Figures fertiles

Figures fertiles est un livre de Laurent Grison paru en 2002 dans la collection « Rayon art » (dirigée par Yves Michaud, philosophe et critique d’art) des Éditions Jacqueline Chambon-Actes Sud.

Figures fertiles
Auteur Laurent Grison
Pays France
Genre Histoire de l'art
Éditeur Jacqueline Chambon-Actes Sud
Collection Collection Rayon art
Date de parution 2002
Nombre de pages 268
ISBN 978-2877112499

Son sous-titre est : Essai sur les figures géographiques dans l’art occidental. Il a été publié avec une Bourse d’écriture du Centre national du livre (CNL) attribuée à l'auteur par la Commission Art (dirigée alors par l'historien de l'art Daniel Arasse).

Description

Un « lieu d’expériences »

L'auteur affirme avoir composé son livre comme « un lieu d’expériences », « constitué de paragraphes courts et titrés, de fragments qui, conjugués, forment une pensée scientifique et poétique du tout »[o 1][réf. à confirmer]. Ce type d’écriture correspond, selon lui, « à une manière sensible d’exposition - en forme sonate, comme dans une fugue » de sa pensée[o 1].

Le livre, défini comme un essai[o 2], s'ouvre par une citation du poète Philippe Jaccottet, extraite du recueil Paysages avec figures absentes[o 3].

Une méthode et des concepts nouveaux

Laurent Grison développe un modèle théorique structuré. Dans ce modèle à la fois intégrateur et critique, la figure géographique est définie comme une « figure ouverte » (au sens où Umberto Eco parle d'une œuvre ouverte) qui donne « la possibilité à l’artiste, comme au lecteur ou au spectateur de l’œuvre, de passer, dans un mouvement de va-et-vient, d’un espace à l’autre, du réel à l’imaginaire »[o 4]. L'auteur précise qu'elle est toujours « à la source d’une problématique du sens, d’un questionnement ». Utilisées dans les différentes formes d’art, les figures sont des « métaphores vives »[n 1] qui déterminent le sens des représentations dans des processus combinatoires[1]. Le postulat est que : « l’art est écriture créative de l’espace - même si, bien sûr, on ne peut réduire la création à cette seule caractéristique » et que les artistes « utilisent, façonnent et exposent des figures géographiques dans un processus de construction qui intègre des phénomènes de permutation, d’imbrication et de transposition de celles-ci »[o 5].

Portée

L'historien de l'art et critique Pascal Bonafoux a consacré un article approfondi à Figures fertiles dans Le Magazine littéraire (rubrique Art). Il écrit que : « Le bonheur stendhalien avoué par l’auteur dès la première ligne de la première page est celui que la lecture ne cesse de provoquer ». Il évoque aussi le « foisonnement » du livre : « Foisonnement où, comme dans une église baroque où l’on ne sait plus où commence le stuc au-delà du marbre, où la peinture prend le relais du stuc, les éléments qui semblent les plus disparates se fondent en un ensemble qui prend sens »[2].

La journaliste et critique d’art Valérie Bougault[3] souligne que l’analyse par Laurent Grison d’un tableau du peintre hollandais Meindert Hobbema (1638-1709), L'Allée de Middelharnis (1689)[n 2], explique « que la figure du carrefour, loin d’être anecdotique, montre, dans une sorte de plénitude symbolique, la conscience du paysage hollandais, sa quintessence et sa pérennité ». Elle ajoute : « Citant Bachelard et Perec, Jaccottet et Ponge, l’auteur poursuit cette étude de la « fécondité des figures visuelles » dans la littérature et la musique. Concernant les arts visuels, il se pourrait que, refermant le livre on ne regarde plus un tableau ou une photographie de la même façon ».

Les conclusions de Figures fertiles ont été présentées dans un cadre universitaire (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, Université Jean-Moulin-Lyon-III, École nationale supérieure d’architecture de Montpellier, École normale supérieure de Lyon-Institut français de l'éducation, Université Stendhal de Grenoble, etc.). Elles l'ont aussi été dans un cycle de conférences littéraires et artistiques à la Villa Gillet, en collaboration avec l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon ou encore à l’Université de tous les savoirs, à Paris, dans le cadre d’un cycle sur Les Interfaces : recherches faites aux frontières de plusieurs disciplines (UTLS ; conférence diffusée intégralement sur France Culture)[n 3]. Les concepts et méthodes proposés dans Figures fertiles sont cités et utilisés dans le monde de la recherche, notamment par Phillip John Usher, professeur associé à l’université de New York, qui reprend le concept d’orbialisation dans son livre : Errance et cohérence. Essai sur la littérature transfrontalière à la Renaissance (2010)[4].

Notes et références

Notes

  1. L’expression est du philosophe Paul Ricœur.
  2. Huile sur toile de 103,5 × 141 cm, conservée à la National Gallery de Londres.
  3. Cette conférence de l’Université de tous les savoirs (UTLS) a été donnée dans le grand amphithéâtre de l’Université Paris Descartes (Paris V) en 2002. Elle a été diffusée intégralement sur France Culture, dans l’émission L’Éloge du savoir.

Références

  1. « L’espace a l’étendue de mon imagination », in Ligeia, dossiers sur l’art, numéro spécial sur « Art et espace », 2007.
  2. Pascal Bonafoux, « Voyages », in Magazine littéraire, mars 2003, no 418, page 90.
  3. Valérie Bougault, Figures fertiles, in L'Œil, no 545 (mars 2003), rubrique « La bibliothèque de L’Œil », page 30.
  4. Errance et cohérence. Essai sur la littérature transfrontalière à la Renaissance, Classiques Garnier, coll. Géographies du monde (2010). Cf. Première partie, « Scène d’orbialisation : le Nil selon Affagart », pages 29 à 32.

Références à l'ouvrage

  1. Id., page 25.[Où ?]
  2. Figures fertiles, page 9.
  3. Figures fertiles, page 7.
  4. Id., page 16.
  5. Figures fertiles, page 10.

Voir aussi

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