Fort d'Ében-Émael

Le fort d’Ében-Émael [ebɛn emal] est un fort belge situé près du village d'Ében-Émael, dans la commune de Bassenge, en province de Liège, non loin de la frontière avec les Pays-Bas. Il fut construit entre 1932 et 1935 en tant que pièce maîtresse du nord de la ceinture fortifiée de Liège.

Ne doit pas être confondu avec Prise du fort d'Ében-Émael ou Ében-Émael.

Fort d'Ében-Émael

Maquette du fort

Lieu Ében-Émael, province de Liège, Belgique
Fait partie de ceinture fortifiée de Liège
Construction entre 1932 et 1935
Matériaux utilisés Béton, acier
Longueur Triangle de +/- 900m sur 700m et 700m
Utilisation 1935 à 1940 par l'Armée belge
Utilisation actuelle musée
Ouvert au public un weekend par mois
Commandant Major Jean Jottrand
Effectifs 600 à 1 200 hommes
Guerres et batailles Prise du fort d'Ében-Émael, Campagne des 18 jours, Bataille de France
Trivia Plus grand fort belge.
Coordonnées 50° 47′ 49″ nord, 5° 40′ 47″ est
Géolocalisation sur la carte : Belgique

Sa prise rapide par la Wehrmacht les 10 et marqua l'entrée de la Belgique dans la Seconde Guerre mondiale, ainsi que le début de la campagne des 18 jours et de la bataille de France.

Situation

Le fort a été construit sur la rive ouest du canal Albert et se trouve à environ 10 kilomètres au sud-ouest de la ville néerlandaise de Maastricht, sur la Montagne Saint-Pierre, séparant les vallées de la Meuse et du Geer, ainsi qu'à environ 10 kilomètres au nord de la ville belge de Visé. Ces deux communes ont d'ailleurs donné leur nom au système de casemates du fort (« Maastricht 1 et 2 » et « Visé 1 et 2 »), en fonction de l'orientation géographique de ces structures vers ces villes.

Le fort surplombe de 65 mètres le Canal Albert qui relie Liège au port d'Anvers et qui coupe la Montagne Saint-Pierre par la Tranchée de Caster. Une coupole s’ouvrait d’ailleurs directement sur la tranchée, pour contrôler le passage sur le canal. Les batteries tiennent sous ses feux les ponts de Kanne, Vroenhoven et Veldwezelt.

Caractéristiques

Généralités

Le dispositif de défense ressemble, à bien des égards, à celui des ouvrages construits en France pour la ligne Maginot, bien qu'il comporte quelques particularités. Le plan du fort est un pentagone irrégulier d’une surface de 0,75 km2, dont la forme est inspirée des constructions françaises similaires des XVIe et XVIIe siècles. Les dessus du fort (les superstructures), à eux seuls, avaient une superficie d'environ 0,45 km2. Cela suffisait à faire d'Ében-Émael, à l’époque, le plus grand fort jamais construit.

Armement principal

  • Une tourelle pivotante (masse totale 450 tonnes), armée de deux canons de 120 mm.
  • Deux tourelles (Nord et Sud) à éclipse, abaissées entre deux tirs, armées chacune de deux canons de 75 mm.
  • Deux casemates du Nord (nommées Maastricht 1 et 2) et deux casemates orientées vers le Sud (nommées Visé 1 et 2), toutes armées de trois canons de 75 mm.
  • Trois tourelles factices en tôle, de la taille d'une tourelle de 120.

Armement secondaire

La coupole 120, à gauche derrière les casemates Visé 1.
La tranchée de Caster dans la montagne Saint-Pierre, par laquelle passe le canal Albert. Le fort d'Ében-Émael est construit dans la colline dans la partie sud (à gauche de la photographie).
Entrée principale du fort.
Effets d'une charge creuse.
Le bunker sur la tranchée de Caster.
  • Bloc I : entrée principale
  • Bloc II
  • Bloc IV
  • Bloc V
  • Bloc VI
  • Canal Nord
  • Canal Sud
  • Abri de mitrailleuses mi-Nord
  • Abri de mitrailleuses mi-Sud
  • Bloc O1, à l’extérieur du fort

Le dernier bloc est relié au fort par un souterrain. Ces blocs d'observation sont équipés de projecteurs et de canons 60 mm. Des postes d’observation mieux équipés sont installés dans trois de ces blocs.

Défense passive

Le fort est barré à l’Est par la tranchée de Caster. De plus, la Montagne Saint-Pierre présente quelques escarpements infranchissables. De très nombreux dispositifs, notamment des fossés, sont aménagés afin de bloquer les attaques de blindés. Le réseau souterrain s’étend sur plus de trois kilomètres et sur une hauteur de 40 mètres. L'aération du fort est équipée de filtres spéciaux, en fonction des enseignements de la Première Guerre mondiale en matière de gaz de combat.

Faiblesses

La principale faiblesse du fort est son toit. Cette vaste étendue plane, qui accueille aujourd’hui une forêt et un champ de blé, n’est pas assez défendue: nulle mine, ou obstacle antiaérien, peu de barbelés, pas de protection directe des casemates contre des attaques d'infanterie. Ce vaste espace sert de terrain de football aux soldats du fort (les soldats avaient même lancé une pétition pour empêcher que le toit soit miné)[1].

Les canons ont une portée de 11 et 17,5 km. L'armée belge n'en a pas installé de plus puissants car la neutralité de la Belgique impose que le territoire allemand ne soit pas à portée de canons.

La stratégie d’utilisation du fort

Conçu dès le XIXe siècle le fort devait compléter le cercle défensif des 12 forts construits entre 1870 et 1890 afin de défendre la Belgique d'une invasion française ou allemande.

À la fin des années 1880, le général Brialmont, concepteurs de ces fortifications, réclame la construction d’un ultime fort entre la ville de Visé, au nord-est de Liège, et Maastricht afin de bloquer un envahisseur venu de l’est ou remontant la Meuse, en attendant l’arrivée de renforts. En effet, cette trouée du Limbourg, permet de pénétrer jusqu’au centre de la Belgique sans difficulté. Le général ne fut pas entendu et il lâcha, en 1887, un prémonitoire : « vous pleurerez des larmes de sang pour n’avoir pas construit ce fort ». De fait, en 1914, c’est par là, en application du plan von Schlieffen modifié par von Moltke (plan dit de la « porte à tambour ») que l'armée du Kaiser pénétra en Belgique et franchit la Meuse. C’est pour réparer cette erreur que la construction du fort d’Ében-Émael est entreprise en 1932 pour être achevée en 1935.

En plus de se prémunir contre une attaque venant de l'est, il assurait également le contrôle des ponts sur le canal Albert et des trois routes arrivant du sud de Maastricht vers la Belgique (vallée du Geer, Meuse rive gauche, Meuse rive droite). Six cents hommes défendaient le fort.

Ében-Émael, ce fort en forme de diamant, était l’espoir de la Belgique pour défendre l'est du pays d’une invasion. Il a aussi servi de protection au sud, ce qui a été appelé l'écart d'étau.

La prise du fort (1940)

Le fort fut pris par la Wehrmacht les 10 et et marque l’entrée de la Belgique dans la Seconde Guerre mondiale, ainsi que le début de la campagne des 18 jours et de la Bataille de France.

Le fort aujourd’hui

Depuis le 18 juin 2009, le fort d'Ében-Émael est un musée qui peut être visité un week-end par mois. Les installations extérieures sont librement accessibles. Diverses traces de la bataille sont toujours visibles, ainsi que les blindages et certains armements. Une salle spéciale sur les Assemblées romaines a été construite.

Début 2009, il bénéficie d'un regain d'intérêt du public, à la suite de la diffusion de la série télévisée L'Empereur du goût, dont certaines scènes ont été tournées dans le fort, évoquant dans le cadre de cette fiction des événements survenus en mai 1940.

Notes et références

  1. Jean Quatremer, « Ében-Émael : le point faible du fort », sur bruxelles.blogs.liberation.fr, Libération, .

Bibliographie

  • Jean Mabire, Les paras du matin rouge, Paris, Presses de la Cite, coll. « Troupes de choc », , 301 p. (ISBN 978-2-258-00825-0).
  • Bartz, Karl, Quand le ciel était en feu (Als der himmel brannte), Corrêa, 1955.
  • Bogusław Wołoszański (trad. Robert Bourgeois), Opérations spéciales : l'histoire de ces risques-tout qui, à chaque fois, devaient changer la face du monde, Paris Bruxelles, Jourdan éd, , 466 p. (ISBN 978-2-874-66110-5).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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