian journalist dies after setting herself on fire following police search », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  13. (ru) « «Власти уверены, что «Открытая Россия» финансирует протесты против застройки парка» — Ирина Славина об обыске », sur The Insider, (consulté le )
  14. (ru) « Цветы, свечи, десятки растерянных людей. Фоторепортаж NN.RU с места смерти Ирины Славиной », sur www.nn.ru, (consulté le )
  15. (en-GB) « Russian editor dies after setting herself on fire », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
  16. (en-US) « Journalist dies after setting herself on fire: "Blame my death on the Russian Federation" », sur www.cbsnews.com (consulté le )
  17. (en-GB) Deutsche Welle (www.dw.com), « Russian journalist dies after setting herself on fire | DW | 02.10.2020 », sur DW.COM (consulté le )
  18. (ru) « СК снова отказался заводить дело о доведении до самоубийства журналистки Ирины Славиной, назвав ее самосожжение "рациональным" », sur NEWSru.com, (consulté le ).

Liens externes

  • Portail des droits de l’homme
  • Portail du journalisme
  • Portail de la Russie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.