Flashforward

Dans une narration, un flashforward, ou saut en avant, intervient lorsque le spectateur est informé d'un élément du récit qui est censé se dérouler dans un temps futur par rapport au temps principal du récit, figure que l'on peut opposer au flashback. Il s'agit d'une inversion, en quelque sorte d'un anachronisme, le flashforward étant l'équivalent de la prolepse en littérature.

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Les flashforwards sont généralement très courts, réduits à une séquence, elle-même le plus souvent réduite à un seul plan. Ils peuvent apporter une information nécessaire aux spectateurs pour comprendre l'histoire ou alimenter le suspense.

Un flashforward doit être suivi d'un retour au temps initial ; dans le cas contraire il s'agit plutôt d'une ellipse narrative, c'est-à-dire un saut temporel sans modification de la chronologie. Les flashforwards sont souvent présentés sous la forme d'une prémonition, ou plutôt d'une précognition d'un personnage.

Les flashforwards présentent un futur pouvant soit être modifié soit amener les spectateurs à s'interroger sur les tenants et aboutissants conduisant à celui-ci.

Histoire

Au cinéma

Le premier flashforward de l'histoire du cinéma est le film The life of an american fireman[1], au début duquel le réalisateur Edwin S. Porter montre un pompier somnolent, visité par une vision logée dans une image circulaire impressionnée au bord du plan, révélant à cet homme qu'un incendie est sur le point de se déclarer, mettant en danger les vies d'une jeune femme et de sa fille[2]. Depuis, le procédé a été oublié, les cinéastes préférant le rêve ou le cauchemar prémonitoires.

Il sera utilisé plus tard pour les films suivants :

  • Dans La Jetée (Chris Marker, 1962), la scène initiale, dans laquelle le narrateur énonce « Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance », est en réalité à la fois un flashback (du point de vue de l'homme la scène se déroule effectivement dans son enfance) et un flashforward (du point de vue de la progression du récit, cette séquence donne un aperçu d'évènements qui se dérouleront à la fin).
  • Dans Easy Rider (Dennis Hopper, 1969), on voit furtivement la scène finale (les motos en feu) au milieu du film.
  • Dans Minority Report de Steven Spielberg (le récit est basé sur la précognition).
  • Dans Pulp Fiction (Quentin Tarantino), deux des trois principaux chapitres peuvent être considérés comme des flashforwards.
  • Dans Fight Club (David Fincher), la toute première scène est un aperçu très furtif de la scène finale.
  • Dans Jeux d'enfants (Yann Samuell), on assiste successivement à deux flashforwards dès le début du film (la scène finale et la scène du bus dans l'enfance).
  • Dans L'Armée des douze singes (Terry Gilliam), dont la trame est basée sur celle de La Jetée.
  • Dans 99 francs (Jan Kounen), le début du film montre successivement un flashforward et un flashback.
  • Dans Next, le héros, interprété par Nicolas Cage, est capable de voir son futur proche, rendant les flashforwards innombrables tout au long du film.
  • Dans Destroyer de Karyn Kusama, la première scène est un flashforward qui sera repris lors du dénouement.
  • Dans la série de films Destination finale, les flashforwards sont utilisés pour prévenir les spectateurs d'une mort imminente.
  • Le film Mission impossible 3 la scène initiale est un flashforward qui sera rappelé lors du dénouement.
  • Dans Mister Nobody (Jaco Van Dormael), le héros se projette dans le futur et raconte les différentes existences qu'il aurait pu vivre, s'il avait fait tout au long de sa vie des choix différents. Le film repose sur des flashbacks et flashforwards.

Dans les séries télévisées

  • Les séries Lost (surtout la quatrième saison), Damages et How I Met Your Mother recourent souvent à ce procédé. La série Revenge, par exemple, commence chacune de ses saisons par un flashforward montrant une séquence importante sans sa finalité et son dénouement. La saison reprend ensuite son cours en ayant de ce fait ajouté un élément de suspense et des indices difficilement compréhensibles sans le développement qui va suivre.
  • Durant la fin de la saison 3 et la saison 4 de Riverdale, plusieurs sauts dans le futur sont placés à la fin des épisodes pour donner des indices sur ce qu'il se serait passé durant le flashfoward du dernier épisode de la troisième saison.
  • Un des héroïnes de la série Charmed, Phoebe, a des prémonitions lui permettant de voir un futur proche.
  • Dans la série Dead Zone, le héros a fréquemment des visions au contact de certains objets et personnes, dont des visions du futur.
  • Les épisodes de la série NCIS : Enquêtes spéciales sont régulièrement entrecoupés par de courtes scènes en noir et blanc montrant un extrait d'un futur proche faisant office de chapitrage ou de moments clés de l'épisode.
  • La série télévisée Flashforward raconte le chaos déclenché par un « black-out » planétaire de deux minutes et dix-sept secondes au cours duquel chaque humain a perçu une vision de son propre futur.
  • Dans la cinquième saison de Breaking Bad, à deux reprises, on assiste à une séquence présentant Walter White à l'âge de 52 ans, barbu et chevelu (alors qu'à ce moment dans la trame principale il est chauve et arbore un « bouc »), fêtant seul son anniversaire dans un restaurant, avant de se diriger vers un véhicule équipé d'une mitrailleuse M60 (épisode 1), puis se rendant à son ancien domicile, abandonné et grillagé, pour y récupérer un tube de ricine encore intact, avant de saluer son ancienne voisine, effrayée à sa vue (épisode 9). Ces flashforwards interviennent à chaque reprise de la série, aussi bien en 2012 qu'en 2013, la saison 5 ayant été partagée en deux parties de huit épisodes chacun.
    Également dans Breaking Bad, plusieurs épisodes de la deuxième saison commencent par des images énigmatiques montrant un ourson en peluche dans une piscine, avec à chaque fois des détails supplémentaires, de plus en plus lugubres : des sirènes de police étouffées, des sacs contenant des cadavres. Enfin, la dernière de ces séquences révèle qu'il s'agit des conséquences d'un accident aérien ; or cet accident survient dans les dernières secondes de l'épisode final, et, étant indirectement lié aux actions de Walter White, d'une façon qui semble surnaturelle, constitue un cas de justice poétique.
  • Dans la série Better Call Saul, dérivée de Breaking Bad, et dont les évènements se déroulent plusieurs années auparavant, chaque saison commence par une séquence en flashforward (et en noir et blanc) située après les évènements de Breaking Bad, donc plusieurs années dans le futur, quand James McGill alias Saul Goodman alias « Gene » a été relocalisé à Omaha sous une fausse identité pour échapper aux autorités.
  • Dans la saison 7 de la série The Vampire Diaries, chaque épisode débute par un saut dans le temps de trois ans, nous montrant le futur de la vie des personnages, avant de revenir au temps présent.
  • La série Murder utilise une double temporalité et recourt fréquemment aux flashforwards pour jongler entre le présent et un futur proche qui dévoile des scènes importantes qu'on ne comprend qu'au fur et à mesure du déroulement des épisodes.
  • Lors de l'épisode 1 de la saison 5 de la série Teen Wolf, un flashforward montre Lydia Martin (Holland Roden) fuyant Eichen House grâce à ses pouvoirs de banshee. Ce flashforward dure quelque deux minutes.
  • La série Six Feet Under s'achève par un long flashforward en musique révélant les évènements clés du futur des personnages principaux, jusqu'à la mort de Claire Fischer, qui est alors une jeune femme pleine d'avenir venant de quitter sa famille pour aller faire carrière dans la photographie artistique à New York.
  • L'épisode final de la série Castle (épisode 8-22, en 2016) se termine par une scène de fusillade qui laisse les deux héros Richard Castle et Kate Beckett grièvement blessés, suivie par une très brève séquence en flashworward, introduite par les mots « Sept ans plus tard », et qui les montre tous les deux finalement heureux en famille avec trois jeunes enfants nés dans l'intervalle.

Références

  1. (en-GB) « Life of an American Fireman (1903) » (consulté le )
  2. Marie-France Briselance et Jean-Claude Morin, Grammaire du cinéma, Paris, Nouveau Monde, , 588 p. (ISBN 978-2-84736-458-3), p. 119

Voir aussi

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