Prise de vues réelles

La prise de vues réelles (parfois désignée par l'anglicisme live action) est la technique fondamentale de la prise de vues cinématographique. Elle utilise une caméra argentique ou une caméra numérique, qui enregistre en temps réel l'image en mouvement d'un sujet qui se trouve lui aussi réellement en mouvement.

Tournage en prise de vues réelles d'une scène du film Transformers qui utilise abondamment le mélange animation-prise de vues réelles.

L'expression prise de vues réelles est récente[Quand ?], liée à l'utilisation courante des effets spéciaux numériques à l'occasion desquels elle est employée pour différencier le tournage conventionnel du tournage dit d'animation de plus en plus sollicité pour un grand nombre de trucages. Rappelons que l'animation consiste à utiliser une caméra (ou tout autre procédé de capture, tel qu'un appareil photo ou un ordinateur) pour enregistrer une série de photogrammes, l'un après l'autre, selon le processus de l'image par image afin de reconstituer le mouvement illusoire d'un sujet qui, dans la réalité, est immobile devant la caméra (dessin, maquette, poupées, objets divers).

Description

La prise de vues réelles consiste en une série de photogrammes enregistrés à des intervalles plus ou moins courts (cadence normale : 24 ou 25 photogrammes par seconde ; ralenti : 64, 128 et plus – jusqu'à plusieurs millions d'images par seconde ; accéléré : 12 ou 8 images par seconde, ou par exemple une image par minute ou par heure, sans limite).

La prise de vues réelles a représenté la difficulté majeure de l'invention du cinéma en 1891 par Thomas Edison et son assistant William Kennedy Laurie Dickson. « Kinétographe (en grec, écriture du mouvement) : caméra de l’Américain Thomas Edison, brevetée le , employant du film perforé 35 mm et un système d’avance intermittente de la pellicule par « roue à rochet ». Entre 1891 et 1895, Edison réalise quelque soixante-dix films[1] ». Viendront ensuite les perfectionnements apportés par les frères Lumière, notamment dans la reproduction en projection des mouvements ainsi enregistrés.

Dans les deux techniques, l'illusion de l'image en mouvement se produit chez le spectateur grâce à plusieurs phénomènes : l'un, passif, qui est la persistance rétinienne mise en évidence par le Belge Joseph Plateau, mais aussi par un phénomène de perception active, mis en évidence par l'Allemand Max Wertheimer, que l'on appelle « l'effet bêta » (confondu encore aujourd'hui avec l'effet phi, autre phénomène mis en lumière également par Wertheimer), un phénomène d'interprétation de la vision par le cerveau, qui explique notre perception des images animées en mouvement. C'est la capacité du cerveau à identifier deux lumières clignotantes, éloignées l'une de l'autre, comme étant un seul objet lumineux qu'il croit voir se déplacer.

« Un bon exemple est donné par les flèches géantes lumineuses fixes décalées l’une derrière l’autre, en cascade, qui signalent sur les autoroutes un resserrement de la circulation ou une déviation, et qui s’allument et s’éteignent les unes après les autres, donnant l’illusion d’une flèche unique qui se déplacerait dans le sens indiqué[2]. »

Les films d'animation s'inspirent parfois de films en prise de vues réelles. C'est le cas par exemple de Persepolis, dans lequel plusieurs séquences s’inspirent du cinéma expressionniste allemand[3].

Mélange de prises de vues réelles et de prises de vues image par image

En 1942, Walt Disney Studios présente le film Saludos Amigos, premier long-métrage mêlant le dessin animé et la prise de vues réelles dans une même image. C'est ainsi que le personnage dessiné de Donald Duck se dandine sur une rumba en compagnie de trois afro-cubaines filmées en prise de vues réelles. Cette technique avait déjà été expérimentée par Walt Disney au début de sa carrière en 1923 dans la série Alice Comedies ou Alice, personnage en prises de vues réelles, était intégré dans un univers animé.

Certains films mêlent prise de vues réelles et animation en volume, comme Jason et les Argonautes de Ray Harryhausen. Dans ce cas, le mélange des deux techniques se fait en postproduction par la technique du cache/contre-cache, c'est-à-dire la création en laboratoire d'une réserve photographique sur l'une des prises de vues, que l'on utilise pour introduire la seconde prise de vues. Ces techniques sont remplacées d'abord dans l'audiovisuel avec l'arrivée de la vidéo analogique, par des incrustations utilisant des fonds bleus. L'avènement de la postproduction numérique permet ensuite le mélange par couches successives de prises de vues réelles et de prises de vues d'animation, par la technique du compositing.

Des années 1960 à 1990, les studios Disney réalisent des longs métrages mêlant prises de vues réelles et dessins animés, qui vont être autant de succès publics : Danny, le petit mouton noir, Mary Poppins, L'Apprentie sorcière, Peter et Elliott le dragon, Qui veut la peau de Roger Rabbit ainsi qu'un film mêlant la prise de vues réelles et la synthèse d'image 3D, Tron. Le long métrage The Last Starfighter de Nick Castle utilise également le mélange d'images de synthèse 3D.

L'émission La Bande à Bédé (1980-1986), sur la chaîne de télévision française Antenne 2, présentant des auteurs et personnages de bande dessinée, montre les personnages des bandes dessinées en dessins animés en y intégrant les auteurs des bandes dessinées.

En 1985, le clip vidéo du morceau Take on Me du groupe norvégien A-Ha mélange des dessins animés crayonnés représentant une bande dessinée et des prises de vues réelles.

Les techniques vidéos (utilisant les trois composantes rouge, verte et bleue), toujours très utilisées aujourd'hui, permettent d'utiliser le fond bleu (ou plus souvent vert aujourd'hui), afin d'incruster des personnages et objets filmés en prises de vues réelles avec des décors artificiels et d'autres objets animés, qu'il s'agisse de modèles réduits, de dessins, de photographies, d'autres prises de vues réelles ou bien d'images numériques, comme des décors en matte painting.

Il devient nécessaire de multiplier les informations récupérées par les instruments de prise de vues et de prise de son, afin de bénéficier pleinement des apports des nouvelles technologies. Il peut s'agir par exemple de l'enregistrement d'un mouvement de caméra dans la réalité, afin de le coupler à un mouvement de caméra virtuel, grâce au procédé du contrôle du mouvement (motion control).

Les termes « film live » ou « série live »

« Film live », ou « série live », sont de faux anglicismes utilisés pour désigner une œuvre audiovisuelle qui est la transposition en prises de vue réelles d'une œuvre graphique originale dont les personnages, en général, sont représentés au moyen de dessins (notamment la bande dessinée, le manga, le dessin animé ou encore l'animation par ordinateur, le jeu vidéo, etc). Il s'agit de faux anglicismes car les termes proprement anglais sont live-action film et live-action series.

L'œuvre qualifiée de « live » est, soit une adaptation fidèle de l'histoire originale, soit un nouveau scénario réutilisant les personnages et concepts originaux[4],[5]. Ces termes, film live et série live, sont plutôt utilisés par les journalistes et blogueurs, notamment dans les milieux geek ou dans le milieu des fans de culture japonaise, ainsi que dans certains outils de promotions des œuvres concernées. On peut aussi trouver les termes film live-action ou film en live-action, en référence au vocabulaire utilisé dans les pays anglophones, ou encore la traduction française, plus longue : « film en prises de vues réelles ».

On n'emploie pas le terme film live pour se référer à des adaptations de romans, bien que de tels films proposent des transpositions incarnées de personnages littéraires à l'origine non incarnés.

Plus largement, dans les pays anglophones, on emploie les termes « live » ou « live-action » pour différencier tout film qui n'utilise pas la technique de l'animation. Ainsi, les Oscars font la distinction entre l'« Academy Award for Animated Short Film » (Oscar du meilleur court métrage d'animation) et l'« Academy Award for Live Action Short Film » (simplement appelé Oscar du meilleur court métrage de fiction en français).

Films d'animation en prises de vues réelles

Avant 2010

Depuis 2010

Les Studios Walt Disney réalisent des films en prises de vues réelles depuis les années 2010, même si certaines expériences ont eu lieu bien avant dans cette entreprise.

Par Netflix

Notes et références

  1. Laurent Mannoni (célébration du 22 mars 1895, année française de l’invention du cinéma), Lexique (numéro spécial), Paris, Libération, coll. « supplément » (no 4306), , p. 3.
  2. Briselance et Morin 2010, p. 528
  3. Bérénice Bonhomme, « Quand le cinéma d’animation enfile la panoplie du cinéma en prise de vues réelle », au sein du colloque « Révolutions de l'animation à l'ère postmoderne »
  4. Gaël Weiss, « Ces 30 secondes du film live Fullmetal Alchemist sont plutôt prometteuses », sur journaldugeek.com, (consulté le ).

Articles connexes

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