Français de papier

Français de papier est une expression controversée, souvent opposée à Français de souche. Elle désigne les personnes ayant récemment acquis la nationalité française, c'est-à-dire immigrés ou descendants d'immigrés, lorsque leur volonté de s'intégrer ou de s'assimiler à la culture française est mise en doute par une absence de patriotisme mais que ces derniers profiteraient des avantages qu'offre la nationalité française.

Définition

Cette expression est employée dès l'entre-deux-guerres, par les courants nationalistes et d'extrême droite, notamment l'Action française, pour désigner les nouveaux naturalisés, cette catégorisation entraînant les politiques de dénaturalisation du régime de Vichy et les propositions du Front national de supprimer toute notion de droit du sol au droit français[1].

Selon le journaliste Alain Gresh, elle est également employée par les fonctionnaires de l'administration française chargés des naturalisations. Pour le sociologue Geoffroy de Lagasnerie les fonctionnaires définissent les Français de papiers comme ceux « qui souhaiteraient devenir citoyens pour des motifs instrumentaux (les aides sociales, faciliter les voyages, etc.), sans manifester un attachement sincère à leur pays d’accueil, sans se sentir honorés à l’idée d’intégrer la communauté nationale[2]. »

Controverses

Pour le chercheur Jean-Yves Camus, cette notion est liée à la thèse d’extrême droite du « grand remplacement » dont l'une des idées principales est « qu'une partie de la population française n'est pas vraiment française. Ce ne seraient des Français que sur le papier ». Pour Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l'OCDE, il est fallacieux de faire l'amalgame entre les immigrés et leurs enfants dont une partie provient d'unions mixtes et qui « sont Français et ont été éduqués à l'école de la République. »[3]

Selon Renaud Dély, directeur de rédaction au Nouvel Observateur, le concept est repris par Nicolas Sarkozy lors de son discours de Grenoble quand il évoque qu'« il est quand même invraisemblable que des jeunes gens de la deuxième, voire de la troisième génération, se sentent moins Français que leurs parents ou leurs grands-parents.» Pour lui ce concept de « Français de Papier » et de « Cinquième colonne » qui vient de Patrick Buisson montre le rapprochement sur certaines idées sécuritaires et migratoires du Front national et de l'UMP[4].

Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, considère que le projet entre autres du FN d'« exiger que « les Français de souche » soient mieux traités que les « Français de papier » (en terme d'accès à l'emploi, aux prestations sociales...), c'est créer les conditions d'une guerre civile entre les communautés »[5]. Selon lui c'est un phénomène nouveau de créer deux catégories de Français, créant « un régime qui n’est pas national-socialiste tel qu’il existait dans les années 1930 mais c’est un régime d’apartheid »[6].

Notes et références

  1. (en) Rogers Brubaker, Citizenship and Nationhood in France and Germany, Harvard University Press, , 288 p. (ISBN 978-0-674-02894-4, présentation en ligne, lire en ligne), p. 106, 113 et 143.
  2. Alain Gresh, « D'excellents Français… », sur Nouvelles d'Orient (blog du Monde diplomatique), (consulté le ).
  3. « Jean-Marie Le Pen converti à la thèse du "Grand remplacement" », sur la Croix, (consulté le )
  4. La Droite brune: UMP-FN : Les secrets d'une liaison fatale, Renaud Dély, Flammarion, 2012
  5. Cambadélis aux députés PS : « Calmons-nous ! », Le Monde, 8/9/2014
  6. « Cambadélis : le FN au pouvoir serait «le chaos en France» », sur Libération, (consulté le )

Annexes

Articles connexes

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