Intégrale de Darboux

En analyse réelle, une branche des mathématiques, l'intégrale de Darboux est construite avec les sommes de Darboux et est une des définitions de l'intégrale d'une fonction. Les intégrales de Darboux sont équivalentes aux intégrales de Riemann, ainsi une fonction est Darboux-intégrable si et seulement si elle est Riemann-intégrable, et sont égales si elles existent toutes les deux[1]. La définition de l'intégrale de Darboux a l'avantage d'être plus simple à implémenter dans les calculs ou les preuves que l'intégrale de Riemann. Par conséquent, les manuels d'introduction en analyse développent l'intégrale de Riemann à partir de celle de Darboux, au lieu de la véritable intégrale de Riemann[2]. De plus, la définition est facilement extensible vers l'intégration de Riemann-Stieltjes[3]. Les intégrales de Darboux portent le nom de leur inventeur, Gaston Darboux.

Définition

La définition de l'intégrale de Darboux considère les intégrales (de Darboux) supérieure et inférieure, bien définies pour toute fonction à valeurs réelles bornée f sur l'intervalle [a , b]. L'intégrale de Darboux existe si et seulement si les intégrales inférieure et supérieure sont égales. Les intégrales inférieure et supérieure sont les limites respectives des sommes de Darboux inférieure et supérieure qui sous-estiment ou sur-estiment l'aire sous la courbe. Plus concrètement, pour une partition de l'intervalle donnée, les sommes de Darboux représentent la somme des aires des tranches rectangulaires dont les hauteurs sont prises respectivement aux suprema et aux infima de f sur chaque sous-intervalle de la partition.

Sommes de Darboux

Pour la partition de l'intervalle (xi) de l'intervalle [a,b]

Chaque intervalle [xi−1,xi] est appelée un sous-intervalle de la partition. Soit f: [a,b] → R une fonction bornée, et soit

une partition de [a,b]. Soit

Sommes de Darboux inférieure (en vert) et supérieure (verte et grise) sur quatre sous-intervalles.

La somme de Darboux supérieure de f selon P est

La somme de Darboux inférieure de f selon P est

Par abus, on les désigne plus simplement comme les sommes supérieur et inférieure.

Intégrales de Darboux

L'intégrale de Darboux supérieure de f est

L'intégrale de Darboux inférieure de f est

Dans certains ouvrages, un symbole intégral souligné ou surligné représentent les intégrales de Darboux inférieure et supérieure :

et le même abus de langage fait sur les sommes de Darboux peut être fait sur les intégrales.

Si Uf = Lf, alors cette valeur commune est appelée intégrale de Darboux[4]. On dit alors que f est Darboux-intégrable ou simplement intégrable et on pose

Un critère équivalent et parfois utile pour l'intégrabilité de f est de montrer que pour tout ε > 0 il existe une partition Pε de [a,b] telle que[5]

Propriétés

Bornes

Pour toute partition donnée, la somme de Darboux est toujours supérieure ou égale à la somme de Darboux inférieure. De plus, la somme de Darboux inférieure est minorée par le rectangle de largeur (ba) et de hauteur inf(f) sur [a,b]. De même, la somme supérieure est majorée par le rectangle de largeur (ba) et de hauteur sup(f).

Les intégrales de Darboux inférieure et supérieure vérifient

Relation de Chasles

Pour tout c en (a,b)

Quasi-linéarité

Les intégrales de Darboux inférieure et supérieure ne sont pas nécessairement linéaires. Supposons g:[a,b] → R une fonction bornée, on a alors les inégalités :

Cependant, on a bien, pour tout c ≥ 0 constant

Cependant, si on a c ≤ 0, alors

On considère la fonction :

alors F est Lipschitz-continue. Un résultat identique est vérifié pour F définie à partir de l'intégrale de Darboux supérieure.

Exemples

Une fonction Darboux-intégrable

La fonction f(x) = x est Darboux-intégrable sur tout intervalle [a , b].

On considère la partition Pn de [a,b] en n sous-intervalles de même longueur (b-a)/n.

Comme f est strictement croissante, les infimum sur tout sous-intervalle sont atteints en a+(b-a)(k-1)/n, et les supremum y sont atteints en a+(b-a)k/n. Ainsi

et

On a alors

Alors pour tout ε > 0, en choisissant une partition Pn avec satisfait

ce qui prouve que f est Darboux-intégrable. La valeur de l'intégrale est alors

Sommes de Darboux
Sommes de Darboux supérieures pour la fonction y = x2
Sommes de Darboux inférieures pour la fonction y = x2

Une fonction non intégrable

On considère la fonction indicatrice des rationnels sur [0 ; 1] :

Comme les ensembles des nombres rationnels et irrationnels sont tous deux denses de R, alors sur tout sous-intervalle de toute partition, la fonction prendra les valeurs 0 et 1. Donc pour toute partition P, on a

Les intégrales de Darboux inférieure et supérieure seront donc toujours différentes et la fonction n'est pas Darboux-intégrable.

Raffinement d'une partition et relation à l'intégration de Riemann

En passant à un raffinement, la somme inférieure augmente et la somme supérieure décroit.

Un raffinement de la partition x0, ..., xn est une autre partition y0, ..., ym telle que pour tout i = 0, …, n il existe un entier r(i) tel que

Un raffinement revient donc à découper les sous-intervalles en plus petits intervalles sans effacer les premiers pas. Alors, si P' = (y0, ..., ym) est un raffinement de P = (x0, ..., xn), alors

et

Si P1, P2 sont deux partitions du même intervalle (sans nécessairement que l'une soit un raffinement de l'autre), alors

et donc

Sur une partition donnée, les sommes de Riemann seront comprises entre les sommes de Darboux inférieure et supérieure correspondantes. Formellement, si P = (x0, ..., xn) et T = (t0, ..., tn) forment ensemble une partition marquée :

(comme dans la définition de l'intégrale de Riemann), et si la somme de Riemann de f correspondant à P et T est R, alors

De cette proposition, on tire que les intégrales de Riemann sont au moins aussi fortes que les intégrales de Darboux : si l'intégrale de Darboux existe, alors les sommes de Darboux inférieure et supérieure correspondant à une partition suffisamment fine sera proche de la valeur de l'intégrale, donc toute somme de Riemann sur la même partition sera également proche de la valeur de l'intégrale. Il y a [réf. nécessaire] une partition marquée qui sera arbitrairement proche de l'intégrale de Darboux inférieure ou supérieure, et par conséquent, si l'intégrale de Riemann existe, l'intégrale de Darboux doit aussi exister.

Voir aussi

Notes

  1. David J. Foulis et Mustafa A. Munem, After Calculus: Analysis, Dellen Publishing Company, (ISBN 978-0-02-339130-9, lire en ligne), p. 396
  2. M. Spivak, Calculus (3rd. edition), Houston, TX, Publish Or Perish, Inc., , 253–255 p. (ISBN 0-914098-89-6, lire en ligne)
  3. W. Rudin, Principles of Mathematical Analysis (3rd. edition), New York, McGraw-Hill, , 120–122 p. (ISBN 007054235X, lire en ligne)
  4. (en) Eric W. Weisstein, « Darboux Integral », sur MathWorld
  5. Spivak 2008, chapter 13.

Références

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