Harro Schulze-Boysen

Harro Schulze-Boysen, né à Kiel le , exécuté à Plötzensee à Berlin le , est un officier allemand, théoricien nationaliste-révolutionnaire, écrivain et héros de la Résistance au nazisme.

Jeunesse

Schulze-Boysen est né dans une famille d'officiers, fils d'Erich Schulze, un officier décoré de la marine de guerre, et apparenté à l'amiral Alfred von Tirpitz, le fondateur de la marine allemande. Sa mère est Luise Boysen.

Le jeune Harro Schulze-Boysen passa son enfance à Duisbourg. En 1923, à l'âge de 14 ans, il vécut l'occupation de la Ruhr par les troupes françaises et belges. Son activité parmi les militants opposés à l'occupation entraîna rapidement son arrestation par les Français.

Activités politiques

En 1928, Schulze-Boysen rejoignit le Jungdeutscher Orden (Ordre des jeunes Allemands), une organisation de jeunesse de la République de Weimar, et la Studentenverbindung (cercle d'étudiants) Albingia. Il étudia le droit à Fribourg-en-Brisgau (Bade-Wurtemberg) et Berlin, sans obtenir de diplôme. En 1930, il soutenait un groupe d'intellectuels nationalistes appelé Volksnationale Reichsvereinigung (Union populaire nationale du Reich) dirigé par Artur Mahraun, et prit contact en 1931 avec la revue française Plans , dont le but était l'instauration d'un système économique collectif au niveau européen. La même année, il publiait dans le journal national-bolchévique Der Gegner, fondé par Franz Jung et inspiré de Plans. Ses sympathies vont à l'URSS, il défend un rapprochement géopolitique entre Berlin et Moscou. Harry Schulze-Boysen déclare à ce propos: " Les nationalistes bourgeois et les socialistes réformistes de notre pays espèrent, par la fusion des intérêts capitalistes, consolider les bases de la société actuelle. C'est le but même de "Pan Europe". Ces tentatives s'intitulent volontiers: "politique de rapprochement", "défense de la civilisation occidentale". Belle phrase et noble idéologie qui ne font que cacher une cause beaucoup moins noble! La jeunesse allemande n'a d'ailleurs aucune envie d'entreprendre le sauvetage des éléments corrompus de la civilisation et de soutenir les principes périmés qui ne font que barrer les chemins de l'avenir. C'est ainsi que nous nous opposons à toutes les tentatives d'intervention dirigées contre l'Union Soviétique, -tentatives qui nous paraissent particulièrement dangereuses"[1].

En 1932, il organisa les Treffen der revolutionären Jugend Europas (Rassemblements de la jeunesse révolutionnaire européenne), avec plus d'une centaine de participants. Il prônait l'abolition du système capitaliste et la fin du traité de Versailles. Il est le contact allemand de Philippe Lamour et du groupe Ordre nouveau.

En avril 1933, après la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes, des chemises brunes saccagèrent les bureaux du Gegner et les membres de rédaction furent déportés dans un camp spécial du 6e régiment SS. Schulze-Boysen fut maltraité et détenu pendant plusieurs jours. Les nazis assassinèrent devant ses yeux son ami juif Henry Erlanger.

Il fut finalement libéré sur l'intervention de ses parents. En , il commença à suivre un entraînement de pilote à Warnemünde et, à partir de 1934, il travailla au département des communications du ministère des transports aériens du Reich (Reichsluftfahrtministerium) à Berlin.

Activités de résistant

À partir de 1935, Schulze-Boysen rassembla autour de lui des anti-fascistes de gauche, notamment des anciens amis de Der Gegner, des artistes, pacifistes, nationaux-bolchéviques et communistes. Le cercle publiait des tracts anti-fascistes. En 1936, il se maria avec Libertas Haas-Heye, employée de presse de la Metro-Goldwyn-Mayer, qui rejoignit le cercle de résistance. En 1939, Schulze-Boysen prit contact avec Arvid Harnack et son propre groupe, ainsi qu'avec les communistes Hilde et Hans Coppi. De ces réunions émergea ce que la Gestapo allait appeler l'Orchestre rouge (Rote Kapelle).

À partir du printemps 1941, Schulze-Boysen fournit des informations militaires secrètes au service de renseignement étranger du NKGB. Dans le même temps, il construit avec Arvid Harnack le cercle de résistance qui fut nommé après la guerre groupe Schulze-Boysen / Harnack, et qui rassembla plus de cent cinquante adversaires d'Hitler. Ils ont distribué des tracts, mis des slogans sur les bâtiments et soutenus des personnes persécutées. Un cercle plus restreint a collecté des informations pour le renseignement soviétique[2].

Par l'intermédiaire d'Alexander Korotkov, le représentant du KGB à l'ambassade soviétique à Berlin, Schulze-Boysen a essayé d'avertir de l'invasion allemande imminente de l'Union soviétique[3].

Arrestation et mort

En , le département de décryptage du Oberkommando des Heeres réussit à briser le code des transmissions radio du groupe, et la Gestapo entreprend de remonter la filière. Le , Harro et Libertas Schulze-Boysen sont arrêtés par Horst Kopkow. Harro Schulze-Boysen est torturé. Ses pouces sont brisés. Ses mollets sont broyés. Lors de son procès, il se tient cependant droit pour présenter sa défense et tenter de convaincre ses bourreaux de la justesse de ses vues. Condamnés à mort le 19 décembre, les époux sont exécutés trois jours plus tard, à la prison de Plötzensee, à Berlin.

Souvenir

Une citation de Harro Schulze-Boysen sur le fronton du ministère allemand des Finances

En 1972, une rue de Lichtenberg, dans la banlieue berlinoise, fut baptisée en l'honneur du couple Schulze-Boysen.

Le fronton du ministère allemand des Finances porte la citation

« Wenn wir auch sterben sollen,
So wissen wir: Die Saat
Geht auf. Wenn Köpfe rollen, dann
Zwingt doch der Geist den Staat. »

« Glaubt mit mir an die gerechte Zeit, die alles reifen lässt! »

« Même si nous devons mourir,
Nous savons ceci : la graine
porte des fruits. Si les têtes roulent,
l'Esprit ébranlera toujours l'État. »

« Avec moi croyez en des temps justes où tout mûrira. »

Notes et références

  1. Franck Canorel, Harro Schulze-Boysen, un national-bolchevik dans "l'Orchestre rouge", Alexipharmaque, , 184 p. (ISBN 978-2-917579-36-7), p.61.
  2. (de) Peter Koblank, Harro Schulze-Boysen. Rote Kapelle: Widerstand gegen Hitler und Spionage für Stalin, Online-Edition Mythos Elser, 2014
  3. (de) Peter Steinbach, Johannes Tuchel, Lexikon des Widerstandes 1933–1945. 2., nouvelle édition. C.H.Beck, 1998, (ISBN 3-406-43861-X), p. 177f.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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