Gertrude Blanch

Gertrude Blanch, née le dans l'Empire russe à Kolno (en Pologne actuelle), et morte le à San Diego aux États-Unis[1] est une mathématicienne américaine qui a réalisé des études novatrices en analyse numérique et en informatique[2].

Gertrude Blanch
Nom de naissance Gittel Kaimowitz
Naissance
Kolno (Empire russe)
Décès
San Diego (États-Unis)
Nationalité américaine
Domaines Mathématiques, analyse numérique
Institutions National Bureau of Standards, Aerospace Research Laboratories, Dayton, Ohio
Diplôme Ph. D.
Formation Université Cornell
Renommé pour Tables de fonctions de Mathieu
Distinctions Fellow de l'American Association for the Advancement of Science (1962) ;
Federal Woman's Award (par le Président Johnson, 1964).

Biographie

Jeunesse

Gertrude Blanch s'appelle à sa naissance en 1897 Gittel Kaimowitz. Son père, Wolfe Kaimowitz, émigre aux États-Unis et elle le rejoint à New York en 1907 à l'âge de dix ans avec sa mère, Dora Blanc, et une de ses sœurs. Elle va à l'école primaire, puis au collège à Brooklyn. Elle est diplômée du lycée du district Est de Brooklyn (Eastern District High School) en 1914.

Son père décède la même année et à 17 ans, elle commence à travailler. Elle américanise à cette époque son prénom en Gertrude[3]. Elle acquiert la citoyenneté américaine en 1921. Elle travaille comme employée jusqu'au décès de sa mère en 1927.

Études

G. Blanch entreprend, de 1928 à 1932, des études de mathématiques à la Washington Square College. C'est alors qu'elle change son nom en Gertrude Blanch, en américanisant le nom de sa mère, Dora Blanc.

Elle passe en 1934 un master à l'université de Cornell[4]. Elle obtient un doctorat en soutenant une thèse intitulée Properties of the Veneroni transformation in S4[5] en 1935. Cette thèse est publiée en 1936 dans la revue American Journal of Mathematics[6],[2]

Carrière professionnelle

En 1938, Gertrude Blanch devient Director of Mathematics et Manager of Computation au Mathematical Tables Project (en) à New York. Ce projet dépend alors de la Work Projects Administration. Elle supervise près de 450 personnes appelées en anglais human computers (calculateurs humains), qui sans qualifications particulières, effectuent des calculs numériques pour élaborer des tables de fonctions[7]. Les schémas et l'organisation des calculs sont élaborés par Gertrude Blanch. La qualité des algorithmes et des tests d'erreur font de tables produites un ouvrage de référence pendant de dizaines d'années, notamment pour les fonctions transcendantes. Elle travaille dans ce projet jusqu'en 1942. Le National Bureau of Standards reprend alors pour l'essentiel le personnel du Mathematical Tables Project dans le cadre du Applied Mathematics Panel du National Defense Research Committee. Dans ce cadre, elle supervise les calculs pour l'armée, la marine et divers autres projets militaires.

Après la guerre, elle rejoint l'université de Californie à Los Angeles (UCLA), où elle travaille à l'Institute for Numerical Analysis en tant que directeur assistant et chef du département de calcul, toujours dépendant du National Bureau of Standards. Elle figure parmi les membres de l’Association for Computing Machinery (ACM) dès le mois de [8].

Durant la période des persécutions de McCarthy, elle est importunée parce que sa sœur aînée est membre du parti communiste des États-Unis[9]. Aussi, elle est elle-même soupçonnée d'être communiste parce que célibataire et sans enfants[3].

Les dernières années

L'Institute ayant fermé en 1954, G. Blanch travaille pendant un an pour l'entreprise Electrodata Corporation à Pasadena, puis elle rejoint le laboratoire de recherche aérospatiale à la base aérienne Wright-Patterson[2],[4] de l’US Air Force à Dayton (Ohio). Elle y travaille sur les fonctions de Mathieu et assure parallèlement des cours de perfectionnement aux officiers. Elle reste dans cet emploi jusqu'à sa retraite[9]en 1967 à l'âge de 69 ans. Elle continue cependant de travailler un an en tant que consultante sous contrat de l'US Air Force avant de déménager à San Diego où elle se consacre à approfondir l'étude des solutions numériques des fonctions de Mathieu.

Prix et distinctions

Publications

L'ensemble des documents et écrits de Getrude Blanch sont conservés sous le titre de dossier Gertrude Blanch Papers, (1932-1996) au Charles Babbage Institute (en) de l'université du Minnesota à Minneapolis[10].

Articles

Elle a publié plus d'une trentaine d'articles scientifiques sur l'approximation de fonctions, les fonctions de Mathieu ou encore l'analyse numérique dans des revues scientifiques américaines, dont l'American Journal of Mathematics, le Bulletin of the American Mathematical Society, le Journal of Mathematics and Physics, dans les Mathematical Tables and other Aids to Computation et le Journal of Research of the National Bureau of Standards[11].

Livres

Elle a publié plusieurs volumes de tables sur les fonctions de Mathieu :

  • Gertrude Blanch et Donald S. Clemm, Tables relating to the radial mMthieu functions : Vol. 1 : Functions of the first kind, Aeronautical Research Laboratories, Wright-Patterson Air Force Base, , xxix+383 p. (Math Reviews 148948)

et un deuxième volume :

  • Gertrude Blanch et Donald S. Clemm, Tables relating to the radial Mathieu functions. Vol. 2 : Functions of the second kind, Aeronautical Research Laboratories, Wright-Patterson Air Force Base, , xxiii+481 p. (Math Reviews 179911)

et enfin :

  • Gertrude Blanch et Donald S. Clemm, Mathieu’s equation for complex parameters. Tables of characteristic values, Aerospace Research Laboraories; Washington: Superintendent of Documents. U.S. Government Printing Office., , xiii+273 p. (Math Reviews 250432, zbMATH 0204.49902).

Références

  1. (en-US) « Female Role Models: Gertrude Blanch », sur Coding Blonde (consulté le ).
  2. (en-US) David Greer, George Washington University, « Gertrude Blanch », Biographies of Women Mathematicians, sur agnesscott.edu, Agnes Scott College, 1995-2020 (consulté le ).
  3. (en) John J. O'Connor et Edmund F. Robertson, « Gertrude Blanch », dans MacTutor History of Mathematics archive, université de St Andrews (lire en ligne).
  4. (en-US) « The History of Numerical Analysis and Scientific Computing », sur history.siam.org (consulté le ).
  5. (en) « Gertrude Blanch », sur le site du Mathematics Genealogy Project.
  6. (en-US) Gertrude K. Blanch, « Properties of the Veneroni Transformation in S4 », American Journal of Mathematics, vol. 58, no 3, , p. 639-645 (Math Reviews 1507189, présentation en ligne)
  7. (en-US) David Alan Grier, When Computers Were Human, Princeton University Press, , 411 p. (ISBN 978-0-691-09157-0).
  8. Membership directory of the ACM, .
  9. Green et LaDuke 2009, p. 144-145.
  10. Gertrude Blanch Papers, 1932-1996.
  11. Gertrude Blanch sur Zentralblatt MATH.

Bibliographie

  • (en) Judy Green et Jeanne LaDuke, Pioneering Women in American Mathematics : The Pre-1940 PhD’s, Providence, R.I., American Mathematical Society et London Mathematical Society, coll. « History of Mathematics Volume 34 », , 345 p. (ISBN 978-0-8218-4376-5, lire en ligne), p. 144–145.
  • (en) David Alan Grier, « Gertrude Blanch of the Mathematical Tables Project », IEEE Annals of the History of Computing, vol. 19, no 4, , p. 18–27 (ISSN 1058-6180, DOI 10.1109/85.627896).

Liens externes

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