Esther Gorintin

Esther Gorintin[1], née Esther Gubinska le à Sokółka en Pologne[2] près de la grande forêt de Białowieża et morte le à Paris[3], est une actrice française d'origine polonaise.

Esther Gorintin
Esther Gorintin en 2000.
Nom de naissance Esther Gubinska
Naissance
Sokółka alors en Lituanie historique
Nationalité Française
Décès
Paris
Profession Actrice

Biographie

Esther Gorintin en 1949.

Esther Gubinska naît dans une famille juive à Sokółka dans une bourgade de Lituanie, faisant alors partie de l'Empire russe. À la suite de l'indépendance de la Pologne en 1920, elle devient Polonaise.

Pour faire des études supérieures, puisque la Pologne impose une législation antisémite et un numerus clausus limitant l'accès des Juifs à l'université, Esther Gubinska émigre en France en 1932 et s'inscrit à la Faculté de médecine de Bordeaux pour faire des études de chirurgie dentaire. C'est là qu'elle rencontre et épouse David Gorinsztejn, comme elle Juif polonais étudiant en chirurgie dentaire.

Fausse carte d'identité d'Esther Gorinsztejn sous le nom d'Esther Gorintin, 1944

Durant l'Occupation, elle est victime des persécutions nazies à Bordeaux puis à Lyon où elle habite à partir de 1942. Elle est sauvée de la déportation, notamment grâce à des policiers français résistants[4]. Après la Libération, elle apprend que sa famille restée en Pologne a péri avec toute la communauté juive de Sokółka, exterminées par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale[5].

Avec son mari David, qui a également perdu sa famille dans les mêmes conditions, elle décide alors de renoncer à retourner en Pologne et s'installe définitivement à Paris. Ils sont naturalisés français en 1948. À cette occasion, ils simplifient leur nom en Gorintin. David Gorintin meurt en 1988.

C'est seulement dix ans plus tard qu'Esther Gorintin fait ses débuts au cinéma en 1998, à l'âge de 85 ans, grâce au réalisateur Emmanuel Finkiel[4] qui l'engage pour jouer le rôle d'une vieille dame juive parlant russe, yiddish et français dans le film Voyages. Remarquée par des réalisateurs à la sortie de Voyages, elle tournera dans plus de dix films, notamment des rôles principaux (en particulier dans Depuis qu'Otar est parti... de Julie Bertuccelli). Elle incarne son dernier rôle en 2008 à l'âge de 95 ans.

Avant de commencer sa carrière cinématographique, Esther Gorintin pratique en amateur averti la peinture de fleurs et paysages, participant à un certain nombre de salons. Elle fait partie dès le début des années 1990 des très rares supporters des efforts pour la renaissance du Carnaval de Paris[6]. À ce titre, elle est nommée, peu de temps avant sa disparition, présidente d'honneur des associations Droit à la Culture, organisatrice de cette fête, Cœurs Sœurs, organisatrice du Carnaval des Femmes, Fête des Blanchisseuses et de la Compagnie Carnavalesque Parisienne « Les Fumantes de Pantruche ».

Elle a vécu depuis la fin des années 1940 jusqu'à sa mort en 2010 au 80, rue de Rivoli à Paris. Esther Gorintin est inhumée au cimetière parisien de Bagneux dans le caveau de l'association des anciens combattants juifs dont son mari David faisait partie (division 55).

En 2014, est sorti le documentaire Estherka de David Quesemand, qui est consacré à son parcours hors du commun (en particulier à ses dix dernières années) et à sa personnalité attachante et singulière.

Filmographie

Esther Gorintin à 34 ans avec son mari David en 1947.

Cinéma

Courts-métrages
  • 2002 : Varsovie-Paris
  • 2003 : L'Ombre des fleurs : la grand-mère
  • 2007 : Résistance aux tremblements[7] d'Olivier Hems : la vieille dame

Télévision

Notes et références

  1. À l'origine Gorinsztejn, francisé en Gorintin lors de sa naturalisation française, avec son mari David, en 1948.
  2. Sokółka est alors une ville de Lituanie, gouvernement de Grodno dans l'Empire russe
  3. Sur le site d'Allociné
  4. « La comédienne de Sokolka », Le Monde, 20 mars 2005.
  5. La Wehrmacht envahi Sokółka le . Les persécutions antisémites sont organisées. Un ghetto est créé à l'automne 1941. Le , l'ensemble des Juifs du ghetto sont rassemblés et envoyé au camp de transit de Kelbiasin. Quelques-uns sont envoyés vers des camps de travail, mais tous les autres (dont la famille d'Esther Gorintin), sont expédiés et gazés au camp d'extermination de Treblinka quelques semaines après. Seuls 200 Juifs restent à Sokółka employés dans une usine textile travaillant pour l'armée allemande. Ils sont assassinés par les nazis le 18 janvier 1943. Source : Encyclopédie BS Les petits ghettos polonais (Nazisme - 2e guerre mondiale).
  6. Sur le site Internet de la Compagnie carnavalesque parisienne Les Fumantes de Pantruche, dans le compte-rendu des Carnavals à Paris en 2010, ce fait est rappelé : « Au départ du Carnaval des Femmes, comme le soir du Carnaval de Paris, un hommage a été rendu à Esther Gorintin, actrice de cinéma de l'âge de 85 à l'âge de 95 ans, disparue le 11 janvier dernier, qui a soutenu fidèlement le Carnaval de Paris depuis 1994. Et qui a été pour cela faite de son vivant Présidente d'honneur du Carnaval de Paris, du Carnaval des Femmes à Paris et de la Compagnie Carnavalesque Parisienne Les Fumantes de Pantruche. »
  7. Résistance aux tremblements, vidéo intégrale.

Liens externes

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