Faunus

Faunus est, dans la mythologie romaine, le dieu à cornes de la forêt, des plaines et des champs. Quand il a rendu le bétail fertile, il s'est appelé Inuus.

Pour les articles homonymes, voir Lupercus.

Faunus

Le Faune dansant du jardin du Luxembourg.
Caractéristiques
Nom latin Faunus
Région de culte Rome antique
Famille
Père Picus
• Enfant(s) Latinus

Faunus appartient aux plus anciennes divinités romaines, connues sous le nom de di indigetes. Selon le poète épique Virgile, il a été un roi légendaire des Latins. Faunus, sous le nom de Fatuus, est également lié à la prophétie et aux oracles qu'il rend dans le bosquet sacré de Tibure, autour du puits d'Albunea et sur la colline de l'Aventin dans la Rome antique même.

W. Warde Fowler a suggéré que Faunus est identique à Favonius, l'un des dieux du vent romains. Faunus est très probablement d'origine indo-européenne, origine qu'il partage avec le dieu védique Rudra, dieu également associé à la nature sauvage et au vent.

Il a été, par la suite, assimilé dans la littérature au dieu grec Pan.

Étymologie

Il existe un certain nombre de théories sur l'origine du nom Faunus. La plupart des spécialistes de la linguistique historique associent Faunus à la notion de faveur divine (latin favere - « être favorable, enclin »). Faunus signifierait donc favorable ou propice.

Selon une autre théorie, Faunus est le résultat latin d'un nom indo-européen *dhau-no- signifiant « l'étrangleur » et désignerait le loup. Le nom des Dauniens est à mettre en rapport avec un des noms indo-européens du loup. Le nom de leur éponyme Daunos (*dhaunos) paraît être l'équivalent de celui de Faunus, dieu-loup, appelé aussi Lupercus et fêté aux Lupercalia[1],[2]. Selon Dominique Briquel, il est probable que les Luceres, une des trois tribus de Rome, étaient des Dauniens d’Ardea, ainsi que les personnages des Aeneis Mezentius, Messapus et Metabus, qui montrent une origine daunienne[3]. A. Pasqualini s'accorde sur la présence d'une liaison daunienne dans les villes de Latium revendiquant une descendance diomédienne. De plus, il semblerait qu'il y ait une présence importante de Dauniens dans le Latium et la Campanie (Liternum, Nola). Festus enregistre un roi Lucerus qui a aidé Romulus contre Titus Tatius. De plus, l'épithète osque Leucesius (présent également dans Carmen Saliare) et Lucetius[4] doit être interprété comme se rapportant aux Lucères. Il énumère également Leucaria, mère de Romos[5], Jupiter Lucetius, toponymes Leucasia / Leucaria[6] près de Paestum, l'ethnonyme Lucani.

On trouve d'autres créations à partir de cette racine : les thaunos grecs, le thērion Hes., le phrygien dáos, le lykos Hes., le latin F (f) aunus. Selon Alessio, chez les Latins et les Ombriens, le loup n'a pas été nommé à cause d'un tabou religieux. ils utilisaient donc des emprunts tels que lupus en latin (qui est sabin, au lieu de l'attendu *luquos) et les Ombriens hirpos (cf. Hirpini) à l’origine. bouc au lieu de *lupos.

Mythologie

Faunus est le fils de Picus, petit-fils de Saturne et père de Latinus, roi des Aborigènes (qu'il eut avec son épouse Fauna), lorsque Énée parvint en Italie. D'autres écrits prétendent qu'il est directement le fils de Saturne et Circé.

Fonctions et épithètes

Protecteur des troupeaux, Faunus leur donne la fécondité et les défend contre les loups, d'où le nom de « Lupercus » (du latin lupus : « loup ») qui lui est aussi souvent attribué. De ce dieu champêtre et rustique, les paysans attendaient qu'il multiplie leur bétail, féconde les champs et fournisse le pâturage de la forêt[7].

De sa « sauvagerie native », il garde des traits incorrigibles : lubrique[7], il est dit « Inuus », « copulant au hasard avec chaque animal » selon Servius[8].

C'est aussi un dieu prophétique dont la voix retentit dans le silence de la nuit pour prononcer des oracles.

Il lui arrivait aussi d'inspirer des cauchemars aux humains. Aussi lui donne-t-on le nom d'incubis cauchemar »). C'était aussi un dieu qui rend des oracles (d'où son qualificatif de fatuus, « le Devin »), dévoilant l'avenir grâce aux rêves ou aux voix surnaturelles émises par les bosquets sacrés ; il y en avait un près de Tibure et un autre sur l'Aventin. Faunus révélait l'avenir dans des rêves et des voix étaient communiquées à ceux qui s'endormaient dans son enceinte, couchés sur la toison d'agneaux sacrifiés.

Célébrations

Extrémité sud de l'île Tibérine, site du temple de Faunus.

On fête en son honneur les Lupercales. Le 13 février était célébrée la dédicace de son temple, et ce jour était connu comme celui au cours duquel Favonius, le vent d'ouest fructifiant, commençait à souffler[9].

Le 15 février, douze luperques, prêtres de Faunus, sacrifiaient un bouc à leur dieu dans la grotte du Lupercal (au pied du mont Palatin) où, selon la légende, la louve avait allaité Romulus et Rémus. Puis, vêtus uniquement d'un pagne en peau de bouc, ils couraient dans toute la ville de Rome, armés de lanières de peau de bouc avec lesquelles ils fouettaient les femmes qu'ils rencontraient sur leur passage pour les rendre fécondes. Ils figuraient les esprits de la nature dont Faunus, dieu de la fête, était le chef de file[7].

Les rites étaient les uns purificatoires, les autres fécondants. Certains demeurent énigmatiques[7].

En 496, le pape Gélase Ier interdit cette fête païenne. Il choisit Valentin de Terni comme saint patron des fiancés et des amoureux, et décréta que le 14 février, jour de sa fête, lui serait consacrée[10].

Assimilation au dieu Pan

Les apparitions spectrales et les sons terrifiants qu'on lui attribuait dans les régions boisées firent qu'on vit en lui un monstre aux jambes et aux cornes de chèvre. C'est pourquoi il fut assimilé au dieu arcadien Pan, et, comme dans le cas de ce dernier, l'idée naquit d'une pluralité de faunes que l'on assimila aux satyres grecs, mais que l'on considérait généralement comme plus doux.

Notes et références

  1. Bernard Sergent, « Ethnozoonymes indo-européens », Dialogues d'histoire ancienne, 17, 2, 1991, p. 18 (en ligne)
  2. Ernout-Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, s.v. « Faunus ».
  3. Dominique Briquel, « Le problème des Dauniens », dans MEFRA, 1974
  4. Servius Aen. IX 570 "a luce"
  5. Dionysius d'Halicarnasse, I 72
  6. Pline III 8 (13) 85; Dion. Hal. I 53
  7. Georges Dumézil, La religion romaine archaïque, 2e édition revue et corrigée, Paris : éditions Payot, 1987, p. 350 et suiv.
  8. « ab ineundo passim cum omnibus animalibus », Servius, Aen. 6, 775
  9. (en) Daniel E. Gershenson, « Apollo the Wolf-god », Journal of Indo-European Studies, Monograph no 8, 1991, p. 36 et suiv.
  10. « Quelle est l'origine de la Saint-Valentin? », sur LEFIGARO (consulté le )

Articles connexes

  • Pomlázka, rite populaire en Tchéquie et en Slovaquie qui consiste pour les jeunes garçons à fouetter symboliquement les jeunes filles

Bibliographie

  • Georges Dumézil, La religion romaine archaïque, 2e édition revue et corrigée, Paris : éditions Payot, 1987
  • Robert Harari et Gilles Lambert, Dictionnaire de la mythologie grecque et latine, Grand livre du mois, .

Liens externes

  • Portail de la mythologie romaine
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.