Histoire de la grammaire hébraïque

La philologie hébraïque comprend la grammaire hébraïque, étude systématique des règles qui régissent l'hébreu, et la lexicographie hébraïque, établissement de son vocabulaire.

Pendant une longue période, qui s'étend du Moyen Âge au XVIIIe siècle, l'effort des hébraïsants sera exclusivement consacré à la détermination des règles présidant à l'idiome principal de la Bible hébraïque, visant à conserver avec exactitude toutes les subtilités du Texte révélé et la langue, dont la maîtrise a été perdue au cours des exils successifs du peuple juif[1]. La philologie hébraïque peut d'ailleurs être considérée comme la seule science spécifiquement juive du Moyen Âge, et le demeure jusqu'à la Réforme protestante, où l'étude de l'hébreu biblique est introduite dans le monde chrétien.

Avec la Haskala, équivalent juif du mouvement des Lumières, puis surtout avec la montée vers la terre d'Israël de Juifs venus d'horizons divers sans partager une langue commune, une nouvelle forme d'hébreu moderne, dont la grammaire est davantage basée sur l'hébreu mishnaïque que l'hébreu biblique, et dont le lexique doit être adapté à l'ère actuelle et souvent réinventé, voit le jour.

Histoire de la linguistique hébraïque au Moyen Âge et à la Renaissance

La grammaire hébraïque se développe sur les bases de la Massorah, une tradition visant la conservation minutieuse du texte biblique, mais qui ne s'occupe pas de ses mécanismes. Bien que les ouvrages massorétiques du IXe siècle comporte déjà des notions grammaticales en germe, et que certaines traditions orales de grammaire aient pu se développer auparavant, Saadia Gaon (le Rassag) est considéré comme le premier à avoir produit une étude systématique de la langue hébraïque, tant de sa grammaire que de son lexique.
Par le biais de ses trois ouvrages principaux en la matière, le Sefer HaEgron, le Kutub al-Lughah, et le Kitāb al-Sabʿīn Lafẓa al-Mufrada, il développe les bases non seulement de la philologie hébraïque, mais aussi de la philologie comparée des langues sémitiques, car il n'hésite pas à comparer l'hébreu biblique à l'hébreu de la Mishna, l'araméen et l'arabe afin d'en élucider le sens. Cette dernière voie est approfondie par Dounash ibn Tamim et Juda ibn Kuraysh, tandis que les considérations grammaticales trop sommaires du Rassag sont affinées ou remplacées au fil des disputes qui ont lieu en al-Andalus entre Dounash ibn Labrat et Menahem ibn Sarouk, poursuivie par Yehoudi ben Sheshet et les disciples de Menahem, dont Juda Hayyuj, puis par Samuel ibn Nagrela et Yona ibn Jannah, le plus éminent des hébraïsants médiévaux.

Le savoir grammatical d'al-Andalus se diffuse à l'Europe chrétienne (principalement le sud de la France et l'Italie) par le biais d'Abraham ibn Ezra et Joseph Kimhi, dont le fils, David, établit le système d'apprentissage de la grammaire le plus abondamment utilisé par les hébraïsants ultérieurs, juifs et chrétiens. Il a cependant le désavantage de privilégier les paradigmes au détriment de la discussion théorique, ce qui lui sera reproché par divers auteurs, dont Profiat Duran est le plus éminent. Parallèlement, la lexicographie hébraïque évolue, et les premières correspondances bibliques ainsi que les premiers dictionnaires d'hébreu post-biblique apparaissent.

Notes et références

Source

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