Arcadie

L’Arcadie (en grec ancien : Ἀρκαδία / Arkadía, en grec moderne : Αρκαδία) est une région de la Grèce située au centre de la péninsule du Péloponnèse. Son relief est très montagneux, surtout au nord, et elle est baignée à l'est par la mer Égée. Tirant son nom du personnage mythologique Arcas[1], elle constitue également un district régional de la périphérie du Péloponnèse, dont la capitale est Tripoli.

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Ne doit pas être confondu avec Acadie.

District régional d'Arcadie
Περιφερειακή ενότητα Αρκαδίας
Administration
Pays Grèce
Périphérie Péloponnèse
Chef-lieu Tripoli
Code postal 22x xx
Code d’immatriculation TP
Code ISO 3166-2 GR-12
Démographie
Population 100 611 hab. (2005)
Densité 23 hab./km2
Géographie
Superficie 441 900 ha = 4 419 km2
Liens
Site web http://www.arcadia.gr

    Dans la mythologie grecque, la région était présentée comme la patrie du dieu Pan. Dans les arts au moment de la Renaissance, elle fut célébrée comme un pays dont la nature sauvage demeurait préservée et harmonieuse.

    Géographie

    L’Iliade cite les toponymes suivants (II, 603-614) : Énispé « battue par les vents » ; Mantinée « la charmante » ; Orchomène « riche en troupeaux de moutons » ; Parrhasie ; Phénée ; Phères « bien bâtie », où a régné Dioclès dont le père Orsiloque naquit du fleuve Alphée[2] ; Rhipé ; Stratié ; Stymphale ; Tégée.

    Ses cours d'eau principaux sont l'Alphée, l'Érymanthe et le Ladon.

    Histoire

    Antiquité

    Les Arcadiens étaient un ancien peuple grec vivant dans la partie montagneuse du Péloponnèse. Ils étaient considérés comme l'une des plus anciennes tribus grecques installées en Grèce et comme les premiers habitants de la région. Cette ancienneté est attestée par d'anciens mythes, comme le mythe d'Arcas ou le mythe de Lycaon. Leur ethnonyme provient vraisemblablement de la racine indo-européenne arkt ou arkd signifiant « ours » (et qui est aussi à l'origine du mot « arctique » : « pays à ours »)[3]. Ses principales cités étaient Orchomène, Mantinée et Tégée.

    L'Arcadie était un pays de villages, qui n'a jamais eu un poids majeur dans les relations entre les autres cités grecques. Mantinée et Tégée furent pourtant mêlées à l'expansion spartiate, principalement au Ve siècle av. J.-C. A l'inverse, au début du IVe siècle av. J.-C. l'Arcadie, s'alliant à Thèbes, fait partie de la coalition qui va vaincre Sparte pourtant alliée à Athènes et à Syracuse[4]. Pendant longtemps l'Arcadie n'eut pas de gouvernement central mais plus tard, Sparte déclinant, Megalopolis, bâtie vers 370 av. J.-C., devint la capitale de l'Arcadie.

    Ce pays fut d'abord gouverné par des rois, entre autres :

    Cependant, la royauté semble avoir perduré à Orchomène jusqu'au Ve siècle av. J.-C..

    C'est de cette région rurale qu'est parti Évandre pour fonder une colonie en Italie, à proximité du mont Aventin.

    Une Ligue arcadienne contre Sparte fut créée par Épaminondas au IVe siècle av. J.-C., qui rejoignit plus tard la Ligue achéenne, à laquelle elle donna l'un de ses plus grands généraux, Philopœmène.

    L'Arcadie subit, après la prise de Corinthe en 146 av. J.-C., le sort du reste de la Grèce, et, lors de la division de l'Empire romain, fit partie de l'Empire romain d'Orient.

    Moyen Âge, époque moderne et époque contemporaine

    Elle fut détachée de l'Empire, avec la Morée, à la suite de la Quatrième croisade en 1204, et fut conquise en 1470 par les Ottomans, qui l'ont conservée (avec une interruption de 1699 à 1714 au profit des Vénitiens) jusqu'à l'insurrection de 1822, à la suite de laquelle elle fut intégrée dans le Royaume de Grèce.

    Mythologie et arts

    Arcadie dans l'Antiquité

    La légende fait naître Zeus en Crète (Hésiode) ou en Lydie (Eumélos), ou en Arcadie (Callimaque). Dans la version arcadienne, Zeus serait né sur le mont Lycée, en Arcadie, puis emmené à Lyctos, mais les Crétois affirmaient qu’il était né dans une grotte du mont Ida ou du mont Dicté.

    Dans le Banquet de Platon, Socrate intervient à la fin pour exposer une thèse qu'il déclare tenir de Diotime, prêtresse arcadienne.

    Dans les Métamorphoses d'Ovide (vers 163-243), Jupiter transforme le roi d'Arcadie Lycaon en loup pour le punir d'avoir tenté de lui servir un dîner de viande humaine.

    Par la suite, l'Arcadie, contrée rustique où l'on a parfois pratiqué des sacrifices humains[5] n'en est pas moins devenue peu à peu le symbole d'un âge d'or rempli d'idylles entre bergers et/ou bergers et bergères, un monde riant où les pastorales auraient constitué le principal divertissement musical. Ce mythe a influencé une partie non négligeable de la musique et des opéras baroques (« Il pastor fido » et ses avatars, par exemple...).

    Cette représentation de l'« âge d'or » s'enracine dans la poésie bucolique latine et hellénique, où l'Arcadie était représentée comme le pays du bonheur, le pays idéal. La poésie antique, comme Virgile dans Les Bucoliques ou Ovide dans Les Fastes, décrivait l'Arcadie comme un lieu primitif et idyllique peuplé de bergers vivant en harmonie avec la nature.

    Arcadie à la Renaissance

    L'Arcadie est alors « un pays mythique, une terre de bergers où l'on vivait heureux d'amour et que beaucoup de poètes avaient chanté[6]. » L'académie de l'Arcadie fut fondée en 1690 à Rome.

    Au XVIIe siècle fleurissent des Académies, en Italie d'abord avec la Camerata Fiorentina, puis partout en Europe. Les Académies rassemblent des savants et des experts choisis par le souverain. Eux seuls sont ainsi "habilités" à discuter solennellement des sujets de leur spécialité. Aussi naissent l'Académie des Arts, l'Académie des Sciences, l'Académie de Médecine, sous l'égide de personnalités ayant reçu le Privilège royal. En marge de ces lieux de débats officiels, les Arcadies se créent et, s'appuyant sur l'idéal démocratique des Anciens, proposent à tous les citoyens sans distinction de débattre des sujets jusqu'alors disputés dans les cercles privilégiés[7]. Les Arcadies se sont également exportées en France, mais le régime royal étant plus sévère, elles durent être publiquement moins présentes. La tradition arcadienne fut ainsi reprise durant la Renaissance par de nombreux auteurs dans des domaines très variés (arts, société, etc.). Ce mouvement européen favorisa ensuite le développement des doctrines démocratiques du siècle des Lumières. La représentation de l'« âge d'or » arcadien a ainsi nourri le « libertinage intellectuel » des siècles qui précédèrent la Révolution française[8].

    Arts modernes

    Le tableau de Nicolas Poussin intitulé Et in Arcadia ego est à l'origine de toutes sortes de spéculations que l'on retrouve mêlées à l'affaire de l'abbé Saunière, curé de Rennes-le-Château, qui avait rapporté de son voyage à Paris une reproduction de ce tableau. On prétend entre autres, qu'un monument qui se trouvait dans la région proche (Arques) serait le modèle du tombeau représenté par Poussin[9],[10]. Toutefois, ce « tombeau » a été construit en 1903 et ne peut avoir servi de modèle à un peintre du XVIIe siècle[11]. Pour d'autres, il faudrait déchiffrer l'anagramme constituée par l'inscription Et in Arcadia ego qui y est inscrit, qui signifierait « Je sais où est le tombeau du Christ. »

    En 1974 le chanteur grec Demis Roussos enregistre une chanson dont le titre est Lovely Lady Of Arcadia (album My Only Fascination).

    De nos jours, l'Arcadie continue d'être une influence artistique. Pete Doherty y fait de nombreuses références et l'imagine comme un lieu idyllique vers lequel son bateau Albion (vieux nom poétique de l'Angleterre) serait en train de voyager. C'est aussi un lieu utopique sans règles où, selon lui, il se pourrait bien que des cigarettes y poussent aux arbres. Voir la chanson "Arcadie".

    Dans son roman, Les Derniers Jours de Paris (XO éditions), l'auteur Nicolas d'Estienne d'Orves imagine que les premiers habitants de ce qui sera Paris se sont repliés à la suite de l'invasion romaine en -52 av. J.-C. dans un monde souterrain et secret situé sous la ville actuelle de Paris. Ce monde parallèle est baptisé Arcadie, ses habitants les Arcadiens.

    Utilisations politiques et sociétales du nom Arcadie

    Arcadie a été le nom d'une des premières associations homosexuelles (et de sa revue) en France (1954-1982)[12]. Pour des raisons liées à l'évocation de la retraite et du repos, Arcadie est également le nom de plusieurs établissements de repos, tels que maisons de retraite, etc.

    La Nouvelle Arcadie[13] est également une association née en 1997 qui a pour but d'instaurer les conditions véritables du débat démocratique en France. Ce mouvement souhaite renouveler un état d'esprit porteur d'un idéal de société. Les trois bateaux voguant vers l'Ouest du logotype de cette association de débats publics font référence à Christophe Colomb et à ses caravelles qui partirent en quête de terres inconnues et traduisent la nécessité que nous avons aujourd'hui de renouer avec ce goût de l'exploration, d'un nouveau monde.

    Sites archéologiques

    Télévision

    • Arkadiki Radiophonio Teleorassi

    Municipalités

    Les dèmes (municipalités) d'Arcadie à la suite de la réforme Kallikratis (2010) : 1. Tripoli, 2. Cynourie-du-Nord, 3. Gortynie, 4. Cynourie-du-Sud 5. Mégalopolis
    Dème (municipalité)Chef-lieuDistrict municipalYPES codeChef-lieuCode postal
    2. Cynourie du NordAstrosCynourie du Nord0503Astros220 01
    4. Cynourie du SudLeonídioKosmás0511Kosmás230 58
    Leonídio0514Leonídio223 00
    Tyrós0501Tyrós220 29
    3. GortynieDimitsanaDimitsana0506Dimitsana220 07
    Iraia0507Paloumba (en)220 28
    Klitor (en)0508Mygdalia220 14
    Kondovazena (en)0509Kondovazena220 15
    Langadia (en)0512Langadia220 03
    Trikolones (en)0519Stemnitsa (en)220 24
    Tropaia (en)0521Tropaia220 08
    Vytina (en)0504Vytina220 10
    5. MégalopolisMégalopolisFalaisia (en)0522Leontari (en)220 21
    Gortyne (en)0505Karytaina220 22
    Megalopolis0516Mégalopolis222 00
    1. TripoliTripoliFalanthos (en)0523Davia221 00
    Korynthos (en)0510Steno221 00
    Levidi (en)0513Levidi220 02
    Mantinée0515Nestani (en)220 05
    Skyritida (en)0517Vlachokerasea220 16
    Tégée0518Stadio220 12
    Tripoli0520Tripoli221 00
    Valtetsi (en)0502Kato Asea (en)220 27

    Notes et références

    1. Voir Ovide, Les Fastes, Livre I, "À propos des Carmentalia du 11 janvier".
    2. Iliade V, 542-548)
    3. Bernard Sergent, « Ethnozoonymes indo-européens », Dialogues d'histoire ancienne, 17, 2, 1991, p. 24 (en ligne)
    4. Xenophon, Helléniques, livre VII.
    5. Bernadette Arnaud, Les Grecs adeptes du sacrifice humain ? dans « Sciences et Avenir » du 9 oct.2016 sur ; voir aussi Bernard Sergent, Les Trois fonctions indo-européennes en Grèce ancienne, vol. 1: De Mycènes aux Tragiques, Économica, Paris, 1998 (ISBN 2-7178-3587-3)
    6. Philippe Gut, L'Italie de la Renaissance à l'unité - Livre de l'élève, 2001.
    7. Cf. Fernando Filipponi, Souvenir d’Arcadie au musée Gualtieri. Les sources littéraires dans les arts décoratifs à la cour de Clément XI, "Revue de l’Art", n. 209/2020-3, pp. 23-33 ; Fernando Filipponi, Souvenir d'Arcadia. Ispirazione letteraria, classicismo e nuovi modelli per le arti decorative alla corte di Clemente XI, Torino, Allemandi, 2020, (ISBN 9788842225126).
    8. Le terme libertin (du latin libertinus, « esclave qui vient d’être libéré », « affranchi ») : le libertin est celui qui remet en cause les dogmes établis, c’est un libre penseur ou libertin d’esprit selon André Lagarde, Laurent Michard, XVIIIe siècle, Bordas, 1961, p. 13, Gianluca Mori et Alain Mothu (dir.), Philosophes sans Dieu : textes athées clandestins du XVIIIe siècle, Paris, Honoré Champion, 2005, Françoise Charles-Daubert, "Spinoza et les libertins", Hyper-Spinoza, Publié le 3 mai 2004, mise à jour le 27 novembre 2007, et René Pintard, Le Libertinage érudit dans la première moitié du XVIIe siècle, Slatkine, 2000, (ISBN 978-2-05-101818-0).
    9. Le premier qui ait écrit à ce sujet semble être Gérard de Sède dans un livre consacré aux Mérovingiens paru en 1973.
    10. Excédé par les nombreuses visites du site, le propriétaire a fait enlever ce « tombeau d'Arques », cf. André Douzet, Nouvelles lumières sur Rennes-le-Château, éd. Aquarius, 1998, Genève, p. 98.
    11. André Douzet, Nouvelles lumières sur Rennes-le-Château, éd. Aquarius, 1998, Genève, p. 105.
    12. Frédéric Martel, Le Rose et le Noir, Paris, Seuil, , chapitre III
    13. La Nouvelle Arcadie

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Sur l'idée de l'âge d'or arcadien :
      • André Delaporte, Bergers d'Arcadie, le mythe de l'Âge d'Or dans la littérature française du XVIIIe siècle, Pardès 1989.
      • André Delaporte, L'idée d'égalité en France au XVIIIe siècle, P.U.F., Paris 1987.
      • Fernando Filipponi, Souvenir d’Arcadie au musée Gualtieri. Les sources littéraires dans les arts décoratifs à la cour de Clément XI, "Revue de l’Art", n. 209/2020-3, pp. 23-33.
    • Sur le tableau de Nicolas Poussin :
      • Yves Bonnefoy, « Les Bergers d'Arcadie », dans Dessin, couleur et lumière, Paris, Mercure de France, 1995, p. 117-148.

    Articles connexes

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