Fonction de Bessel

En mathématiques, et plus précisément en analyse, les fonctions de Bessel, appelées aussi quelquefois fonctions cylindriques[1], découvertes par le mathématicien suisse Daniel Bernoulli, portent le nom du mathématicien allemand Friedrich Wilhelm Bessel. Bessel développa l'analyse de ces fonctions en 1816 dans le cadre de ses études du mouvement des planètes induit par l'interaction gravitationnelle, généralisant les découvertes antérieures de Bernoulli. Ces fonctions sont des solutions canoniques y(x) de l'équation différentielle de Bessel :

Tracés des trois premières fonctions de Bessel de première espèce J.

pour tout nombre réel ou complexe α. Le plus souvent, α est un entier naturel (alors appelé l'ordre de la fonction), ou un demi-entier.

Il existe deux sortes de fonctions de Bessel :

  • les fonctions de Bessel de première espèce, Jn, solutions de l'équation différentielle ci-dessus qui sont définies en 0 ;
  • les fonctions de Bessel de seconde espèce, Yn, solutions qui ne sont pas définies en 0 (mais qui ont une limite infinie en 0).

Les représentations graphiques des fonctions de Bessel ressemblent à celles des fonctions sinus ou cosinus, mais s'amortissent comme s'il s'agissait de fonctions sinus ou cosinus divisées par un terme de la forme x.

Les fonctions de Bessel sont aussi connues sous le nom de fonctions cylindriques, ou d'harmoniques cylindriques, parce qu'elles font partie des solutions de l'équation de Laplace en coordonnées cylindriques (intervenant, par exemple, dans la propagation de la chaleur dans un cylindre).

Elles interviennent dans beaucoup de problèmes physiques présentant une symétrie cylindrique:

Expression des fonctions de Bessel

Pour les valeurs entières de α = n, les fonctions de Bessel de première espèce Jn sont définies par la série entière (de rayon de convergence infini) suivante[2] :

.

Plus généralement, pour α non entier, on a le développement analogue

Γ(z) est la fonction gamma, généralisant la fonction factorielle à des valeurs non entières.

Les fonctions de Bessel de deuxième espèce, également appelées fonctions de Neumann ou encore fonctions de Weber-Schläfli, sont définies par :

.

Intégrales de Bessel

Pour les valeurs entières de α=n, les fonctions de Bessel peuvent être représentées par des intégrales :

ou encore par :

.

C'est la définition qu'en donna Bessel, et qui lui servit à obtenir de nombreuses propriétés de ces fonctions (à commencer par l'équation différentielle, qui en découle par différentiation sous le signe d'intégration, suivie d'une intégration par parties). Cette définition peut s'étendre au cas α non entier (pour Re(x) > 0), en ajoutant un autre terme :

[3],[4],[5],[6].

Relation avec les séries hypergéométriques

Les fonctions de Bessel peuvent également s'exprimer sous forme de série hypergéométrique généralisée (en) comme

.

Cette expression est liée au développement des fonctions de Bessel à l'aide de la fonction de Bessel-Clifford (en).

Relation avec les polynômes de Laguerre

Notant le k-ième polynôme de Laguerre, les fonctions de Bessel peuvent être exprimées ainsi[7] :

,

où l'expression de droite ne dépend pas de t et demande, pour être généralisée au cas α non entier, l'utilisation de dérivées fractionnaires.

Propriétés des Jn

  • Relations de récurrence :
    ,
    ,
    .
  • On en déduit :
    ,
    .
  • Orthogonalité :
    et étant deux zéros distincts de , on a : .

Jn est souvent défini par l'intermédiaire d'une série de Laurent, correspondant à la fonction génératrice :

 ;

cette approche est celle de Peter Andreas Hansen en 1843. Elle peut se généraliser à des ordres n non entiers, par l'intermédiaire, par exemple, d'intégrales de contour.

Des développements analogues; mais utilisant des séries trigonométriques, sont dus à Jacobi et Anger ; on a[8]

et

Développements asymptotiques

Les fonctions de Bessel ont les formes asymptotiques suivantes (pour α positif). Près de 0 (et plus précisément pour ), on a[6] :

γ est la constante d'Euler-Mascheroni (0,577…) et Γ est la fonction gamma. Pour x tendant vers l'infini (et plus précisément pour ), ces développements deviennent[6] :

.

La conjecture de Bourget

Bessel avait démontré que pour n entier positif, l'équation Jn(x) = 0 admet une infinité de solutions[9]. Cependant, les graphes de Jn semblent montrer que ces zéros sont distincts pour différentes valeurs de n, en dehors de Jn(0) = 0. Ce phénomène est appelé la conjecture de Bourget[10] ; elle fut démontrée par Carl Siegel en 1929[5].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Bessel function » (voir la liste des auteurs).
  1. Albert Wangerin, « Fonctions cylindriques ou fonctions de Bessel », dans Encyclopédie des sciences mathématiques pures et appliquées. Tome II. Cinquième volume, J. Molk (éd.), Paris, Gauthier-Villars, 1912, p. 209.
  2. Démontré par exemple dans cet exercice corrigé sur Wikiversité.
  3. (en) U. H. Gerlach, « Linear Mathematics in Infinite Dimensions », sur Université d'État de l'Ohio, , p. 337.
  4. (en) Poul Olesen, « Integral representations of the Bessel function », sur Institut Niels-Bohr, .
  5. (en) G. N. Watson, A Treatise on the Theory of Bessel Functions, 2e éd., 1995, Cambridge University Press, [lire en ligne], p. 176 et 484-485.
  6. (en) George B. Arfken (en) et Hans J. Weber, Mathematical Methods for Physicists, 6e éd., Harcourt, San Diego, 2005 (ISBN 0-12-059876-0).
  7. (en) Gábor Szegő, Orthogonal Polynomials, 4e éd., Providence, RI, AMS, 1975.
  8. (en) Annie Cuyt, Vigdis Petersen, Brigitte Verdonk, Haakon Waadeland et William B. Jones, Handbook of Continued Fractions for Special Functions, Springer, 2008, p. 344.
  9. (de) F. Bessel, « Untersuchung des Theils der planetarischen Störungen », Berlin Abhandlungen, 1824, article 14.
  10. Justin Bourget, « Mémoire sur le mouvement vibratoire des membranes circulaires », ASENS, 1re série, vol. 3, , p. 55-95 (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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