Guy Brossollet

Guy Brossollet est un auteur et essayiste français, né le à Épinal, dans les Vosges, et mort le à Paris. Militaire de carrière et sinisant, il fut le premier traducteur en français de l'œuvre poétique de Mao Tsé-toung (Mao Zedong) dans son intégralité. Il est officier de la Légion d'honneur et détenteur de la croix de la Valeur militaire avec palme et trois étoiles.

Biographie et œuvres

Né dans une famille comportant de nombreux officiers, Guy Brossollet est issu de la 140e promotion de l'École spéciale militaire de St-Cyr Coëtquidan, 1953-1955 "Ceux de Dien-Bien-Phu".

Il a servi quatre ans et demi (1956-1961) en Algérie, d'abord dans les Aurès (7e régiment de tirailleurs algériens), puis au Sahara comme méhariste. De 1961 à 1963, il est en poste au Laos, où il découvre la langue chinoise.

Il s'est ensuite consacré à l'apprentissage du Chinois (INALCO à Paris) et à la connaissance de la Chine, au cours de postes à Hong Kong (2 séjours) et Pékin. En 1969 sa traduction complète du chinois vers le français des 38 poèmes de Mao Tsé Toung (Mao Zedong), lui vaut d'être une des sources non référencées [1],[2]de Philippe Sollers pour ses propres traductions d'une dizaine de poèmes de Mao, ainsi que la cible de critiques d'ordre idéologique de la part de ce dernier[3], et même de son amie Julia Kristeva [4].

Pendant sa scolarité à l'École supérieure de guerre de 1972 à 1974, il écrivit l’Essai sur la non-bataille, qui fut traduit plus tard en plusieurs langues étrangères. Cet essai constituait une réflexion stratégique, remettant d'une part en question l'efficacité de l'arme nucléaire tactique et du corps de bataille blindé en cas d'attaque soviétique (tout en restant dans le cadre de la politique de dissuasion nucléaire, fondement de la stratégie de défense nationale française), et proposant d'autre part une défense en profondeur de type « modulaire » mettant en oeuvre de petites unités mobiles de quelques hommes. Ces théories suscitèrent à l'époque de la parution du livre un débat important au sein des communautés militaire et stratégique françaises[5], et font aujourd'hui encore l'objet de commentaires[6].

En raison de ce livre, Guy Brossollet est aujourd'hui considéré comme l'un des précurseurs du concept de techno-guérilla[7],[8]; il ne partageait cependant pas l'opposition à la dissuasion nucléaire des promoteurs du concept[9]. Définie sous ce terme par des stratèges allemands dans les années 1980 (dont Horst Afheldt), la techno-guérilla aurait été appliquée sur le terrain pour la première fois de façon systématique par le Hezbollah pendant la guerre du Liban en 2006 [10],[11], ce qui entraîna un regain d'intérêt pour les thèses de Guy Brossollet[12], un numéro de la revue "Défense et Sécurité Internationale" consacré à la techno-guérilla le citant abondamment [13].

Ses activités comme attaché militaire à Pékin de 1976 à 1979 (et ses démêlés avec Philippe Sollers) sont évoquées par son ami l'ancien ambassadeur de France Claude Martin[14],[15]. Il a ensuite travaillé pour différentes entreprises françaises, d'abord à Pékin (1979-1982), puis à Paris, où il a repris son activité d'écrivain. Ses ouvrages ultérieurs, à caractère historique, traitent sous divers angles de la colonisation européenne en Asie au XIXe siècle et au XXe siècle.

Liste des œuvres

  • Guy Brossollet (traduction et commentaires), Poésies complètes de Mao Tse-toung, Éditions de l'Herne, 1969. puis éditions Parti pris à Montréal, 1971 (ISBN 978-0-8851-2045-1)
  • Guy Brossollet, Essai sur la non-bataille, Éditions Belin, 1975. (ISBN 2-7011-0245-6)
    • traduit en allemand : Emil Spannocchi, Guy Brossollet, Verteidigung ohne Schlacht: 1. Verteidigung ohne Selbstzerstörung. 2. Das Ende der Schlacht, Éditions Hanser-Verlag 1976, (ISBN 3-446-12287-7)
  • Guy Brossollet, Souvenir des mers de Chine et d'autres eaux, lettres de l'amiral Louis-Joseph Brossollet (1823-1898), Éditions Belin, 1996. (ISBN 978-2-7011-2184-0)
  • Guy Brossollet, Les Français de Shanghai, 1849-1949, Éditions Belin 1999. Prix Auguste-Pavie, décerné par l'Académie des sciences d'outre-mer. (ISBN 978-2-7011-2514-5)
Articles publiés dans la revue Défense nationale
  • « Ombres et lumières sur le Laos » (no 279, )
  • « Le Parti communiste français et la Chine » (no 269, juin/)
  • « La langue chinoise est-elle compatible avec la pensée moderne ? » (no 259, )

Autres articles publiés

  • Hier, Les Touareg Ajjer, Le Saharien, n°199, , p 39-56
  • La Lingua Cinese e il progresso Scientifico, Lo Spettatore Internazionale, Nov-dec 1967, n°6 pp783-799
  • Passerelles Françaises à Shanghai, revue des deux Mondes, [16]

Notes et références

  1. Damien Taelman, « Philippe Sollers : la cavalerie spectaculaire du Bernard Tapie des lettres françaises », sur http://www.juanasensio.com/media/01/02/2306018089.pdf, (consulté le )
  2. Qingya Meng, Le voyage en Chine de Tel Quel et de Roland Barthes(1974). Enjeux, embûches, enseignements (Thèse de doctorat), Université Paul Valéry - Montpellier III, (lire en ligne)
  3. Philippe Sollers, « "De quelques contradictions" », Tel Quel n° 38,
  4. Julia Kristeva, « Comptes rendus, la contradiction et ses aspects chez un auteur des Tang », Tel Quel n°48/49,
  5. Jean Klein, « Guy Brossollet. Essai sur la non-bataille », compte-rendu dans Politique étrangère, vol. 40, n° 5, 1975.
  6. http://www.leconflit.com/article--essai-sur-la-non-bataille-de-guy-brossollet-38822163.html
  7. http://www.afri-ct.org/IMG/pdf/Article_Hautcourt.pdf
  8. Hervé Coutau-Bégarie, « Guerres irrégulières : de quoi parle-t-on ? », Stratégique, vol. N° 93-94-95-96, no 1, , p. 13 (ISSN 0224-0424 et 2430-2961, DOI 10.3917/strat.093.0013, lire en ligne, consulté le )
  9. Jean-Dominique Merchet, « Mort de Guy Brossollet, théoricien de la non-bataille », sur ww.lopinion.fr, L'Opinion, (consulté le )
  10. http://www.armedforcesjournal.com/2006/10/2069044
  11. « RMES - Le blog de Rémi, Marine, Edouard et Sarah », sur RMES (consulté le ).
  12. Christophe Maresca, Apostille à la Non-Bataille, Mémoire de M2, Paris, École Pratique des Hautes Études / Université PSL,
  13. Christophe Maresca, « L'Ultime Leçon de Brossollet », Défense et Sécurité Internationale, (consulté le )
  14. Claude Martin, La Diplomatie n'est pas un dîner de gala : mémoires d'un ambassadeur, La Tour-d'Aigues, Editions de l'Aube, , 945 p. (ISBN 978-2-8159-2762-8, lire en ligne)
  15. « Histoire chinoise », sur Chine en Question (consulté le )
  16. Guy Brossollet, « Passerelles Françaises à Shanghai », sur Passerelles, Revue des Deux Mondes, (consulté le )

Liens externes

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