Histoire de l'United States Army

L’histoire de l'United States Army remonte à 1775, date de sa création. L'United States Army est l’une des principales composantes des forces armées des États-Unis. Elle est principalement chargée du combat au sol et de l'occupation militaire. Elle demeure dans un format relativement petit en temps de paix jusque dans les années 1940. Après la Seconde Guerre mondiale et avec l’avènement de la Guerre froide, le nombre de militaires actifs reste conséquent. En 1947, l'United States Air Force devient complètement indépendante des forces aériennes de l'US army. L'US Army est sous le contrôle du Département de la Guerre des États-Unis jusqu'en 1947. Elle dépend depuis du Département de l'Armée des États-Unis et du Département de la Défense des États-Unis. L'armée américaine a combattu lors de nombreuses guerres ; on peut citer la guerre d'indépendance des États-Unis, la guerre anglo-américaine de 1812 (1812-1815), la guerre de Sécession (1861-1865), la guerre hispano-américaine (1898), la Première Guerre mondiale (1917-1918), la Seconde Guerre mondiale (1941-1945), la Guerre de Corée (1950-1953) et la guerre du Viêt Nam (1965-1971). Après la fin de la guerre froide en 1991, les guerres ont eu lieu au Moyen-Orient, avec la guerre du Golfe en 1991, et la guerre d'Irak, et de la guerre d'Afghanistan.

United States Army

Sceau de la United States Army.

Création (246 ans, 86 jours)
Pays États-Unis
Type Armée de terre
Effectif 546 047 militaires actifs
557 246 réservistes et gardes nationales
total: 1 105 301[1]
490 000 militaires actifs d'ici 2 017[2]
Fait partie de 1789-1947: Département de la Guerre des États-Unis
1947-présent: Département de l'Armée des États-Unis
Couleurs Noir, or
Devise This We'll Defend
(Cela nous le défendrons)
Anniversaire U.S. Army Birthdays (en), le 14 juin.
Guerres Guerre d'indépendance des États-Unis
Guerres indiennes
Guerre anglo-américaine de 1812
Guerre américano-mexicaine
Guerre de l'Utah
Guerre de Sécession
Guerre hispano-américaine
Guerre américano-philippine
Révolte des Boxers
Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Guerre de Corée
Guerre du Viêt Nam
Guerre du Golfe
Guerre civile somalienne
Guerre du Kosovo
Guerre d'Afghanistan
Guerre d'Irak
Commandant Raymond T. Odierno

Lorsque la Révolution américaine débute en , les révolutionnaires coloniaux ne disposent pas encore d’armée. Auparavant, chaque colonie s’appuyait sur une milice (Militia (United States) (en)), composée de civils et soldats à temps partiel. Les premiers ordres du Congrès des États-Unis autorisent la création de dix compagnies de fusiliers. Le premier plein régiment d'infanterie, le 3e régiment d'infanterie n'est créé qu'en . Après la guerre, l'Armée continentale a rapidement été démantelée en raison de la méfiance des Américains envers les armées permanentes. Les milices irrégulières des États redeviennent la seule armée de terre de la nation, à l'exception du First American Regiment (en) chargé de garder les frontières du Territoire du Nord-Ouest et d'une batterie d'artillerie chargée de défendre l'arsenal de West Point.

Lors de la guerre anglo-américaine de 1812, les troupes américaines tentent une invasion du Canada qui échoue, et elles ne peuvent empêcher l’incendie de Washington par les troupes Britanniques. Cependant, l'armée régulière, menée par les généraux Winfield Scott et Jacob Brown, s'avère finalement suffisamment professionnelle et capable de contrer une invasion majeure de l'armée britannique lors de la campagne du Niagara de 1814. Entre 1815 et 1860, le rôle principal de l'armée est le contrôle des Indiens de l'Ouest et des stations côtières d'artillerie situées dans les principaux ports. Les États-Unis utilisent des unités régulières et de nombreuses unités de volontaires pour lutter contre le Mexique entre 1846 et 1848. Au début de la guerre civile américaine, l'armée régulière américaine est relativement faible et généralement chargée de défendre les frontières contre les attaques des Amérindiens. Après la guerre civile, l'armée américaine poursuit sa longue bataille contre les Amérindiens, qui résistent à l'expansion des États-Unis sur le territoire nord-américain.

Pour combattre dans la Première Guerre mondiale, le Département de la Guerre des États-Unis forme, en 1917, une armée constituée à la fois de conscrits et de volontaires. Ce schéma est reproduit lors de la Seconde Guerre mondiale (Army of the United States (en)). La fin de la Seconde Guerre mondiale initie la Guerre froide. Les troupes américaines et leurs alliés combattent les forces communistes en Corée et au Vietnam (voir Théorie des dominos). Les années 1980 sont pour l’essentiel une décennie de réorganisation. L'armée se convertit en une force entièrement professionnelle et bénévole mettant davantage l'accent sur la formation et la technologie. À partir de 1989, la guerre froide tire à sa fin et l'armée réagit en commençant à planifier une réduction de ses forces. Après l’opération Desert Storm, l'armée ne participe plus à aucune grande opération avant le début des années 2000. Après les attentats du 11 septembre 2001, et dans le cadre de la guerre mondiale contre le terrorisme, les États-Unis envahissent l'Afghanistan en 2001, puis l'Irak en 2003. La participation des troupes de l’US Army dans ces conflits sera prépondérante.

Armée continentale

Origine

Lorsque la Révolution américaine commence à la bataille de Lexington et Concord en , les révolutionnaires coloniaux ne disposent pas d’une armée de métier. Chaque colonie s'appuie sur sa milice, composée de civils, soldats à temps partiel (Militia (United States) (en)), pour la défense locale. Les colonies ne constituent des régiments provinciaux que de manière temporaire pour résoudre des crises spécifiques comme lors de la guerre de la Conquête. Alors que les tensions avec la Grande-Bretagne augmentent dans les années qui précédent la guerre, les colons, introduisent une réforme de leur milice afin de se préparer pour un conflit potentiel. La formation des miliciens s'accélère après la promulgation des actes intolérables par le Parlement britannique en 1774. Des colons tels que Richard Henry Lee proposent alors la création d'une force nationale, mais le Premier Congrès continental rejette l'idée[3]

Le , le Congrès de la Province du Massachusetts autorise la levée d'une armée coloniale composée de 26 régiments. Il est rapidement suivi dans cette entreprise par le New Hampshire, le Rhode Island et le Connecticut qui lèvent des troupes mais en plus petit nombre. Le , le Second Congrès continental décide la création d'une armée continentale à des fins de défense commune, en intégrant les forces qui assiègent Boston (22 000 soldats) et à New York (5 000). Il décide également la levée des dix premières compagnies de troupes continentales sur la base d’un engagement d'un an, des fusiliers de Pennsylvanie, du Maryland, du Delaware et de la Virginie utilisés comme infanterie légère, qui deviendra le 1er Régiment Continental (1st Pennsylvania Regiment (en)) en 1776. Le , le Congrès nomme George Washington en tant que Commandant en chef par un vote unanime[4],[5],[6].

Organisation

Les premiers ordres du Congrès autorisent la création de dix compagnies de fusiliers. Cependant, le premier régiment complet d'infanterie de l'US Army, le 3e régiment d'infanterie n'est opérationnel qu'en (First American Regiment (en)). Après l'autorisation de la création d'une armée continentale, le Congrès crée le plusieurs départements pour soutenir les opérations de l'armée. Ces quatre départements sont plus tard renommés comme Corps : le Adjutants General of the U.S. Army (en), le Corps des ingénieurs de l'armée des États-Unis, le Finance Corps (en) et le Quartermaster Corps (United States Army). Le Congrès autorise par la suite la création des unités d’artillerie de campagne et de la cavalerie des États-Unis, respectivement en et [7].

  • L'armée continentale de 1775 est organisée par Washington en trois divisions, six brigades, 38 régiments. Dix régiments sont placés sous les ordres du major-général Philip Schuyler à New York qui doit envahir le Canada.
  • L'armée continentale de 1776, est réorganisée avec l'arrivée à terme de la période initiale d'engagement des soldats. Washington soumet des recommandations au Congrès Continental presque immédiatement après sa nomination au poste de commandant en chef, mais ceux-ci ont pris le temps d'examiner et de les mettre en œuvre. Et malgré les tentatives pour élargir la base de recrutement au-delà de la Nouvelle-Angleterre, l'armée de 1776 demeure structurellement attachée au nord-est à la fois en matière de composition et de concentration géographique. Cette armée se compose de 36 régiments, composés de 768 hommes chacun et sous-divisés en huit compagnies.
  • L'armée continentale de 1777 à 1780 est le résultat de plusieurs réformes critiques et de décisions politiques prises en réponse à l’envoi massif de troupes par les Britanniques. Le Congrès Continental adopte la Résolution des Quatre-vingt-huit Bataillons, qui commande à chaque État de contribuer en termes de bataillons en proportion à leur population. Washington est par la suite autorisé à soulever 16 bataillons supplémentaires. En outre, les termes d’enrôlement ont été étendus à trois ans pour éviter les crises de fin d'année comme en 1776 avec le quasi-effondrement des effectifs de l'armée.
  • L'armée continentale de 1781 à 1782 subit une crise car le Congrès en faillite, ne peut que difficilement financer la reconstitution des effectifs des soldats dont le mandat de trois ans a expiré. Le soutien populaire à la guerre est aussi à son plus bas niveau. Washington doit mettre fin à plusieurs mutineries à la fois dans la Pennsylvania Line (en) et la New Jersey Line (en). Si le Congrès effectue des coupes dans le financement de l'armée, Washington réussit néanmoins à assurer des victoires stratégiques importantes. Avec la paix, la plupart des régiments sont dissous et l’armée continentale est remplacée par la United States Army qui persiste à ce jour.

En plus de l’armée continentale, les unités de milice (Militia (United States) (en)) composées des minutemen, soulevées et financées par les États, participent aux combats pendant toute la guerre. Parfois, elles fonctionnent indépendamment de l'armée continentale, mais le plus souvent elles sont appelées à soutenir et à augmenter les troupes de l'armée continentale comme à la bataille de Cowpens.

Formation

Friedrich Wilhelm von Steuben est l'un des pères fondateurs de l'US Army. Il sert comme inspecteur général et Major-général de l'Armée continentale où il est principalement chargé de la formation, de la discipline et de la tactique militaire[8]. Il a écrit Regulations for the Order and Discipline of the Troops of the United States (en) (Règlements pour l'ordre et la discipline des troupes des États-Unis), qui sert de manuel de référence pour l’armée jusqu'à la guerre anglo-américaine de 1812[9] et est utilisé pour des exercices tactiques jusqu'à la Guerre américano-mexicaine de 1846[10].

Steuben introduit un système de formation progressive qui débute par l'école du soldat et continue à l'école du régiment. Si chaque commandant de compagnie est responsable de l'entraînement des recrues, l'instruction est réalisée par les meilleurs sergents sélectionnés à cet effet. Les premiers résultats de la formation de Steuben s’expriment à partir du printemps 1778 aux batailles de Barren Hill en mai et de Monmouth en . Il est aussi à l’origine de l'entraînement et de l’utilisation de la baïonnette dans l’armée américaine. À la bataille de Stony Point (en), les soldats américains ont attaqué avec des fusils déchargés et ont gagné la bataille uniquement par la force des baïonnettes. Steuben revit également l’organisation des camps et instaura des mesures d’hygiène encore en vigueur un siècle et demi plus tard. Il redisposa par exemple les latrines et les cuisines à l'intérieur des camps de l'armée. Ses inspections ont permis de sauver la vie d'un nombre de soldats évalué entre 5000 et 8000[11].

Opérations

Washington contraint les Britanniques à évacuer Boston en , mais après la bataille de Long Island et le débarquement de Kips Bay durant l'été 1776, il perd New York et doit se retirer en Pennsylvanie devant l'avancée britannique. Il décide de continuer le combat durant l'hiver alors que les Britanniques installent leurs quartiers et traversent le fleuve Delaware en décembre. Dans les semaines qui suivent, début 1777, il bat les Britanniques dans deux batailles à Trenton et à Princeton et reprend le New Jersey. L’élan à la cause Patriot trouve un nouveau souffle. Cependant, le général britannique William Howe bat les troupes américaines à la bataille de Brandywine et s’empare de Philadelphie, le siège du Congrès des États-Unis. La victoire américaine à la bataille de Saratoga en septembre et marque pourtant un tournant décisif dans la guerre. Une armée entière est vaincue et faite prisonnière. L’hiver suivant est terrible pour l’armée américaine qui perd plus de 2 500 hommes à Valley Forge en raison du froid et des maladies.

À partir de 1778, le conflit s'internationalise avec l'entrée en jeu des Français, puis des Espagnols en 1779 aux côtés des Américains. En , les troupes britanniques évacuent Philadelphie pour se concentrer sur la défense de New York et subissent une défaite lors de ce retrait, à la bataille de Monmouth. À partir de 1779, devant le peu de résultats obtenus au nord, les Britanniques décident de déplacer le conflit vers les États du Sud, censés plus favorables à leur cause. Savannah est alors occupée par les Britanniques et les forces américaines échouent à reprendre la ville en . Entre 1780 et 1781, la guerre se poursuit dans le Sud sans favoriser l’un des adversaires. Mais en à la bataille de Yorktown, soutenues par les Français, les troupes américaines écrasent les forces britanniques et font plus de 7 000 prisonniers, le quart des forces britanniques engagées dans la guerre. Cette victoire marque le tournant de la guerre et pousse les Britanniques à négocier la paix. Le traité de Paris est signé le .

En 1782, Washington crée la Purple Heart accordée aux soldats blessés ou tués au service de l'armée américaine. Grâce à sa stratégie, les forces américaines capturent deux grandes armées britanniques à Saratoga en 1777 et Yorktown en 1781. Les historiens louent Washington pour la sélection et la supervision de ses généraux, son encouragement au moral des troupes et sa capacité à conserver la cohésion de son armée. Il est aussi reconnu pour la coordination qu'il a développée entre les unités de la milice et l'armée, et l'attention qu'il porte aux fournitures, à la logistique et à la formation. Dans la bataille, cependant, Washington a aussi été déjoué à plusieurs reprises par les généraux britanniques qui disposaient de plus grandes armées. Après la victoire, Washington fait échec à une conspiration qui voulait donner le pouvoir aux militaires, suscitée par le mécontentement des officiers et des soldats de l'armée continentale qui ne reçoivent plus leur solde[12],[13]. Il démissionne, en 1783, de sa fonction de général.

Après la guerre, l'armée continentale est rapidement démantelée dans le contexte de la méfiance américaine pour les armées permanentes. Les milices redeviennent la principale force de l’armée de terre de la nouvelle nation. En , l'armée américaine se résume à 80 militaires, un régiment d'artillerie composé de 55 hommes et chargé de garder l'arsenal de West Point, et un détachement de 25 hommes, à Fort Pitt, pour garder la frontière ouest[14].

Évolution

Sur le plan militaire, l’innovation tactique n’est pas radicale. La Révolution américaine représente l'aboutissement d'une tendance, débutée avec la guerre de la Conquête, où l'on emploie des troupes légères en tirailleurs, en collaboration avec des formations linéaires traditionnelles. L’armée américaine s’est efforcée de développer les mêmes compétences que les Britanniques dans la tactique d'infanterie de ligne. Washington est lui-même un conservateur militaire, et le programme de formation de Friedrich Wilhelm von Steuben est conçu pour équiper les troupes américaines afin de combattre à la mode européenne avec cependant une utilisation accrue de l'infanterie légère. De même, les tactiques de guérilla employées par la milice, ne sont pas le produit des généraux de l’armée régulière[15].

La révolution américaine a entraîné deux écoles de pensée opposées sur la politique militaire à tenir : celle préconisant une grande armée régulière et l'autre le recours à la milice comme rempart de la défense nationale. Washington lui-même ne croit pas que la république naissante a besoin d'une grande armée, dans la mesure où la milice pourrait être organisée pour former une réserve nationale fiable avec un service national en cas d'urgence ou de guerre. Cette idée s’inscrit dans la déclaration d’indépendance avec l’implication de tous les citoyens pour la chose militaire. À cette date, la défense des Américains ne repose pas sur une armée professionnelle au sens européen. C’est une armée du peuple luttant pour une cause. Dans ce sens, la Révolution américaine démocratise la guerre, un processus qui conduit finalement à la nouvelle notion de nation en armes[16].

Les débuts de l'armée fédérale

Réorganisation

En raison de la poursuite du conflit avec les Amérindiens, la nécessité de disposer d’une armée permanente s’impose[17]. En , le Congrès des États-Unis autorise la création de huit compagnies d'infanterie et deux compagnies d'artillerie et l'engagement de 700 soldats afin de protéger les territoires du Nord-Ouest. Ces effectifs allaient devenir le noyau d'une nouvelle armée régulière[18] et former le First American Regiment (en) commandé par le lieutenant-colonel Josiah Harmar. En réponse à des troubles dans le Massachusetts et de l’agitation sur la frontière, le Congrès autorise le l’augmentation du nombre de soldats, qui passe de 700 à 2 040[n. 1]. Ces nouvelles troupes forment le Legionary Corps. Cette dernière est constituée d’un bataillon d’artillerie composé de quatre compagnies, un bataillon de fusiliers composé de quatre compagnies, trois régiments d’infanterie composés de huit compagnies et de deux troupes de dragons[14]. Le contingent New Jersey' de la force du colonel Harmar est envoyé à Fort Stanwix, dans l'État de New York, pour pousser les négociations avec les Iroquois sur la question des terres. Le reste de la force rejoint Fort McIntosh (en), à trente miles sur la rivière Ohio de Fort Pitt, où des négociations similaires sont menées avec les Amérindiens. Les troubles dans le Massachusetts liés à la Révolte de Shays furent réglés par la milice locale menée par Benjamin Lincoln avant que les troupes régulières ne puissent être mises en action[19].

La convention de 1787 avait aussi pour but de régler la question militaire en renforçant les pouvoirs du gouvernement fédéral à ce sujet[20]. En effet, les inquiétudes concernant l’équilibre des pouvoirs est au cœur des débats de la convention. Et la méfiance d’une partie de la population américaine et de ses représentants vis-à-vis d’une armée permanente qui pourrait être détournée de son but au profit d’un pouvoir usurpateur agite les débats. Le compromis final répond donc à ces inquiétudes par un système de contrôle et d'équilibre lors de la rédaction de la nouvelle Constitution. L’adoption de la Constitution en 1787 donne officiellement au Congrès le pouvoir de lever et d'entretenir une armée et une marine ainsi que le pouvoir de déclarer la guerre. Elle fait aussi du Président des États-Unis le commandant en chef de l'armée américaine[20]. Si le Congrès peut aussi faire appel à la milice pour exécuter les lois fédérales, réprimer les insurrections et repousser les invasions, les États conservent le pouvoir de nommer leurs officiers et restent chargés de leur formation[20].

En Washington devient le premier président en vertu de la nouvelle Constitution et le , le Congrès crée le Département de la Guerre des États-Unis avec à sa tête, le général Henry Knox, premier Secrétaire à la Guerre des États-Unis. Harmar est confirmé à la tête de la petite armée. Le , un acte du Congrès reconnaît rétroactivement l'établissement d'une force de 700 hommes pour sécuriser la frontière et la création des compagnies d'artillerie créées en 1786[21]. Toutes les troupes, à l'exception des deux compagnies d'artillerie retenues après la révolte de Shays, stationnent le long de la rivière Ohio, dans une série de forts construits après 1785[22].

Au tournant du XVIIIe siècle, les menaces d’invasions contre la jeune république sont faibles. Les Britanniques sont occupés en Europe par la France et la Quasi-guerre contre cette dernière occupe essentiellement l’US Navy nouvellement créée. De plus, le manque d'argent ainsi que les divergences entre États, additionné aux difficultés de recrutement éprouvées par l'armée fédérale bloquent son développement. Compte tenu de ces éléments, l’US Army demeure dans un format relativement restreint[23].

Les guerres indiennes

Après la signature du traité de Versailles en 1783, les Britanniques cèdent aux États-Unis de vastes territoires à l'ouest des Appalaches. La colonisation de ces territoires indiens par les Américains va confronter la république aux attentes des colons qui réclament la protection fédérale contre les Indiens. Et l'expansion de la colonisation provoque un premier conflit concrétisé par la guerre amérindienne du Nord-Ouest. Washington appelle alors à une démonstration de force contre les Amérindiens. Le Congrès autorise pour cela l'envoi d'une force régulière appuyée par la milice, pour frapper les indiens Miamis[24]. En , il ordonne au général Harmar de prendre la tête de l'expédition. L'armée régulière composée de 330 soldats est soutenue par une milice d'environ un millier d'hommes non formés et indisciplinés. Repoussé par les Amérindiens, subissant de lourdes pertes, Hamar est contraint à la retraite vers Fort Washington à l'automne 1790. La campagne de Harmar est un échec complet[25]. Washington décide l'envoi d'une seconde expédition contre les Amérindiens du Nord-Ouest en 1791 avec la levée de 2 000 hommes supplémentaires sur une durée de six mois. Le gouverneur du territoire du Nord-Ouest Arthur St. Clair prend la tête de l'expédition. Les troupes de St. Clair quittent Fort Washington, fortes d'environ 600 soldats réguliers, soit presque la totalité des forces d'infanterie de l'armée américaine, et d'environ 800 enrôlés et 600 miliciens. Alors que les troupes campent à proximité de ce qui est aujourd'hui Fort Recovery (en) dans l'Ohio, les Amérindiens menés par Little Turtle, attaquent par surprise le camp américain et lui infligent une cuisante défaite lors de la bataille de la Wabash, le . Les troupes américaines comptent 637 morts et 263 blessés[26]. Cette bataille est la plus importante défaite infligée aux États-Unis par les Amérindiens, et en matière de pourcentage de pertes, c'est la plus terrible défaite de toute l'histoire militaire américaine[27],[28].

C’est dans ce contexte que le gouvernement décide la création en 1792 de la Légion des États-Unis[17]. En effet Washington décide de monter une troisième expédition menée par le Maj. Gen. Anthony Wayne. Dans cette optique, le Congrès double l'effectif de l'armée régulière en prévoyant trois régiments supplémentaires. Le Congrès a également suivi la proposition du Secrétaire à la guerre Henry Knox de réorganiser l'armée sous la forme d’une légion. Cette dernière organise l’ensemble des armes sous un seul commandement. Au lieu de régiments, l'armée est composée de quatre sous légions, chacune commandée par un général de brigade et composé de deux bataillons d'infanterie, d'un bataillon de fusiliers, d'une compagnie d'artillerie et d'une troupe de dragons[26]. En , Wayne conduit une force d'environ 3 000 hommes dont des unités de milices à cheval à proximité de Fort Miami (Ohio) (en). À cet endroit les forces américaines affrontent 1 500 guerriers amérindiens le lors de la bataille de Fallen Timbers. Il faut moins d'une heure aux troupes américaines bien mieux entraînées et équipées que lors des deux expéditions précédentes pour infliger une sévère défaite aux combattants amérindiens. La victoire décisive des États-Unis met fin à la guerre amérindienne du Nord-Ouest et aux hostilités avec les Amérindiens jusqu'à la guerre de Tecumseh en 1811. Le Traité de Greenvilled en 1795 entérine cette victoire contre les amérindiens, qui doivent céder toutes leurs terres dans l'Ohio[29].

Cependant, les colons continuent de coloniser les terres revendiquées par les Amérindiens. Le chef amérindien Tecumseh organise alors la résistance en créant une confédération tribale soutenue par les Britanniques. Le gouverneur du territoire de l'Indiana William Henry Harrison soutenu par le secrétaire de la Guerre William Eustis décide à l'été 1811 de frapper les Amérindiens. Une force composée de 300 soldats réguliers et de 650 miliciens est mobilisée[29]. Les négociations ayant échoué, les deux armées engagent le combat à Battle Ground le . Lors de la bataille de Tippecanoe, les Américains finissent par repousser les forces de Tecumseh. Si cette défaite est un lourd revers pour la confédération amérindienne, cela ne met pas un terme aux conflits le long de la frontière du Nord-ouest[29]. Soutenue par les Britanniques, la confédération va prendre part aux côtés de ces derniers lors de la guerre anglo-américaine de 1812 qui débute six mois plus tard[30]. La résistance amérindienne ne prendra fin dans la région qu’avec la mort de Tecumseh lors de la bataille de la rivière Thames en [31].

Guerre anglo-américaine de 1812

Lors de la guerre anglo-américaine de 1812, deuxième et dernière guerre américaine contre les Britanniques, les résultats de l’US Army sont relativement mitigés. La tentative d’invasion du Canada est un échec, et les troupes américaines se montrent incapables d'arrêter les Britanniques qui incendient la nouvelle capitale Washington, DC. Cependant, l'armée régulière, menée par les généraux Winfield Scott et Jacob Brown, prouve son professionnalisme et se montre capable de repousser une invasion majeure de l'armée britannique lors de la campagne du Niagara en 1814. Et la nation célèbre la grande victoire de l'armée sous Andrew Jackson, à la Bataille de la Nouvelle-Orléans en , mettant ainsi fin à la guerre sur une bonne note.

XXe siècle

Guerre du Viêt Nam

Durant la fin des années 1960, la guerre du Vietnam accaparait la majorité des grandes unités de l'armée régulière. En , sur quatre divisions blindées, deux sont stationnées en Allemagne de l'Ouest avec deux autres destinées à renforcer l’Europe. Sur treize divisions d'infanterie, sept étaient au Sud Viêt Nam, deux en Corée du Sud, deux en Allemagne de l'Ouest et deux aux États-Unis (une destinée au renfort pour l’Europe et la seconde au renfort pour le Sud-Vietnam). Sur les deux divisions aéroportées, une était dans le sud du Vietnam et une aux États-Unis (avec une brigade au Sud-Vietnam). Sur les cinq régiments de cavalerie blindés, un était dans le sud du Vietnam, trois en Allemagne de l'Ouest et une aux États-Unis destiné à renforcer l’Europe. Une brigade blindée était aux États-Unis destinée à l’Europe. Une brigade aéroportée était au Sud-Vietnam[32].

Notes et références

Notes

  1. Aux 700 hommes initialement recrutés, le congrès autorise le recrutement de 1340 hommes supplémentaire pour une durée de trois ans[19].

Références

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Bibliographie

Sources primaires

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Monographies

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Voir aussi

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