LGBT dans la science-fiction

Les thèmes LGBT dans la science-fiction incluent les lesbiennes, les gays, les bisexuels ou les transgenres dans la science-fiction, la Fantasy et d’autres genres apparentés.

Il peut s'agir d'intégrer un (ou plusieurs) personnage(s) LGBT comme personnage principal ou secondaire, ou d'aborder des thématiques, telles que l'exploration de la sexualité ou du genre, s'écartant de l’hétéronormativité. La science-fiction et la Fantasy sont traditionnellement des genres destinés à un lectorat masculin[1]. Cependant, la science-fiction peut aussi être vecteur d'imagination et de liberté pour les lecteurs. En effet, cette liberté peut constituer un support pour examiner les préjugés sexuels, en invitant le lecteur à reconsidérer ses hypothèses culturelles hétéronormatives. Ainsi, des critiques comme Nicola Griffith ont également prétendu que les lecteurs LGBT s’identifient fortement aux mutants, aux extraterrestres et aux autres personnages extérieurs que l’on retrouve dans la science-fiction.

Littérature

Dystopie

Dans les Histoires vraies, Lucien de Samosate, écrivain grec du IIe siècle, imagine le premier monde entièrement masculin où le héros se voit offrir en mariage le fils du roi Sélénites. La description des mœurs (mariage, naissance, reproduction) de ce peuple se veut très imagée par l’auteur.

Dans les nouvelles, Le crime et la gloire du Commandant Suzdal et Le rêveur aux étoiles de Cordwainer Smith sorti en 1955, la féminité est devenue cancérigène sur Arachosia, la planète de l’empire. Une femme médecin, le docteur Astarté Klaus, met donc en place une mutation pour que les femmes deviennent des hommes et élabore un système génétique de reproduction par inséminations et radiations afin que les hommes puissent porter des enfants de sexe masculin.

Dans le roman La Folle Semence de 1962 par Anthony Burgess, la terre est épuisée par la surpopulation. En lutte contre ce fléau, l’État n’autorise qu’un enfant par couple. Pour ce faire, il condamne le modèle familial et promeut l’homosexualité : au fronton du Ministère de l’Infertilité brille cette devise : « Qui dit sapiens, dit homo ».

Les Maîtres chanteurs, roman d’Orson Scott Card de 1978 présente Mikal, un empereur impitoyable qui se laissera attendrir par Ansset, un jeune Oiseau Chanteur formé pour chanter en harmonie avec lui.

Dans le roman Ethan d'Athos de Lois McMaster Bujold paru en 1986, le docteur Ethan Urquhart doit quitter la planète Athos, car les cultures ovariennes s’épuisent sur cette planète où les hommes vivent en communauté. Pour éviter une extinction de l’espèce, le docteur se propose pour chercher de nouvelles cultures.

Dans le roman Cyteen de 1988, C. J. Cherryh place au cœur de son récit la relation entre Justin et son azi, Grant, un être humain produit dans un but de servitude. Justin est le double génétique de son père Jordan, qui entretient lui-même une relation avec son propre azi, Paul.

Dans Le Rivage des intouchables de 1990, Francis Berthelot insinue discrètement l’homosexualité en abordant les amours considérés comme « contre nature », interdits entre deux peuples d’une même planète : les Gurdes, natifs du désert couvert d’écailles et les Yrvènes, des habitants des eaux à la muqueuse pigmentée. Il évoque ainsi les transvers qui essayent d’effacer les limites entre ces deux mondes ainsi qu' une maladie qui n’est pas sans rappeler le sida.

La nouvelle, Cocon de Greg Egan parue en 1995, est une réflexion subtile sur la place des lesbiennes dans la société moderne à travers une enquête futuriste sur l’explosion d’une unité de recherche en ingénierie génétique.

Le roman Hétéro par ci, Homo par le rat paru en 1999 de Cy Jung raconte la difficulté de la différence, mais dans un monde à l’envers : une maladie a décimé le monde, laissant les homos comme seuls survivants. À la suite de cet évènement pour le moins bouleversant, la société s’est réorganisée autour de cette nouvelle norme.

Avec Cosmoqueer, sorti en 2000 et Cosmoqueer vs Starstraight, de 2001, Kevin Saad invente un Space opera, mixant Star Wars avec Priscilla, folle du désert[2].

Les homosexuels côtoient aussi le fantastique dans le monde dans lequel nous évoluons, en tant que victimes d’un rituel sanglant dans Le Livre de Sang (1984) de Clive Barker. Dans Les Collines, les Cités, un couple gay, Mick et Judd, assiste à un combat de titans entre deux cités. Lui-même gay, Clive Barker a semé tout au long de son œuvre des personnages homosexuels. Dans Sacrements (1996), le protagoniste principal Will Rabjohns, photographe gay de grand renom, qui découvre un monde où l’horreur pure côtoie le merveilleux après un coma profond.

Dans la Fantasy, l’émergence de pouvoirs magiques ou parapsychologiques au moment de la puberté peut faire émerger des désirs sexuels pour des personnes du même sexe. Ainsi, dans L'Héritage d’Hastur (1975) de Marion Zimmer Bradley, les efforts de Régis Hastur pour réprimer ses pulsions homosexuelles se combinent avec le réveil de ses pouvoirs psys. De même, Vanyel dernier héraut mage de Valdemar, découvre l’étendue de ses pouvoirs dans la colère suivant la mort de son ami et amant Tylendel dans la Trilogie de la Magie (1990) de Mercedes Lackey. Ouvrage s’adressant directement à un public gay et lesbien, Cœur de Démon (2003) écrit par Claude Neix réunit toutes les ficelles de la fantasy : royaume, princes, guerre, assassinat et trahison mais en centrant l’histoire autour d’une histoire d’amour au masculin.

Dans le cycle Le Lion de Macédoine (2002) de David Gemmel, magie et mondes parallèles se mêlent à l’histoire de Philippe de Macédoine et d’Alexandre le Grand. Sans doute l’homosexualité présente dans ces livres est-elle plus due à la réputation des Grecs et de leur culture qu’à un souci d’aborder ce thème mais ce livre est néanmoins de ceux traitant de l’homosexualité à travers la science-fiction.

Contes

Princes charmés et Princes radieux, écrits par Peter Cashorali et datant respectivement de 1995 et de 1997, sont deux recueils présentant les contes traditionnels de Perrault, Grimm et Andersen avec une nouvelle grille de lecture, drôle, touchante et intelligente. Les histoires ne se terminent pas avec un mariage et beaucoup d’enfants.

De même, le mythe de la Belle et la Bête devient Le Roi des Chats dans le recueil Self-Made Man (1998) de Poppy Z. Brite.

Laetitio, le triton de La Boîte à Chimères sorti en 2000 de Francis Berthelot, veut devenir sirène pour séduire les matelots tandis qu’un père souhaitant repeupler la Terre, pratique une opération transsexuelle sur son fils Iscan devenant Iseut mère des nouveaux hommes.

Sorcières

Sara, de Marion Zimmer Bradley (1990), est une jeune femme qui reçoit en héritage une vieille maison de sa tante ainsi que ses mystérieux pouvoirs. En préparation du sabbat, elle est initiée sexuellement et maléfiquement par Tabitha, qui avait repris temporairement le rôle de la tante de Sara à la tête de la confrérie démoniaque.

La saga des sorcières de Mayfair d’Anne Rice met en scène l’histoire d’une lignée de sorcières dont les pouvoirs sont liés à l’union d’une femme par génération avec un esprit Lasher. Même si Julien n’est pas une de ces femmes de la lignée, il a une forte importance dans le déroulement des événements. S'il est officiellement bisexuel, ce sont plutôt ses conquêtes masculines qui sont évoquées.

Vampires

Dès 1819, John Polidori relate l’étrange relation entre un mortel et un noble vampire dans Le Vampire.

Sheridan Le Fanu raconte dans Carmilla (1872) une histoire de vampire lesbienne. Dans ce texte, l’héroïne partage le même toit que la magnifique et terrifiante Carmilla, et se dessine ainsi une interaction lesbienne entre les vivants et les morts.

Bram Stoker, dans son Dracula (1897) introduit des relations entre Lucy et Mina. Les deux femmes sont asexuées et soumises jusqu’à ce que Lucy commence à devenir vampire.

Dans les Chroniques de vampires (1976-2018) de Anne Rice, les relations qui se nouent entre Louis, Lestat, Armand sont très homosensuelles tout au long du cycle. Armand a été transformé en vampire par son maître et amant Marius et le trio Lestat, Louis et Claudia peut être interprété comme un modèle d’homoparentalité avec ces deux pères et leur fille.

Poppy Z. Brite combine dans Âmes Perdues (1992) le maléfique, la parapsychologie et un trio de vampires. Le roman met en scène des relations entre les vampires et leurs victimes humaines et relate la rencontre intense et passionnée entre un adolescent semi-vampire et un vampire qui s’avèrera être son père. Mêlant horreur et subversion, Brite continue à faire tomber les tabous entourant la sexualité dans ses recueils Eros Vampire 1 & 2.

Fantasy

Plus récemment, le roman Les Fortunes de Mathilde[3] (2021) de Benoît B., fait la part belle à une héroïne hermaphrodite ainsi qu'une petite troupe de femmes majoritairement homosexuelles ou bisexuelles. L'on y croise aussi des hommes ouvertement homosexuels.

Bandes dessinées, comics et mangas

Mangas

Films

Cinéma

Télévision

Prix de science-fiction LGBT

Notes et références

  1. (en) Marek Oziewicz, « Speculative Fiction », sur Oxford Research Encyclopedia of Literature, (DOI 10.1093/acrefore/9780190201098.001.0001/acrefore-9780190201098-e-78, consulté le )
  2. « Cosmoqueer », sur grimoire electronique m.o.g.a.i., (consulté le )
  3. « Les Fortunes de Mathilde » (consulté le )

Liens externes

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