Graphzine

Un graphzine est, comme son nom le laisse entendre, un ouvrage autoproduit ou "zine" au contenu essentiellement graphique[1]. Les éléments textuels, s'ils existent, sont conçus de manière graphique ou intégrés dans les images[2]. Le fil narratif entre les images, contrairement aux bandes dessinées classiques, n'est le plus souvent pas présent[3]. Le graphzine n'est pas réductible au fanzine. Alors que le fanzine, au sens précis de ce terme, est un "zine" de "fan" consacré à un sujet particulier (comme la science-fiction, le rock ou n'importe quel sujet), le graphzine vaut pour lui-même, comme événement graphique, sans être relatif à un sujet donné[4]. Lorsqu'un graphzine est organisé selon un thème principal, ce qui arrive parfois, celui-ci n'est alors qu'un prétexte pour une expression graphique.

Une collection personnelle de graphzines de pays divers (Japon, France, Espagne, Norvège, États-Unis).

Depuis le milieu des années 1980, de nombreux graphzines sont imprimés en sérigraphie et se rapprochent alors du livre d'artiste. Cf: Dernier Cri, Bongoût, l’Apaar, Palefroi, Coco Bel Œil, French Fourch.

Description

Typiquement imprimés en petites séries à l'aide de moyens accessibles aux amateurs (sérigraphie, photocopie, ronéo, pochoir, risographie)[5], reliés à la main et diffusés par quelques librairies spécialisées dans les productions alternatives, ces ouvrages graphiques contiennent des illustrations, parfois des bandes dessinées. On les rattache à l'origine souvent au mouvement punk, dont la naissance dans les années 1970 est plus ou moins contemporaine à celle des graphzines[6].

À part ses techniques d'impression, le graphzine constitue un champ d'expérimentation pour des formats atypiques et des matières d'impression inédites[3]. Les dessins échappent aux conventions réalistes ou esthétiques des illustrations de presse. De la même manière, les thématiques vont souvent à l'encontre des tabous et il est fréquent de trouver des images qui font référence à la violence, la sexualité, le monde des rêves ou à des émotions telles que la tristesse, la haine ou le dégoût[3]. Les critiques à l'aliénation et le consumérisme de la société actuelle sont aussi présentes.

Puisque les tirages des graphzines sont souvent réduits, voire confidentiels, et que leurs auteurs prennent rarement le soin du dépôt légal, la collecte de ces publications dépend du bon vouloir des amateurs. Cependant, la Bibliothèque nationale de France mène une politique active d'acquisition de graphzines[5]. Les graphzines dédiés à la photographie sont également appelés photozines.

Quelques exemples

  • Elles Sont De Sortie, par Pascal Doury et Bruno Richard (dès 1977).
  • Placid et Muzo, par Placid et Muzo (dès 1980).
  • Qui ? Résiste, par Pierre di Sciullo (1983).
  • Blank, par OX (1983)[7]
  • Gabor Kao où, parmi d'autres élèves de l'école Olivier de Serres, Michel Gondry a publié ses premiers dessins (1983)
  • Au Sec !, par Toffe et Gerbaud (1984).
  • Sortez la chienne, publié par Jean-Jacques Tachdjian (1986).
  • Basic, par Dioxine, Jissé, Plastic Gun, Y5/P5 (1986)[8]
  • Chacal Puant, publié par Stéphane Blanquet (dès 1990).
  • ouvrages par Le Dernier Cri, édités par Paquito Bolino et Caroline Surry (dès 1993).
  • INFRArot par DeePee (dès 1983)[9].
  • Toi et Moi pour Toujours par Camille Philibert et Jacques-Élie Chabert (dès 1982).
  • ouvrages en sérigraphie publiés par Bongoût (Gfeller+ Hellsgård) dès 1995 à Strasbourg.
  • collectif serigraphie, Croque Mitaine et Corpsmeat publié par l’Apaar, DiRosa, Charles Burns, the Pizz, Savage Pencil, Marc Beyer, Marc Caro, Placid, Bazooka...

Notes et références

  1. Voir Xavier-Gilles Néret, Graphzine Graphzone, Le Dernier Cri / Editions du Sandre, 2019, p. 5-8.
  2. Mona Prudhomme, « Pourquoi le graphisme n'est plus un art mineur », sur Télérama, (consulté le ) : « La scène graphzine (ouvrages entièrement dessinés, où le texte est pensé comme un visuel) a su rapidement faire preuve d'autonomie et s’auto-publie sans attendre les éditeurs, à l'aide de moyens rudimentaires. ».
  3. « Exposition « Graphzines 1975 – 2013 : publications d’artistes françaises underground » », sur Zentralinstitut für Kunstgeschichte (consulté le ).
  4. "La différence est majeure", explique Blex Bolex dans Chemin Papier, L'illustration et ses marges, Le Signe Editions, 2018, p. 61. Sur la différence entre graphzine et fanzine, voir aussi Xavier-Gilles Néret, Graphzine Graphzone, Le Dernier Cri / Editions du Sandre, 2019, p. 7-8 : "Le graphzine diffère du fanzine, zine de fan informant le lecteur sur un domaine de prédilection […]. Comme son nom le laisse entendre, le graphzine est, quant à lui, principalement graphique."
  5. Des Graphzines à la BnF, sur le blog de la Bnf (2009).
  6. « Printoiz, dossier pédagogique », sur Le Dernier Cri (consulté le ) : « Dans les années 1970, le graphzine apparaît, en même temps que le mouvement punk qui l’associe à la fois à la musique et aux arts graphiques. ».
  7. (en) « Three Decades of Culture Jamming. French Street Artist OX », sur Open Walls Gallery.
  8. « Basic n° 01 », sur graphzines.net (consulté le ).
  9. (de) « Infrarot », sur Deepee (consulté le ).

Voir aussi

Xavier-Gilles Néret, Graphzine Graphzone, Le Dernier Cri / Editions du Sandre, 2019. Ce livre propose une importante bibliographie des articles et ouvrages portant sur les graphzines.

Articles connexes

Liens externes

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