Fromond Ier de Sens

Fromond Ier de Sens (né vers 914 - mort en 948) est le premier comte héréditaire de Sens au Xe siècle. D'abord simple vassal d'Hugues le grand, il est vicomte à partir de 939 puis comte de Sens jusqu'à sa mort en 948. Il est le fondateur et le plus ancien ancêtre connu de la dynastie des Fromonides qui dirigea le comté de Sens pendant un siècle.

Fromond Ier de Sens
Titre Comte de Sens
(vers 939-948)
Autres titres Vicomte de Sens
Successeur Renard Ier
Biographie
Dynastie Fromonides
Naissance vers 914
Décès
Sens (Yonne)
Enfants Renard Ier
? (une fille)

Biographie

Les origines incertaines de la famille fromonide

De nombreuses généalogies (et notamment la fondation pour la généalogie médiévale MedLands[1]) font de Fromond Ier un fils de Garnier, comte de Troyes et de son épouse Teutberge d'Arles (fille du comte d'Arles). Cependant, aucune preuve ne vient étayer cette hypothèse et Fromond est absent de la liste des enfants de Garnier et Teutberge. Une allusion dans une chronique mentionne une parenté entre Fromond et le comte Herbert II de Vermandois. Si elle était avérée, elle expliquerait les droits de son fils Renard Vetulus sur l'abbaye de Faremoutiers au pays de Meaux, et l'appui que fournira Eudes II de Blois (arrière-petit-fils d'Herbert II) à Renard le Mauvais en 1015.

L'hypothèse la plus crédible est qu'il s'agit d'un vassal d'Hugues le Grand (neveu maternel d'Herbert II), probablement issu de sa clientèle ligérienne, installé comme d'autres vassaux par le père d'Hugues Capet dans ses nouvelles conquêtes de l'est parisien. C'est l'hypothèse suivie par Étienne Meunier dans son ouvrage de 1981 sur le bailliage de Sens[2] qui se base sur les travaux de Michel Bur[3] sur la formation du comté de Champagne et sur ceux du chanoine Maurice Chaume sur les comtes de Sens au IXe siècle[4],[5]. Le prénom Fromond est alors inconnu dans la région. Un saint Fromond est connu dans la Manche. Le prénom existe dans des actes de Saint-Maixent (Deux-Sèvres).

Le premier comte héréditaire de Sens

Installé comme simple vicomte vassal par Hugues le Grand, comte de Paris après que celui-ci ait pris Sens en 939[6], confirmé dans ce titre et cette fonction en 941[7], il sut ériger son fief en comté héréditaire qu'il transmit à son fils Renard Ier[8] à sa mort en 948[Note 1].

En effet, le domaine rassemblé par Hugues le Grand est trop vaste pour être tenu par un seul homme. Les ambitions royales du robertien, l'extension de ses domaines, ne lui permettent pas d'enrayer l'autonomisation des fiefs qu'il a distribués à ses vassaux. En dehors des fiefs d'origine de la dynastie robertienne, notamment à Orléans, le retrait du duc est visible dans les années 940, consacrant l'indépendance acquise par ses vassaux. En 942, le vicomte de Paris, Teudon ou Thoudon, assume les pouvoirs comtaux. Il en est de même de Fromond à Sens lorsqu'il transmet à son fils Renard Ier le comté à sa mort en 948[9]. Les chroniques médiévales permettent d'apprécier cette ascension par la titulature attribuée à Fromond. En 942, lorsqu'il s'empare de l'abbaye Sainte-Colombe de Saint-Denis-lès-Sens, il est cité comme vicomte (Frotmundus vicecomes Senonum) dans les chroniques de Saint-Pierre-le-vif[10]. À sa mort en , il est inhumé comme comte[11].

Promu tardivement en 936 à la dignité ducale, Hubert Le Grand a par la suite promu ses propres vicomtes de Tours, de Blois et de Sens, au rang comtal. La concomitance de la mesure est avérée[12].

Fromond a dû lutter contre plusieurs invasions normande et hongroise à Sens. Les Hongrois envahissent la Bourgogne et la Champagne en 945 et s'attaquent à Sens sans succès[13]. Cependant, de nombreux monastères et abbayes sont pillés, notamment l'abbaye de Saint-Pierre-le-vif. Il eut également à lutter comme ses prédécesseurs contre les puissants archevêques de Sens[14], notamment Gerlanus ou Gerlair (938 - 954). Celui-ci aida probablement le comte de Reims Ragenost qui, profitant de l'absence de Fromond, s'empara de la ville. Fromond, à l'abri derrière les murailles de l'Abbaye Sainte-Colombe de Saint-Denis-lès-Sens, parvint à reprendre la ville et en chassa l'archevêque[15] qui avait pris le parti d'Herbert II de Vermandois, comte de Vermandois dans sa querelle avec Hugues le Grand[7]. Cet événement parait avoir eu lieu en 945[7],[Note 2]. À la suite de sa reprise de la ville, il fit détruire les murailles de Sainte-Colombe afin que personne ne puisse imiter son exemple et se retrancher dans une forteresse sous les murs de Sens[7].

Famille

Son épouse reste inconnue mais il eut au moins 2 enfants :

  • Renard Ier, son fils et successeur, comte de Sens de 948 à 996 (ou 999) ;
  • une fille, mère notamment de Sewin, archevêque de Sens de 977 à 999[1].

Notes et références

Notes

  1. Le Sacramentaire de la Cathédrale de Sens enregistre sa mort en 948 d'après Medlands; date retenue aussi par Laurent Theis contrairement à 953 que retient - à tort - Larcher de Lavernade
  2. C'est la date retenue par Clément, tandis que Larcher se base sur la chronologie des archevêques pour la date de 949 mais il fait mourir Fromond en 953. La date de la mort de Fromond semble plus probablement 948. Il s'agit donc soit d'une erreur de date pour l'événement qui a pu avoir lieu plus tôt, soit d'une erreur sur le nom du comte qui devrait être Renard en 949.

Références

  1. (en) Généalogie de la noblesse médiévale de Champagne, Chapitre XX : Comtes et Vicomtes de Sens; site consulté le
  2. Etienne Meunier, « Le bailliage de Sens, 1194-1477 », Mémoire de maîtrise de Droit, Faco,
  3. Michel Bur, La formation du comté de Champagne, Nancy, Université de Nancy II, , p.145
  4. M. Chaume, Les comtes de Sens au IXe siècle, Nancy, Bsas,
  5. Histoire des villes de France, Volume 3, p. 111.
  6. Laurent Theis, Nouvelle histoire de la France médiévale, tome 2 : L'héritage des Charles, de la mort de Charlemagne aux environs de l'An Mil, Paris, Éditions du Seuil, , 280 p. (ISBN 2-02-011553-0), p.130
  7. [François Clément, L' Art De Vérifier Les Dates Des Faits Historiques, Des Chartes, Des Chroniques, Et Autres Anciens Monumens, Depuis La Naissance De Notre-Seigneur..., tome 2, Jombert, , [https://books.google.fr/books?id=1YJEAAAAcAAJ&pg=PA593#v=onepage&q&f=false p.593 (version numérisée sur Google)]
  8. Charles Larcher de Lavernade, Histoire de la ville de Sens, Culture et civilisation, 1976 (édition originale : 1845), p.62
  9. Laurent Theis, op. cit., p.201.
  10. Chronico Sancti Petri Vivi Senonensis, RHGF IX, p. 34. Cité par MedLAnds, note 1757.
  11. Obituaires de Sens, Tome I.1, Église cathédrale de Sens. Sacrementaire Sénonais des IXe – Xe siècles, p. 2. Cité par MedLands, note 1758 et 1759.
  12. Etienne Meunier, « Le Sénonais au temps du changement dynastique », Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne, no 119, 1987 (1988), p. 19 à 38
  13. Larcher de Lavernade, op. cit., p.62-63.
  14. Larcher de Lavernade, op. cit., p.267
  15. Larcher de Lavernade, op. cit., p.64-65.

Bibliographie

  • Charles Larcher de Lavernade, Histoire de la ville de Sens, Culture et civilisation, 1976 (édition originale : 1845).
  • Étienne Meunier, Le bailliage de Sens (de 1194 à 1477), version numérisée par Google.
  • François Clément, L' Art De Vérifier Les Dates Des Faits Historiques, Des Chartes, Des Chroniques, Et Autres Anciens Monumens, Depuis La Naissance De Notre-Seigneur..., tome 2, Jombert, , version numérisée par Google en 2010.
  • Michel Bur, La formation du comté de Champagne, Nancy, Université de Nancy II, .
  • Laurent Theis, Nouvelle histoire de la France médiévale, vol. 2 : L'héritage des Charles : de la mort de Charlemagne aux environs de l'an mil, Paris, Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 202), , 280 p. (ISBN 978-2-02-011553-7).

Annexes

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