Actionnaire activiste

Un actionnaire activiste est un actionnaire qui utilise la part du capital qu'il détient dans une société pour influer sur la politique ou la structure de gouvernance de l'entreprise voire sa production ou ses objectifs.

L’actionnaire activiste (parfois très minoritaire) peut chercher à s'assurer que les buts des dirigeants de l'entreprise coïncident avec les siens ou avec ceux de lobbys (financiers, industriels, politiques…) pour lesquels il travaille ou avec ce qu'il estime être le bien commun et l'intérêt général (actionnariat engagé)[1]. C'est une tendance qui semble émerger vers le milieu du XXe siècle[2].

Objectifs

L’actionnaire activiste peut avoir des objectifs variés. Parfois avec d'autres, il essaye d’orienter la stratégie commerciale ou financière de l’entreprise dans des directions financières ou non.

Objectifs financiers

Les actionnaires visent souvent à maximiser la rentabilité en demandant par exemple un changement de structures de financement, une réduction des coûts, le versement de dividendes plus élevés, une optimisation fiscale, etc. Ils peuvent avoir des moyens de pression importants, dans le cas de certains hedge funds agressifs par exemple[3],[4].

Objectifs non financiers

Les principales motivations non-financières sont d’ordre éthique, par exemple dans le cadre d'une « finance responsable »[5] avec une volonté de prise en compte accrue de la responsabilité sociale de l'entreprise[6] ; avec un souhait de désinvestissement d'activités carbonées facteurs d'inégalités sociales ou destructrices de biodiversité, de cultures locales ou socialement insoutenables pour des raisons de santé publique, etc. ce qui peut par exemple impliquer de quitter certains pays non démocratiques ou irresponsables en termes d'environnement, ou négocier des politiques de développement soutenable allant plus loin que le green washing, etc.).

Par exemple, Yves Michaud, actionnaire activiste solitaire a réussi au Canada  après une victoire devant les tribunaux contre plusieurs institutions bancaires canadiennes  à imposer lors des assemblées générales annuelles tenues par la plupart des grandes banques canadiennes, la soumission de propositions de limitation des rémunérations des dirigeants de banques, et à assurer l'indépendance des membres du conseil d'administration[7].

Inversement, dans certains cas, des lobbys industriels (tabac, amiante, gaz, pétrole, charbon, nucléaire, chimie, agrochimie, biotechnologies, nanotechnologies, pharmaceutique, etc.) peuvent chercher a entretenir le déni des impacts socioenvironnementaux de la politique de l'entreprise, ou acquérir un nombre suffisant de voix et d'influence dans le conseil d'administration pour imposer à l'entreprise de ne pas évoluer et de poursuive ce type d'activités même si d'autres actionnaires n'iraient pas dans ce sens.

Coûts

En comparaison avec une offre publique d'achat, une politique activiste est nettement moins onéreuse puisqu'avec 10 % des voix il est possible de peser sur la gestion de l'entreprise, d'autant plus quand le capital flottant est élevé.

Moyens

Les actionnaires activistes peuvent agir par de nombreux moyens : apports d'arguments, campagnes de lobbying, storytelling et publicités éventuellement ciblées sur les actionnaires majoritaires, les médias, les syndicats… ; prise de parole et adoption de résolutions en Assemblée générale, parfois en sollicitant à l'avance les votes des autres actionnaires en faveur ou en défaveur d'un projet ou d'une résolutions[8] ; voire négociations directes avec le management. D'autres procédés tels que cadeaux, faveurs, pressions moins amicales sortent de la légalité et sont susceptibles d'entrainer des poursuites.

Exemples célèbres d'investisseurs activistes

Investisseurs uniques

Fonds d'investissements

Parmi les fonds d'investissement connus pour leur politique activiste, on peut citer :

Notes et références

  1. Carine Girard et Julien Le Maux, « De l'activisme à l'engagement actionnarial », Revue française de gouvernance d'entreprise, Paris, Institut français des administrateurs, no 1, 1er semestre 2007, p. 113-132 (ISSN 1962-2961, OCLC 821586746, HAL hal-00765283, lire en ligne).
  2. Marens, R. (2003). Évolution du gouvernement des entreprises: l’émergence de l’activisme actionnarial au milieu du XXe siècle. Finance Contrôle Stratégie, 6(4), 97-131.
  3. Ivan Tchotourian et Naomi Koffi, « Renforcer le conseil d’administration et mieux encadrer le vote actionnarial : les réponses possibles du droit à l’activisme dur des hedge funds », Les Cahiers de droit, vol. 59, no 3, , p. 617-676 (ISSN 0007-974X, e-ISSN 1918-8218, DOI 10.7202/1052479ar, lire en ligne).
  4. Huynh, Q. T. (2019). Les déterminants de l'activisme des hedge funds: élaboration d'un modèle de décision ex-ante de prise de participation.
  5. Gendron, C., & Bourque, G. L. (2003). Une finance responsable à l'ère de la mondialisation économique. L'Économie politique, (2), 50-61.
  6. Amann, B., Caby, J., Jaussaud, J., & Piniero, J. (2007). Activisme des actionnaires et responsabilité sociale des entreprises : une comparaison Espagne–France–Etats-Unis–Japon. Revue de l'organisation responsable, 2(2), 37-53.
  7. Raymonde Crête, « L'affaire Michaud : la voix d'un « simple actionnaire » », sur Les Cahiers de droit, (ISSN 0007-974X, DOI 10.7202/043481ar, consulté le ), p. 135–159
  8. Albouy, M. & Schatt, A. (2009). Activisme et Proxy Fight: Quand les actionnaires déclarent la guerre au management. Revue française de gestion, 8(8-9), 297-315. https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2009-8-page-297.htm

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie


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