Philippe II (roi de Macédoine)

Philippe II (en grec ancien : Φίλιππος / Phílippos), né en , mort assassiné en , est un roi de Macédoine de la dynastie des Argéades qui règne entre et . Il est le père d'Alexandre le Grand.

Pour les articles homonymes, voir Philippe II.

Philippe II
Φίλιππος

Médaillon de victoire à l'effigie de Philippe II, trésor de Tarse, IIIe siècle av. J.-C.
Titre
Roi de Macédoine
Prédécesseur Perdiccas III
Successeur Alexandre III
Biographie
Dynastie Argéades
Date de naissance
Lieu de naissance Pella
Royaume de Macédoine
Date de décès (environ 46 ans)
Lieu de décès Æges
Royaume de Macédoine
Nature du décès Assassinat
Père Amyntas III
Mère Eurydice
Fratrie Alexandre II
Perdiccas III
Euryone
Conjoint Phila
Audata
Philinna
Olympias
Nicesipolis (en)
Meda (en)
Cléopâtre
Enfants avec Phila :
Caranos
avec Audata :
Cynané
avec Phillina :
Philippe III de Macédoine
avec Olympias :
Alexandre III, dit le Grand
Cléopâtre
avec Nicesipolis :
Thessaloniké
avec Cléopâtre :
Europa
Religion Religion grecque antique
Résidence Pella
(Royaume de Macédoine)

Promoteur de profondes réformes politiques et militaires qui ont permis l'émergence de la Macédoine, il soumet les cités grecques, dont Athènes et Thèbes, et prépare l'expédition contre les Perses achéménides qu'Alexandre dirige après sa mort.

Biographie

Buste de Philippe II datant de l'époque hellénistique.

Naissance et jeunesse

Philippe est l'un des trois fils du roi Amyntas III et d'Eurydice. Par son ancêtre légendaire Caranos, fondateur de la dynastie argéade, il descendrait d'Héraclès. Cette tradition est notamment rapportée par Isocrate dans son Discours à Philippe, ou de façon postérieure par l'historien Plutarque dans la Vie d'Alexandre. Se prévaloir d'une ascendance divine est un élément courant de propagande chez les monarques antiques.

Son père étant assassiné en , c'est son frère aîné Alexandre II qui est proclamé roi de Macédoine. Celui-ci intervient dans un conflit en Thessalie, mais ne parvient pas à s'imposer. Il doit se résoudre à accepter une alliance avec la cité de Thèbes, alliance qui est scellée par l'envoi de son jeune frère comme otage. En , alors qu'il est âgé de 14 ans, Philippe est donc envoyé en otage à Thèbes en Béotie. Bien traité, il y aurait appris l'art de la guerre en observant Épaminondas. Il y reste jusqu'à l'âge de 17 ans, soit jusqu'en .

Prise du pouvoir

De retour en Macédoine, Philippe prend le pouvoir à la mort de son frère Perdiccas III en  : il épouse la veuve de celui-ci, conformément à la coutume, et au cours de l'été , il est désigné comme tuteur de son neveu, le fils mineur de Perdiccas, Amyntas IV, qu'il écarte un peu plus tard en se faisant proclamer lui-même roi par l'assemblée du peuple macédonien. Au moment de son avènement, Philippe n'a que 23 ans. Il affronte une situation difficile, puisque la survie du royaume de Macédoine est menacée par les Illyriens. En outre, les Péoniens, les Odryses de Thrace, voisins de la Macédoine, ainsi que les Athéniens, ont tout avantage à un affaiblissement du royaume. Philippe commence par éliminer ses rivaux potentiels, dont le prétendant Argaios III de Macédoine, soutenu par Athènes, en 360 (même problème de date). Il doit ensuite se résoudre à accepter la suzeraineté de Bardylis, roi des Illyriens, dont il épouse la fille, Audata. Il conclut également un traité de paix avec Athènes, à qui il laisse les mains libres à Amphipolis. En , Philippe, de retour de son expédition contre les Scythes, se voit refuser le passage du mont Hémos par les Triballes à moins de partager son butin. Au cours du combat qui s’ensuit, Philippe est vaincu et perd l'usage d'une main et d'une jambe[A 1].

Réformes militaires

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Lorsque Philippe II arrive au pouvoir, ce dernier se retrouve avec une armée anéantie à la suite des affrontements avec les Illyriens. Dans l’optique de renforcer la position de la Macédoine dans l’échiquier politique de la Grèce, il entreprend de vastes réformes militaires. Ces réformes lui permettront d’obtenir un instrument militaire efficace grâce auquel il va imposer son hégémonie à toute la Grèce continentale.

Philippe II commence par professionnaliser son armée qui devient permanente. Le cœur de l’armée macédonienne se trouve dans l’infanterie avec la phalange qui fait sa renommée à travers l'histoire. L’idée d’avoir une armée permanente s’inspire du bataillon sacré thébain, seule unité véritablement professionnelle de l’armée civique de Thèbes qui démontre sa supériorité lors de la bataille de Leuctres en face aux Spartiates. Les réformes concernant l’infanterie se situent dans la composition de l'équipement mais également dans les tactiques de combats utilisées. Le soldat macédonien, armé par le roi, obtient un armement défensif plus léger que le soldat hoplitique classique. Ces changements se traduisent par un abandon de la cuirasse en bronze (dorénavant réservée aux officiers) au profit d’un linothorax (cuirasse en lin). Le bouclier rétrécit, passant de 90 cm de diamètre à 60 cm permettant de rendre les formations plus compactes. On constate également un abandon du casque corinthien pour un modèle plus léger basé sur le casque phrygien, seules subsistent les jambières (cnémides). Pour ce qui est de l’armement offensif, véritable enjeu de la réforme, les phalanges macédoniennes se voient dotées d’une sarisse (lance dont la longueur varie entre 3,50 m et 7,40 m et dont les extrémités ont une pointe en fer). Dû à sa longueur, la sarisse se portait à deux mains, le bouclier reposant sur l’épaule, tenue par une courroie de suspension. La phalange macédonienne, par la légèreté de son équipement en comparaison des phalanges hoplitiques (dont la panoplie pèse 35 kg) peut se déplacer plus rapidement et avec plus de fluidité, ce qui apportait un avantage tactique décisif lors des affrontements. D’après Polybe[réf. nécessaire], la phalange macédonienne se forme sur 16 rangs contre 8 pour les phalanges hoplitiques, sur les 16 rangs seuls les 5 premiers abaissaient leurs sarisses. La profondeur de la phalange permet de tenir plus longtemps le choc tandis que l’allonge de la sarisse permet aux soldats macédoniens de porter des coups à l’ennemi sans être eux-mêmes exposés (la lance du soldat hoplitique mesure 2,5 m).

Pour exécuter les manœuvres, Philippe II fait régulièrement pratiquer des exercices en formation à ses phalanges, ce à un niveau rarement vu jusque-là. Ces entraînements permettent à l’unité de la phalange, la syntagma (256 hommes), de créer une cohésion de groupe lui permettant de garder sa formation lors des manœuvres sur le champ de bataille mais également d’appliquer des tactiques inter-armes. Philippe II dans ces tactiques de combat s’inspire encore une fois des Thébains en reprenant la formation oblique mise au point par Épaminondas. Les effectifs de l’infanterie de l’armée de Philippe II augmentent grandement au cours de son règne, passant de 10 000 hommes en 359 à presque 30 000 lors de la bataille de Chéronée en 338. Parmi ces troupes de pied se trouve un corps d’élite, les hypaspistes (porteurs de bouclier), considérés comme les gardes royaux, leur nombre est estimé à 3 000 hommes. La phalange macédonienne devient l’unité classique des armées du monde grec pendant les trois siècles qui suivent sa création.

Cependant les réformes militaires ne concernent pas seulement la phalange. En effet, la cavalerie macédonienne se retrouve elle aussi fortement remaniée. On constate au cours du règne de Philippe II que les effectifs de la cavalerie augmentent fortement passant de 300 lorsqu’il prend la tête du royaume en 359, à près de 3 000 lors de la bataille de Chéronée en 338. Le cavalier macédonien, issu généralement de la haute aristocratie, est réputé plus lourd que ses homologues grecs. Ce dernier est équipé d'une cuirasse de métal, d'un casque de métal ainsi que de jambières. La nouveauté apportée par Philippe II se situe dans l'armement offensif : en plus de la maichara (une petite épée recourbée utilisée pour les combats individuels), on constate l'emploi d'une pique mesurant m appelée xysthon. L'utilisation de cette arme montre la volonté d’obtenir une cavalerie de choc, fait relativement nouveau pour les Grecs. Cette volonté résolument offensive de la cavalerie macédonienne se confirme avec l'apparition d'une nouvelle tactique de combat, la formation en pointe (ou en triangle). Cette formation a pour fonction de déstabiliser et de disloquer la phalange hoplitique, guère habituée à ce nouveau style de combat. En l’absence d’étriers, la charge se mène dans les derniers mètres avant l'impact. La formation en pointe présente également l'avantage de garder une cohésion d'ensemble lors des manœuvres. Philippe II a également augmenté le potentiel de sa cavalerie en répartissant cette dernière au sein d'unités tactiques comptant 250 cavaliers, cet escadron est alors appelé ilé. Au sein de la cavalerie macédonienne se retrouve également un escadron royal composé de 300 cavaliers formant l'agèma, (garde royale).

Un dernier élément est introduit dans l’art de la guerre par la mise en place d’une réserve. La réserve consiste à ne pas déployer d’entrée l’ensemble des troupes disponibles mais à en économiser une partie pour qu'elle soit utilisée pour l’attaque décisive.

Cette réforme militaire, qui se fait progressivement au cours du règne de Philippe II, est en partie responsable des succès de l'armée macédonienne dans le futur, notamment lors de l'expédition d'Alexandre le Grand[1].

Renforcement de la Macédoine

Philippe estime que la Macédoine doit lutter contre la menace des peuples voisins, Péoniens et Illyriens notamment. Fort d’une armée qu'il a reformée, Philippe affronte et vainc d'abord les Péoniens qui menacent le Nord de la Macédoine. Au printemps , il remporte une grande victoire sur les Illyriens. Bardylis, le roi illyrien des Dardaniens, est tué et ses troupes sont massacrées dans la vallée de l’Érigon. La frontière avec l’Illyrie est repoussée au-delà du lac Lychnidos (lac d'Ohrid)[2]. En Haute-Macédoine, Philippe impose son autorité en éliminant les dynastes et en les obligeant à s’installer à Pella[3]. À l’automne, il intervient en Thessalie à l’appel de la cité de Larissa, ennemie de Phères. Il épouse en troisième noces la thessalienne Philinna, probablement membre de l'aristocratie de Larissa, afin de réconcilier les deux cités[4].

Philippe souhaite également doter son royaume d'une grande façade maritime, la Macédoine n'ayant alors qu'un accès limité à la mer Égée. Il se tourne alors vers l'est et occupe la Chalcidique. Il s'empare au passage de cités qui sont des colonies ou des alliées d'Athènes, comme Amphipolis qu'il assiège en , Pydna ou Potidée. Il semble probable qu'un traité secret ait lié Philippe à Athènes, comme l'affirme Théopompe, Philippe devant prendre la ville d'Amphipolis pour le compte des Athéniens ; il y a là un renversement de rapport de force net par rapport à la situation de , et ce d'autant plus que Philippe ne tient pas sa promesse, et conserve la cité pour son compte.

En , Philippe s'empare de la cité de Crénidès, sur l'île de Thassos, et surtout de ses mines d'or, ce qui n'est pas négligeable pour le financement du conflit. Il arrache également aux Athéniens la cité de Méthone sur le golfe Thermaïque, malgré l'envoi d'une flotte par Athènes. Philippe perd un œil au cours de la bataille. Enfin, il prend Abdère, près de l'embouchure du Nestos, et Maronée (en) sur la côte thrace.

Intervention dans les affaires de Thessalie et de Phocide

Philippe intervient ensuite dans la troisième guerre sacrée, à l'appel de Thèbes et de la Ligue thessalienne. Il est battu à deux reprises par Onomarchos, stratège des Phocidiens, et doit battre en retraite, bien décidé cependant à revenir. En , il investit la Thessalie et vainc Onomarchos à la bataille du Champ de Crocus. Il fait crucifier le cadavre du stratège vaincu et fait jeter à la mer plus de 3 000 prisonniers phocidiens, châtiment réservé aux sacrilèges. Dans la foulée, il s'empare de Phères et se fait élire à la tête de la Ligue thessalienne. Alors qu'il poursuit les Phocidiens, il est arrêté dans le défilé des Thermopyles par une coalition athénienne et spartiate alliée à la Ligue achéenne. Malgré cet échec, Philippe a marqué les cités grecques par sa puissance et les menace désormais directement.

À partir de 352, Philippe reprend la politique d'expansion de son royaume vers le nord-est et se tourne vers la Thrace, divisée en trois royaumes depuis la mort de Cotys, roi des Odryses. À l'appel de l'un des rois, il assiège la forteresse d'Héraion Teichos (en), au bord de la Propontide. Ce mouvement menace directement les intérêts athéniens, à la fois à cause de leurs clérouquies de Chersonèse, mais aussi à cause de leur approvisionnement en blé. Athènes vote d'abord l'envoi d'un contingent massif, mais la nouvelle exagérée d'une maladie de Philippe les dissuade de l'envoyer effectivement, à tort : Philippe prend Héraion Teichos et livre la forteresse à la cité de Périnthe, qui avait également fait appel à lui.

Alors que les cités grecques l'ont tenu pour quantité négligeable, elles le craignent désormais. C'est à ce moment que Démosthène compose la première de ses Philippiques. Dans ces discours, Démosthène présente Philippe comme un barbare et un ivrogne. Cette image de propagande est, jusqu'au XIXe siècle, prise pour une réalité, et présente la Grèce du Nord comme un pays sans culture digne de ce nom[5].

Affrontement avec Athènes

La domination macédonienne en Chalcidique n'est pas assurée alors que la puissante Ligue chalcidienne, dominée par Olynthe, s'oppose à lui et s'allie à Athènes. À l'été , Démosthène prononce la première de ses Olynthiennes afin d'encourager les Athéniens à soutenir militairement la Ligue. Philippe encourage l'Eubée à se révolter contre Athènes avec pour objectif d'empêcher les Athéniens d'aider Olynthe. Dès lors, il peut s'en emparer facilement en  : Olynthe et Stagire (cité natale d'Aristote) sont entièrement rasées et leurs habitants vendus comme esclaves. La Chalcidique devient définitivement macédonienne.

Jusque-là, que ce soit par l'intermédiaire d'Olynthe ou de l'Eubée, on voit que l'affrontement entre Athènes et la Macédoine a surtout eu lieu par « alliés » interposés. En , Eubule, dirigeant athénien pro-macédonien, envoie à Pella une ambassade (composée entre autres de Philocrate, d'Eschine et de Démosthène) afin de négocier une trêve : ce traité, dit « paix de Philocrate » est un statu quo territorial, à travers lequel Athènes reconnaît la domination macédonienne en Chalcidique et abandonne la Phocide. La même année, à Athènes, le rhéteur Isocrate accueille favorablement cette paix en écrivant son discours politique Philippe, dans lequel il s'adresse directement au roi de Macédoine, l'invitant à réaliser l'union des cités grecques et à faire la guerre à la Perse achéménide, concrétisant ainsi l'idéal panhellénique. Eubule et Isocrate incarnent donc l'existence d'un courant pro-macédonien actif au sein de l'élite athénienne.

En , Philippe fait de la Thrace une province de la Macédoine et y fonde plusieurs cités. Cette volonté d'implantation macédonienne en Grèce du Nord-Est provoque des révoltes, notamment celle de Byzance, soutenue par Athènes. En , Démosthène prononce sa Troisième Philippique pour convaincre les Athéniens de la nécessité d'entrer en guerre contre Philippe. Dès lors, l'affrontement direct entre Philippe et Athènes apparaît inévitable.

Hégémonie macédonienne et la Ligue de Corinthe

Le royaume de Macédoine à la mort de Philippe II.

En , le Conseil amphictyonique, à l'initiative d'Eschine, décide une quatrième guerre sacrée contre une cité de Locride, Amphissa, accusée d'avoir cultivé une terre sacrée. Philippe y voit l'occasion de pousser son influence en Grèce-Centrale de façon définitive. Il se fait accorder la tête de l'expédition, détruit Amphissa et progresse en Phocide et en Béotie jusqu'aux portes de l'Attique. Face à cette menace, les cités rivales de Thèbes et d'Athènes finissent par s'allier. En , les armées de Philippe et de son fils Alexandre (à la tête de la cavalerie) battent les troupes grecques coalisées à la bataille de Chéronée. Cette victoire lui assure l'hégémonie en Grèce.

Athènes subit la perte d'un millier d'hommes et compte plus de 2 000 prisonniers. Elle est contrainte de signer la paix de Démade, d'intégrer la coalition macédonienne et d'accorder à Philippe la citoyenneté athénienne. Elle peut néanmoins conserver sa flotte. Il est probable que Philippe songe à utiliser cette dernière contre les Perses. Thèbes est plus sévèrement punie : la cité est occupée par une garnison macédonienne, la Ligue de Béotie est dissoute. En , Philippe réunit les cités grecques lors du congrès de Corinthe et fonde la Ligue de Corinthe ou Ligue des Hellènes. Il est fait interdiction aux cités grecques de se battre entre elles mais elles conservent leur autonomie et leurs institutions propres. Ayant mis fin aux différends qui opposaient les cités grecques entre elles, Philippe aurait déclaré : « J'ai fait le bornage de la terre de Pélops »[Note 1]. Sparte, la Crète et les cités de Grande-Grèce, restées neutres, n'entrent pas dans cette ligue.

Expédition contre les Perses

La ligue de Corinthe, fondée en , devient rapidement une alliance militaire (symmachie) ayant pour finalité l'invasion de l'Asie Mineure alors sous la tutelle des Perses achéménides, le prétexte étant de venger la profanation des sanctuaires grecs lors des guerres médiques et de « libérer » les cités grecques d'Ionie et de Lydie notamment. Philippe fait donc appel au début de l’année à ses deux généraux de confiance, Parménion et Attale, pour diriger un corps expéditionnaire, profitant de l'affaiblissement de l'Empire perse à la suite de la mort d'Artaxerxès III. À la tête de 10 000 hommes et aidé par les cités d'Éphèse et Cyzique, Parménion remporte plusieurs victoires, comme à Magnésie du Méandre. Il s’empare de Grynéion (en), près de Pergame, pour ensuite se diriger vers PitanéMemnon de Rhodes, alors à Cyzique pour réprimer la cité, revient pour en assurer la défense. Mais le siège de Pitané échoue, malgré l’arrivée de renforts et il doit se replier en Troade, puis à Abydos. Cette première campagne n’est pas couronnée de succès, et rares sont les cités grecques qui se déclarent en faveur des Macédoniens.

Au cours de l’été 336, Philippe est assassiné dans le théâtre d'Aigeai où il célèbre le mariage de sa fille Cléopâtre avec le roi d'Épire, Alexandre le Molosse, frère d’Olympias. L'assassin est un jeune noble et garde du corps (sômatophylaque), Pausanias d'Orestide, qui garde une rancune envers le roi après avoir subi un viol[6]. Cet assassinat a peut-être été commis à l’instigation des Perses, voire d’Olympias afin d'assurer l'accession au trône d'Alexandre. Aucune preuve ne vient corroborer ces suspicions, Pausanias étant en effet immédiatement tué par Perdiccas. Il est tout de même fait mention d'une lettre adressée par Alexandre à Darius III dans laquelle il blâme le grand roi pour le meurtre de son père[A 2]. La mort de Philippe ne change rien aux plans d'invasion : Parménion fait allégeance à Alexandre qui rejoint le corps expéditionnaire à Abydos en .

Bilan de son règne

Tétradrachme à l'effigie de Zeus.

Par sa politique d'expansion, Philippe est parvenu à tripler la surface du royaume de Macédoine en annexant la Haute-Macédoine (dont la Lyncestide et Orestide), les territoires situés à l'est de l'Axios (dont la Thrace) et la Chalcidique. Il entreprend dans ce contexte de profondes réformes administratives en mêlant les institutions traditionnelles macédoniennes et celles de la Ligue chalcidienne : la Macédoine est ainsi divisée en quatre districts régionaux (ou mérides) autour de communautés civiques (cités ou ethné). L'équipement et la tactique de l'armée macédonienne connaissent par ailleurs des améliorations décisives qui servent la domination militaire mais aussi de levier social pour les couches « moyennes ». Les arts connaissent enfin un formidable essor comme en témoignent les tombes royales d'Aigéai (actuelle Vergina) ; il montre aussi son attachement à la « sagesse grecque » en accueillant Aristote à la cour de Pella[7].

Finalement, Philippe a forgé l'outil politique et militaire qui permet à Alexandre le Grand de conquérir l'immense Empire perse et de faire de la Macédoine une puissance hégémonique durant l'époque hellénistique. Il est considéré par le philosophe péripatéticien Théophraste comme le plus grand des rois de Macédoine, non seulement par sa fortune, mais encore par sa sagesse et sa modération.

Nécropole

Les historiens et archéologues estiment que le corps de Philippe a été placé dans la nécropole royale de Vergina, site grec correspondant à celui de l'antique Aigai, première capitale du royaume de Macédoine, la tombe exacte faisant encore l'objet de discussions entre spécialistes[8].

Après la bataille de Chéronée, il fait ériger à Olympie, le Philippeion en l'honneur de son père Amyntas III, de sa mère Eurydice, de son épouse Olympias et de son fils Alexandre.

Épouses et descendance

Roi polygame, comme telle est la coutume en Macédoine, Philippe aurait eu pas moins de sept épouses d'après un fragment de son biographe Satyros de Callatis préservé par Athénée[A 3]. Il s'agit dans l'ordre chronologique de :

Certaines sources, comme Pausanias[A 4], le considèrent comme le père de Ptolémée Ier, fondateur de la dynastie lagide.

Évocation artistique

Philippe a été incarné au cinéma par les acteurs suivants :

Notes et références

Notes

  1. En grec ancien : ὥρισα γῆν Πἐλοπος. Ce mot est rapporté par la Vita Marciana, voir Jean Aubonnet, Introduction à la Politique d’Aristote, édition des Belles Lettres, 1968, p. LXI.

Références antiques

  1. Démosthène, Discours sur la couronne, 67-68.
  2. Arrien, Anabase II, 6.
  3. Athénée, Banquet des Deipnosophistes, XIII, 5.
  4. Pausanias, Description de la Grèce, 1.6.2.

Références bibliographiques

  1. Paul Goukowsky, Le monde grec et l'Orient : Alexandre et la conquête de l'Orient, t. 2, PUF, coll. « Peuples et Civilisations », (1re éd. 1975), p. 326.
  2. (en) James R. Ashley, The Macedonian Empire : The Era of Warfare Under Philip II and Alexander the Great, 359-323 B.C., McFarland, , 496 p. (ISBN 978-0-7864-1918-0, présentation en ligne).
  3. Pierre Carlier, Le IVe siècle grec jusqu’à la mort d’Alexandre, Paris, Seuil.
  4. (en) Joseph Roisman et Ian Worthington, A Companion to Ancient Macedonia, John Wiley & Sons, , 696 p. (ISBN 978-1-4443-5163-7, présentation en ligne).
  5. Grande Galerie - Le Journal du Louvre, no 17, sept./oct./nov. 2011.
  6. (en) Paul Doherty, Alexander the Great : The Death of a God, Hachette UK, , 223 p. (lire en ligne).
  7. Sur le bilan de son règne voir Jean Leclant (dir.), Dictionnaire de l'Antiquité, PUF, coll. « Quadrige », , 2464 p. (ISBN 2-13-055018-5), p. 1 718.
  8. « A-t-on retrouvé les restes de Philippe II de Macédoine, le père d'Alexandre le Grand ? » « Copie archivée » (version du 8 septembre 2016 sur l'Internet Archive), sciencesetavenir.fr, 21 juillet 2015.

Annexes

Sources antiques

Bibliographie

  • André Aymard, Le monde Grec au temps de Philippe II de Macédoine et d'Alexandre le Grand, Centre de Documentation Universitaire, 1976.
  • Pierre Carlier, Le IVe siècle grec jusqu’à la mort d’Alexandre, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l'Antiquité », 1996, (ISBN 2-02-013129-3).
  • Victor Davis Hanson, Les Guerres grecques 1400-146 av. J.-C., Autrement, 1999.
  • Victor Chapot, Philippe II de Macédoine, Desclée de Brouwer, 1936.
  • Paul Cloché, Un fondateur d'Empire : Philippe II de Macédoine 383-, Dumas, 1955.
  • Paul Cloché, Histoire de la Macédoine, jusqu'à l'avènement d'Alexandre le Grand, , Payot, 1960.
  • Catherine Grandjean, Geneviève Hoffmann, Laurent Capdetrey, Jean-Yves Carrez-Maratray, Le Monde Hellénistique, Armand Colin, Collection U, 2017, 396 pages
  • Jean-Nicolas Corvisier, Philippe II de Macédoine, Fayard, 2002.
  • Louïza D. Loukopoúlou, George Cawkwell, Miltiadis V. Chatzopoulos et Manolis Andronikos, Philippe de Macédoine, Bibliothèque des Arts, 1982 - Office du Livre, Fribourg, 1982.
  • Arnaldo Momigliano, Antoine Malamoud et Giampiera Arrigoni Philippe de Macédoine. Essai sur l'histoire grecque au IVe siècle, éditions de l'Éclat, 1992 (1re édition 1934).
  • Claude Mossé, Le monde grec et l'Orient : Le IVe siècle, t. 2, PUF, coll. « Peuples et Civilisations », (1re éd. 1975), 702 p. (ISBN 2-13-045482-8).
  • Geneviève Rives-Gal, Funérailles, politique et idéologie monarchique dans le royaume de Macédoine de Philippe II à Démétrios Poliorcète (336-), Toulouse, 1996, Presses universitaires du Septentrion, 2002.
  • (en) Richard A. Billows, Kings and colonists : Aspects of Macedonian imperialism, E. J. Brill, Leiden, 1995.
  • (en) Eugene N. Borza, Before Alexander : Constructing early Macedonia, Regina Books, 1999.
  • (en) Eugene N. Borza et Lindsay Adams, Philip II, Alexander the Great, and the Macedonian heritage, Art Institute of Chicago, Ares Publishers, University Press of America, 1982.
  • (en) Kate Mortensen, The inter-relationship of Philip's wives, Ancient Macedonia VI, 1999, 800 p.
  • Francis Prost, Armées et sociétés de la Grèce classique, Aspect sociaux et politiques de la guerre aux Ve et IVe siècles av. J.-C., Errance, Paris, 1999.
  • Giusto Traina, MONDES EN GUERRE, Tome 1. De la préhistoire au Moyen-Âge, Passés Composés et Ministère des Armées, Paris, Septembre 2019.

Articles connexes

Liens externes

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