Franc-maçonnerie sous la Troisième République

La franc-maçonnerie sous la Troisième République française est très largement impliquée dans la vie politique et sociale du pays. Constitutive de l'armature idéologique et institutionnelle du camp républicain, ces membres sont fortement ancrés au sein du Parti radical. Elle intervient souvent de manière directe ou indirecte dans la vie publique. Constante de la vie politique durant cette époque, elle à l'audience d'une grande partie du corps électoral et ces thèses sont souvent soutenues et adoptées. Divisée en deux obédiences proches et concurrentes, qui voient sans la soutenir l'accession des femmes aux loges maçonniques de la première obédience mixte créée en 1893, elle est souvent qualifiée de « comité consultatif de la République » ou encore « d'Église de la République ». Elle sert les idéaux républicains et fait avancer de nombreuses réformes politiques, économiques et sociales.

De 1877 jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale, la participation de francs-maçons aux instances politiques de la Troisième République est largement attestée par une présence importante de ministres participants aux gouvernements successifs ainsi que de nombreux postes d'élus nationaux ou locaux. À chaque difficulté de ces gouvernements les francs-maçons apportent un soutien au travers des affinités nouées entre les loges maçonniques et le régime républicain[n 1]. Durant cette période, la quasi-totalité des présidents du Conseil de l'ordre du Grand Orient de France occupent des postes politiques, la Grande Loge de France animé du même esprit bien que moins engagée à également plusieurs dignitaires qui occupent des fonctions électives ou ministérielles.

Loges et convents des ordres maçonniques étudient de nombreuses questions sociales, fiscales, associatives ou électorales qui trouvent le plus souvent, au travers des élus francs-maçons au sein des assemblés parlementaires des traductions législatives. Du pacifisme d'avant le premier conflit mondial à l'union sacrée durant la guerre de 14-18, elle s'élève à l'issue du conflit, contre les atteintes à la laïcité de 1920 à 1924, puis elle soutient majoritairement le cartel des gauches. À la chute de ce dernier, elle prend du recul sur l'engagement politique et ravive sensiblement ces fondements symboliques et initiatiques.

S'engageant totalement contre l'« obscurantisme religieux » et affichant une claire volonté d'en finir avec le cléricalisme. Elle soutient ouvertement le parti républicain dont elle constitue l'armature et s’implique largement dans le combat pour l'enseignement laïque et la sécularisation de la France. Sa détermination dans l'atteinte de ses objectifs autour de la libre-pensée et du progrès social, son implication dans des d'affaires touchant parfois directement l'ordre parfois quelques-uns de ses membres, lui valent de nombreuses rancunes et inimitiés qui animent des courants réactionnaires et antimaçonniques virulents. Le désir de revanche des courants nationalistes et ultramontains trouvent dans la fin de la IIIe république, le début de la collaboration après la défaite de 1940 et l’avènement du régime de Vichy, les moyens de proscrire l'ordre et de persécuter ses membres. La renaissance de la franc-maçonnerie à l'issue de la Seconde Guerre mondiale et l'installation de la IVe République l'éloigne de l'action politique directe et publique pour des travaux plus discrets, symboliques, éthiques, sociétaux ou spirituels selon les obédiences.

La République à couvert

De 1877 à 1940, par l'appartenance de nombreuses personnalités politiques du camp républicain principalement aux ordres maçonniques, la franc-maçonnerie essaye et souvent réussit à faire appliquer dans la société son idéal de société politique et sociale[C 1]. C'est du terme d'« Église de la République » que Pierre Chevallier qualifie ce qui caractérise l'engagement public dans les affaires politiques du pays de manières directes ou indirectes durant cette période où la franc-maçonnerie française connait selon les divers points de vue, sa plus grande époque, mais aussi ses plus grandes difficultés[1].

Ces appartenances et ces engagements sont toutefois vécus de diverses façons, de manière constante pour certain, avec relâchement ou éloignement ou parfois avec des ruptures[C 1]. Si durant le Second Empire, la franc-maçonnerie mise sous tutelle n'a quasiment aucune influence sur le pouvoir impérial notamment durant la période autoritaire, la période libérale plus ouverte pour les obédiences, permet de préfigurer les réformes à venir sur l'enseignement scolaire et sur l'évolution de l'anticléricalisme encore modéré de cette période. La victoire définitive des républicains en 1877, voit l'accession aux postes d'élus, de nombreux députés, sénateurs, conseillers généraux et maires membres de la franc-maçonnerie[C 1].

Le convent de 1894 du Grand Orient de France, principale obédience française confirme sans détour au travers des propos de son orateur cette nécessité de s'élever en rempart de la République face à un retour des tenants de l'ancien régime. Affirmant la nécessité de conférer les commandes de la République à ceux qui ont favorisé son avènement et évoquant « la franc-maçonnerie qui n'est autre que la République à couvert, comme la République n'est autre que la franc-maçonnerie à découvert ». Malgré la considération d'une victoire républicaine pérenne, l'obédience prône la continuité de l'engagement car jugé indispensable pour la République[M 2].

Dans les années 1910, la franc-maçonnerie française est représentée par trois obédiences principalement, le Grand Orient de France qui compte environ 28 000 membres pour 460 loges. La Grande Loge de France pour un effectif de 8 400 membres répartis dans 144 loges et le Droit humain, première obédience mixte et la plus récente se compose d'un millier de membres et d'une vingtaine d'ateliers[2],[3].

Recrutement et sociologie

Camille Pelletan.

L'extension du recrutement de la franc-maçonnerie et l'augmentation du nombre de ces membres est consubstantiel à la victoire définitive de la République en 1877[C 2]. La grande majorité des membres du Grand Orient de France principale obédience française, est dans cette période largement constituée par la petite et moyenne bourgeoisie, intégrant artisans, commerçants, juristes, journalistes ou professeurs, qui côtoient parfois des hommes d'affaires, ingénieurs, et quelques fonctionnaires. Le Grand Orient et ses membres se montrent très actif dans ses actions de recrutements en direction des enseignants et des militaires, milieux perçus comme sous influence catholique depuis de nombreuses années[C 3]. Si le recrutement dans l'enseignement s'avère important à partir de 1888[n 2], le recrutement dans l'armée est largement moindre et malgré une légère augmentation des militaires francs-maçons, l'affaire des fiches laisse apparaitre en 1904, que l'armée et la marine restent des bastions traditionnellement conservateurs[C 4].

L'ouverture du recrutement se traduit aussi dans les relations qui s'établissent entre la franc-maçonnerie en général et les tendances politiques libérales de l'époque, les partis républicains, des républicains modérés à l’extrême gauche[C 2]. L'évolution idéologique du Grand Orient entre 1890 et 1900 transforme sensiblement les effectifs de l'Ordre, les radicaux républicains devenant majoritaires. Camille Pelletan membre de la loge « Clémente amitié » développe le Parti radical, dont Georges Clemenceau sans être franc-maçon dirige l'organe appelé « La Justice » qui travaille à son programme, séparation de l’État et de l’Église, impôt sur le revenu, révision de la constitution sont les principaux projets du parti[C 2]. À initiative de Gustave Mesureur dignitaire de la Grande Loge de France et de Léon Bourgeois membre du Grand Orient se réunit en juin 1901 le premier congrès du « Parti républicain radical-socialiste ». Si les constitutions du Grand Orient dans son article 15, interdisent aux loges d’adhérer à un parti politique en tant que telle, une circulaire du 18 mai 1903 autorise les membres de l'Ordre à constituer des rassemblements à l’extérieur pour travailler aux questions économiques et sociales[C 5]. De fait, de nombreux membres dirigeants ou militants du Parti radical sont francs-maçons appartenant à d'une des deux principales obédiences françaises. Une synergie s'installe alors entre les questions débattues en loge ou en convent et les thèmes abordés dans les congrès radicaux[C 6].

La majorité de radicaux francs-maçons du Grand Orient appartiennent à la petite bourgeoisie et revendiquent une filiation avec les idéaux de la Révolution française toutefois, deux tendances se dessinent. La première de tendance modérée soutient une idéologie libérale et individuelle, sans s'opposer à des réformes, la seconde voit dans une alliance avec les socialistes en passant pas des voies légales, la possibilité d'accéder à des buts communs[C 6]. Dans les années 1890 à 1900, les radicaux sont majoritaires dans les loges toutefois quelques personnalités du socialisme sont membres de l'Ordre comme Marcel Sembat ou Arthur Groussier. L'influence croissante des socialistes dans la vie politique du pays ouvre plus largement les portes des loges de la franc-maçonnerie libérale soucieuse d'unité de la gauche et à la recherche d'alliance. Dès lors de nombreux socialistes deviennent francs-maçons, les diverses tendances rejoignent les loges des obédiences[C 7].

Engagement politique

Jean-Claude Colfavu.

L'évolution philosophique et politique du Grand Orient de France amène naturellement la question du rôle de la franc-maçonnerie dans la nouvelle et naissante République. L'avocat franc-maçon Jean-Claude Colfavru lors du convent de 1885 livre une réflexion  De la mission de la franc-maçonnerie dans notre patrie la France  sur l'engagement que doivent avoir les francs-maçons dans la cité. Cette réflexion justifie l'engagement dans la société qui s'inscrit dans une tradition de lutte contre les ennemis de la liberté et de la science, mais également contre « l'esprit sacerdotal étriqué » obstacle à la connaissance[M 3]. La constitution dont se dote le Grand Orient en 1884 contient les principes qui portent l'aspiration d'action dans la société et qui l'invite selon l'interprétation des membres du convent de 1889 à sortir de la sphère uniquement spéculative[M 4].

Malgré ces prises de positions, le soutien à la ligne de l'apolitisme maçonnique reste vivace dans les assemblées générales de l'Ordre et des rappels sont faits autour des articles constitutionnels qui interdisent les débats de nature politique ou religieuse pouvant provoquer des dissensions entre les membres, appuyé par les arguments de Jean Macé qui ne détermine rien de positif pour l'Ordre dans un engagement direct dans le politique. Ce point de vue est contesté par des francs-maçons de renom à l'image de Severiano de Heredia qui défend l'idée d'un engagement de la franc-maçonnerie dans des questions d'enseignements ou d'assistance et de solidarité. La composition du Conseil de l'ordre reflète toutefois un vaste engagement de ses membres dans des questions politiques, une grande partie des conseillers occupant des postes importants tant au Parlement qu'au Sénat[M 5]. Bien que moins engagées, ces orientations nouvelles sont partagées par la Grande Loge de France et provoquent une division en son sein, plusieurs ateliers quittent cette obédience, arguant de l'abandon des mystères maçonniques et du perfectionnement individuel pour entrer dans la politique[M 4].

Lors du convent du Grand Orient de 1893, un long débat se fait jour sur le rôle de la franc-maçonnerie en politique, si la question de l'engagement de l'Ordre dans la cité semble acquise, les loges réclament une méthode de travail. Seule une circulaire voit le jour et invite les loges et les membres à s'engager dans la campagne électorale à venir, mais le refus de choisir ou de nommé un candidat persistent arguant du respect des idées politiques des membres[M 6]. La victoire aux élections législatives de 1893 qui voient l'arrivée au pouvoir de nombreux républicains et une percée des socialistes, incite l'Ordre à définir une orientation sociale claire tout en continuant de ne pas « investir » de candidat aux élections. L'action politique que trace alors le Grand Orient toujours dans le cadre défini par le convent de 1893, est celle du lancement de thème de réformes étudiées en loge, qui sont mises en œuvre grâce aux votes dans les assemblées parlementaires des membres élus[M 7]. Cette forme d'engagement qui précise que les loges ne doivent pas adhérer à des partis politiques, mais que seuls les membres élus doivent s'y engager dans le but de faire passer les programmes débattus en loge, est rappelée par une circulaire le 22 mai 1907[M 8]. C'est donc autour d'un programme de questions misent à l'étude des loges, dont les thèmes sont proposés en fin de convent chaque année, puis débattus en congrès régional et synthétisé au convent annuel suivant en charge de ratifier le rapport final, que de nombreuses questions, on connut une suite législative[C 8]. Gaston Martin dans son Manuel d'histoire de la franc-maçonnerie française commente cette méthode de travail hiérarchisé en trois niveaux, loge, congrès, convent, comme un système de « comité consultatif de la République » tandis que ses détracteurs dénoncent pour leur part une « dictature occulte de comité d'idéologue »[C 9]. À compter de 1890, les questions travaillées en loge puis débattues en convent commencent à trouver des sanctions législatives[M 9].

Avancée de l'idée sociale

Frédéric Desmons.

Dès l'apparition de la franc-maçonnerie en France, l'ordre et ses loges se soucient d'actions caritatives et de bienfaisance. Ces actions sont primordiales notamment durant les périodes autoritaires, la fraternité et l'affection portée à l'humanité contenue dans l'idée maçonnique, trouve une réponse au travers d'elles. Le thème du combat pour le progrès qui s’inscrit dans cette tradition et qui s'installe dans les années libérales du Second Empire devient apparent dès 1848, ou un article de la revue Le Franc-Maçon valide l'idée qu'il revient à la franc-maçonnerie d'apporter des solutions aux grandes questions sociales du pays, notamment en ce qui concerne l'organisation du travail[M 10]. Léonide Babaud-Laribière dans les années 1870, souligne également l'importance de travailler au progrès social, principalement autour de coopératives ou d'institutions de crédit[M 11]. L'engagement contre le cléricalisme accentue également la volonté de s'occuper des questions sociales, face au naissant catholicisme social d'Albert de Mun et de René de La Tour du Pin qui compte 400 comités en 1884, et pousse Frédéric Desmons grand maitre du Grand Orient à pointer le rapprochement qui semble s'établir entre l’Église catholique et les socialistes. Il invite dès lors à la lutte contre ce nouveau foyer de cléricalisme. Il réitère en 1885, le danger que représente l'extension de l'influence du clergé porté par la nouvelle politique sociale édictée par le pape Léon XIII[C 10].

Les questions étudiées dans les loges des ordres maçonniques sont à compter de 1885, largement tournées vers l'économique et le social. De nouvelles loges aux titres distinctifs évocateurs voient le jour à l'image de la loge « Le Problème social » qui consacre ses travaux à la question des inégalités sociales. À partir de 1890, une majorité des membres des loges sont favorables aux idées socialistes avec quelques réserves autour de la liberté et de la propriété privée[C 11]. Travaillant aux réformes à apporter à la société française dans un but d’amélioration des conditions de vie des citoyens, les propositions qui ressortent des travaux visent à construire une « République sociale » basé sur l'équité, plusieurs projets sont alors portés par la franc-maçonnerie[M 10].

Rôle dans l’action sociale et fiscale

Gustave Mesureur.

L'intervention dans la législation sociale et l’intérêt que portent les francs-maçons aux difficultés que connaissent les déshéritées de la société posent question dès 1875. L'organe de diffusion maçonnique, La Chaîne d'union diffuse plusieurs articles qui propose la création d'un organisme national d'assistance en faveur des enfants, des malades et infirmes et des vieillards. En 1880, Gustave Mesureur invite les loges à étudier la question d'une caisse nationale des retraites[C 12]. En 1898, le convent du Grand Orient débat de nouveau de la création d'une assurance maladie et vieillesse, une majorité de loges se prononce en faveur d'une forme de création et de financement tripartite entre l’État, l'employeur et le salarié. Ce convent valide ces propositions et incite les parlementaires francs-maçons à user de leur influence pour faire voter une loi en ce sens[C 12].

Sans avoir le monopole des propositions sociales, la loi de 1910 sur les retraites ouvrières et paysannes est également soutenu par les abbés Lemire et Gayraud, les membres des ordres maçonniques s'investissent aussi dans les questions des droits des femmes et des enfants. En 1899, Alfred Faure intervient au convent pour demander que les loges étudient les conditions de travail des enfants dans les orphelinats, les couvents et autres établissements s'occupant d'enfance déshéritée. Rapidement le député franc-maçon Eugène Fournière dénonce au parlement « l’exploitation » des enfants dans certaines institutions religieuses[n 3]. Des questions sont également posées sur le problème de l'alcoolisme et ses répercussions sur la criminalité et l'instruction ainsi que sur une réforme du code pénal[C 12].

La législation sociale évolue et s'enrichit de nouvelles dispositions débattues en loges et en convent des ordres maçonniques, comme la journée de travail à 11 heures en 1900, le repos obligatoire du dimanche en 1906, la création d'un ministère du travail dont les lois créatives sont déposées par les frères Gaston Doumergue, puis René Viviani[C 13]. De manière assez hétéroclite de nombreux travaux sont mis en chantier pour proposer aux législateurs des réformes économiques et sociales. En 1910, des propositions sont faites pour une réglementation de l'apprentissage, pour réduire l'exode des paysans vers les villes, pour réformer le code de procédure criminelle. En 1911, un projet de loi pour la retraite à 65 ans est débattu dans les ateliers ainsi que des propositions pour combattre la prostitution, pour soutenir les familles nombreuses ou encore lutter contre l'alcoolisme[M 12]. Toutefois les initiateurs des réformes dans plusieurs domaines ne sont pas uniquement franc-maçons. Les socialistes et les catholiques libéraux prennent part dans leurs organes respectifs, à l'étude et à la traduction législative des avancées sociales[C 13]

En 1891, une circulaire du Grand Orient propose de travailler sur une douzaine de réflexions visant à proposer une réforme globale de l'impôt. Celui-ci touchant directement la possibilité de redistribution des richesses créées à l’ensemble du corps sociétal et au financement des réformes sociales et des charges publiques[M 13]. Le principe de l’impôt progressif est retenu après de longs et discordants débats sur sujet. Discordances qui se traduisent par plusieurs échecs législatifs y compris au Sénat malgré la majorité de sénateurs francs-maçons. Il faut attendre le début de la Première Guerre mondiale pour voir l'introduction de l’impôt sur le revenu dans la législation fiscale[C 14]. Au sortir de la guerre, les finances exsangues du pays relance le débat au sein des loges, sur les réformes fiscales visant à rétablir les finances du pays. Les travaux des loges du Grand Orient sont plus vastes que la fiscalité et posent des propositions de réformes de l'économie et des finances et englobe, dette publique, dommage de guerre, impôt successoral et dettes interalliés. En 1924, l’ensemble des propositions sont en adéquation avec le programme du cartel des gauches[M 14].

Rôle dans l'action électorale et syndicale

Eugène Delattre.

La question du mode de scrutin est évoqué au sein de la franc-maçonnerie dès la période libérale du Second empire ou les propositions de l'avocat Eugène Delattre posent les prémices au travers de ses publications, d'une représentation proportionnelle des élus et d'une plus grande légitimité de la représentation populaire[C 15]. À la fin du XIXe siècle, la question devient un objet de travaux des loges. L'aboutissement des travaux de plusieurs loges dont celle d'Antoine Blatin ardente défenseur de la représentation proportionnelle, incite le convent du Grand Orient de 1898 à soumettre au vote, l'adoption de ce mode électoral[C 16]. Après de vives discussions avec les défenseurs du scrutin d'arrondissement qui permet de meilleures opportunités politiques, le convent adopte le rapport du président de l'assemblée[n 4] et invite les partis républicains à inscrire cette proposition en tête de leur programme politique[C 17]. La Grande Loge de France, s'engage dans les mêmes réflexions à compter de 1905[C 17]

Les lois sur le mode de scrutin sont débattues en 1912, toutefois le Sénat dont la majorité radicale défend le scrutin par arrondissement rejette la proposition. En 1914, l'assemblée se prononce de nouveau à la demande d'Arthur Groussier, mais le débat au Sénat est ajournée à cause du début de la Première Guerre mondiale. Le Sénat finit par adopter la proposition de loi sur la représentation proportionnelle et le scrutin de liste qui s'applique pour les élections de novembre 1919[C 17]. Le résultat affiche un résultat qui conforte la position des francs-maçons hostiles à ce mode de scrutin, voyant l'arrivée de nombreux parlementaires qualifiés de réactionnaire et une perte de siège pour les républicains. En 1924, le Grand Orient demande alors le retour au scrutin d'arrondissement uninominal, ce mode plus opportuniste à l'intérêt politique affirmé étant considéré dès lors comme un système de défense de la République. La chambre vote ce retour en 1928, les élections législatives de 1928, 1932 et 1936 usent de ce mode uniquement[C 18].

L'intérêt des francs-maçons pour le syndicalisme se pose dès 1883, en prônant la création de chambres syndicales paritaires entre ouvriers et patrons et en appelant au règlement des conflits par l'arbitrage, ou en demandant la création d'un ministère de l'Industrie, la question principale se posant autour des syndicats ouvriers[C 19]. L'action dans ce domaine est d'importance pour le Grand Orient qui souhaite peser sur les progrès sociaux, en évitant de laisser le champ libre aux institutions religieuses. En 1910 son convent, se prononce pour un renforcement des rôles du syndicalisme, sa proposition adopte une forme particulière[M 15]. La fonction des syndicats n'étant pas selon le convent de former la classe ouvrière à une révolution anticapitaliste, mais à un travail pacifique d'éducation des couches ouvrières de la population, devant aboutir à l'évolution du régime républicain. Dès lors l'extension de la compétence civile des syndicats, ainsi que le droit de syndicalisation des fonctionnaires peut autour de la création d'un ministère du Travail proposer l'effacement d'une gestion autoritaire par l'État pour une direction et une gestion paritaire sous forme participative[M 16].

Laïcisation de l’État et de la société

La victoire des républicains incite l'Ordre à la mise en œuvre de ses projets positivistes dans la société française. La réussite de cette entreprise passe selon les francs-maçons par la laïcisation de l’État et de la société et par un laïcisme actif qui vise à mener à la disparation de toutes conceptions métaphysiques. Tout en professant la liberté de pensée et la tolérance, le combat s'engage « contre toutes les superstitions », à savoir les religions et en particulier le catholicisme[C 20]. Un an après le vote du convent du Grand Orient de France qui supprime l'obligation de croyance en Dieu, pour accéder à ses loges, l'anticléricalisme s'établit plus largement au sein de l'Ordre. Le convent de 1878, confirme cette orientation et l'inscrit dans le combat mené dans le cadre de la rénovation de la société. Le cléricalisme affublé du drapeau de « l'ignorance et du fanatisme » et qualifié de réactionnaire devient l'ennemi qu'il faut supprimer définitivement[M 17]. La franc-maçonnerie française se définit alors comme un rempart face aux ennemis de la lumière et du progrès, qui compare les soutiens du « parti clérical » comme des « croisés en lutte contre la République et son gouvernement » et les cléricaux de tous bords attachés à l'obscurantisme religieux comme des ennemis de la démocratie[M 17].

La démarche ainsi formulée et exprimée place de facto, les francs-maçons dans un cadre respectueux des lois et de leurs droits de citoyens face aux attaques des nostalgiques et adeptes de l'ancien régime[M 18]. Peu à peu s'installe dans la société française un climat de guerre civile, n’allant pas sans rappeler celui des guerres de religions, mais n'opposant plus catholiques et protestant, mais tenants du dogme religieux à ceux de la libre-pensée[M 19]. À partir des années 1890, la nouvelle doctrine sociale de l’église prônée par le pape Léon XIII au travers de l'encyclique Rerum novarum est perçu par les francs-maçons comme un danger pour les libertés et la démocratie menaçant l'avenir de la République[n 5]. L'affrontement contre le clergé s'étend au-delà du seul soutien à la République, mais vise également à rendre l'enseignement gratuit, laïque et obligatoire tout en faisant interdire les congrégations religieuses. Puis à épurer la fonction publique des éléments cléricaux, et enfin, à obtenir la séparation définitive et complète de l’Église et de l’État[M 20].

Enseignement laïque et gratuit

Jean Macé.

Projet en lien avec l’idéal du mouvement des Lumières et des philosophes du XVIIIe siècle, qui s'inscrit dans l’imaginaire d'une franc-maçonnerie qui se doit de mettre en œuvre les moyens d'un savoir et d'une connaissance accessible à tous, le projet d'école, libérée de la tutelle des congrégations religieuses et gratuite occupe de nombreux travaux de la franc-maçonnerie à partir de 1870. Parfois nommé « École unique », deux motifs animent la démarche[M 21]. Le premier d'ordre philosophique est une traduction du terme de « lumière » qui symbolise l'instruction et la connaissance, source de discernement et dont découle une pensée indépendante. Cette liberté de pensée s'établissant au travers d'une instruction publique fondée sur la science, la morale et le savoir[M 22]. Le second est politique, le principe d’accès à l'instruction seul ne permet pas à certaines classes sociales d'accéder à des enseignements supérieurs. Cette difficulté qui pérennise de fait un système inégalitaire qui favorise les classes bourgeoises et bloque de fait l'ascension sociale, risque de pousser à une révolution prolétarienne dont les francs-maçons en général ne veulent pas[M 23].

En adhérant largement à la Ligue de l'enseignement créé par Jean Macé, les francs-maçons soutiennent sa démarche et lancent souscriptions et pétitions qui rassemblent de nombreuses signatures[M 24]. Le débat dans les loges tourne autour de la création de l'instruction gratuite et obligatoire ou de la création d'écoles dépendant directement des ordres maçonniques, cependant les ressources utiles et considérables pour de telle création sont loin d'être disponibles, la proposition est rejetée plusieurs fois. La revendication de l'école publique et gratuite fait partie des thèmes les plus soutenues par les convents du Grand Orient[M 25]. Une des justifications principales mise en avant par l'obédience principale en sa faveur, relève du pacifisme et du bannissement de la guerre tant internationale que civile. L'instruction du peuple permettant l'évolution de la société, sa participation éclairée à l'avancée de la condition ouvrière et paysanne, dégagée de l'obscurantisme religieux et de l'ignorance, l'éloigne des actes révolutionnaires qui servent les tenants de l’ancien régime pour une évolution pacifique de la société républicaine[M 26].

Entré en franc-maçonnerie en 1875 au sein de la loge « La Clémente amitié » en compagnie d'Émile Littré, Jules Ferry devient en 1879 ministre de l'Instruction publique et fait voter le 9 aout 1879 la loi créant les écoles normales primaires dont le but est de former les instituteurs appelés à remplacer les prêtres des congrégations religieuses[M 27]. Il nomme cette même année Ferdinand Buisson à l'enseignement primaire et procède au retrait du droit de collation des grades universitaires à l'enseignement privé. Il met en œuvre une première attaque contre les congrégations religieuses[M 28]. Entre 1880 et 1885, plusieurs lois vont rendre l'école gratuite et obligatoire dont le corpus des matières à enseigner écarte l'instruction religieuse et dont les termes évincent largement les congrégations non autorisées de l'enseignement public[M 29]. La loi du 30 octobre 1886, clôture par son obligation de laïcisation des personnels des écoles publiques l'objectif de sécularisation de l'enseignement public[M 27].

Suivit de près par le Grand Orient, les efforts politiques sur ce sujet sont salués lors du convent de la même année par une motion de soutien[M 27]. La paternité de ces lois est largement revendiquée par les loges maçonniques qui y voient l'aboutissement de nombreux efforts autour de questions étudiées en leurs seins depuis le Second Empire[C 21].

Six ans après leurs votes, les lois scolaires de laïcisation ont du mal à être appliqué dans tout le territoire[M 29]. Des interventions ont lieu au convent du Grand Orient de 1892 pour signaler que malgré la circulaire du ministre de l'Instruction publique Léon Bourgeois qui interdit l'instruction religieuse, la pratique perdure au sein de l'école publique. L'accentuation de la pression pour mettre en pratique les lois votées et écarter toutes survivances religieuses dans les écoles se fait dès lors forte de la part des francs-maçons, les instituteurs qui ne respectent pas les lois sont vilipendés. Les propositions des loges visent désormais à interdire tout membre d'une congrégation même tenant d'un brevet de capacité[n 6] et à faire d'abroger la loi Falloux[M 31]. L'enseignement religieux devenant d'ordre privé, les cours d'instruction civique et morale se doivent d'être étendu à tous les niveaux de l'éducation publique[M 32]. Les réformes législatives débattues évoquent aussi, la reprise par l'État de tous les biens des congrégations pour les affecter à l'enseignement supérieur à dispenser dans de nouvelle université dont l'entrée se ferait sur concours tant pour les professeurs que pour les étudiants dans le but de créer une réelle méritocratie républicaine[M 33]. Les propositions visent principalement à écarter les congrégations et le personnel catholique de l'instruction publique, elles trouvent une réponse partielle en 1900, si la loi Falloux n'est pas abrogée, une circulaire s'appuyant sur la loi du 30 octobre 1886 réaffirme l'interdiction aux instituteurs de tout emploi au service de l'Église[M 32].

Épuration de la fonction publique

La radicalisation de la laïcisation qui s'opère autour de l'enseignement public, s'accompagne également de propositions de francs-maçons qui visent à écarter de la fonction publique française ceux qui ne sortent pas de l'appareil républicain[M 34], car pour permettre l’avènement des idéaux maçonniques dans la société, les corps constitués se doivent d'être coopératifs ou du moins ne pas faire obstacle[M 35]. Des vœux émanant des loges sont proposés au convent du Grand Orient qui expriment la nécessité de progressivement épurer la fonction publique en général. Ne devant accéder aux postes à responsabilité que des fonctionnaires républicains affirmés et remplient d'esprit laïc[M 36]. La coalition de l'ordre moral qui essaie plusieurs fois à l'occasion de crises gouvernementales[n 7] de détruire le parti républicain dont de nombreux francs-maçons sont membres et fait preuve d'un cléricalisme patent, voit s'opposer un anticléricalisme maçonnique qui s'exprime sans détours et va jusqu'à affirmer que l'on ne peut être républicain et catholique à la fois[C 22]. Dans le sillage des écrits de l'auteur et franc-maçon Victor Courdevaux et des nombreuses conférences qu'il donne en loge autour des « prétentions politiques de l'Église », d'autre personnalité vont s'engager dans le combat pour la laïcisation des institutions du pays. Parfois en étant plus radical et en élargissant le champ des critiques à toutes les religions, catholiques, juives ou encore protestante, malgré l'alliance tacite entre le protestantisme libéral animé par Ferdinand Buisson ou Frédéric Desmons et la franc-maçonnerie[C 23]. Fernand Faure demande au convent du Grand Orient de 1885 que toute influence religieuse soit éliminé des institutions pour permettre la victoire totale de la libre-pensée[C 24]. Les loges du Grand Orient, au-delà l'épuration du système éducatif, réclame aussi une réorganisation de l'État autour de la neutralité la plus stricte autour des questions religieuses ou philosophiques et de longues listes de revendications sont transmises aux ministères et frères élus dans les institutions de la République[M 37].

Séparation des Églises et de l’État

Acte majeur de la sécularisation de la République pour de nombreux élus républicains membres de la franc-maçonnerie, les loges maçonniques vont travailler avec force à la préparation et à l'acception la plus large possible du projet de séparation de l'Église et de l'État. Le soutien le plus large étant nécessaire pour faire aboutir cette réforme, la population rurale étant plus souvent attachée à la religion dominante. Tous les points, tant politiques que juridiques sont abordés avec rationalisme et rigueur dans les travaux des loges[M 38]. La réflexion qui prévaut au sein des ateliers s'appuie sur la libération de tous dogmes pour laisser place à des idées basées sur la science et la tolérance philosophique seule à même selon les francs-maçons de permettre des progrès humains dans un monde toujours en évolution. Opposant dans les débats la « république des divinités éternelles à la république des idées » qui ne peut pour aboutir, que passer par la séparation de toutes les Églises et de l'État. Le discours d'Auguste Dide au convent de 1885 expose les raisons et la philosophie qui nourrissent les réflexions des loges et rappelle que la fraternité doit l'emporter sur la polémique durant les débats[M 38]. Son exposé affirme la liberté de pensée des membres de la franc-maçonnerie et l'État qu'ils appellent de leur engagement se doit d'être dégagé « des principes rétrogrades et obscurantistes », pour faire place à l'évolution que propose la science, la logique et la raison[M 39]. Pour le Grand Orient, la séparation de l'Église et de l'État s'inscrit dans l'héritage de la Révolution, elle est un aboutissement de la République comme principe gouvernemental[M 40].

Les arguments des loges portent aussi sur la nature du régime concordataire, accord en 1801 entre le premier consul Bonaparte et le Vatican qui offre une rémunération aux ecclésiastiques en échange de l'abandon des biens religieux vendus au cours de la Révolution française. Le concordat étendu par Napoléon aux Églises protestante et juive dans un souci de contrôle du pouvoir au travers d'un subventionnement de l'État de toutes les religions[M 41], permet une forte pénétration de l'Église catholique principalement dans les institutions de l'État[M 42]. La question se pose clairement de subventionner par l'argent de l'État, la croyance en des dogmes religieux et les superstitions des diverses religions, tout en ne le faisant pour la franc-maçonnerie qui se revendique en cet instant comme une « Église de la République », dont la doctrine se base sur la raison, la science et la fraternité. Cependant, ce débat sur le financement des cultes ne se base pas sur une recherche de reconnaissance ou de subvention, mais plutôt sur celui de la rupture d'égalité de traitement entre les institutions, dès lors que ces subventions sont allouées à des religions et des doctrines qui s'affirment comme supérieure à l'État, à la science et se dénigrent parfois entre elles[M 42].

Pour les défenseurs du budget du culte, que ce soit à l'Assemblée ou au Sénat, les subventions au clergé ne sont qu'une forme de remboursement et dédommagement des biens dont l'Église s'estime spoliée à la suite de la Révolution. L'argument est balayé dans un rapport du convent en arguant de lois de l'ancien régime[n 8] qui précisent que les biens de l'Église sont possessions des Rois. Pour le Grand Orient de France, l'Église est soumise à l'État qui peut disposer de ces biens comme bon lui semble[M 43].

Réactions cléricales et antimaçonnisme

Le pape Léon XIII.

Le courant antimaçonnique bien installé au sein de l’Église catholique depuis les premières bulles pontificales de 1738 et de 1751 qui visent à l'anathème de la franc-maçonnerie connait dès le début de la IIIe République une radicalisation qui va de pair avec l’anticléricalisme maçonnique qui se durcit clairement au sein des ordres de la franc-maçonnerie. Si les bulles du XVIIIe siècle ne sont que peu suivit par les régimes en place qui conservent pour partie une certaine neutralité, l'allocution de Pie IX devant le Sacré Collège le 25 septembre 1865 et rendu publique le 6 octobre, s'affiche comme une volonté de reprise de combats contre la franc-maçonnerie, essayant d'inciter les régimes européens à agir contre cette « société perverse d'hommes vulgaires [...] qui a fini à ce faire jour pour la ruine commune de la religion et de la société. »[M 44]. L'allocution en forme d'attaque met en exergue le thème du secret maçonnique et place avec habileté la franc-maçonnerie dans la catégorie des sociétés secrètes fomenteuses de révolutions. Si Napoléon III ne donne pas de suite à cette allocution, la presse réactionnaire s'empare du sujet et amplifie les accusations du Pape[M 45].

Dès lors de nombreux ecclésiastiques produisent circulaires ou articles attaquant la franc-maçonnerie. L’évêque de Laval dès le 10 octobre de la même année adresse une circulaire qui dénoncent les sociétés secrètes, affirmant le caractère incompatible de l'appartenance simultanée à l’Église catholique et à la franc-maçonnerie, confirmant la rupture totale entre les deux entités[M 46]. L'abbé Desorges dans un article publié le 27 octobre passe de la condamnation religieuse et politique à l'accusation de crime en se servant de passage des rituels d'initiation et gommant leur sens symbolique[M 47]. Louis-Jacques-Maurice de Bonald archevêque de Lyon, précise encore en février 1868, l'excommunication qui frappe les francs-maçons et dans un mandement d'une grande sévérité attaque méthodiquement tous les aspects historiques ou philosophiques de l'ordre maçonnique, l'accusant de pratiques immorales et impies[M 48]. L'encyclique Humanum genus de Léon XIII en avril 1884, rappelle les condamnations de « la secte » par ses prédécesseurs et l'affuble d'une origine satanique « héritière de tous ceux qui s'opposent à la cité de Dieux »[M 49].

Les réactions de la presse maçonnique et des loges interviennent rapidement pour dénoncer l’archaïsme de ces condamnations avec parfois une certaine ironie, quelques loges faisant le choix de répondre directement au pape[M 50]. Ces attaques cléricales sont tournées principalement vers le Grand Orient de France, elles ne restent pas sans réponses du Conseil de l'ordre. Ce dernier saisissant le ministre de l’Intérieur et des cultes lorsqu'un prêche hostile dans un lieu de culte et dans le cadre de fonctions sacerdotales incite selon lui, « à la haine en élevant les citoyens les uns contre les autres »[M 51].

Progressivement se déploie dans l'Europe sous l'impulsion de l'Église, des comités antimaçonniques. Le père Gabriel de Bessonies fonde en 1892, le Comité antimaçonnique de Paris. Il publie des articles dans les journaux La Croix et Le Pelerin sous le pseudonyme de Gabriel Soulacroix. En 1893, est créé l'Union antimaçonnique universelle à Rome. Une association située à Paris apparaissant comme une filiale de celle de Rome affiche clairement son but de lutte contre la franc-maçonnerie. La totalité des membres de son comité central est approuvée par l'archevêché de Paris, elle publie La franc-maçonnerie démasquée[M 52]. Le 29 septembre 1895, s'organise à Trente dans le Tyrol autrichien, le premier congrès antimaçonnique international, ces travaux proposent l'étude des doctrines de la franc-maçonnerie et les moyens de la combattre. Un second congrès à lieu l'année suivante à Paris dont le but est de mettre en œuvre les décisions arrêtées l'année précédente[M 52].

Pour les francs-maçons du Grand Orient de France, le choix de Paris est une attaque qui vient directement du Vatican, Léo Taxil et l'abbé Bessonnies étant les premiers signataires de l'appel du congrès, dont un des buts est de contrer les lois anticléricales françaises. La réplique de l'Ordre est virulente et sans appel, qualifiant le congrès de « rassemblement d'écrivains méprisés et de prêtres fanatiques » qui ne visent qu'à écraser le combat de la franc-maçonnerie française pour la liberté de conscience et pour remettre la société française sous le joug du pape[M 53].

Notes et références

Notes

  1. Le Grand Orient notamment partagent massivement l'idéal des principes républicains, régime en adéquation avec les principes fondamentaux de sa constitution de 1877[M 1].
  2. Le convent de 1898 reçoit 21 délégués de loges directeur d'école ou enseignant[C 3].
  3. En premier lieu, il cite l'orphelinat catholique du Bon Pasteur à Nancy[C 12].
  4. L'assemblée est présidée par Antoine Blatin[C 17]
  5. La nouvelle doctrine est aussi dénoncée comme un « péril concurrentiel » pour la franc-maçonnerie, ou l'action cléricale « se cache derrière une laïcité d’apparat. »[M 20].
  6. De nombreux religieux ont obtenu le brevet de capacité que la loi Grévy de 1880 rend obligatoire et peuvent de la sorte se maintenir au sein de l'instruction primaire[M 30].
  7. Notamment lors du gouvernement de l'Ordre moral ou de la crise du 16 mai 1877[C 22].
  8. Le système Gallican fait de l'Église une institution soumise au Roi, depuis Louis XIV[M 43].

Références

  • Patrice Morlat, La République des Frères : Le Grand Orient de France de 1870 à 1940, 2019.
  1. Patrice Morlat 2019, p. 169.
  2. Patrice Morlat 2019, p. 180.
  3. Patrice Morlat 2019, p. 171.
  4. Patrice Morlat 2019, p. 172.
  5. Patrice Morlat 2019, p. 174.
  6. Patrice Morlat 2019, p. 175.
  7. Patrice Morlat 2019, p. 176.
  8. Patrice Morlat 2019, p. 177.
  9. Patrice Morlat 2019, p. 185.
  10. Patrice Morlat 2019, p. 191.
  11. Patrice Morlat 2019, p. 192.
  12. Patrice Morlat 2019, p. 195.
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  14. Patrice Morlat 2019, p. 723.
  15. Patrice Morlat 2019, p. 198.
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  17. Patrice Morlat 2019, p. 86.
  18. Patrice Morlat 2019, p. 87.
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  20. Patrice Morlat 2019, p. 109.
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  29. Patrice Morlat 2019, p. 151.
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  48. Patrice Morlat 2019, p. 101.
  49. Patrice Morlat 2019, p. 103.
  50. Patrice Morlat 2019, p. 93.
  51. Patrice Morlat 2019, p. 108.
  52. Patrice Morlat 2019, p. 220.
  53. Patrice Morlat 2019, p. 222.
  • Autres références

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Patrice Morlat (préf. Pierre Mollier), La République des Frères : Le Grand Orient de France de 1870 à 1940, Éditions Perrin, , 835  p. (ISBN 2-262-07726-6). .
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  • Yves Hivert-Messeca, L'Europe sous l'acacia : Histoire de la franc-maçonnerie européenne du XVIIIe siècle à nos jours, vol. 2, XIXe siècle, Éditions Dervy, coll. « L'univers maçonnique », , 780  p. (ISBN 979-10-242-0023-1).
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  • Alain Bauer et Roger Dachez, Histoire de la franc-maçonnerie française, PUF, coll. « Que sais-je? », (ISBN 978-21-306-3149-1, lire en ligne), p. 99.  .
  • Emmanuel Pierrat et Laurent Kupferman, Ce que la République doit aux francs-maçons, Paris, Éditions First, , 298  p. (ISBN 978-2-412-05466-6)
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