Guillaume Gouffier de Bonnivet

Guillaume II Gouffier, seigneur de Bonnivet, amiral de France, né probablement vers 1482, fut l’un des principaux conseillers de François Ier depuis l’avènement de celui-ci, en 1515, jusqu’à son propre décès, le sur le champ de bataille de Pavie. Avant 1515, il avait figuré pendant plusieurs années dans le cercle des compagnons du jeune François d’Angoulême, futur François Ier.

Pour les articles homonymes, voir Gouffier.

 Guillaume Gouffier
Seigneur de Bonnivet

Guillaume Gouffier de Bonnivet par Jean Clouet (v. 1516)

Naissance vers 1488
Décès
à Pavie
Origine  Royaume de France
Arme  Marine royale française
Dignité d'État Amiral de France
Conflits Guerres d'Italie
Famille Gouffier

Biographie

Compagnon de jeunesse de François Ier

Parmi les huit enfants issus de son second mariage avec Philippine de Montmorency (fille de Jean II), c’est à l’un des cadets que Guillaume Ier Gouffier (vers 1435-1495), seigneur de Boisy, a choisi d’attribuer son propre prénom. À sa mort en 1495, c’est à lui qu’il a légué la petite seigneurie familiale de Bonnivet, sous le nom de laquelle le jeune Guillaume est resté connu par la suite. Il a eu sept frères et sœurs : Artus, Louis, Adrien, Pierre, Charlotte, Anne et Aymar. On a peu de renseignements sur sa date de naissance : il est probable qu’il ait vu le jour vers 1482.

L’aîné de la fratrie, Artus, est devenu en 1506 gouverneur du jeune François d’Angoulême, le futur François Ier. Du fait de l’intimité avec le jeune prince que cette charge lui garantissait, Artus a pu rapidement introduire son jeune frère Guillaume dans le cercle des jeunes compagnons de François d’Angoulême.

Sensiblement plus âgé que François, qui était né en 1494, et que ses autres compagnons, Guillaume a pris rapidement sur eux un ascendant, qui fut déterminant pour la suite de sa carrière.

Dans l’ombre d’Artus

À l’avènement de François Ier, le , Artus Gouffier devient le principal conseiller du jeune roi, dans tous les domaines. Guillaume, pour sa part, demeure un proche compagnon de François, mais ne prend part que de manière isolée à certaines des initiatives diplomatiques du roi de France. Il est en particulier chargé de conduire l’ambassade envoyée auprès d’Henri VIII par François Ier en 1518, mais le traité signé avec le roi d’Angleterre est en fait préparé par les autres membres de l’ambassade, tous diplomates aguerris.

L’année précédente, le , il s’était vu confier par le roi la direction de la construction du Havre de Grâce[1]. Quelques mois plus tard, il se voit attribuer la charge d’amiral de France, à la mort du précédent titulaire, Louis Malet, seigneur de Graville. L’amiral de France est l’un des plus récents parmi les grands offices de la couronne : il est cantonné à des attributions administratives et judiciaires sur le littoral de la Manche, et concurrencé par d’autres amiraux pour la Bretagne, la Guyenne et la Provence.

Bonnivet accumule par la suite plusieurs charges de capitaines de places fortes du littoral atlantique (Nantes, Brest, Honfleur, Dieppe, Pont-Audemer). Il est possible d’y voir une tentative de François Ier de pallier l’éclatement de l’administration maritime par la concentration sur un seul homme de confiance d’un grand nombre de charges en la matière.

Après la mort d’Artus

Artus Gouffier meurt à Montpellier le , en pleine négociation avec les représentants du jeune roi Charles d’Espagne. C’est depuis l’Allemagne que Guillaume apprend la mort de son frère. Il s’y trouve en effet depuis le mois de janvier : après le décès de l’empereur Maximilien, le , François Ier l’a chargé de coordonner sur place les contacts pris avec les princes-électeurs en vue de rallier leurs suffrages et de favoriser l’élection de François Ier à l’Empire, face à Charles d’Espagne.

L’opération échoue et c’est finalement Charles qui est élu roi des Romains en juillet 1519 sous le nom de Charles Quint. Bonnivet, qui n’est pas disgracié pour autant, malgré cet échec, est même chargé d’organiser l’entrevue du camp du Drap d’Or, le , entre François Ier et Henri VIII. Cette dernière tentative diplomatique est un nouvel échec : la guerre est inévitable entre François Ier et Charles Quint.

La guerre

Lors de la campagne de l’été 1521, Bonnivet est chargé de conduire une armée en Navarre, où François Ier soutient les prétentions des Albret contre la couronne d’Aragon. Bonnivet en revient auréolé de la prise de la forteresse de Fontarabie, le .

Fort de ce succès, le roi lui confie en 1523 la tête de toute l’armée d’Italie. Confronté à plus forte partie, et plusieurs erreurs stratégiques, il se voit contraint d’opérer au début de l’année 1524 une retraite précipitée vers la Provence, qui se trouve même envahie par les troupes impériales. Avec le roi de France lui-même désormais à sa tête, l’armée française repousse l’invasion de la Provence et repasse en Italie. Bonnivet est aux côtés du roi pendant toute cette campagne. Milan est prise en octobre 1524, mais plusieurs places fortes importantes, capitales pour le contrôle du duché, restent aux mains des impériaux.

Parmi ces places, la plupart des conseillers suggèrent de s’attaquer à Lodi, moins bien défendue. Bonnivet, soucieux avant tout de la gloire de son roi, manifeste sa préférence pour Pavie, forteresse que les autres jugent imprenable. Fort de son influence, il emporte la décision du roi. Mais, le , devant Pavie, c’est le désastre : le roi est capturé, la fine fleur de la chevalerie française est massacrée. Au nombre des tués figure Bonnivet.

« Il fut, dit Brantôme, en bonne réputation aux armées et aux guerres, au-delà des monts où il fit son apprentissage ; et pour ce, le roi (François Ier) le prit en grande amitié, étant d'ailleurs de fort gentil et subtil esprit et très habile, fort bien disant, fort beau et agréable, comme j'ai vu par son portrait[2]. »

Famille

En 1506, alors qu’il n’était encore qu’un modeste cadet de famille, Bonnivet épouse, sous les auspices de son frère Artus, devenu chef de famille depuis la mort de leur père en 1495, Bonaventure du Puy du Fou : elle est la fille d’un chambellan et maître d’hôtel du comte d’Angoulême, père du futur François Ier. Ce mariage contribue donc à asseoir la position d’Artus auprès du futur roi de France, dont il était devenu la même année le précepteur.

Après la mort de Bonaventure du Puy du Fou, c’est en 1517 que Bonnivet contracte un second mariage. Entretemps, il est devenu un grand seigneur fastueux, et ce second mariage est à l’aune de son nouveau statut : il épouse Louise de Crèvecœur, unique héritière d’un grand nom de la noblesse picarde et d’un ensemble considérable de seigneuries importantes en Picardie. Ils ont trois fils, tous prénommés François, en hommage évident au rôle joué par le roi dans la fortune de Bonnivet.

Le château de Bonnivet

Le château édifié par l’amiral sur ses terres poitevines est une autre forme d’hommage rendu au roi.

Gratifié par François Ier de bienfaits considérables, Bonnivet a eu l’opportunité de consacrer cette fortune à la construction d’un château à sa démesure, sur ses modestes terres de Bonnivet, près de Poitiers. Dès 1515, il fait bâtir un château flambant neuf, sans prendre appui sur le modeste édifice qui préexistait probablement. Il adopte résolument un parti très moderne, abandonnant tous les signes distinctifs traditionnels de la demeure noble. Il signifie par là que toute sa fortune lui vient du roi, et de lui seul.

Après son décès, l’édifice gigantesque est rapidement délaissé par ses descendants : son entretien est exorbitant et, surtout, il se trouve désormais très excentré, en Poitou, alors que le cœur des possessions des enfants de l’amiral et tous leurs réseaux familiaux sont en Picardie.

Le château se trouve actuellement sur le territoire de la commune de Vendeuvre-du-Poitou.

Bibliographie

  • Pierre Carouge, « Artus (1474-1519) et Guillaume (1482-1525) Gouffier à l’émergence de nouvelles modalités de gouvernement », Les Conseillers de François Ier, dir. Cédric Michon, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 229-253.
  • Jean Guillaume, Le Château de Bonnivet. Entre Blois et Chambord : le chaînon manquant de la première Renaissance, Paris, Picard, 2006, 153 p.
  • Arlette Jouanna, Philippe Hamon, Dominique Biloghi, Guy Le Thiec, La France de la Renaissance. Histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, 2001, article « Gouffier, famille », p. 851-854.

Notes et références

  1. Cf. Ph. Manneville, M. Vergé-Franceschi (dir.) et Ph. Masson (dir.), La France et la mer au siècle des grandes découvertes, éd. Tallandier, (ISBN 2-235-02112-3), « La fondation du port du Havre (1517) et son premier développement », p. 323-338.
  2. Pierre de Brantôme, Vie des hommes illustres et grands capitaines français, livre III.

Liens externes

  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail du royaume de France
  • Portail de l’Italie
  • Portail de la politique française
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.