Geneviève Tabouis

Geneviève Tabouis, née Geneviève Le Quesne le à Paris 8e et morte le à Paris 17e, est une journaliste française.

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Geneviève Tabouis

Geneviève Tabouis en 1938.

Nom de naissance Geneviève Eugénie Marie-Laure Le Quesne
Naissance
Paris
Décès
Paris
Nationalité Française
Profession Journaliste
Distinctions honorifiques Prix Jules-Favre (1929)
Prix Marcelin Guérin (1932)
Prix d’Académie (1935)
Prix Véga et Lods de Wegmann (1960)

Biographie

Appartenant à la bourgeoisie, elle naît en 1892 et est la fille de Fernand Le Quesne, artiste peintre. À l'âge de sept ans, elle est élevée par sa mère, Berthe Le Quesne (née Lafosse), fille d’un riche industriel[1]. Elle fait d'abord ses études au couvent de l'Assomption, un établissement parisien en vogue. Quand elle a treize ans est votée la loi de séparation des Églises et de l'État et les religieuses perdent le droit d'enseigner. Elle les quitte alors pour un lycée public. Elle étudie ensuite à la faculté des lettres de Paris et à l'École d'archéologie du Louvre, ce qui lui fera écrire trois biographies à succès sur Toutânkhamon (1929), Nabuchodonosor (1931) et Salomon (1936). Elle est introduite dans les milieux diplomatiques par son oncle par alliance, Jules Cambon (époux de sa tante maternelle Eugénie Lafosse[2]), et par le frère de ce dernier, Paul Cambon, lui aussi diplomate. Elle collabore à La Petite Gironde en 1922, puis au quotidien L'Œuvre à partir de 1930. On peut lire ses éditoriaux dans le journal Marianne à compter du 1er de manière sporadique, puis à chaque parution, à compter de jusqu'à la cessation de la publication du journal, en .

Dans son autobiographie, elle ne parle pas de son mari Robert Tabouis (qu’elle avait épousé en 1916 et qui allait devenir administrateur délégué de Radio Luxembourg) et elle ne parle qu’en passant de sa fille et de son fils, lequel fut appelé sous les drapeaux en 1938. Appartenant à la haute société de France et d’Angleterre, elle fut invitée au couronnement de George VI en 1937 et, dans son autobiographie, elle parle de sa robe de couronnement conçue par Edward Molyneux.

En 1903, elle réside plusieurs mois à l'ambassade de France à Madrid avec son oncle Paul Cambon. En 1906, elle assiste avec son cousin au mariage d’Alphonse XIII d’Espagne avec la princesse Victoire-Eugénie de Battenberg. Entre 1907 et 1914, elle se rend chaque année à Berlin pendant deux mois pour rendre visite à son oncle Jules Cambon, nommé ambassadeur de France à Berlin, ce qui lui permettait de rencontrer plusieurs dignitaires allemands. Après la fin de la Première Guerre mondiale, elle assiste avec lui à plusieurs séances de la Société des Nations.

Elle ne cesse de mettre en garde contre la montée d'Adolf Hitler et le réarmement allemand. La persistance de sa dénonciation du totalitarisme pousse l’écrivain français ultranationaliste Léon Daudet à la surnommer, en 1933, « Madame Tata, la voyante ». Après l’annonce par l’Allemagne qu'elle allait réintroduire la conscription obligatoire à partir de pour reconstruire ses forces armées, le diplomate grec Nikolaos Politis lui dit : « Vous avez intérêt à rester alerte, Madame Tabouis, sinon on va commencer à vous appeler Cassandre. Vous avez prédit des événements malheureux, et le pire de tout, c’est qu’ils se produisent toujours. » Adolf Hitler lui-même l’attaque dans un discours du avec un commentaire sarcastique : « … Madame Tabouis, la plus intelligente des femmes, sait ce que je vais faire avant que je le sache moi-même. C’est ridicule… ».

Réfugiée à Londres en raison de ses prises de position farouchement opposées au nazisme, elle ne rejoint pas la France libre naissante[3] mais part aux États-Unis où elle dirige, du au , un périodique francophone à New York, Pour la victoire, publié par les éditions Notre Paris Corp., qui connaît 34 numéros. Elle devient l'amie et la confidente d'Eleanor Roosevelt.

Rentrée en France, elle fait partie des services de politique étrangère de divers journaux : La France libre (1945-1949), L’Information (1949-1956) et Paris Jour (à partir de 1959). Pour son esprit critique et par jalousie peut-être, on l'a accusée longtemps d'être un agent soviétique. Il ressort des éléments trouvés dans les archives soviétiques et publiés par son biographe, Denis Maréchal, que Geneviève Tabouis recevait mensuellement 5 000 francs de l'ambassade soviétique dans les années 1930[4].

Épouse, depuis 1916, de Robert Tabouis (qui deviendra PDG de la Compagnie générale de la télégraphie sans fil puis administrateur de Radio Luxembourg), elle se fait connaître de la France entière sur cette antenne par ses chroniques politiques des années 1950 et 1960, les Dernières nouvelles de demain (1949-1967), qu'elle entame invariablement par sa célèbre phrase fétiche « Attendez-vous à savoir… », « J'ai encore appris… » et relaie par des « Et vous saurez… » et concluait ses éditoriaux à Radio Luxembourg d'un : « À dimanche prochain, pour les dernières nouvelles de demain. » Puis ce furent les Nouvelles exclusives (1964-1966) et l'Inédit du dimanche (1967-1981)... Elle y intervient encore à l'âge de 88 ans.

Elle est inhumée à Paris au cimetière des Batignolles (27e division).

Œuvres

  • Le Pharaon Tout Ank Amon, sa vie et son temps (préf. Théodore Reinach), Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 311 p.
Prix Jules-Favre de l’Académie française en 1929
  • Nabuchodonosor et le triomphe de Babylone (préf. Gabriel Hanotaux), Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 423 p.
Prix Marcelin-Guérin de l'Académie française en 1932
  • Salomon, roi d'Israël (préf. Nikólaos Polítis), Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 476 p.
Prix d’Académie de l'Académie française en 1935
  • Albion perfide ou loyale. De la guerre de Cent ans à nos jours, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 300 p., in-8° (notice BnF no FRBNF31426850)
  • Chantage à la guerre, Paris, Flammarion, , 211 p., in-16 (notice BnF no FRBNF31426851)
  • Jules Cambon : par l'un des siens..., Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 395 p., in-8° (notice BnF no FRBNF34203799)
  • Ils l'ont appelée Cassandre…, New York, Éd. de la Maison française, coll. « Voix de France », , 409 p., in-16 (notice BnF no FRBNF31426854)
  • Grandeurs et servitudes américaines, souvenirs des U.S.A. 1940-1945, Paris, Éd. Nuit et jour, coll. « Les Documents “Nuit et jour” », 270 p., in-16 (notice BnF no FRBNF31426853)
  • Vingt ans de suspense diplomatique, Albin Michel, Paris, 1958, 411 p.
  • Sybaris : les Grecs en Italie (préf. Mario Meunier), Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 208 p., 23 cm (notice BnF no FRBNF32654386)
Prix Véga-et-Lods-de-Wegmann de l'Académie française en 1960

Bibliographie

  • Denis Maréchal, Geneviève Tabouis : les dernières nouvelles de demain (1892-1985), Nouveau monde éd., coll. « Collection Culture-médias. Études de presse », Paris, 2003, 289 p. (ISBN 2-84736-029-8)
  • Jean Lacouture, Les impatients de l'Histoire, Paris, 2009 (ISBN 2246744512)

Notes et références

  1. Anne Mathieu, « TABOUIS Geneviève », sur maitron.fr.
  2. Valentine Weiss (dir.), Thierry Guilpin (dir.), Stéphane Le Flohic (collaborateur), Emmanuelle Denis (collaboratrice), Marie Le Provos (collaboratrice) et Aurore Lafolie (collaboratrice), Fonds Geneviève Tabouis (1818-1984), 27 AR 1-269 : répertoire numérique détaillé, Paris, Archives nationales, , 105 p., 30 cm (lire en ligne), p. 3.
    « Elle grandit entourée de son frère cadet, Raymond, sa mère, et la famille de sa tante Eugénie Lafosse, épouse de l'ambassadeur Jules Cambon. (...) Outre cette éducation classique, Geneviève Le Quesne est profondément marquée par les étroites relations qu'elle entretient avec son oncle Jules Cambon et le frère de celui-ci, Paul. Tous deux ambassadeurs, ils forment très tôt la jeune Geneviève à la politique internationale. »
    Le répertoire, qui passe en revue les 269 cartons composant ce fonds d'archives, comporte un index détaillé de 9 pages.
  3. La France libre de Jean-Louis Cremieux-Brilhac
  4. « Sabine Dullin. <italic>Des Hommes d' Influences: Les ambassadeurs de Staline en Europe, 1930–1939</italic>. Paris: Payot. 2001. Pp. 383. 145FR », The American Historical Review, (ISSN 1937-5239, DOI 10.1086/ahr/109.4.1341, lire en ligne, consulté le )

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