Florence Rochefort

Florence Rochefort est une historienne française spécialiste de l'histoire des féminismes en France, de l'histoire du genre en relation avec les religions, la laïcité et la sécularisation. Elle est chargée de recherche au CNRS, membre du laboratoire Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GRSL UMR 8582)[1].

Pour les articles homonymes, voir Rochefort.

Biographie

Florence Rochefort naît en 1958[2] à Suresnes[3].

Impliquée dans les mouvements féministes en tant que lycéenne, elle commence des études d'histoire à l'université de Paris 7 à la rentrée 1976 où elle s'implique dans le Planning familial et le Mouvement pour la liberté de l'avortement et la contraception (MLAC). L'université Paris 7 est alors un lieu d'innovation pédagogique animé par des professeurs dissidents de la Sorbonne dans le sillage de 1968. Elle y découvre l'histoire des femmes avec les enseignements de Michelle Perrot et Arlette Farge[3]. Elle se lie d'amitié avec Laurence Klejman avec laquelle elle réalise systématiquement tous ses dossiers d'unité de valeur sur les femmes et choisi de faire une maîtrise à deux sur les femmes nouvelles en 1900 puis un DEA sur l'histoire des féminismes sous la IIIe république. Ce sujet qui donne lieu à une thèse commune soutenue en décembre 1987 sous la direction de Michelle Perrot et qui est ensuite été publiée en 1989 par les Presses de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) qui exigent un partenariat avec les Éditions des femmes non souhaité par les autrices. Il s'agit de la première thèse soutenue sur l'histoire des féminismes en France depuis le renouveau de l'histoire des femmes dans les années 1970[3].

Elle enseigne ensuite dans le secondaire et travaille comme bibliothécaire à la bibliothèque Marguerite-Durand à Paris[4], tout en poursuivant ses recherches et publications sur les féminismes comme chercheuse indépendante.

Elle est partie prenante de la revue Clio. Histoire Femmes et Société (qui est devenue Clio, Femmes, genre, Histoire en 2013) dès sa fondation en 1995. Elle participe aussi au groupe "Histoire des femmes" de l'EHESS jusqu'à sa dissolution[5],[6],[7],[3].

Elle entre au CNRS en 2001 avec un projet portant sur la laïcité et l'égalité des sexes. Ses recherches portent ensuite sur les dimensions religieuses et laïques des mobilisations féministes aux XIXe et XXe siècles et le genre de la sécularisation[3].

Elle s'investit dans différentes structures qui favorisent le développement du champ de l'histoire des femmes et du genre. Outre son implication dans le comité de rédaction de la revue Clio[3], elle préside l'Institut Émilie-du-Châtelet[8],[3] pour le développement et la diffusion des études sur les femmes, le sexe et le genre de 2011 à 2016 puis co-préside le Domaine d'intérêt majeur «Genre, inégalités, discrimination» et le Prix de la ville de Paris pour les études sur le genre. Elle défend une approche scientifique du genre qui s'oppose aux polémiques sur «la théorie du genre»[9] notamment en dirigeant un ouvrage avec Laurie Laufer intitulé Qu'est-ce que le genre?[10] en 2014.

Depuis 2013 elle co-amine un séminaire de socio-histoire des féminismes dans le master Genre de l'EHESS d'abord avec Bibia Pavard et Michelle Zancarini-Fournel puis seulement Michelle Zancarini-Fournel[11].

Travail de recherche

Les recherches de Florence Rochefort embrassent à la fois les féminismes religieux, le rôle des féminismes dans les processus de sécularisation et la dimension genrée de la laïcité et des conservatismes religieux.

Dans son laboratoire de recherche, le GRSL, elle introduit les études de genre en lien avec la laïcité dans une approche d'histoire sociale, politique et culturelle. Elle forge notamment le concept de «pacte de genre» inspiré de la notion de «pacte laïque» proposé par Jean Baubérot et de «contrat sexuel» de Carole Pateman qu'elle présente dans l'introduction de l'ouvrage qu'elle dirige en 2007, Le pouvoir du genre. Laïcités et religions, 1905-2005[12]. Elle anime l'axe transversal genre, religions, sécularisation de son laboratoire qui prolonge les réflexions entamées avec le colloque «Normes religieuses à l'épreuve du genre» publié en 2012 avec la collaboration de Maria Eleonora Sanna[13].

Elle poursuit également ses travaux sur l'histoire des féminismes à travers de nombreuses contributions à des ouvrages collectifs et la publication de plusieurs ouvrages de référence. Elle rédige notamment le catalogue de l'exposition "Photos, femmes, féminisme: Collection de la bibliothèque Marguerite Durand (1860-2010)"[14], une Histoire mondiale des féminismes dans la collection Que sais-je[15] ? en 2018, traduit en turc et en coréen, et Ne Nous libérez pas on s'en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours avec Bibia Pavard et Michelle Zancarini-Fournel à La Découverte en 2020[15]. Pour décrire ce dernier ouvrage un article du journal Libération parle d'un « récit salutaire qui montre la connexion des luttes contre toutes les dominations et fait ressurgir des figures oubliées de la lutte pour l’égalité entre les sexes »[16].

Publications

Ouvrages de recherche

  • L'Égalité en marche Le féminisme sous la Troisième République, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques / Des femmes, 1989. (en collaboration avec Laurence Klejman)
  • Laicidad, feminismos y globalización Mexico, PUEG UNAM // PIEM Colmex, coll. Cuadernos Simone de Beauvoir, 2011. (recueil d’articles traduits en espagnol)
  • Les lois Veil Contraception 1974 IVG 1975, Paris, Armand Colin coll. U, 2012. (en collaboration avec Bibia Pavard et Michelle Zancarini-Fournel)
  • Ne nous libérez pas, on s’en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, Paris, La Découverte, 2020 (en collaboration avec Bibia Pavard et Michelle Zancarini-Fournel).

Ouvrages de synthèse

  • Collectif CLIO Histoire Femmes et Sociétés, Les mots de l'histoire des femmes, Toulouse, PUM, 2004.
  • Hier les femmes, Paris, Aubanel-La Martinière, 2007. (valorisation de la recherche)
  • Femmes du XXIe siècle, Paris, Aubanel-La Martinière, 2009. (valorisation de la recherche)
  • Histoire mondiale des féminismes, Paris, PUF coll. Que sais-je, 2018 (publié en turc Feminizmler Tarihi, Istanbul, SEL Yaycincilik, 2020 et en coréen Séoul, 2020)

Références

  1. Florence Rochefort, Le pouvoir du genre : laïcités et religions, 1905-2005, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, (ISBN 978-2-85816-949-8 et 2-85816-949-7, OCLC 470656784)
  2. « Rochefort, Florence - Persée », sur www.persee.fr (consulté le )
  3. « Florence ROCHEFORT - Dictionnaire créatrices », sur www.dictionnaire-creatrices.com (consulté le )
  4. Annie Metz, entretien avec Christine Bard, « Annie Metz, conservatrice de la bibliothèque Marguerite-Durand de 1989 à 2020 », Archives du féminisme, bulletin n°28, 2020, p. 20-25.
  5. « Florence Rochefort : biographie, actualités et émissions France Culture », sur France Culture (consulté le )
  6. Bibia Pavard, « Genre et militantisme dans le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception. Pratique des avortements (1973-1979) », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 29, , p. 79–96 (ISSN 1252-7017, DOI 10.4000/clio.9217, lire en ligne, consulté le )
  7. No Author, « Auteurs », sur journals.openedition.org (consulté le )
  8. « IEC - Executive Committee », sur institutemilieduchatelet.org (consulté le )
  9. « Florence Rochefort : «La France paraît encore bien frileuse dans l'usage du terme de genre» », sur 50 - 50 Magazine, (consulté le )
  10. Laurie Laufer et Florence Rochefort, Qu'est-ce que le genre ?, Paris, Payot & Rivages, (ISBN 978-2-228-91159-7 et 2-228-91159-3, OCLC 893850562)
  11. Sébastien Fath, « ROCHEFORT Florence », sur Site du Groupe Sociétés, Religions, Laïcités, (consulté le )
  12. Florence Rochefort et Maria Eleonora Sanna, Normes religieuses et genre : mutations, résistances et reconfigurations, XIXe-XXIe siècle, Paris, A. Colin, (ISBN 978-2-200-28556-2 et 2-200-28556-6, OCLC 864751109)
  13. Annie Metz et Florence Rochefort, Photo, femmes, féminisme : 1860-2010 : collection de la Bibliothèque Marguerite Durand, Paris bibliothèques, (ISBN 978-2-84331-174-1 et 2-84331-174-8, OCLC 702939436)
  14. Florence Rochefort, Histoire mondiale des féminismes, PUF, (ISBN 978-2-13-073284-6 et 2-13-073284-4, OCLC 1049986302)
  15. Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel, Ne nous libérez pas, on s'en charge : une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, Paris, La Découverte, (ISBN 978-2-348-05561-4 et 2-348-05561-9, OCLC 1194945980)
  16. Cécile Daumas, «L’anti-esclavagisme est à la racine de la pensée féministe», sur Libération.fr, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Thébaud Françoise, « Florence Rochefort », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber (éd.), Dictionnaire des créatrices, Paris, Éditions des femmes, 2013.

Liens externes

  • Portail de l’historiographie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.