Jean-Pierre-Henri Élouis

Jean-Pierre-Henri Élouis, né le à Caen où il est mort le , est un peintre français.

Biographie

Augustus Fricke par Elouis, v. 1795.
James Wilson par Elouis, v. 1792.

Issu d’une famille d’origine allemande dont l’aïeul, qui habitait Worms et s’appelait Von Ludwig, avait traduit son nom par celui d’Élouis en se faisant naturaliser français, sa mère, Anne Dutrou de La Bénardière, était d’une famille du pays d'Auge. Le destinant à la médecine, les parents du jeune Élouis lui avaient fait faire ses études au collège du Bois, mais il fut entraîné d’une manière irrésistible par son goût pour la peinture. Sa vocation s’était révélée en voyant peindre son père qui était doué d’un assez remarquable talent d’amateur, et ses premiers essais n’avaient pas été ceux d’un élève ordinaire. Entré dans l’atelier de Robert Lefèvre, il fut ensuite accepté en par Restout, qui lui apprit à peindre à l’huile et en miniature, genre auquel il se livra d’abord. Bientôt il égala les meilleurs disciples de Restout, dont il devint l’un des bons élèves.

En 1783, Henri Élouis passa en Angleterre, commençant, par ce pays, cette suite de longs voyages qui devaient faire de sa vie une des plus aventureuses carrières d’artiste. Après s’être fait admettre à l’Académie royale de Londres, où il remporta une médaille d’argent, et s’être lié d’amitié avec Reynolds, Lawrence et Bartollozzi, il visita la Hollande, l’Allemagne, avant de revenir se marier à Calais ; puis, fuyant les guerres de la Révolution qui pouvaient entraver son goût pour les arts, il s’embarqua pour l’Amérique. C’est alors que son esprit désireux de tout connaître se développa pleinement. Il parcourut le Nouveau Monde depuis Terre-Neuve jusqu’à Buenos Aires, explorant les États-Unis, le Mexique, les Florides, les Antilles, la Guyane, le Brésil, le Pérou, la Plata, s’inspirant à la vue des forêts vierges, des grands fleuves et des lacs immenses, et confiant à des aquarelles, qui malheureusement ont été perdues, ses souvenirs et ses impressions.

Henri Élouis avait su se faire, du savant naturaliste Alexander von Humboldt, qu’il accompagnait souvent dans ses voyages scientifiques, un ami dévoué ; bien des fois, depuis, ils évoquèrent les fatigues qu’ils avaient supportées ensemble. Souvent aussi Elouis voyageait seul et se livrait alors à toute la fougue de son caractère hasardeux. Rien ne lui faisait obstacle, ni les déserts sans fin, ni les éléments, ni la fureur même des hommes. Un jour qu’il accompagnait des arpenteurs européens sur un terrain nouvellement envahi par eux et enlevé aux indigènes, il échappa seul, et comme par miracle, à la hache des Indiens revenus en plus grand nombre. Les arpenteurs et leur escorte furent massacrés jusqu’au dernier. Quelque temps auparavant, il avait voulu passer de Baltimore à la Nouvelle-Orléans au moment où la guerre éclatait de toutes parts. Le vaisseau sur lequel il s’était embarqué fut capturé par les Anglais. Envoyé prisonnier aux Antilles, Henri Elouis s’arrêta plusieurs mois dans l’île Providence, auprès du prince proscrit le duc d’Orléans, futur roi des Français Louis-Philippe Ier qui, cherchant dans les arts une compensation aux ennuis de l’exil, cultivait la peinture avec un certain succès et le consultait sur le mérite de ses propres œuvres. Après être passé par Baltimore, Alexandria, Annapolis, il séjourna plus longtemps que partout ailleurs à Philadelphie, où il peignit en miniature, genre qu’il affectionnait particulièrement, les portraits de plusieurs personnages illustres de la révolution américaine, entre autres ceux du juge Wilson, du général Wayne ainsi que de George et Martha Washington.

Élouis ne revint en France que dans le courant de l’année 1807, laissant en Amérique un grand nombre de miniatures, principalement à la Havane et à Philadelphie. À Paris, Élouis suivit les conseils de ses amis Robert Lefèvre, Steuben et Guérin, et ceux de son protecteur Denon, qui estimaient son talent de portraitiste, en abandonnant tout à fait la miniature pour adopter exclusivement la peinture à l’huile. Il ne tarda pas à sentir les avantages de la décision qu’il venait de prendre : la place de conservateur du musée de la ville de Caen s’étant trouvée vacante en 1811 à la mort de François-Pierre Fleuriau, Henri Élouis l’obtint au concours dont l’épreuve consistait en une tête d’étude, un dessin et une copie. La tête d’étude, qui est maintenant déposée au musée de Caen, fut seule soumise à l’examen des juges qui la trouvèrent de beaucoup supérieure à celles des autres concurrents. Très recherché comme portraitiste, il s’est distingué par la pureté du dessin et par une couleur agréable.

Dans le privé, Henri Élouis était de mœurs douces et faciles ; son esprit vif, caustique et un peu voltairien, était encore rehaussé par une instruction littéraire « rare chez les peintres. Il savait le grec et parlait avec facilité le latin, l’allemand, l’anglais, l’espagnol et l’italien. Conteur, comme tous les voyageurs, il captivait l’attention de ceux qui l’écoulaient, par des récits animés, par des histoires dramatiques, par des anecdotes plaisantes, dont il avait toujours été le témoin ou le héros. Henri Elouis s’était marié deux fois et avait eu de ces deux mariages quatre enfants auxquels il ne laissa aucune fortune. Il avait vécu avec toute l’insouciance de l’artiste et travaillé, non pour acquérir, mais pour la peinture elle-même. D’ailleurs, l’esprit aventureux et l’amour des arts qui le caractérisaient paraissent avoir été une tendance dans sa famille : son frère qui se voua à la musique et était d’un talent supérieur à la harpe, avait visité l’Italie, l’Allemagne, la Russie, l’Écosse et l’Angleterre avant de se fixer définitivement à Londres. Ses deux nièces, qui ont aussi acquis une réputation comme harpistes, parcoururent également une partie de l’Europe. De plus, le patrimoine d’Élouis avait été perdu pendant la Révolution, et les Anglais, en le faisant prisonnier, l’avaient dépouillé des 80 000 francs qu’il emportait avec lui. C’était tout son avoir, et à son retour en France, l’éducation de sa nombreuse famille l’empêcha de rien amasser de nouveau. À 85 ans sa vue était encore la même, et sa main était aussi sûre que dans sa jeunesse. Peu de jours avant de rendre le dernier soupir, il signa un portrait d’enfant, aussi remarquable qu’aucune autre de ses œuvres. Ses portraits se recommandent par la pureté du dessin et par une couleur agréable. Il excellait aussi par l’exactitude et la fidélité de ses copies. On assure que Gérard, en voyant la copie qu’il avait faite de son Louis XVIII, dit qu’il signerait volontiers un tel travail. Un portrait, propriété de la ville de Caen, de Henri Élouis peint, en 1835, par Alfred Guillard, son élève et successeur au musée de Caen, a été détruit[1].

Œuvres dans les collections publiques

Notes et références

  1. « Alfred Guillard », sur Joconde (consulté le ).
  2. Christophe Marcheteau de Quinçay, notice « Élouis. Portrait du docteur James Church », La Revue des musées de France. Revue du Louvre, 2012, n° 2, p. 64-65, n° 36, repr.

Annexes

Bibliographie

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