Henry Lerolle

Henry Lerolle[1], né à Paris le , mort dans la même ville le , est un peintre, graveur, musicien et collectionneur français.

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Yvonne et Christine, (filles d'Henry Lerolle) au piano. Tableau de Pierre-Auguste Renoir, 1895. Musée de l'orangerie, Paris
Baptême des martyrs de Créteil, fresque de Henry Lerolle 1874, chapelle des fonts baptismaux de l'église Saint-Christophe de Créteil.

Biographie

Issu d'un milieu aisé, Henry est le fils de Timothée Lerolle (1816-1882) et d'Adèle Edmée Delaroche. Son frère aîné est l'homme politique Paul Lerolle (1846-1912).

Henry Lerolle suit une formation à l'Académie de Charles Suisse, puis entre à l'École des beaux-arts de Paris dans l'atelier de Louis Lamothe. Il débute au Salon de 1868[2].

Henry Lerolle s'entoure d'artistes dont il collectionne les œuvres, de musiciens et d'écrivains comme Edgar Degas, Claude Monet, Pierre Auguste Renoir, Maurice Denis[3], Gustave Moreau ou Albert Besnard[4] auquel il commande une série de vitraux pour son hôtel particulier du 20 avenue Duquesne à Paris[5].

Henry Lerolle expose à la Société nationale des beaux-arts en 1901[6].

Violoniste et compositeur amateur, c'est par sa femme Madeleine Escudier, dont la sœur avait épousé Ernest Chausson, qu'il peut s'initier à la musique contemporaine : il devient l'ami de Claude Debussy et noue également des relations avec Henri Duparc, Serge Prokofiev, Maurice Ravel, Erik Satie ou Igor Stravinsky.

Ses deux filles[7] épousent les fils de son ami l'industriel et collectionneur Henri Rouart (dont Eugène Rouart, mari d'Yvonne Lerolle, qui seront le sujet de la trilogie gidienne : L'École des femmes, Robert et Geneviève parue de 1929 à 1936[8]). Henry, son épouse et ses deux filles ont posé pour plusieurs peintres, dont Edgar Degas[9], Pierre Auguste Renoir[10], Maurice Denis[11], ou encore Albert Besnard[12].

Il était l'un des plus anciens amis d'Albert Besnard. « Le vieil ami Henry Lerolle, n'y tenant plus de curiosité, demanda à voir les tableaux de l'Inde en cours d’exécution et passa plusieurs jours avec mes parents, regardant les toiles sans rien dire. Ce mutisme, intentionnel ou non, impatientait mon père qui ne put s'empêcher de d'observer : “ Tu ne dis rien, Henry, pas même une critique, explique-moi au moins pourquoi ? ” Alors, Lerolle fit cette réponse sybilline [sic] : Ben… je n'aurais jamais cru que c'était comme ça ”. Tout Lerolle était dans cette phrase qui nous amusa beaucoup[13] ».

« Lerolle […] avait de l'aisance, recevait bien, s'exprimait lentement, mais avec esprit; il possédait une rosserie calme d'apparence candide, qui à bien considérer, était intentionnelle. […] Il ajouta plusieurs des œuvres maîtresses de son ami Degas à sa collection de Renoir, de Corot et d'impressionnistes[14] ».

Henry Lerolle meurt le et est inhumé à Paris au cimetière du Montparnasse.

Son fils Guillaume Lerolle (1884-1954) était représentant pour l'Europe du Carnegie Museum of Art de Pittsburgh, alors dirigé par Homer Saint-Gaudens. Il y organisait des expositions d'art moderne français et servait à l'occasion d'intermédiaire entre les collectionneurs américains et les artistes et marchands d'art français[15].

Son œuvre

Lerolle exécute de nombreuses décorations murales, souvent d'inspiration religieuse, d'abord sur grand chevalet, puis sur toile marouflée[16].

Une de ses premières œuvres est, en 1874, le Baptême des martyrs de Créteil (Saint Agoard et Saint Agilbert) qui décore la chapelle des fonts baptismaux de l'église Saint-Christophe de Créteil.

Il peint La Lettre en 1880[17].

Il présente au Salon de 1878 un tableau de chevalet monumental, Communion des Apôtres, commandé par la ville de Paris pour l'église parisienne Saint-François-Xavier[18].

En 1888, il exécute une autre peinture monumentale, Communion, toujours pour Saint-François-Xavier (aujourd'hui conservée à la sacristie).

Il passe à la peinture murale en 1896 avec son Calvaire sur les murs de la chapelle des Dames-du-Calvaire, dans la Maison Médicale Jeanne Garnier, dans le 15e arrondissement de Paris[19].

Vers la fin des années 1890, Lerolle réalise un décor pour l'église Saint-Martin-des-Champs de Paris, Jésus-Christ lui apparaît, disant aux anges : « Martin, catéchumène, m'a revêtu de ce manteau ».

Il participe également à la décoration de la Schola Cantorum de Paris, de l'hôtel de ville de Paris (Couronnement de la Science et Enseignement de la Science) et de l'École de la Sorbonne (Fuite en Égypte).

À Dijon, on lui doit le décor du couvent des Dominicains, Saints dominicains autour du Christ en croix (1898, huile sur toile marouflée).

Graveur, il a produit des eaux-fortes et des pointes sèches, des paysages et des scènes de genre. Certaines ont été éditées par la maison Cadart (1878-1879) et furent saluées par Maurice Denis[20].

Distinctions

Henry Lerolle a reçu les insignes de chevalier de la Légion d'honneur le [21].

Collections publiques

En France
Aux États-Unis

Notes et références

  1. Né « Henri Lerolle ».
  2. Notice du musée d'Orsay sur l'artiste
  3. Maurice Denis, « Henry Lerolle et ses amis », in: Revue de Paris, novembre 1930.
  4. Souvenances, Mémoires de Philippe Besnard, Éditions de l'Université d'Ottawa, 1975.
  5. Un vitrail, Cygnes sur le lac d'Annecy, est exposé au musée d'Orsay à Paris.
  6. G,Dugnat, L'échelle de Jacob
  7. Dominique Bona, Deux sœurs : Yvonne et Christine Rouart, muses de l'impressionnisme, Paris, Éditions Grasset, 2012.
  8. L'École des femmes, tome II des « Romans et récits - André Gide », bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, 2009, (ISBN 978-2-07-011780-2), p. 1259-1267.
  9. Louis Rouart et sa femme Christine (1904).
  10. Portrait d'Henry Lerolle (vers 1895) ; Yvonne et Christine Lerolle au piano (1897), Paris, musée de l'Orangerie ; Christine Lerolle brodant, (1895-1898).
  11. Portrait en trois aspects d'Yvonne Lerolle (1897) ; Portrait de Christine Lerolle.
  12. Madeleine Lerolle et sa fille Yvonne (vers 1879-1880).
  13. Philippe Besnard, Souvenances, Éditions de l'Université d'Ottawa, 1975, p. 197. La scène se passe en 1911 à Talloires dans l'atelier d'Albert Besnard après le retour du peintre et de sa famille d'un voyage de neuf mois aux Indes. La faute d'orthographe figure dans le texte de l'auteur.
  14. Philippe Besnard, op. cit.
  15. Lettre de Guillaume Lerolle à Paul Rosenberg, 20 juillet 1927, Archives Paul Rosenberg, Museum of Modern Art.
  16. Emmanuelle Amiot-Saulnier, « Du grand décor au décoratif : chemin de traverse - Henry Lerolle, de la peinture religieuse au décor », in L'Atelier, bulletin de l'Association « Le Temps d'Albert Besnard », n°8, 2013, (ISSN 1956-2462)
  17. Conservée au Musée des beaux-arts de Pau
  18. Bulletin paroissial de juillet-août-septembre 1935
  19. Aujourd'hui conservé dépôt de la Ville de Paris à Ivry-sur-Seine.
  20. « Lerolle, Henry », in: Janine Bailly-Herzberg, Dictionnaire de l'estampe en France 1830-1950, AMG-Flammarion, 1985, p. 194.
  21. La distinction lui a été remise par le sculpteur Alfred-Charles Lenoir. « Dossier de l'ordre de la Légion d'honneur d'Henry Lerolle », base Léonore, ministère français de la Culture

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