Johann Heinrich Füssli

Johann Heinrich Füssli ou Henry Fuseli ( à Zurich à Putney Hill) est un peintre et écrivain d'art britannique d'origine suisse. Il montre très tôt dans sa carrière, un attrait particulier pour les sujets fantastiques, nouveaux à l'époque. Dès la cinquantaine, il a vécu en Angleterre où il a réalisé des illustrations d'œuvres de Shakespeare, de Dante, ainsi que de l'épopée germanique des Nibelungen. Il a été reconnu par les Surréalistes comme un de leurs précurseurs.

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Filiation

Biographie

Le peintre discutant avec Johann Jakob Bodmer (1778-1781)

Johann Heinrich Füssli naît, deuxième de dix-huit enfants, dans une famille suisse de Zurich. Son père, Johann Caspar Füssli, peintre de portraits et de paysages, destine son fils au pastorat, et l'envoie à l'université Caroline de Zurich, où il reçoit une excellente éducation classique. Un de ses camarades de classe, Johann Kaspar Lavater, plus tard poète et théoricien de la physiognomonie, devient l'un de ses plus proches amis.

Après avoir été ordonné pasteur en 1761, Füssli est forcé de quitter la Suisse pour avoir aidé Lavater à dénoncer un magistrat dont la puissante famille cherche à se venger. Il traverse l'Allemagne et, en 1765, visite pour la première fois l'Angleterre, où il vit quelque temps grâce à l'écriture. Joshua Reynolds à qui il montre ses dessins, lui conseille de se consacrer entièrement à la peinture. Dans les années 1770, il fait un pèlerinage artistique en Italie où il reste jusqu'en 1778, changeant son nom de "Füssli" en "Fuseli" pour lui donner une consonance italienne.

Au début de l'année 1779, il revient en Grande-Bretagne, en passant par Zurich. Il obtient alors une commande du conseiller municipal Boydell, qui organise à cette période "sa galerie de Shakespeare". Füssli peint un certain nombre d'œuvres pour Boydell, certaines sont gravées et publiées dans l'édition anglaise de la Physiognomonie de Lavater. Parallèlement, il aide le poète William Cowper à une traduction d'Homère.

En 1788, il épouse Sophia Rawlins, l'un de ses modèles. Peu après, il devient membre associé de la Royal Academy. La féministe Mary Wollstonecraft, dont il avait peint le portrait, projette de faire avec lui un voyage à Paris qui ne se fera jamais en raison de l'opposition de Sophia. Deux ans plus tard, Füssli est promu académicien le [1].

En 1799, Füssli expose une série de 47 peintures inspirées des œuvres du poète John Milton, et il ouvre une « galerie Milton » sur le modèle de la « galerie de Shakespeare » de Boydell. Cependant l'exposition est un échec commercial, et la galerie ferme dès l'année suivante, en 1800.

En 1799 Füssli est nommé professeur de peinture à la Royal Academy. Il démissionne quatre ans plus tard lors de sa nomination au poste de conservateur à l'Académie. En 1810, il reprend son poste de professeur, qu'il conserve jusqu'à sa mort. Le sculpteur italien Antonio Canova, lors d'une visite en Angleterre, s'intéresse aux travaux de Füssli, et de retour à Rome en 1817, le fait élire membre de la prestigieuse Académie de Saint-Luc.

Après une vie confortable et sans problèmes de santé, Füssli meurt à Putney, un quartier de la banlieue de Londres, à l'âge avancé de 84 ans. Il est enterré dans la crypte de la cathédrale Saint-Paul de Londres.

Œuvre

Lady Macbeth somnanbule, 1749
Musée du Louvre

Peintre inventif et romantique, Füssli, comme son contemporain William Blake, croit nécessaire une certaine exagération dans la peinture d'histoire qui lui vient des œuvres de Michel-Ange et des statues de marbre de Monte Cavallo, qu'il admire lors de son séjour à Rome. Il aime représenter dans sa peinture des actions violentes dont une illustration saisissante est son Hamlet et le spectre de son père. Füssli a rarement tiré ses personnages de la vie réelle, basant son art sur l'étude de l'antiquité et de Michel-Ange. Il n'a jamais représenté de paysages et n'a peint que deux portraits.

Il excelle aussi dans l'art de représenter ses personnages en mouvement, comme dans le tableau Entre Scylla et Charybde, représentant Ulysse faisant face au choix des monstres.

Füssli a peint plus de deux cents tableaux, mais en a peu exposé. Sa première peinture est Joseph interprétant les rêves du boulanger et du maître d'hôtel du pharaon, et la première à avoir attiré l'attention , le Cauchemar, exposée en 1782, existe en trois versions. Il a également peint, de manière à peu près identique, La Sorcière.

Il a réalisé environ huit cents croquis ou dessins, d'une facture originale. Dans ses dessins et ses peintures, il exagère délibérément les proportions des éléments et représente ses personnages dans des attitudes contorsionnées.

Dans son travail d'écriture, Füssli écrit en français, en italien, anglais, tout en privilégiant l'allemand pour exprimer ses pensées. Son principal ouvrage est une série de douze conférences à la Royal Academy, débutée en 1801.


Dessins

  • L'Artiste ému par la grandeur des ruines antiques, sanguine, Kunsthaus, Zurich
  • L'artiste ému tout court, Zürich
  • L'artiste ému par le tout

Notes et références

  1. (en) Fiche sur le site de la Royal Academy of Arts
  2. (de) « Satan, Stuttgart », sur Staatgalerie (consulté le )
  3. (en) « Cauchemar, Detroit », sur Detroit Institut of Art (consulté le )
  4. (de) « Cauchemar, Francfort », sur Maison de Goethe, Francfort (consulté le )
  5. Martin Myrone, « Frissons gothiques », Connaissance des arts, , p. 75
  6. « Notice du Louvre », sur Musée du Louvre (consulté le )
  7. (de) « Titania, Zurich », sur Kunsthaus de Zurich (consulté le )
  8. (en) « Night-Hag, Metropolitan », sur Metropolitan Museum (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Carolyn Keay, Henry Fuseli, Londres, Academy Editions, 1974.
  • Franziska Lentzsch, Füssli : Le Suisse sauvage, Zurich, Scheidegger & Spiess, 2005.
  • Martin Myrone, Cauchemars gothiques : Füssli, Blake et l'imagination romantique, Londres, Tate Publishing, 2006.
  • Nicolas Powell, Füssli : Le Cauchemar, Londres, Allen Lane, 1973.
  • Nancy Pressly, Le cercle de Füssli à Rome : L'art romantique précoce des années 1770, New Haven, Yale Center for British Art, 1979.
  • P. A. Tomory, La vie et l'œuvre d'Henry Füssli, New York, Praeger, 1972.
  • David H. Weinglass, Prints and engraved illustrations by and after Henry Fuseli, a catalogue raisonné, Vermont: Ashgate Publishing, 1994.
  • [cat. exp.], Johann Heinrich Füssli, 1741-1825, Paris, France, Musée du Petit Palais, 1975.
  • Guillaume Faroult, Johann Heinrich Füssli, « Lady Macbeth marchant dans son sommeil », Paris, Somogy, 2011.
  • (de) Arnold Federmann, Johann Heinrich Füssli. Dichter und Maler, 1741-1825, Orell Füssli Verlag, Zürich und Leipzig, 1927 (lire en ligne)

Liens externes

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