Geoffroy Vallée

Geoffroy Vallée ou Geoffroy Vallée IIe, sieur de la Planchette, est un déiste français, né à Orléans vers 1535 et mort le .

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Il fut condamné à être pendu puis brûlé.

Biographie

Geoffroy Vallée naît à Orléans, alors situé dans l'ancienne province de l'Orléanais du royaume de France, sous le règne du roi François Ie dans une famille probablement calviniste[1].

Geoffroy est le fils de Geoffroy Vallée Ier, seigneur de Chenailles (dans la commune de Saint-Denis-de-l'Hôtel) et le frère de Jacques, Marie, Claude, Gérarde et Jean[2]. On ignore cependant sa date de naissance exacte, bien qu'on pense qu'elle puisse se situer entre 1535 et 1540[3].

Il s'installe à Paris et, après avoir eu des démêlés avec sa famille qui tente de le mettre sous curatelle, y publie La béatitude des Chrétiens ou le Fléau de la foy (1572)[4], libelle relativement bref où il expose que la foi religieuse, basée sur l'ignorance et la crainte de Dieu, abêtit l'homme et le réduit au rang de l'animal. Il place aux sommets des échelles du savoir et de la félicité le « vrai catholique », c'est-à-dire celui qui, par un travail de recherche intellectuelle et d’ascèse morale sur lui-même, a développé une science de Dieu totalement opposée à la foi dénoncée comme une aliénation. Pour Vallée, les échelons dans l’ignorance et l’aliénation (et conséquemment aussi dans le malheur) sont, dans l'ordre croissant vers le savoir : le papiste, le huguenot, l'anabaptiste, le libertin et le vrai catholique, tandis que l'athée retombe dans la croyance (et donc dans le malheur) en se mentant à lui-même.

Ce libelle est diffusé par la suite au XVIIIe siècle sous le titre de Ars nihil credendi (L'Art de ne croire en rien).

Le parlement de Paris le condamne à être pendu puis brûlé, non pour athéisme, mais pour avoir « tenu dit et maintenu les blasphèmes et propos erronés […] contre l’honneur de Dieu et de notre mère sainte Église ». Il est exécuté le .

Le ligueur Louis Dorléans (1542-1629), écrit de lui « Et ne vous souvenez-vous pas du beau Vallée, dit la dame de Fronise, qui fut brûlé à Paris »[5], tandis que Scévole de Sainte-Marthe note, à son propos, « Puis-je t'appeler coq, homme sans virilité ? »[6]. Ces témoignages pourraient laisser à penser que Vallée avait des mœurs homosexuelles.

Il est le grand-oncle du poète libertin Jacques Vallée Des Barreaux.

Références

  1. Alain Mothu en collaboration avec Patrick Graille, Quelques mots sur Geoffroy Vallée et ses proches, in La Lettre clandestine, no 14, 2005-2006, p. 159-199.
  2. Frédéric Lachèvre, Jacques Vallée Des Barreaux : le prince des libertins du XVIIe siècle, Paris, Leclerc, , 286 p. (lire en ligne), p. 246-247
  3. Frédéric Lachèvre, Geoffroy Vallée (brûlé le 9 février 1574) et La béatitude des Chrestiens : l’ancêtre des libertins du XVIIe siècle, Paris, Champion, 1920
  4. Geoffroy Vallée, La béatitude des Chrétiens ou le Fléau de la foy, Paris, , 24 p. (lire en ligne)
  5. Louis Dorléans, Le Banquet et apres dinee du Comte d’Arete, où il se traicte de la dissimulation du Roy de Navarre, & des mœurs de ses partisans, Paris, Guillaume Bichon, 1594, p. 41-42
  6. Gaucher II de Sainte-Marthe, épigramme In Mezentium, in Epigrammat. lib. I, Scœvolæ Sammarthani opera tum pœtica tum ea quæ soluta oratione scvriptit, Paris, 1587. Bien que Sainte-Marthe ne nous indique pas qui est visé sous le portrait furieux de son « Mézence », de nombreux auteurs y ont reconnu Vallée. En voici la traduction proposée par Lachèvre : « À toi le très impur contempteur des Dieux, volontiers je donnerai le nom de Mezentius. Mais celui-là fut un gaillard et tu n'es qu'une femme. Puis-je donc t'appeler coq, homme sans c[ouilles] ? Et pourtant tu es prêtre-coq de la Mère des Dieux [c'est-à-dire prêtre châtré du culte de Cybèle]. Te dirai-je bouffon, toi qui, grâce à des pitreries, pilles impudemment les tables étrangères ? Mais le bouffon, si peu généreux qu'il soit, n'a pas de venin, et toi tu es tout venin. Tandis que ces pensées traversent mon esprit, Apollon sourit : « Que ne chasses-tu, dit-il, de ton cœur ce souci ? C'est en vain que tu t'évertues à chercher le nom de celui qui parfait vaurien n'en a aucun. »

Voir aussi

Bibliographie

  • « L’art de ne croire en rien » suivi de « Livre des trois imposteurs », édition établie et préfacée par Raoul Vaneigem, Éditions Payot et Rivages (Rivages poche / Petite Bibliothèque), Paris, 2002. (Texte mis en français moderne de La Béatitude des chrétiens ou le Fléau de la foi, ouvrage de Geoffroy Vallée également connu sous le titre L'Art de ne croire en rien; traduction française du De tribus impostoribus portant la date de 1598; et texte du Livre des trois imposteurs du XVIIe siècle.)
  • George Hoffmann, « Littérature dissidente ou tributaire de la polémique réformée ? », Les Dossiers du Grihl, no 1, (lire en ligne)
    La pensée de trois dissidents notoires du XVIe siècle, Jacques Gruet, Noël Journet et Geoffroy Vallée, est comparée à la polémique réformée pour suggérer qu’ils sont moins en rupture avec la pensée officielle de leur temps qu’on l’a prétendu.

Article connexe

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