Guillaume Guindey

Guillaume Guindey (1909-1989) est un haut fonctionnaire et essayiste français, qui fut notamment directeur des finances extérieures (FINEX), directeur de la Banque des règlements internationaux (BRI) et membre de l'Académie des sciences morales et politiques.

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Biographie

Né en 1909 à Évreux, il perd très jeune son père, Claude Guindey, sous-préfet, sous-lieutenant, qui meurt au combat dès la première phase de la première guerre mondiale ()[1]. Après la mort de son père, il est élevé dans la famille de sa mère, au château de Trangis[2]. Il est le petit-fils d'Anatole Guindey, qui fut sénateur et maire d'Évreux.

Formation et engagement

Elève brillant[3], entré en 1927 à l'école normale supérieure après une seule année de classe préparatoire, il est proche de Simone Weil[4] dès l'année de Khâgne. Il s'engage avec elle en faveur des défavorisés, notamment en donnant des cours dans les quartiers populaires[5].

Il restera marqué par l'enseignement d'Emile Chartier (le philosophe Alain), mais n'appartient au premier cercle des "chartieristes". Il devance l'appel en effectuant son service militaire dès 1929 et prépare à l'École libre des sciences politiques le concours de l'inspection des finances où il est reçu major en 1932[6].

Dès le lendemain des accords de Munich, il juge, comme Raymond Aron, son aîné de peu à l'école Normale, la guerre inévitable et estime que le pacifisme ne peut être une réponse aux enjeux de l'époque. Il exprime publiquement son hostilité à l'armistice et entretient des rapports difficiles avec le régime de Vichy jusqu'à son départ pour Alger, sous un faux nom, immédiatement après le débarquement allié en 1942. Il est chargé par le gouvernement provisoire des questions internationales au sein du commissariat aux finances.

Carrière de haut fonctionnaire[7]

Auréolé du prestige acquis à Alger, il est chargé des finances extérieures à la Libération puis il prend en 1946 la tête de la toute nouvelle direction des finances extérieures (FINEX) dont la mission est de restaurer la crédibilité financière de la France à l'international. Il reste à ce poste jusqu'en 1953[8], date à laquelle il démissionne, en raison d'un désaccord avec Antoine Pinay, ministre de l'économie, qui ne soutient pas sa proposition de dévaluation monétaire.

Pour Guindey, la France doit s'inscrire dans le mouvement de libéralisation des échanges. Libéral et pragmatique, Guindey est selon Michel Margairaz la figure centrale du groupe des "austéro-libéraux"[9] groupe de hauts fonctionnaires, qu'il oppose aux "austéro-protecteurs". "Nous étions guidés par l'idée que la libération des échanges, la concurrence, l'ouverture des frontières, étaient indispensables à l'aération de l'économie française, trop longtemps étouffée" dira plus tard Guillaume Guindey[10].

Entre 1958 et 1973, il est directeur général de la banque des règlements internationaux, à Bâle, "banque centrale des banques centrales".

Entre 1972 et 1981, il est président du conseil d'administration de la compagnie internationale des wagons lits.

Entre 1972 et 1979, il préside la société financière pour l'expansion des télécommunications.

A sa mort, le journaliste Paul Fabra parle dans Le Monde "d'une grande carrière incomplète" car, selon lui, "Il était entendu, parmi ceux qui savaient, que le poste de gouverneur de la Banque de France lui reviendrait. Le pouvoir politique le lui avait promis. Mais le parfait gentleman était incapable de la moindre démarche en sa propre faveur"[11].

Publications, influence et travaux théoriques

Parallèlement à son parcours de haut fonctionnaire, il poursuit son œuvre intellectuelle et publie plusieurs ouvrages, en matière économique et financière ainsi que dans le domaine philosophique.

Economiste influent, il fut, avec Jacques Rueff, un des inspirateurs de la politique monétaire internationale du général de Gaulle: rapatriement des réserves de change en or de la France et remise en cause du rôle particulier des Etats-Unis dans le système de l'étalon de change or (orientations résumées dans la conférence de presse du général de Gaulle du )[12].

En 1968, Théologie d'un laïc démontre comment sa foi catholique se concilie avec la tradition intellectuelle kantienne à laquelle il est attaché.

En 1974, dans Le drame de la pensée dialectique, Hegel, Marx, Sartre, il traite des risques inhérents au courant de pensée qui domine alors la vie intellectuelle française.

Il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques en 1979[13].

Œuvres

  • Trajectoire (1984)
  • Aron et le système monétaire international (1984)
  • La banque des règlements internationaux (1982)
  • Notice sur la vie et les travaux de Jacques Rueff (1980)
  • Vingt-et-une questions sur le capitalisme (1978)
  • Le Drame de la pensée dialectique, Hegel, Marx, Sartre (1974)
  • Mythes et réalités de la crise monétaire internationale (1973)
  • Théologie d’un laïc, préface de Jean-Marie Paupert (1968)
  • La Réforme du système monétaire international (1966)
  • Sous le pseudonyme « Bernard Baudry » :

Prix

Sources

  • Pierre Escoube, Profils (Guillaume Guindey) dans La Revue des deux mondes
  • Gérard Bossuat, Guillaume Guindey, la diplomatie financière de la France dans Dictionnaire historique des inspecteurs des finances
  • Maurice Allais, Notice sur la vie et les travaux de Guillaume Guindey
  • Jean François Sirinelli, Génération intellectuelle (khâgneux et normaliens dans l'entre-deux-guerres)
  • Solenne Lepage, La direction des finances extérieures face à la modernisation et à la nécessité de restaurer la puissance internationale de la France
  • Laure Quennouëlle-Corre, La direction du Trésor 1947-1967: l'Etat-banquier et la croissance
  • Michel Margairaz, l'État, les finances et l'économie
  • Simone Pétrement, La vie de Simone Weil

Notes et références

  1. « Visionneuse - Memoire des Hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  2. « Une destinée sociale pour le chateau de Trangis à », sur www.paris-normandie.fr (consulté le )
  3. « Profils, Guillaume Guindey », Revue des deux mondes, (lire en ligne)
  4. Janet Patricia Little, Simone Weil : A Bibliography, DS Brewer, , 76 p. (ISBN 978-0-7293-0085-8, lire en ligne)
  5. Florence de Lussy, Simone Weil : « Que sais-je ? » n° 4037, Presses Universitaires de France, (ISBN 978-2-13-078928-4, lire en ligne)
  6. Jean-François Sirinelli, Génération intellectuelle : Khâgneux et Normaliens dans l'entre-deux-guerres, Fayard, , 722 p. (ISBN 978-2-213-65368-6, lire en ligne)
  7. France Ministère du commerce extérieur et France Ministère du redressement productif, Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances 1801-2009 : Dictionnaire thématique et biographique, Paris, Institut de la gestion publique et du développement économique, , 1130 p. (ISBN 978-2-11-097521-8, lire en ligne)
  8. Solenne Lepage, « La direction des finances extérieures face à la modernisation et à la nécessité de restaurer la puissance internationale de la France (1946-1950) », Histoire, économie & société, vol. 18, no 2, , p. 255–274 (DOI 10.3406/hes.1999.2031, lire en ligne, consulté le )
  9. Laure Quennouëlle-Corre, La direction du Trésor 1947-1967 : L’État-banquier et la croissance, Institut de la gestion publique et du développement économique, , 693 p. (ISBN 978-2-8218-2858-2, lire en ligne)
  10. Jérôme Wilson, Robert Triffin – Milieux académiques et cénacles économiques internationaux (1935-1951), Versant Sud, (ISBN 978-2-930358-67-3, lire en ligne)
  11. « La mort de Guillaume Guindey Une grande carrière incomplète », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  12. Laure Quennouëlle-Corre, « Chapitre X. 1965-1967, la marche forcée vers la modernisation », dans La direction du Trésor 1947-1967, Institut de la gestion publique et du développement économique (ISBN 978-2-11-091054-7, lire en ligne), p. 552-554
  13. « CTHS - GUINDEY Guillaume Louis Bernard », sur cths.fr (consulté le )
  14. http://www.academie-francaise.fr/guillaume-guindey.

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