Front populaire ivoirien

Le Front populaire ivoirien, souvent abrégé FPI, est un parti politique ivoirien de gauche créé dans la clandestinité en 1982, constitué en parti politique en 1988 et reconnu officiellement en 1990.

Pour les articles homonymes, voir FPI et Front populaire.

Front populaire ivoirien

Logotype officiel.
Présentation
Président Pascal Affi N'Guessan[1]
Fondation 1982
Siège Cocody, Abidjan
Fondateurs Laurent Gbagbo
Simone Gbagbo
Aboudramane Sangaré
Positionnement Centre gauche
Idéologie Socialisme démocratique
Nationalisme de gauche
Affiliation nationale AFD
Affiliation internationale Internationale socialiste
Couleurs Bleu
Site web www.fpi-ci.org
Représentation
Députés
2  /  255

Le FPI a été membre de l'Internationale socialiste jusqu'en 2011, lors de la crise ivoirienne de 2010-2011 ayant fait plus de 3 000 morts. Au pouvoir en Côte d'Ivoire sous la présidence de Laurent Gbagbo (de 2000 à 2011), il constitue ensuite un temps le principal parti d'opposition du pays.

Historique

Laurent Gbagbo, fondateur et figure emblématique du parti de 1982 à 2011.

Le Front populaire ivoirien est créé par Laurent Gbagbo et son épouse Simone Gbagbo en 1982, sous la forme d'un mouvement clandestin d'obédience marxiste-léniniste[2]. La Côte d'Ivoire est alors dirigée par Félix Houphouët-Boigny, et le paysage politique dominé par le PDCI-RDA en tant que parti unique. Le mouvement se constitue en parti politique en 1988 et milite pour l’instauration du multipartisme. Le FPI est officiellement reconnu comme parti politique en 1990, et se réclame alors du socialisme démocratique et de la lutte contre le néocolonialisme.

Au pouvoir (2000-2011)

Dans la période de 2000 à 2010 pendant laquelle le FPI a accédé au pouvoir, les membres du gouvernement issus du parti ont mis en œuvre une politique dite de « refondation », dont l'objectif était de mener le pays sur la voie du développement. Cette période est caractérisée par une violence politique permanente, l'apparition d'agoras haranguant les foules avec l'idéologie du parti axée sur une ivoirité discriminatoire, et les violences quotidiennes de milices tels que les jeunes patriotes ou issus de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire, constituées au cours des années 1990.

Conflit de 2010-2011

Le , le FPI est exclu de l’Internationale socialiste à la suite de la violence des propos et des actions émises par les cadres du parti, depuis le commencement de la crise ivoirienne de 2010-2011[3], et à la suite des dérives dictatoriales de Laurent Gbagbo[4],[5] avant son arrestation. Les tensions entre les cadres dirigeants du parti conduisent Mamadou Koulibaly à démissionner du FPI et à fonder par la suite le LIDER en .

Retour difficile dans l'opposition et déchirement

Depuis la fin de la crise post-électorale, le Front populaire ivoirien est fortement divisé entre « faucons », soutiens farouches du couple Gbagbo et défendant une ligne très dure, et les « colombes », rejetant toute violence physique ou verbale et souhaitant un renouveau du parti, plus modéré et sans Laurent Gbagbo[6],[7]. Ces divergences se transforment en une guerre interne virulente entre les « pragmatiques » menés par Pascal Affi N'Guessan, et les « ultras » menés par Aboudramane Sangaré, qui contestent la légitimité du premier en tant que président du parti. Cette déchirure a pour toile de fond la présidentielle de 2015, à laquelle souhaite se présenter Pascal Affi N'Guessan sous la bannière du FPI qu'il préside, et ce avec l'aide d'importants soutiens dont celui de Marcel Gossio, ancien directeur du Port autonome d'Abidjan. Il a ainsi engagé un processus de redynamisation et de rajeunissement du parti, et renoué le dialogue avec le gouvernement et la présidence[8].

Ce sont ces faits que reprochent les ultras au président du FPI, percevant ces actes comme une traîtrise ayant pour but de pousser Laurent Gbagbo, en attente de procès à la cour pénale internationale, hors de la scène politique ivoirienne. Les ultras ne reconnaissent pas la présidence d'Alassane Ouattara ni son gouvernement, et le considèrent comme un dictateur installé en 2011 par la France et les Nations unies. Ils considèrent toujours Laurent Gbagbo comme ayant été élu à la précédente élection présidentielle, et souhaitent qu'il soit candidat à la primaire du FPI en vue du scrutin d'octobre 2015, et ce malgré son emprisonnement. Ils refusent également toute participation à une quelconque élection sans la libération de Gbagbo, qu'ils considèrent toujours comme leur leader. Le , la justice ivoirienne a invalidé la candidature de Gbagbo, à la suite d'une plainte déposée par Pascal Affi N'Guessan, qui devient alors un « collaborationniste » aux yeux des ultras[9],[10].

Le , la justice ivoirienne confirme Pascal Affi N'Guessan dans sa fonction de président du FPI, et interdit à Aboudramane Sangaré et ses soutiens (Simone et Michel Gbagbo entre autres) d'utiliser le nom et le logotype du parti, consumant par la même occasion le divorce entre les deux camps du fait de la non-reconnaissance de cette décision de justice par le camp des « Ultras »[11].

Le , N'Guessan arrive deuxième de la présidentielle, remportée dès le premier tour par le président sortant Alassane Ouattara[12].

Le 4 août 2018, Laurent Gbagbo est élu président de la faction dissidente du Front populaire ivoirien[13]. Le parti politique français, La France insoumise assiste au congrès[14].

À partir de 2019 et en vue de l'élection présidentielle d'octobre 2020, le FPI « tendance Gbago » se rapproche du PDCI. En avril 2020, un accord-cadre est signé entre les deux partis et en juin 2020, les deux partis appellent leurs militants à « travailler de concert ». Néanmoins, les deux partis ont prévu de présenter chacun un candidat à l'élection présidentielle[15]. En janvier 2020, Gbago et Affi N'Guessan se rencontrent et s'engage un processus de réconciliation entre les deux FPI, la tendance Gbagbo, généralement nommée GOR pour « Gbagbo ou rien » et la tendance Affi N'Guessan[16].

Pascal Affi N'Guessan est le candidat du FPI officiel pour l'élection présidentielle, mais l'opposition décide de boycotter le scrutin pour protester contre le choix, considéré comme inconstitutionnel, du président Ouattara de briguer un troisième mandat. Affi N'Guessan est mis en prison peu après l'élection pour « complot contre l'autorité de l'État », « mouvement insurrectionnel », « assassinat » et « actes de terrorisme »[17].

En août 2021, Laurent Gbagbo annonce abandonner le FPI à son rival et son intention de créer un nouveau parti[18]. Peu après, Pascal Affi N'Guessan convoque une réunion extraordinaire du comité central du parti. Ce dernier vote une motion stipulant que Laurent Gbagbo « ne fait plus partie du FPI »[19].

Personnages

Outre les personnalités citées précédemment, le FPI compte d'autres membres notables tels que (liste non exhaustive) :

Presse

Les organes de presse du Front populaire ivoirien sont Notre Voie et Le Temps.

Références

  1. Selon Jeune Afrique au 20 mars 2015, Affi N'Guessan est toujours le président du parti. Abou Drahamane Sangaré ne fait que le revendiquer.
  2. Valentin Hodonou, « Pourquoi les anciens opposants deviennent des présidents pourris », sur Slate Afrique, (consulté le ) : « Le Front populaire ivoirien (FPI), le parti d’obédience marxiste-léniniste qu’il fonde en 1982, a été le fer de lance de la contestation du pouvoir du «père de la nation». »
  3. Le Front Populaire Ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, expulsé de l’Internationale Socialiste (officiel) - ConnectionIvoirienne.net
  4. Le Fpi exclu de l’Internationale socialiste - Nord-Sud sur Abidjan.net
  5. L'Internationale socialiste et ses amis dictateurs - Slate.fr
  6. Marc Dossa, « Miaka-Koulibaly / Qui peut sauver le Fpi ? », sur Abidjan.net, (consulté le )
  7. Christophe Boisbouvier, « Côte d'Ivoire : Laurent Gbagbo... loin des yeux, loin du cœur », sur Jeune Afrique, (consulté le )
  8. Haby Niakaté, Baudelaire Mieu, « Côte d'Ivoire : FPI, la chute de la maison Gbagbo », sur Jeune Afrique.com, (consulté le )
  9. « FPI : la justice ivoirienne invalide la candidature de Laurent Gbagbo », sur Jeune Afrique.com, (consulté le )
  10. « Crise au Fpi / Sangaré Abou Drahamane : « Affi est un étranger » », sur afriquessor.com (consulté le )
  11. Baudelaire Mieu, « Côte d'Ivoire : Pascal Affi N'Guessan confirmé président du FPI par la justice », sur Jeune Afrique.com, (consulté le )
  12. « Côte d’Ivoire : Ouattara réélu au premier tour », sur Le Monde.fr (consulté le )
  13. https://www.voaafrique.com/a/laurent-gbagbo-élu-chef-de-l-aile-dissidente-du-fpi-en-côte-d-ivoire-/4513909.html
  14. « 4e congrès FPI: Sangaré et ses camarades annoncent un FPI encore plus fort pour la reconquête du pouvoir d'Etat en 2020 », sur AbidjanTV.net (consulté le )
  15. Benjamin Roger, « Le FPI de Gbagbo et le PDCI de Bédié confirment leur rapprochement », Jeune Afrique, (lire en ligne)
  16. Benjamin Roger, « Présidentielle en Côte d’Ivoire : quand l’espoir renaît au FPI de Laurent Gbagbo », Jeune Afrique, (lire en ligne)
  17. « Côte d’Ivoire : arrestation de Pascal Affi N’Guessan », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  18. « Côte d’Ivoire : l’ancien président Laurent Gbagbo va créer un nouveau parti », sur Lemonde.fr (consulté le )
  19. « Côte d’Ivoire: Affi N’Guessan préside un comité central extraordinaire du FPI », RFI,
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