Fille d'Egtved

La fille d’Egtved (Egtvedpigen) est une jeune femme qui vivait au début de l’âge du bronze danois, morte vers 1370 av. J.-C. à un âge compris entre 16 et 18 ans, dont le corps momifié a été retrouvé dans les environs d'Egtved, au Jutland.

Fille d’Egtved

Cercueil d’Egtved au musée national du Danemark.
Localisation
Pays Danemark
Coordonnées 55° 36′ 59″ nord, 9° 18′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Danemark
Fille d’Egtved
Histoire
Époque 1370 av. J.-Chr.

Découverte

La fille d’Egtved a été découverte par un paysan, Peder Platz, le 24 février 1921 alors qu'il tentait d'égaliser le terrain de son champ. C'est ainsi qu'il découvrit au milieu d'un tumulus un grand cercueil constitué d'un tronc de chêne évidé. Son voisin P. S. Pedersen, appelé à la rescousse, estima qu'il s'agissait d'une véritable trouvaille, et le lendemain les deux hommes expédièrent un courrier au musée national du Danemark :

« Comme j’ai trouvé un tronc creux en travaillant à l’aplanissement d'un môle au milieu de mes champs, je suppose qu'il s'agit d'une vieille tombe et que celle-ci pourrait intéresser le musée. C’est pourquoi j'ai interrompu mon travail[1]. »

Le directeur du musée national, Sophus Müller pria son correspondant, moyennant dédommagement, d’extraire et de conserver le cercueil, jusqu'à l'arrivée des équipes du musée qui intervinrent sur place les 5 et 6 mars avant transfert du corps et du cercueil au musée national de Copenhague le 7 mars.

La sépulture

Le cercueil d’Egtved.
Reconstitution des vêtements de la fille d'Egtved.

La sépulture de la fille d'Egtved est l'une des mieux conservées et des plus documentées de l'âge du bronze en Europe grâce aux précautions prises par Peder Platz et son voisin et grâce aux conditions de conservation particulières au tumulus qui ont favorisé la subsistance d’une grande partie des matières organiques de la sépulture.

Le corps fut déposé dans un cercueil constitué d'un tronc de chêne de 2 à 2,18 m de long et creusé intérieurement sur 1,80 m. La date d’abattage de l’arbre, déterminée par dendrochronologie, se situe vers 1370 avant J.-C., et l’on peut supposer que l’inhumation de la jeune fille a suivi de peu.

Le corps de la défunte était enroulé dans une peau de bœuf très bien conservée. Cette peau recouvrait une grande couverture de laine, repliée plusieurs fois autour du corps et le recouvrant entièrement. Certaines parties du corps ont été préservées : outre les dents et certains tissus mous, on a retrouvé les cheveux, coupés court sur le crâne et les épaules, et mi-longs dans le dos. La jeune femme mesurait environ 1,60 m et, d’après les études les plus récentes sur sa dentition, elle était âgée de 16 à 18 ans.

La défunte a été inhumée vêtue et même parée. Elle portait une tunique courte à manches courtes, d'un type que l'on retrouve dans les sépultures de l'âge du bronze danois (Borum Eshoj, Skrydstrup), cousue d'une seule pièce et fermée dans le dos selon un T.

Sur les hanches, la jeune femme d'Egtved portait une jupe de nattes, ou plus exactement une jupe de fils de laine étirés (les jupes de cette période étaient faites de laine de mouton), qui descendait à hauteur des genoux. Le type de jupe même se retrouve dans d'autres tombes, mais elles sont souvent moins bien conservées qu'à Egtved.

La jeune femme portait à la taille une ceinture torsadée ornée d'une plaque-boucle en bronze, simplement nouée. Outre une boucle d'oreille en bronze, la défunte portait deux bracelets de bronze et un peigne en os à la ceinture. Ces ornements sont typiques des sépultures princières du premier âge du bronze (1800 av. J.-C.-530 av. J.-C.) dans le Jutland méridional.

Le bas du cercueil renfermait un grand bol en écorce de bouleau qui comportait des résidus d'une boisson (de la bière parfumée au miel ou de l’hydromel) contenant du pollen d'au moins 55 variétés de plantes différentes, dont de l'achillée millefeuille. Ces nombreuses traces de végétaux démontrent que l’inhumation s’est déroulée en été. À côté du visage de la défunte, un autre récipient en écorce de bouleau contenait les ossements calcinés d'un garçonnet âgé de 5 à 7 ans. Il pourrait s'agir d'un parent ou de la victime d'un sacrifice humain.

Interprétation historique

La taille imposante du tumulus, plus de 20 mètres de diamètre, et les offrandes déposées dans la tombe, indiquent que la fille d'Egtved occupait une position sociale particulière. Plusieurs représentations de jeunes femmes de l'âge du bronze laissent supposer qu'elles jouaient un rôle religieux.

Les analyses au strontium, réalisées en 2015, ont révèlées que le corps momifié n'était pas celui d'une autochtone du Jutland. Les analyses isotopiques des cheveux, des dents et des ongles de la jeune fille montrent en effet qu'elle était originaire du massif de la Forêt-Noire. Karin Margarita Frei a démontré par l'analyse des isotopes du strontium des cheveux les plus longs que la jeune femme n'est arrivée au Danemark que peu de temps avant sa mort, moins d'un mois avant son décès[2].

Ces analyses montrent également que la jeune femme avait beaucoup voyagé au cours des deux dernières années de sa vie, ayant fait 3 fois le trajet entre la Forêt-Noire et Egtved[3],[4].

Musée du site

Aménagement du site

En 1930, Peder Platz ayant marqué l'emplacement de sa découverte d'une pierre, la commune d’Egtved qui souhaitait depuis longtemps reconstituer le tumulus procéda en 1980 à de nouvelles fouilles sur le site. Elles ont permis de démontrer qu'à l'origine le tumulus avait un diamètre d'une vingtaine de mètres. En outre, à l'ouest du tumulus, les vestiges d’une tombe à urne datant des environs de l'an 500 av. J.-C. ont été mis au jour.

Les vestiges retrouvés à Egtved sont exposés au musée national du Danemark. Un chalet présentant le site a été aménagé en 1980 en collaboration avec le musée historique de Vejle à côté du tumulus reconstruit. On peut y voir des photos du contenu du cercueil de chêne.

Bibliographie

  • (de) Annine Fuchs, « Die lange Reise des „Egtved-Mädchens“ », Spektrum der Wissenschaft – Archäologie, Geschichte, Kultur, Holtzbrinck, no Special, , p. 24–25 (ISSN 0170-2971).
  • Lone Hvass, Egtvedpigen. Sesam, Copenhague, 2000 (ISBN 87-11-13249-3) (mémoire original sur la découverte).
  • Elizabeth Wayland Barber, The Mummies of Ürümchi, Pan, Londres, 2000 (ISBN 0330368974).
  • Karl Schlabow, Germanische Tuchmacher der Bronzezeit. Wachholtz, Neumünster 1937 (description complète des vêtements).
  • (de) Henrik Thrane, Reallexikon der Germanischen Altertumskunde, vol. 6, De Gruyter, (lire en ligne), « Egtved », p. 477-478.
  • La Fille d'Egtved, Arte .

Notes

  1. « Da ich beim Einebnen eines alten Hügels auf meinem Grund heute auf einen ausgehöhlten Baumstamm stieß, vermute ich, dass es sich um ein altes Begräbnis handelt und dass dieses von Interesse für das Museum sein könnte. Ich habe deshalb die Arbeit eingestellt. »
  2. Les signatures isotopiques des cheveux humains ne sont plus détectables au bout d'un mois.
  3. D'après « Das Egtved-Mädchen ist eine Süddeutsche », sur nordschleswiger.dk (consulté le ).
  4. (en) Karin Margarita Frei et al., Tracing the dynamic life story of a Bronze Age Female, coll. « Scientific Reports », (DOI 10.1038/srep10431, lire en ligne), chap. 5.

    Voir également

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