Fondation nationale de l'Indien

La forêt amazonienne offre des richesses naturelles abondantes et plusieurs opportunités se présentent aux compagnies d’exploitation pour contribuer au développement économique du Brésil. Par contre, les peuples autochtones qui habitent ces terres se voient menacés de perdre leurs territoires, symbole unique de leur culture. La Fondation nationale de l’Indien est alors créée pour « protéger leur vie, leurs terres et leurs droits fondamentaux »[1].

SPI remplacé par la FUNAI

La FUNAI a été créée en 1967 en remplacement du « Serviço de Proteção ao Índio » (SPI), lui-même créé en 1910. Ce fut le premier organisme créé pour protéger les indigènes, établi par Cândido Rondon (1865-1958). Contrairement à l’image qu’il projetait, le SPI avait l’objectif premier d’intégrer les peuples autochtones à la population brésilienne colonisée. Ainsi, cela enlevait tout droit aux indigènes de préserver leurs terres et leur culture. 57 ans plus tard, en 1967, le «rapport Figueiredo» [2], porté sur la situation des autochtones, a dénoncé la corruption exercée par le SPI sur les peuples autochtones, une fois que la bureaucratie fut intégrée à l’organisme. « Les dirigeants échappèrent à tout contrôle et ne fournirent ni soins, ni protection à ces groupes nouvellement contactés. » [2]. Par exemple, un des objectifs du SPI était d’intégrer les autochtones à la vie de la société brésilienne. La stratégie employée fut de forcer les autochtones à quitter leurs terres, leurs cultures et leurs valeurs pour les assimiler[3].

À partir de 2018, sous le gouvernement de Jair Bolsonaro, la FUNAI est peu à peu « livrée aux militaires, aux grands propriétaires et aux évangéliques[4]. »

Responsabilités de la FUNAI

La Fondation Nationale de l'Indien - en portugais du Brésil Fundação Nacional do Índio - acronyme FUNAI est un organisme du Gouvernement Fédéral Brésilien qui établit et applique la politique indigène du Brésil en application de la constitution brésilienne de 1988. La FUNAI a la responsabilité de promouvoir l'éducation de base aux indiens, délimiter, sécuriser et protéger les terres que ceux-ci occupent traditionnellement, favoriser le développement d'études et d'informations sur les groupes indigènes. La fondation a la responsabilité de défendre les communautés indigènes, d'éveiller l'intérêt de la société nationale pour les indiens et leurs causes, de gérer leur patrimoine et déclarer leurs terres, afin d'empêcher les actions prédatrices des garimpeiros, forestiers et autres sur ces terres et qui représente un risque pour la vie et la préservation de ces peuples. De plus, la FUNAI fut formée d’une part pour tenter de rétablir la chute démographique dont les autochtones sont victimes. En effet, «seuls 370 ethnies sont recensées par les anthropologues dans les années 2000, sur le millier que comptait l'Amazonie avant l'arrivée des Européens.»[5]. Cette donnée montre qu’une diminution importante des peuples autochtones a eu lieu en 500 ans. Cet enjeu se présente encore de nos jours comme une menace importante.

Description chronologie

Rapport Figueiredo

D’abord, en 1967, le rapport Figueiredo fut publié. L’auteur «[…] y révélait les massacres de masse, les actes de torture, l’esclavage, les abus sexuels et la spoliation de terres qui étaient perpétrés à l’encontre des Indiens du Brésil.» (FUNAI, [s.d.], web). À la suite de la publication du rapport, le Gouvernement Fédéral du Brésil, dirigé par Arthur da Costa e Silva, créa la «Loi n ° 5371 du , [qui] autoris[a] la création de la Fondation nationale de l'Indien»[6]. Ainsi, ce nouvel organisme aura pour fonction de procéder à «l'instauration de mécanismes efficaces de contrôle social et de la gestion participative, visant à protéger et promouvoir les droits des peuples autochtones» [6]. La création du FUNAI permit au gouvernement de prendre conscience des conditions que les autochtones détiennent et quels sont les manques à l’égard de leurs droits et libertés.

Unité de coordination générale des Indiens isolés

Ensuite, l’Unité de coordination générale des Indiens isolés (CGII), en 1987, fut fondée par Sydney Possuelo pour contribuer au fonctionnement du FUNAI, 20 ans après la création de l’organisme. Il proposa d’établir des lois permettant de laisser les autochtones isolés de la civilisation pour les protéger, étant donné que leur rapport avec les hommes blancs leur apportait «que mort et maladies.» [3].

Conséquences

Influence sur d’autres organismes

Il est possible de croire que la fondation de la FUNAI en 1967 ait pu inspirer de nouveaux organismes à se mettre en place afin de protéger d'autres peuples autochtones. Par exemple, le groupe Survival International France, qui a comme but premier de protéger les droits des indigènes qui se situent au Brésil. Contrairement au FUNAI, Survival n’accepte «ni subventions gouvernementales, ni fonds émanant d’entreprises susceptibles de violer les droits des peuples indigènes.» [7].

Constitution de la république fédérative du Brésil

La FUNAI a aussi influencé la place que le gouvernement accorde aux peuples de la forêt amazonienne dans la société brésilienne. La constitution de 1988 viendra établir des lois sur la préservation des territoires appartenant aux autochtones, leur culture, leur consentement pour la délimitation des territoires avec le Congrès national, les ressources naturelles leur appartenant et les déplacements des peuples autorisés avec certaines conditions, qui y sont déclarés. Le FUNAI travaillera en collaboration avec le parti juridique du gouvernement afin de veiller sur le respect des droits des indigènes. La partie dont il est question ici est celle qui promulgue les lois des indigènes. Cette section se trouve dans le CHAPITRE VIII, ART 231 nommé Dos Indios, dans la constitution [8].

La culture autochtone

Le premier paragraphe traite du fait que «leur organisation sociale, costumes, langues, croyances et traditions, ainsi que leurs droits originaires sur les terres qu'ils occupent traditionnellement sont reconnus aux Indiens» [8]. Autrement dit, leur culture leur appartient et les pratiques qu’ils exercent pour la faire vivre doivent être respectées.

Droit accordé aux autochtones

La justice doit venir établir le respect des lois telles que déclarées par le Gouvernement en ce qui concerne le droit sur les terres des autochtones. La Constitution de la République fédérative du Brésil, dans la section § 2 explique que «les terres traditionnellement occupées par les Indiens sont destinées à être en leur possession permanente; l'usufruit exclusif des richesses du sol, des cours d'eau et lacs qui s'y trouvent leur appartient.» [8]. Cet extrait de la constitution promulgue l’appartenance des terres habitées par les autochtones aux peuples et défend toute volonté d’exploiter les richesses naturelles s’y trouvant par toute entreprise.

De plus, en lien avec la section deux, la loi de l’«ART. 67 des Dispositions Transitoires» [9] déclare que «le Statut de l’Indien et la Constitution Fédérale de 1988 ont stipulé un délai de 5 ans pour la démarcation de tous les territoires indigènes du pays. » [9]. Par contre, le délai de 5 ans n’a toujours pas été respecté. En effet, le président de la République, élu de 1995 à 2003, Fernando Enrique Cardoso, a laissé de côté les objectifs fixés par la Constitution qui étaient de séparer les terres de la forêt amazonienne aux peuples autochtones. Le retardement serait expliqué par les raisons suivantes : «difficultés de communication avec les représentants Indiens, prise en compte des intérêts privés sur les terres indigènes et l’élaboration d’une politique indigéniste sans aucune concertation avec les propres intéressés» [10]. Ces embuches compliquent la réalisation d’ententes entre les brésiliens et les premières nations. La difficulté de communication dans cette situation risque de mener l’entente à une dissolution.

Consentement entre peuples et le Congrès national

La section § 3 montre que l’utilisation des terres pour les minéraux et la recherche de ces derniers ne sont possibles qu’avec «l'autorisation du Congrès national et les collectivités concernées entendues» [8]. Cela signifie donc que le Congrès national doit s’entendre avec les groupes autochtones pour prendre les décisions concernant l’exploitation des territoires de la forêt amazonienne habités par ces derniers. Par contre, «la terre indigène démarquée dépend encore de l’homologation, par le Président de la République, qui a la fonction de réaliser un dernier contrôle de la légalité à l’intérieure du Pouvoir exécutif»[11]. Autrement dit, malgré les opinions des indigènes et du FUNAI, il en reste tout de même au Président d’avoir le dernier mot sur les délimitations des territoires indiens, même s’il n’y a pas de consensus.

Déplacement des peuples autochtones

Puis, § 4 décrit que «les terres visées au présent article sont inaliénables; les droits sur celles-ci sont imprescriptibles » [8]. De plus, il est expliqué que s’il y a des risques de danger pour la santé des indigènes, le Congrès national peut exiger un déplacement mais «leur retour immédiat est garanti dès lors que cesse le risque» [8]. En § 5, l’extrait expose qu’«il est interdit de déplacer les groupes indiens de leurs terres sauf en cas de catastrophe ou d'épidémie faisant courir des risques à leur population ou dans l'intérêt de la souveraineté nationale; en toute hypothèse, leur retour immédiat est garanti dès lors que cesse le risque» [8]. Cette loi montre que les politiciens n’ont pas le pouvoir de décider si les groupes autochtones ont à être déplacés pour toute autre raison que s’il y a risque de santé pour ces derniers. Ainsi, si un projet d’exploitation des terres de l’Amazonie nécessite de déplacer des autochtones de leurs territoires, ils n’ont aucun droit d’y procéder.

Ressources naturelles

Finalement, la partie § 6 affirme qu’aucun droit d’exploiter les ressources naturelles présentes sur les territoires des indigènes n’est attribué à qui que ce soit[8]. De ce fait, même si un projet d’exploitation ne demande pas de d’intervenir dans l’emplacement des peuples sur leurs territoires mais affecte les terres leur appartenant, il doit être automatiquement refusé[8].

Exploitation de la forêt amazonienne

Par contre, malgré les efforts que l’organisme du FUNAI donne pour protéger les indigènes, il y a encore des problèmes reliés à l’acquisition des terres de l’Amazonie. L’exploitation des ressources naturelles se déroule dans un contexte auquel le gouvernement brésilien doit faire face depuis le XXe siècle. «En Amérique latine, depuis 1974, un tiers des forêts tropicales a disparu, transformé en pâturages» [5]. Menacés par les projets des compagnies locales et étrangères, les autochtones tiennent à conserver leurs territoires ancestraux comme il était prévu dans la Constitution de la République Fédérative du Brésil. En effet, «là encore, on retrouve l'affrontement entre deux mondes, l'un purement économique voulant intégrer l'agriculture dans le processus de modernisation et les autochtones dans la construction d'une unité nationale déficiente, l'autre soucieux de préserver son identité dans un système interethnique spécifique, ultime rempart à son acculturation.» [12]

Controverses

Le 22 avril 2020, la FUNAI a publié l'Instrução Normativa (IN) nº 9/2020, qui bouleverse une grande partie de la politique indigène existante du pays en modifiant le mode de fonctionnement de la « Déclaration de reconnaissance des limites » de la FUNAI[13].

Ces changements sont liés aux modifications majeures de la politique foncière indigène du pays par le gouvernement de Jair Bolsonaro. Annoncées comme un grand pas en avant, les nouvelles règles sont accusées de faciliter le rachat de terres indigènes ancestrales non enregistrées par les accapareurs de terres, permettant ainsi leur utilisation par les bûcherons, les éleveurs de bétail, les producteurs de soja et d'autres étrangers[13].

Cette mesure ouvre 9,8 millions d'hectares (37 830 miles carrés) de terres à ces activités économiques et à d'autres - des terres qui ne sont toujours pas reconnues comme indigènes, comme l'exige la Constitution brésilienne de 1988. Les critiques craignent que ces vastes changements d'utilisation des terres ne dévastent la vie de milliers d'autochtones et n'entraînent une déforestation importante qui poussera la forêt amazonienne vers un point de basculement irréversible du changement climatique, en convertissant une grande partie de celle-ci en savane dégradée et en libérant des quantités massives de gaz à effet de serre qui déstabilisent le climat[13].

Notes et références

  1. Gouvernement du Brésil, [s.d.], web
  2. FUNAI, [s.d.], web
  3. Fondation nationale de l’indien (2012). « Qui sommes-nous », http://www.survivalfrance.org/qui (consulté le 15 octobre 2012).
  4. « Au Brésil, le démantèlement de la Fondation pour l’Indien, symbole de l’offensive de Bolsonaro contre les indigènes », Le Monde.fr, (lire en ligne)
  5. Drouler, Martine [s.d.]. «Amazonie», Encyclopédie Universalis, http://www.universalis- edu.com.proxy.cegepat.qc.ca/encyclopedie/amazonie/ (consulté le 27 octobre 2012).
  6. Brasil Government [s.d.] Colony , http://www.brasil.gov.br/sobre/history/periods (consulté le 15 septembre 2012).
  7. «Qui sommes-nous ? » [s.d.] Survival International France, http://www.survivalfrance.org/qui/contact (consulté le 30 octobre 2012).
  8. Brésil, (1988). «Capítulo VIII - Dos Índios » «Chapitre VIII - Des Indiens», Constituição da República Federativa do Brasil Constitution de la République Fédérative du Brésil, Chapitre VIII, ART 231, p. 46.
  9. Buchillet, 1995, p. 269
  10. Buchillet, 1995, p. 267
  11. Buchillet, 1995, p. 270
  12. Larousse [s.d.]. «Amérindiens» Encyclopédie Larousse, http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Am%C3%A9rindiens/124931 (consulté 30 octobre 2012).
  13. (en-US) « Brazil opens 38,000 square miles of indigenous lands to outsiders », sur Mongabay Environmental News, (consulté le )

Médiagraphie

Voir aussi

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  • Portail du Brésil
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