Femmes en Nouvelle-France

Les femmes en Nouvelle-France ont une histoire qui est mieux documentée depuis la fin des années 1990 ; ce qui permet de reconsidérer leur importance au sein de la colonie.

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Une terre d’évangélisation et d'émancipation ?

La Nouvelle-France a eu un écho favorable auprès des femmes, car elle représentait une terre d’évangélisation, donc une voie d’accès au salut. Cet écho s’est alors transformé en soutien ; certaines d’entre elles ont favorisé le développement de la colonie. Cela suivant deux moyens : l’avancement de capitaux (Madame de Guercheville et Anne d’Autriche entre autres) ou l’évangélisation sur le terrain (Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys). Cette terre pionnière a permis à des femmes, dans le cadre de structure religieuse comme les ordres nés de la Contre-Réforme, de s’impliquer directement dans la vie quotidienne. Quand la colonie est en guerre, les religieuses apportent un soutien médical. En temps de paix elles participent des relations avec les amérindiens en accueillant de jeunes filles autochtones dans leurs écoles.

Le caractère pionnier a aussi joué en faveur des femmes dans le sens où le sexe-ratio était très inégal dans les premiers temps de la colonie. Elles étaient rares, donc chères et désirées. En effet, si l’on se concentre sur le cas des filles du roi, on peut retenir qu’elles étaient dotées par le monarque, ce qui constitue un privilège. En outre, orphelines et loin de toutes tutelles métropolitaines elles ont pu disposer d’une certaines libertés dans le choix de leurs conjoints (13% d’entre elles ont rompu leurs premières fiançailles).

L'implication dans le développement colonial

Au-delà du contexte pionnier, les femmes ont joué un rôle de premier plan dans le développement de la colonie. L’éloignement des maris étant chose courante, les femmes ont pu s’impliquer dans les activités économiques et politiques. En ce qui concerne la politique, comme ces questions se traitaient en Nouvelle-France plus dans les salons que dans les cabinets, les femmes participaient aux décisions prises[1]. Bien évidemment il s’agit ici des femmes nobles, qui, comme leurs maris, « demeurent au service du roi ». Les femmes sont aussi appelées à remplacer leurs maris à la tête de l’entreprise familiale si celui-ci s’absente (pensons aux périodes de traite) ou vient à mourir (les occasions ne manquent pas avec les guerres ou les dangers inhérents à la colonie). Les femmes entrepreneuses sont rares, mais elles existent. En outre les femmes peuvent être amenées à gérer les possessions terriennes, ainsi Catherine Dupré qui continue à gérer le développement de la seigneurie de Terrebonne après la mort de son mari en 1715.

Un cadre législatif favorable

La législation qui s’appliquait en Nouvelle-France était moins défavorable aux femmes comparée à celle qui avait cours à la même époque dans la colonie américaine anglaise (la common law) ou dans le sud de la France avec le droit romain. La loi qui s’appliquait en Nouvelle-France était la coutume de Paris, qui se veut égalitaire. Cet aspect de la coutume profite aux femmes à plusieurs égards. D’abord la coutume prévoit la séparation égales des biens: ceux du mari, ceux de la femme ; ainsi que la communauté pour les acquêts ; ce qui laisse une certaine indépendance et qui permet aux femmes d’empêcher leurs maris de vendre le bien commun. Cette pratique favorise la subsistance de la famille.  A cela s’ajoute la consolation financière que constitue le douaire.

La femme au sein du couple

Le contexte colonial ne produit pas un partage plus équitable des rôles et du pouvoir au sein du couple selon Josette Brun[2]. Elle constate que bien que les hommes pouvaient opter pour la délégation dans leurs affaires, ils ne le faisaient que très rarement. Néanmoins elle montre que les marchands ont une plus grande propension que les autres professions (notamment chez les artisans) à associer leurs femmes aux affaires. La loi, importée de France, pérennise l’organisation sociale qu’ont connu les colons, et ceux-ci vont la reproduire. Ainsi une femme est mineure jusqu’à ses 25 ans, même si elle a été préalablement mariée. Cependant cette législation, qui semble favoriser une domination patriarcale et masculine, sait venir au soutien des femmes.  Les peines sont fortes pour les hommes accusés de fausses promesses de mariage.

La veuve

Autre marque de dépendance, le temps de veuvage. Au-delà des bourgeoises, il est difficile pour les femmes de travailler, cela est mal perçu et est considéré comme un abandon de sa famille. Mais il y a besoin financier ; les veuves seraient donc contraintes de se marier. Mais passé la quarantaine le mariage devient plus difficile car le but premier qu’assigne l’Église au mariage est la reproduction. Cependant les hommes veufs sont eux aussi contraints aux mariages car ils n’ont pas pour habitude de procéder aux tâches ménagères (voir division sexuelle du travail). Des opportunités s'ouvrent s’ils ont des enfants, la société et l’Église s’accordant pour reconnaître aux femmes le rôle d’éducatrice, un remariage est envisageable. Nous pouvons même considérer qu’un homme veuf sera plus disposé à faire des concessions en épousant sa seconde femme dans une telle situation.

Les veuves constituaient le « pauvre de prédilection », celui qui attire les bonnes grâces de l’Église. Josette Brun dans Vie et mort du couple en Nouvelle-France note que ces marques de solidarité dont pouvaient bénéficier les veuves peuvent être perçues comme un atermoiement favorisant la dépendance des femmes[2].

Référence

  1. Noel, Janet., Les femmes en Nouvelle-France, Société historique du Canada, (ISBN 0-88798-200-X et 978-0-88798-200-2, OCLC 181490247, lire en ligne)
  2. Brun, Josette, 1967-, Vie et mort du couple en Nouvelle-France : Québec et Louisbourg au XVIIIe siècle, McGill-Queen's University Press, 2010) (ISBN 978-0-7735-7708-4, 0-7735-7708-4 et 1-282-86753-9, OCLC 712995218, lire en ligne)
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